(animation 1 - heaven)

La vieille femme au visage ridé est droite sur la chaise. Ses cheveux blanchis par l’âge et regroupés en un chignon doré avec une tresse sur le côté sont presque cachés par un long chapeau sur laquelle une plume d’une couleur rouge flamboyante. Ses mains ridées dont la bague argentée délicat tressage de l’acier d’argent se resserrent un peu sur son sac à main. La vieille femme semble si vieille pourtant, on ne lui donnerait pas son âge. Un mouvement à côté d’elle attire son regard. Des petits pieds qui se balancent dans le vide et une petite fille à la peau toute aussi métisse que la sienne l’observe de ses grands yeux marrons. Elle a des tresses qui lui tombent dans le dos et l’air farrouche.

I look at you
And before my eyes it's true
The girl of my dreams

La vieille femme vient échanger un clin d’oeil avec cette dernière et l’enfant vient poser sa main sur sa bouche en riant doucement.
« Eh bien, Madame McGonagall, je crois que tout est réglé ! »
La vieille femme vient tourner la tête et se relève alors, ses vieux os bougeant avec lenteur mais dans le regard encore et toujours cette flamme que l’on reconnaitrait entre toutes.
« Merci bien, mon bon Monsieur. » La voix de la vieille femme semble éraillée par le temps mais pas moins diminuée. Elle vient tendre sa main et l’homme la lui sert. Un petit sourire qui pourtant parait bien strict sur son visage. Elle vient finalement se détourner passant devant la chaise où la petite fille se trouvait quelques secondes auparavant. L’homme vient bien vit lui ouvrir la porte et lui adresse un au revoir. Tout ce que voit la vieille femme c’est la petite fille qui sautille en chantant une contine. Celles de trois petits dragons qui veulent apprendre à voler.
Sortant du bâtiment, la vieille femme vient prendre la main de la petite qui l’a devancée. La petite fille pointe quelque chose du doigt et la vieille femme vient regarder. C’est un arc-en-ciel.
« Ah, le dragon du soleil est là ! Il est beau n’est-ce pas ? »
La petite fille rit et disparait.

Is not quite what she seems
Open your door
Turn on the light
Show me some more

Le craquement caractéristique du transplanage se fait entendre à l’orée de la forêt séculaire. La petite fille est réapparue à côté d’elle. Le jour semble se coucher sur la grande maison au bord de la falaise écossaise. La mer claque toujours en bas et le soleil qui se couche vient se refléter dans la serre qui se trouve un peu plus loin. La vieille dame vient lever sa baguette magique et la porte s’ouvre. La petite fille court devant elle et continue de sautiller. Déposant son chapeau sur le porte manteau qui s’incline pour elle, la vieille femme vient aussi se délester de sa veste avant. Avançant dans le salon chaleureux, elle son regard sombre se pose sur les nombreux cadres photos qui ornent la cheminée.

Tell me it's alright
Heaven is inside you
Heaven when I ride you
Heaven do you want me
Is heaven just in my mind?

Quatre ans, soufflant quatre bougies sur un gâteau un fameux quatre octobre. Isobel McGonagall regardant la petite fille aux tresses avec un sourire éclatant tandis que Robert McGonagall dépose un baiser sur la joue de sa femme.
Onze ans, une écharpe de Gryffondor, le chat d’Artemisia Scamander dans les bras, Lysander McGonagall avec son écharpe de Serdaigle sur le quai 9 ¾.
Quinze ans, deux jeunes filles qui rient. La blonde, Andraste Lestrange, la regarde avec un air détendu sur le visage, amoureux. L’autre fille, métisse, sourit de toutes ses dents et semble éclater de rire.
Dix-sept ans, bras dessus, bras dessous avec Albus Dumbledore qui vient remettre sa toge normalement sur sa tête, elle, elle vient le décoiffer tout en riant.
Dix-neuf ans, il a le genou à terre, Ephraïm Webster, beau garçon souriant qui lui rend devant tout le clan McGonagall la bague de fiançailles. Il a insisté pour faire sa demande devant tout le monde. La jeune femme vient déposer un baiser sur ses lèvres.
Vingt-neuf ans, un été aux caraïbes, photo prise sur l’instant de l’homme barbu.
Trente-cinq ans, photo prise, Freyja Isobel McGonagall-Dumbledore qui lui tient la main, Perceval Robert McGonagall-Dumbledore sur sa hanche à jouer avec ses tresses, Ariana Kendra McGonagall-Dumbledore dans le ventre. Elle a le regard droit sur l’objectif, un regard rempli de détermination.
Cinquante-cinq ans, photo de famille, tous les McGonagall devant la maison.
Cent ans, main dans la main avec Abelforth Dumbledore, un sourire tirant sur ses lèvres, main sur l’épaule d’Albus Dumbledore.
Cent dix ans, toutes les générations de la famille McGonagall réunies.
Une photo de l’Ordre du Phénix à sa fondation.
Une photo d’Albus Dumbledore, Nicolas Flamel et elle-même en train de discuter dans une petite pièce, concentrés.
Tant d’autres photos avec des amis, avec des membres de la famille.

I look at you
At everything you do
The words in your head
Still remain unsaid

La vieille femme vient éteindre toutes les lumières de la maison redevenu silencieuse après le départ des enfants. Un jouet est resté par terre. Elle se penche alors pour le ramasser et grimace. Les enfants sont définitivement trop rapides pour elle. Même sous forme de chatte, elle peine à les suivre, ses vieux os ne sont plus aussi résistants. Elle parvient quand même à le ramasser. C’est un puzzle amusant en bois.
Son regard se pose sur la petite fille qui l’observe alors et lui tend la main.
Elle sourit et vient la lui prendre.
Elle sait qu’elle n’est pas vraiment là, cette enfant.
Elle sait aussi que c’est juste elle, une divagation de son esprit fatigué et qui a tant vécu. Mais la petite fille la guide dans l’escalier et ensemble, lentement, elles grimpent les marches qui grincent.

Open you eyes
Inflatable girl
Lose the disguise
Release me from your spell

Dans son lit, la vieille femme vient doucement tourner la tête pour regarder à côté d’elle, lit vide de la présence de son mari décédé un an plus tôt. Un an jour pour jour. Sa main ridée vient effleurer l’oreiller où sa tête aurait dû reposer. Elle ne ressent plus de tristesse. Il est en paix maintenant et elle espère qu’il a retrouvé son frère, sa sœur, ses parents. Elle espère aussi qu’il l’attend.
« Bonne nuit, mon amour. » souffle-t-elle.

Tout est réglé.
C’est ce que le notaire a dit.
Il n’y a plus que maintenant à fermer les yeux.
Il n’y a plus que maintenant à partir en paix, rejoindre les êtres aimés et disparus.

Elle a fait son temps.

Et elle meurt paisiblement.
S’endormant.
Rêvant.
Le dernier battement
Immortel dans le temps.

Heaven is inside you
Heaven when I ride you
Heaven do you want me
Is heaven just in my mind?

Heaven is inside you
Heaven when I ride you
Heaven do you want me
Is heaven just in my mind?

Minerva McGonagall
4 octobre 1884 - 30 mai 2000