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 Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)

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Josepha Lee
sans camp
Josepha Lee
crédits : jae (avatar) - doom days (icons) - Magma (signature) - Elvis (gif)
face claim : Rosie Tupper
pseudo : Spf
Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EOnMtcm
études : Poufsouffle (1904-1911)
particularité : (Obscurial) La jeune femme l'ignore cependant.
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Message (ϟϟ) Sujet: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyMar 2 Juin - 15:42





le château des désertes

feat. @elvis gaunt


Les draps avaient chu ce jour-ci, tirés d’une main mollement enthousiaste. La sensation du parquet lustré sur la plante de ses pieds nus et froids la fit pérorer d’une victoire mutique comme elle s’enorgueillit d’une fierté non feinte ; ce fut l’esprit mutin et confiant que Josepha appréhenda la journée. Les habitus demeuraient inlassablement les mêmes et se succédaient les uns aux autres dans une constance certaine ; à chaque matin sa tasse de thé (menthe ou jasmin selon les humeurs), une douche jamais trop suffocante afin de ne pas éveiller les traumas d’un dos marqué par la folie d’une dévote, quelques lectures entre deux regards à la fois inquisiteurs et pensifs sur le monde. De temps à autres un événement terriblement ordinaire perturbait la banalité de ses projets : la venue toujours impromptue d’Elvis, que Josepha accueillait entre le soulagement de briser sa solitude et le malaise suscité par les impondérables instances du cerbère, révoquait la platitude de ses journées. Hélas et ce jour-ci son convive postiche ne s’était pas présenté, ce qui eut pour mauvaise conséquence d’insuffler en la jeune fille une contrariété malsaine.

A force d’endiguer à ses lèvres trop de soupirs impatients à chaque grincement de la boiserie n’annonçant que des spectres, Josepha avait fini par jeter son dévolu sur les échanges épistolaires d’illustres moldus. La lippe pincée de ses incisives, elle se plaisait à dévorer leurs acrostiches intimes rosissant ses joues trop blêmes. La rétine pétillant de rêves et de malice sous la plume délectable de George Sand, femme de lettre ne jugulant pas son désir, fut-il réprobateur pour l’époque. ‘Quand voulez-vous que je couche avec vous’, dissimulé entre deux vers. Bestialité concupiscente nichée sous un lyrisme seyant, affolant son petit coeur de mésange de bien trop d’ardeur. Ses yeux vifs dévoraient les mots ; Josepha les avalait avec la ferveur de son amour pour eux, vivant sous la pupille les émois des auteurs. “Cette insigne faveur que votre coeur réclame, Nuit à ma renommée et répugne mon âme.” Cette nuit. Elle trembla d'émois. Ah, que cet Alfred était chanceux ! Songeait Josepha comme elle se plaisait à rêver d’autant de passion et d’emphase sans le désirer vraiment. Ce fut rompue par l’exaltation que Josepha gagna son lit tardivement. Fermant les paupières sous des fantasmes de papier, s’imaginant la maîtresse amoureuse de ses amants fantômes.


***


Le corps, à trop trembler de pressentiments, éveilla l’esprit. Cette impression tenace qu’on l’observa, regard implacable lui brûlant les omoplates, l’exhorta à se réveiller. La gorge ainsi nouée de stupeur, Josepha se redressa avec bien trop de précipitation affolant le myocarde, son regard affolé embrassant les lieux sombres. La pupille avisée accapara une silhouette assise immobile dans son oeuvre de guetteur, lui arrachant dès lors un hoquet d’effroi. L’organe battant déchira sa poitrine et, comme il invoqua le repos, somma sa main de s’y presser. Elvis. Visite coutumière ayant suscité en elle autant d’effroi que d’interrogation au début de leur étrange relation, et qui aujourd’hui se fardait d’une normalité la faisant toujours sursauter. Il était étrange, en dépit de ces rencontres nocturnes déplacées, que la jeune fille ne se sente guère menacée par l’homme dont la stature pouvait à loisir la dominer. Sans doute était-ce cette façon qu’il avait de toujours ériger un mur entre eux, gardant la distance sans jamais l’inviter à quelque frivolité. La jeune femme nourrissait néanmoins une crainte légitime envers le cerbère, marionnettiste de sa vie, mais rabrouait sans cesse cet effroi sous d’autres curiosités.

Ainsi toisa-t-elle cette silhouette découpée en ombres chinoises, autant de questions roulant à la lippe et se mourant dans un soupir. Un esprit sain l’aurait probablement assommé d’interrogations lucides sans jamais manquer de respect à la bête. Néanmoins portée par la banalité de la rengaine, Josepha glissa avec quiétude une mèche ambrée derrière son oreille et, d’une voix n’invoquant ni hargne légitime ni rebuffade; lui souffla ces trois mots : « Comment allez-vous ? » Frappant de sa candeur les ténèbres de son vis-à-vis.


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Dernière édition par Josepha Lee le Lun 29 Juin - 21:58, édité 3 fois
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https://forthegreatergood.forumactif.com/t1725-memoires-d-une-je https://www.pinterest.fr/justlikeabee/josepha/
Elvis Gaunt
coalition sorcière
Elvis Gaunt
crédits : Odistole
face claim : Matthew McConaughey
pseudo : Morante
Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) KCQ7sQO
particularité : Doué avec son don, il parle le fourchelang comme il parle sa langue natale. Ce don lui est nécessaire pour combler sa solitude mais, plus particulièrement, pour demander à ces créatures de se faufiler là où il ne peut planter ses mains. Hérédité appréciée, chérie et admirée, fourchelangue.
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyJeu 4 Juin - 14:31

Le chateau des désertes
Les seuls êtres parmi lesquels j’aimerais me trouver désormais sont les artistes et les créatures qui ont souffert : ceux qui savent ce qu’est la beauté et ceux qui savent ce qu’est la douleur. Personne d’autre ne m’intéresse.
@Nouménal


 Comme un prédateur admirant sa proie, salivant et convoitant l’odeur et la saveur, il avait observé ses gestes et ses habitudes, il n’avait pas prévu de l’enlever, néanmoins, une nuit où la lune se cachait de ses admirateurs, il prit la décision de l’emporter vers les hautes montagnes qui se dressaient dans un paysage à l’allure lyrique. Dans ses bras, endormie par un sortilège, il la déposa dans sa cage d’or, un chalet assez riche pour entretenir le goût de l’oisiveté et nourrir un sentiment de sécurité. Il revenait chaque jour, déposant sur la table un roman ou des papiers, l’intention de lui enseigner les langues anciennes pour qu’elle ne puisse penser à sa captivité l’entraînait vers une douceur dont il n’avait pas éprouvé la tendresse depuis quelques dizaines d’années. Il ne ressentait rien que le désir de paraître maître d’elle, de posséder la beauté s’ancrant dans son corps et son visage. Miraj possédait le charme d’une nymphe atypique dont il dévorait les expressions honnêtes, Josepha possédait la grâce d’un chérubin, un ange tombé des cieux qu’il imaginait parfois vêtu de transparence pour accueillir ses ardeurs.
 Cette nuit là, vêtu de solitude, il désira trouver la présence de cette fille dont il n’avait éculé les secrets, elle l’attirait, sublime princesse aux regards désespérés, ce fut certainement le silence orné d’indicible qui provoqua chez lui la cupidité de la prendre pour la placer dans une maison vide, remplir de sa présence ce lieu qui représentait la tranquillité, la sérénité d’une présence. Elle dormait. Elle dormait, ses bras détendues et ses jambes blanches, d’une peau de lait qu’il devinait de miel, la légère robe qu’elle arborait dévoilait ses courbes, une maigreur fragile dont il espérait un jour toucher la somptuosité. Confortablement installé dans son fauteuil, il tenta le diable en allumant la mèche d’une cigarette, la fenêtre qu’il ouvra pour ne pas asphyxier de son odeur acre la jolie qui bougeait. Puis, le séraphin planta ses yeux de lys sur sa posture, il était debout, près d’elle, près de la fenêtre aussi, cigarette à ses lèvres. Il esquissa un sourire, sa voix enrouée par les effluves de nicotine il scruta sa montre. Quatre heures. Le matin tardait à couvrir de sa lumière rosée les branches de pins qui protégeaient la maisonnée.  « Tu as le sommeil léger Josepha. » L’inquiétude transparaissait dans cette simple phrase, les sourcils d’ailleurs, se froncèrent en déduisant qu’elle se couchait à des heures indues. Il connaissait les lois de l’insomnie, cette terreur qui hantait le corps et l’esprit, accaparait son âme, c’était l’heure des questionnements, des obsessions qui revenaient, inlassablement. Il n’avait pas dormi, lui.  « J’espérai pouvoir dormir près de toi. Je suppose que tu ne te rendormiras pas et que ma nuit sera blanche. » Il n’y avait pas de reproche entre ses lippes saturées de fumée. Il referma la fenêtre, admira l’oiseau se penchant, une chouette qui le fixait, de neige et épurée, avant de s’avancer vers la table sur laquelle des livres et des lettres s’exposaient. Il ausculta les couvertures.  « Si tu aimes la littérature érotique tu devrais lire Apollinaire et Pierre Louÿs. Aphrodite compte parmi mes œuvres préférés. ». Enfin il s’assit au bord du lit, ses doigts vinrent caresser la joue de l’enfant, une seconde il contempla le satin avant de reposer ses mains dans les poches de son veston.


Dernière édition par Elvis Gaunt le Dim 14 Juin - 20:01, édité 2 fois
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyLun 8 Juin - 18:01





le château des désertes

feat. @elvis gaunt


La silhouette de l’homme se découpait dans la rétine de l’infante ; elle le toisait d’une curiosité scrutatrice. Près d’un an à le côtoyer n’avait pas suffit à le dépouiller de ses charmes bruts et ses mystères piquants. Toute à la joie désintéressée de l’observer à la dérobée mais de sursauter au moindre de ses gestes incohérents, Josepha s’était dévêtue de rancune (en eut-elle ressenti un jour à l’égard de son ravisseur ?) et pratiquait l’offense naïve des pardons. Cette vie de recluse n’étranglait ni son âme ni son psychisme ; il lui sembla au contraire que l’oisiveté de cette existence, certes stimulante mais jamais ponctuée d’imprévus, lui était bénéfique. Le timbre professoral d’Elvis, lorsqu’il s’assignait la tâche de lui apprendre quelques langues mortes, coulait sur elle tout en l’abreuvant de stimulus. Elle appréciait ces instants d’échanges, d’un précepteur à son élève. Les heures qu’il s’évertuait à dépenser auprès d’elle dans cette volonté presque paternelle de l’éduquer, bien que ses véritables desseins lui soient inconnus. Elle exécrait néanmoins cette façon qu’il avait de la rabrouer avec virulence lorsque sa morgue se faisait trop vive. Josepha, trop ancrée dans l’inexpérience de la jeunesse, n’avait pas bien saisi sa place en tant que femme, de celle exigée par l’impitoyable rigidité d’une société cloisonnée. Aussi, et si le cerbère n’eut pas surveillé ses lectures, sans doute aurait-elle rapproché sa condition des écrits d’une contemporaine ; Virginia Woolf, à cette même époque, publiait dans le New York Times ses articles captivants oeuvrant pour la femme et dépouillant l’homme de ses attributs de dominant. « J’espérai pouvoir dormir près de toi. Je suppose que tu ne te rendormiras pas et que ma nuit sera blanche. » Elle eut un sourire doux jugulant son frisson de malaise. Le cerbère était bel homme mais possédait en cela cette circonstance aggravante qu’il demeurait justement un homme. Espèce lupine déroutante, vicieuse et impondérable qu’elle n’avait cotoyé que peu. Josepha leur préférait leurs comparses femelles ; elles étaient, non pas plus douces, sinon plus entières. Les femmes ne mentaient pas, dans leurs vicissitudes. Les hommes, eux, polissaient leurs ignominies de délicatesse lorsqu’ils s’en donnaient la peine. Josepha avait eu le loisir de le remarquer lorsque, se hâtant jusqu’à sa librairie, ses admirateurs la pressaient galamment à partager avec eux une tasse de thé puis s’offusquaient impatiemment lorsqu’ils essuyaient un refus. Cette agressivité convulsive ne la rendait que plus nerveuse.

Mutique, ses paroles se pressèrent aux fenêtres fatiguées de ses yeux bleus. « J’espère que vous finirez par trouver le sommeil. », s’entendit-elle penser les lèvres closes, son regard ne se délogeant jamais de la silhouette auscultant ses livres. Aucun rouge ne vint piquer ses pommettes lorsque les mains curieuses effeuillèrent les lettres et romans suggestifs ; la belle se drapait dans des parures de vestale mais péchait par la pensée. Ses vices, Josepha les vivait par procuration sans réserve et sans honte. Aussi et lorsque Elvis glissa sa main à ses joues (qu’il avait l’appui autoritaire et doux, main fraîche à sa peau empourprée !), Josepha se leva du lit comme elle s’achemina vers la table. Démarche guillerette, avide dans sa volonté de partager ses trouvailles ; ses mains, tremblantes d’excitation, vinrent se saisir de son ouvrage du jour et le feuilletèrent furtivement. Son regard brûlant de désir à dévorer les mots piqua au hasard un extrait des correspondances ;

‘À qui la faute ? à moi. Plaignez ma triste nature qui s’est habituée à vivre dans un cercueil scellé, et haïssez les hommes qui m’y ont forcé. Voilà un mur de prison, disiez-vous hier, tout viendrait s’y briser — Oui, George, voilà un mur, vous n’avez oublié qu’une chose, c’est qu’il y a derrière un prisonnier.’

Son hoquet involontaire l’inclina à souffler machinalement son inquiétude, de crainte qu’il ne le découvre et ne tempête à son encontre : « Pas celui-ci. » D’un geste doux invoquant la maîtrise, Josepha se saisit d’un autre ouvrage. Puis, comme elle agrémenta sa trouvaille d'un ‘ah!’ qu’elle avait charmant, retrouva place auprès d’Elvis. « Je ne connais pas ce Pierre Louÿs mais dites-moi, monsieur, » elle aimait à ponctuer parfois ses phrases de ces ‘monsieur’ d’un timbre mutin, mimant ses héroïnes guindées tirées des pages de Jane Austen , se plaisant à vivre à travers elles. « s’il a la plume aussi lascive que ceci. » Josepha se racla la gorge, la prosodie involontaire n’en était pas moins charmante. Puis, s’appliquant à lire son trésor avec entrain et application, ponctua sa logorrhée d’emphases délicieuses :  « C’est une femme ardente autant qu’une espagnole, dont les transports d’amour rendent la tête folle et font craquer le lit ; C’est une passion forte comme une fièvre, une lèvre de feu qui s’attache à ma lèvre pendant toute une nuit ! » Un soupir referma le livre. « Alors ? Qu'en dites-vous ? » murmura-t-elle enthousiaste, dans l'attente de l'approbation de l'homme comme une rétribution.


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Elvis Gaunt
coalition sorcière
Elvis Gaunt
crédits : Odistole
face claim : Matthew McConaughey
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particularité : Doué avec son don, il parle le fourchelang comme il parle sa langue natale. Ce don lui est nécessaire pour combler sa solitude mais, plus particulièrement, pour demander à ces créatures de se faufiler là où il ne peut planter ses mains. Hérédité appréciée, chérie et admirée, fourchelangue.
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyJeu 11 Juin - 10:44

Le chateau des désertes
Les seuls êtres parmi lesquels j’aimerais me trouver désormais sont les artistes et les créatures qui ont souffert : ceux qui savent ce qu’est la beauté et ceux qui savent ce qu’est la douleur. Personne d’autre ne m’intéresse.
@Nouménal


 Une seconde et elle s’enfuit, une seconde et elle se faufila, sauvage dans sa naïveté, candide dans sa férocité innocente, il l’avait aimé en pensant à elle, la nuit, dans son lit, dans les draps solitaires et l’odeur qu’il amenait dans son sillage, il l’avait aimé, avait aimé la pensée qu’il détenait d’elle. Image ravissante le comblant jusqu’aux tréfonds de ses reins et de son dard. Une seconde, il n’eut le temps de joindre à ses mains le tombeau de ses babines, elle s’était sauvée près de la table où trônait son univers de mots et de papiers. Elle l’avait séduite, inconsciente du  désir qu’elle soulevait chez lui. Fée emprisonnée dans un cocon de lin blanc, il avait crée cette chambre en s’inspirant de la psyché qu’il avait déduit, Josepha la réservée, des orbes emmêlées entre la mort et la vie, d’un côté elle souhaitait découvrir, de l’autre dépérir. Et l’autre image se superposait, celui d’une mère, chétive, faible, de celle d’un corps malade, un squelette pourri par la rancune et le devoir d’obéissance, une femme alors dans la splendeur de son abnégation mais colérique et démissionnaire. Il avait longtemps cherché, fouillé dans la grotte de ses souvenirs, avait décortiqué chaque parcelle de moments dont il était témoin, la mère ne s’intéressait plus à lui, ne s’intéressait plus à rien.  « Ta résilience m’est importante Josepha, je ne tiens pas à t’attacher pour soigner ta tristesse. » Il pense tout haut, l’observant de ses ambres rutilantes de tendresse. Elle a éveillé l’envie de sa chair par ses lèvres récitantes, pénitentes, murmurant la force d’une sensualité aiguisée.  « Je ne sais si tu as conscience que je suis un homme, vieux tu as de la chance, mais affamé, tout de même. Ne t’as-t-on jamais expliqué que les petites filles provoquaient des réactions chez les mâles ? » Il se moque, rictus bienveillant, touché par la surprise qu’il vole sur le visage immaculé, il ne s’approche pas, cependant, reste sagement sur la chaise, vautré comme un sultan admirant sa femme.  « Je te raconterai l’histoire de cette charmante enfant vêtue d’un chaperon rouge et bravant la forêt pour apporter un panier de beurre et de confiture à sa grand-mère. Ne serait-ce pas toi Josepha, ma cruelle tentatrice ? » Et doucement, dépliant ses muscles, son dos serpent et ses bras titans, il se dirige vers la pièce qu’il maintient fermée, qu’il lui interdit de trépasser, Josepha, doit rester à sa place, place de femme vertueuse, d’une créature sacrée.
 Il utilisait cette pièce comme d’un atelier, coudre, palper, sculpter le tissu pour fabriquer un abri des courbes, la beauté d’une silhouette, toujours les tons verts et or et argent. C’est une robe de princesses digne de conte de fée, une robe aux volants simples mais brodée de chrysanthème, sur les manches légères faites de lin luxueux, il a posé quelques fils d’or pour rehausser le teint de sa chevelure, il n’y a pas de col ni de décolleté, ce n’est pas une robe de bal mais une robe tissée dans l’intimité pour l’intimité, de celle qu’on partage et que l’on expose sur ses formes pour l’être aimé. Il l’a fabriqué pour elle, délicate intention, égoïste intention. Soigneusement il prend soin de la rapporter.
 Sur le lit la dépose puis revient à sa place, le visage transformé, mangé par le désir de la voir, de contempler ses gestes.  « J’aimerai que tu te déshabilles. » Faciès figé de celui qui ne tolérera aucune négation, il menace par ses mains déjà serrées, des poings alimentés par la fougue qu’il sent se lever.  « Je désire te voir endosser cette robe que j’ai crée à ton intention. » Dit-il dans le murmure chaud d’un homme en prise à sa patience, il la jetterai sur le lit, la posséderait comme un tigre, prédateur avalant la chair d’une poupée, mais il se calme cependant d’une respiration invisible, apaisant son ardeur, augmentant son répit.


Dernière édition par Elvis Gaunt le Dim 14 Juin - 20:00, édité 1 fois
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Josepha Lee
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyJeu 11 Juin - 18:29





le château des désertes

feat. @elvis gaunt


Désireuse d’une réponse qu’il ne lui offrit pas, Josepha sentit sa soif de reconnaissance inassouvie. Ce besoin de lui, de ses approbations comme de ses assentiments, nourrissaient en elle le feu inextinguible de ses paradoxes ; la poupée vivait par le prisme des rétines du cerbère, lui qui demeurait son allocutaire privilégié. Lui qui rythmait ses monceaux de vie, ces petits riens parfois pénibles, ces instants de solitude qu’il comblait par sa présence. Lui dont la verve se polissait d’une intelligence pointue forgeant son admiration et lui alléguant quelques interrogations ; entre deux échanges, Josepha aimait à l’interroger sur ses lectures ou ses enseignements de la veille. Elle se raccrochait à ces soubresauts de vie qu’il insufflait en elle, tumeur vive de son existence. Lui, qu’elle mesurait d’un oeil admiratif et probe. Lui dont le vice demeurait invisible à son regard de vestale. Lui qui, pourtant, ravirait son souffle dans les minutes à venir.

Il lui parla de résilience, elle s’en fit un manteau d’agrément. Accueillant la parole d’Elvis comme le panacée de ses maux : puisqu’il rechigna à congratuler sa trouvaille, Josepha alla le cueillir. Interprétant ses dires nébuleux comme elle le souhaitait, lovée dans l’ignorance inouïe, presque volontaire, de ne pas percevoir les nuances d’une atmosphère changeante. Le sombre de ses yeux, la chaleur de sa voix rauque, le faciès strié d’une concupiscence qu’elle ne lui connaissait pas. Des allures lupines, fringales aux babines, se révélaient subitement chez le précepteur. « Je ne sais si tu as conscience que je suis un homme, vieux tu as de la chance, mais affamé, tout de même. Ne t’as-t-on jamais expliqué que les petites filles provoquaient des réactions chez les mâles ? » Et l’inquiétude de Josepha devint sans borne ; la joie de s’approprier ses éloges ricochant sur ses récitations licencieuses s’était tarie. Elle se retira dans ses pensées, interdite et apeurée quant à la menace dissimulée sous les beaux mots. Sa pupille pétrifiée fixait sans ciller la silhouette du maître statufié dans sa langueur la toisant d’un regard tentaculaire. Puisqu’il la muselait de ces liens invisibles, la retranchant dans l’inertie d’un corps figé. Puisqu’elle ressentit en ses tripes la douleur brute d’une main empoignant ses entrailles. Puisque son esprit s’ennivra de pensées brumeuses et que ses synapses ne répondaient plus. Ivre de torpeur, elle comprit seulement qu’il lui fallait subir le vacarme de cet homme qui, pacifique dans ses préceptes, devenait terrifiant.

Le bourreau parle encore, l’assommant de palabres fracassant les parois de son crâne embrumé. Réflexe perdu dans l’alcôve de sa personnalité de rêveuse, Josepha porta tout contre sa poitrine le livre précurseur de ses ennuis. Comme un plastron de fortune, bouclier absurde à la nudité de sa condition. En sa gorge se déployaient des noeuds gargantuesques, si grands qu’elle crut s’étouffer de sanglots tus. Le coeur s’était délogé sous les côtes et la poitrine, pressurée d’autant de tourments, ne se soulevait plus que sous l’impulsion rompue d’une respiration disloquée.

Il se leva, elle retint son souffle. Ployant la nuque sous le poids lancinant des vertiges et de la déroute. La silhouette d’Elvis avalée par la porte qu’il lui somma silencieusement de ne pas passer, Josepha se sentit possédée d’une rage soudaine et eut ce geste qu’on ne lui connaissait guère ; elle jeta à terre ce livre que ses lèvres vinrent maudire. Puis mûe par un sanglot aussi long que des soupirs tus, Josepha perla à ses lèvres un gémissement déchirant ainsi qu’une bête qu’on assassine. L’épouvante la frappa et le vide de sa vie murée lui apparut. Avec l’ouvrage damné, la jeune fille maudit ces autres, amis, soutiens, connaissances ne lui étant guère favorables puisque absents. Elle se maudit elle-même, d’avoir entretenu sous la niche d’une solitude bienvenue un isolement certain. Ses yeux mouillés ne glissèrent jamais aux seules issues de la chambrée ; porte comme fenêtres ne lui ouvriraient l’accès à rien. Elle qui ne savait guère où aller, ni par le corps ni par l’esprit. Et lorsqu’il revint, déposant sur ses draps une robe qu’elle n’entrevit que par le sel de ses larmes mouillant la pupille, Josepha se sentit comme ivre. L’esprit, mutique, était jugé par contumace. Seule l’enveloppe charnelle demeurait, vidée de ses dispositions. « J’aimerai que tu te déshabilles. » « Elvis... » Une supplique à ses lèvres, étranglée de ses émois. La prière étouffée sous la langue ne parvint pas à l’oreille du bourreau. « Je désire te voir endosser cette robe que j’ai crée à ton intention. » L’injonction n’invoqua pas de refus ; elle put le déceler dans ce regard vorace et ce visage fermé. Lisant sur ce faciès les traits avides d’un loup plein d’appétence, Josepha préféra déloger la pupille au plafond, ravalant ses larmes silencieuses. Elle se sentit combattre, solitaire et taiseuse, la débâcle de l’avilissement. Sans succès. Trop judicieuse pour comprendre que de ses choix dépendait sa survie.

Ainsi finit-elle par se lever, frémissante et offerte, approuvant de ses gestes le viol de ce regard intrusif. Les fines bretelles de la robe de nuité vinrent choir au sol dans un froissement de satin ; le silence lui était glacial. Pupille figée au plafond, puisqu’elle se refusa à croiser les yeux concupiscents de celui déflorant ses courbes et qu'elle tenta dignement de ravaler ses sanglots tus, elle pria pour que les lumières tamisées ne révèlent pas d’autres trésors que le tracé de sa cambrure. Qu’il ne dévore ni sa chair, ni ses reins, ni son nombril, ni ses seins. Qu’il ne la toise qu’au travers d’un voile d’ombre, qu’il devine sans se frustrer, qu’il se contente d’un petit rien suggérant un tout. L’humiliation ne perdura que trop ; la main tremblante peina à se saisir de la robe. Les gestes étaient confus mais la posture demeurait gracieuse. Pas un soupir de soulagement lorsqu’enfin elle se drapa de ses vêtements, trop étourdie par l’offense. Le col de la robe baillait à sa poitrine, puisqu’elle se refusa à lui offrir son dos nu afin de s’enquérir de ses mains qui viendraient boutonner le tissu. Josepha demeura statique, ivre de son revers. Tant de palabres à ses lèvres qu’elle n’osa prononcer de peur qu’il ne s’y accroche et l’invite à d’autres vices. Tant de suppliques, tant de prières, tant de détresse détronés de ses lippes mais se logeant dans la pupille qu’elle figea dans la rétine de son vis-à-vis. Soubresauts de dignité volée.


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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyDim 14 Juin - 19:58

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Les seuls êtres parmi lesquels j’aimerais me trouver désormais sont les artistes et les créatures qui ont souffert : ceux qui savent ce qu’est la beauté et ceux qui savent ce qu’est la douleur. Personne d’autre ne m’intéresse.
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   Elle a éveillé ses envies, des crocs indicibles logés dans la partie vitale du bas, le coeur ne s’affole pas, plus bas, là-bas, cet organe que l’on associe à la vie, au pouvoir, dressé pour le désir. On dit que l’érotisme s’approprie le corps de l’autre, le mange, l’avale. Elvis possédait la lenteur d’un reptile observant sa proie. Au cours de l’année il ne l’avait pas touché, quelques gestes éparpillés, son pouce venant effleurer la joue de rose, ses mains s’accrochant à ses bras, des gifles aussi quand elle provoquait par ses yeux si doux mais si rudes, des iris étoilées où l’ombre d’un impénétrable obstacle dessinait des murs. Elle avait enfermé sa joie dans le précipice d’une tristesse énorme, de sa magie en avait fait une boule, qui grossissait encore et encore. Il se déplace, carrure droite de celui qui maintient, qui contrôle, derrière elle se place et ose le toucher léger. Son dos ; il découvre les grains de beauté, les stries et les détails de sa beauté, elle a la peau de lait, soyeuse d’une jeune fille nubile, une vestale vierge d’un mâle. Elle a la timidité au bord de son regard mais l’impétuosité de la princesse construite aux romans libertins.  « Ce ne sera jamais pire que ce que tu imagines. » chuchote-il à son oreille tandis qu’il attache les boutons nacrés pour l’enfermer dans cette robe aux allures de conte. Car la robe, drapée de tissus brodés, attiserait la convoitise de toutes ces malheureuses, il les voit ces sorcières habillées de nuit ou de jour, d’hiver ou de printemps, sophistiquées dans leur armure afin d’appâter le chaland, elles glissent et tournoient, vendent des mirages et des tours à ces esprits volages. Josepha, il la souhaitait pure, immaculée dans des draps de soie, pour elle, il a bâtit un abri dont elle ne s’échappera pas. Mais l’ogre doute, fronce les sourcils, ses traits se marquent d’obscurité quand il la contemple. Viens là ; il tire sur le poignet noué, l’assoit sur ses genoux, lui qui a envahit l’espace de son lit, lui qui sait qu’il anéantira par là sa liberté. Partout, tu penseras à moi lui dit-il quand il s’allonge et la garde près de son torse, force par ses mains son visage pour qu’elle respire l’odeur de ses poils. Cela ne dure pas, il ne voudrait pas la traumatiser, elle qui a dans ses yeux une lueur trouble et descend presque vers le suicide. Il espère l’enivrer et, dans ce dessein qui se teinte de flammes, l’oblige à planter ses iris dans les siennes.  « Tu n’es plus une petite fille et je ne suis plus un jeune homme. Nous pouvons donc parler librement, je suis sûr que tu comprendras. Apaise mes souffrances Josepha. » Avec acharnement, il s’enduit des lippes de son esclave, elle est, pour lui, l’objet de son ravissement, elle lui offre cependant si peu, elle qui n’a conscience que d’une sécurité qu’il a savamment construite pour qu’elle se sente apaisée.  « Tu as lu les dérives et les fantasmes de ces hommes qui ont rêvé les corps, ne faire plus qu’un ; tu le sais, n’est-ce pas, que ce n’est pas la réalité ? Elle risque de te heurter aux tréfonds de toi même et je ne désire pas réveiller la bête qui sommeille en ton sein. Cependant, tu admettras que tu as éveillé ma passion pour toi, toi qui chante des mots teintés de gourmandise, toi ma jolie fée, me permettras-tu de combler mon vide ? Je ne te forcerai pas… pour l’instant, mais sache que si tu recommences je risque de libérer certaines pulsions. » Souffle-t-il, le rythme de son myocarde saccadé, il a fermé ses paupières mais a gardé sa main sur la jambe de sa prisonnière.  « Parle sans pression. » Le sourire naît, celui d’un être fatigué de lutter.  
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyMar 16 Juin - 18:50





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Cette femme encore enfant l’avait donc rendu avide. Cette femme, qu’il aurait brisée sous sa poigne s’il l’eût désiré ainsi, demeurait là, chétive, mais le bravant jusque dans la droiture de son dos offert, de sa dignité bafouée. Jamais elle ne l’avait imploré comme jamais elle n’avait daigné se montrer son égale en dépit de leurs échanges spirituels, verves cérébrales et enrichissantes. Le cerbère lui souffla d’autres palabres terrifiantes à son oreille, et toutes ses douleurs se suspendaient. Toutes ses peines se rassemblaient sur sa bouche, comme un bouton de rose cueilli du matin, et ses lèvres s’entreouvraient dans un dernier frisson. Dernières larmes ravalées dans le noeud d’une gorge souple qui s’étrangle. Comme l’on pouvait s’effrayer de la délicatesse de sa constitution, de ce malheur résigné, de la pâleur de ses joues. Cette figure immobile et muette que l’homme consentit à asseoir sur ses genoux, tout contre les ardeurs du mâle qu’elle sentit à sa cuisse. L’ébranlement de Josepha ne résidait pas dans l’outrage à sa pudeur ; elle connaissait les hommes de ce qu’elle avait lu sur eux, de ces romans, de ces poèmes, aux louanges toujours bien léchées envers eux, de ces aveux sur le papier exprimant les puissants désirs et les profonds orgasmes. Elle connaissait son corps et ses plaisirs, en dépit des habits de vestale dans lesquels elle se drapait. La jeune vierge ne s’embarrassait ni de pudeurs ni de tabous, avait eu pour offense d’ériger la figure de son ravisseur au statut de mécène. Amphitryon généreux lui offrant le gîte, le couvert et les émulations cérébrales. D’esprit à esprit, sans jamais se soucier du corps, elle comprenait soudain ses envies de chair et cela la perturbait.

Elle se laissa choir à ses côtés et y déposa les armes, s’en remit à ses mains de conquérant. Lui, homme de fer dont elle eût tant voulu être aimée, petit de mansuétude et violent de sensations, lui arracha d’autres émois. Elle l’écouta parler puisqu’elle ne sut que faire d’autre, regard vide qui se fondit sous la paupière lorsqu’il posa à ses lèvres un baiser. Une brimade plus qu’une caresse, un affront à ses lèvres ravagées de son impatience. Josepha y répondit avec indolence et abandon, par résignation peut-être, par trouble sans doute. Ce qu’elle s’était imaginé dans ses fantasmes nourri de la cambrure de cet homme était tout autre que cette douleur prégnante à sa poitrine. Ici les souffles de Josepha s’éteignirent, les ombres se répandirent autour de ses yeux et de sa bouche semi-close ne buttèrent que des mots avortés.

Bientôt et lorsque le cerbère l’enjoignit enfin à parler, oreille contre le torse chaud, Josepha fit un effort. Elle essaya d’abord mais en vain de répondre ; elle conversait avec l’invisible. Alors enfin lorsque sa voix trouva la force de se dérober de sous sa langue, elle consentit à se confesser : « Je refuse. » Et les yeux de se perdre dans l’abîme des petits riens. Regard éteint sous le poids de la réflexion. Sous la tempe la poitrine masculine trembla, de fureur sans doute. Elle argua d’une voix constante et triste : « J’ignore encore pourquoi vous m’avez arrachée à ma vie d’avant et pourquoi ici vous m’avez mise à l’abri. Mais je sais néanmoins les raisons qui vous incitèrent à ne jamais me toucher. Le salut de la jeune vierge, le fétichisme de la pureté. C’est ce que tous les hommes recherchent. » Josepha était facile à tromper, et sans doute ne demandait-elle qu’à l’être. Ainsi parla-t-elle avec ses convictions, de ce qu’elle avait arraché de ces pages mortes et de ses réflexions. « Alors si ce soir vous me prenez, que ma volonté vous soit ou non offerte, je ne serai plus vierge. Alors votre intérêt s’émoussera et vous ne viendrez plus. Et ce qui vous intriguait tant en moi ne sera plus. Alors vous me remplacerez par une autre et je devrai partir sans jamais savoir où aller. » Ses beaux yeux clos sous la cruauté de ses introspections, Josepha trouva le courage de réitérer son refus sous la coupe de son argumentaire défaillant : « Alors et ainsi, je refuse. » Déglutition difficile, et c’était en vain qu’elle attendait la rédemption de cette bouche cruelle.


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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyVen 26 Juin - 10:13

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Les seuls êtres parmi lesquels j’aimerais me trouver désormais sont les artistes et les créatures qui ont souffert : ceux qui savent ce qu’est la beauté et ceux qui savent ce qu’est la douleur. Personne d’autre ne m’intéresse.
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    Il eut des pensées obscènes, cette main féminine qu’il aurait prise, qu’il aurait mise sur son dard, il eut des pensées pour elle. Les hommes se terrent dans leurs excusent, ils en construisent la légitimité, Marvolo, comme tous les hommes, parmi les hommes, semblait prompt à réagir dignement face à la tentation, comme tous les hommes il aurait failli, il aurait dressé les arguments pour se faire roi, pour se faire sultan, dominant, il aurait bâti l’accusation, y croyant ; dressant son pouvoir dans une assurance charismatique. Cette jolie fille croisée entre les vitrines d’une librairie et la rue où les passants se bousculaient pour gagner une seconde de vie basculant dans le vide, elle possédait des orbes où l’invisible de la mort se battait contre l’existence. Le monstre souhaitait la posséder, posséder surtout cet intelligible force qui ni ne se touchait, ni ne se voyait, il ressentait. Cette force se nichait dans la largeur de sa maladie, la dépression creusait, creusait son nid.
Et l’ange fut enlevée.
A ses paroles, le rire rauque et rare, à ses paroles, le sourire songeur. Il est toujours allongé entre les deux oreillers, envahissant le lit de sa présence de maître, lui qui ne pense jamais à son statut, elle est pour lui un trésor. Pourtant quand il maintient sa tête tout contre son torse recouvert d’une chemise de lin, son pantalon serré par une boucle de ceinture de cuir, il montre la domination qu’il a sur elle. Dans le silence de cette heure de sommeil, il caresse distraitement sa chevelure d’or, ses doigts araignées tendrement noyée sous les mèches de soleil.  « Ce mythe de la virginité » Souffle-t-il.  « J’avais l’habitude de garder le sang de ces petites créatures une fois déflorées, ingrédient rare et coûteux pour certaines potions de magie noire. Mais je ne devrais pas te raconter tout ça, tu es si innocente dans ton intelligence. » Et les doigts se faufilant sur le visage de la jolie laisse des traces invisibles.  « Tu n’as pas pleuré lorsque je t’ai habillé. » Simple constatation, perdu dans ses pensées, il analyse déjà l’expression passée, les iris bouleversées mais colériques, une touche de caractère toujours méprisées par des croyances, croyances limitantes qu’il serait fort apte de maîtriser pour ne jamais, jamais, perdre sa confiance. Car il bâtit, dans la patience d’un prédateur, un univers qu’elle devra apprécier puis, plus tard, aimer. Que ce chalet devienne temple pour cette vestale au goût de divin.  « Tu te trompes. » Encore une fois, le rire clair s’emballe, un chuchotement caverneux.  « Si je t’enlève ta virginité, j’éprouverai toujours de l’intérêt pour pour toi. C’est une évidence mais l’agneau dans sa candeur ne remarque pas sa valeur. » Soudain, il se lève, entraîne avec lui le corps fragile, le corps amaigri, il la contemple vêtue dans sa robe.  « Quand je serai là, tu t’habilleras des robes que je t’aurai choisi. » D’un pas leste, il se dirige vers la cuisine.  « Mais pour l’instant tu peux choisir de t’habiller comme tu le désires. Retrouves moi dans la cuisine, il est temps de grossir. » Pour la troisième fois, le rire s’échappe de sa gorge, lui qui ne s’exprime jamais que dans la noirceur de son mépris a trouvé pour parer ses insomnies, la joie d’une compagne particulière.  
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyDim 28 Juin - 12:35





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Ce rire inusité, ce rire singulier, ce rire précieux, Josepha aurait pu le trouver beau si elle ne sentait pas soudain cette fatigue pressurer sa poitrine, envenimer tout son être. La force des larmes ou le trauma d’une nudité offerte à contre-coeur peut-être, le mal vampirisant son énergie sans doute. Elle se laissa porter contre son torse, écoutant sa respiration comme le poitrail vociférer doucereusement. La chemise de lin lui paraissait douce et réconfortante sous ses doigts cherchant l’apaisement, parce qu’il y avait mis un peu de lui sur le tissu ; l’odeur de sa peau, le parfum de musc. Autant de fragrances apaisantes en dépit de l’épisode douloureux d’une sommation vicieuse imposant qu’un satin ne vienne choir au sol. Josepha ravalait ses appréhensions dès lors qu’elle sentait la quiétude la recouvrer : les inspirations tranquilles et cycliques, comme un tambour, d’Elvis la confortaient dans l’illusion de son monde. Rassurée et pourtant, un frisson glacé vint lui mordre l’échine lorsqu’il lui confia d’un timbre suggérant la boutade noire comme le sérieux, qu’il recueillait l’élixir de vie à la chair des jeunes vierges. Etait-ce pour cela qu’il l’avait enfermée, songea la belle comme elle resserra ses doigts sur le tissu ? Force absurde d’une main à peine viable. Non, s’entendait-elle penser derechef. Leur lien était plus fort ; Elvis s’engageait à la protéger du monde extérieur quand elle et en contrepartie, lui tenait compagnie. Puis le constat, quelque peu brutal, qu’Elvis mit en lumière sans ambages : « Tu n’as pas pleuré lorsque je t’ai habillé. » Il était vrai, songea la belle sous un souffle retenu, qu’elle n’avait pas frémi de dégoût au toucher de sa main. Elle n’avait pas gémi son impuissance lorsqu’elle sentit son souffle chaud sur l’omoplate, était parvenue à ravaler ses larmes en dépit de l'amertume. Le désir, certes, ne s’était pas manifesté en raison du traumatisme de la demande, mais Josepha pouvait le sentir couver sous le ventre. Honteuse, elle se déroba à la judicieuse remarque et préféra se murer dans un mutisme habituel. Ainsi l’écouta-t-elle parler, la poitrine se soulevant de moins de cadences, apaisée de ses réponses bienvenues. Il ne se lasserait pas d’elle, promit-il avec aplomb. L’abandon ne guettait donc pas sa porte. Puis demeurait ce “si”, porteur d’un choix rassurant. Si je t’enlève ta virginité. Le “quand” était rabroué. Josepha sentit malgré elle la confiance en lui se nourrir à nouveau de ses mots, de ses affirmations, de ses galanteries. Il ne l’avait pas forcée. Plus encore, il se leva. Retrouve-moi dans la cuisine.

Josepha avait fait le choix de ne pas se changer. Parce que la force lui manquait ; la force de conviction comme la force de se débattre. Elle avait pris soin néanmoins de se contempler dans le reflet d’un psyché d’argent posé au sol, observant les contours d’un corps frêle pas encore décharné mais pas assez féminin. Cette nuit fut la première fois où la jeune fille vint maudire son reflet, son teint cireux, sa poitrine qu’elle avait petite, ses hanches menues. Cette nuit fut la première fois où elle désira plaire, sans pour autant savoir comment s’y prendre ni par où commencer. Elle contempla ses bras, si chétifs que cette provocation lui fut insoutenable : Josepha soupira d’agacement comme elle quitta la chambrée.

Le retrouver dans la cuisine. Elvis lui tournait le dos, affairé à sa tâche de la nourrir puisqu’elle ne sut le faire convenablement. Durant de longues secondes, Josepha détailla la nuque masculine. On n’observe pas assez les nuques, ni les dos, pensa-t-elle alors, trop absorbée par sa vision. Un dos était pourtant sensuel ; avec ces muscles qui se déploient et ces omoplates qui roulent sous l’effort. Une nuque était intime, cachée du monde, dissimulée des baisers, et pourtant si sensible. Les baisers. Ce soir, le premier lui fut donné. Féroce et affamé. Elle n’y avait répondu que par indolence, mais non sans offrande. Et, comme Josepha s’avança dans la cuisine sans jamais détourner son regard du cerbère, pensa si fort que ses introspections purent être entendues : « Cette nuit, c’était mon premier baiser. » Mais l’infante se tut, lèvres pincées, promise à la compagnie de son silence. Prenant place autour de la table, elle observait Elvis à la dérobée. Et parce qu’elle ignorait tout de sa vie, parce qu’il était d’un âge où l’on construit une famille, parce qu’il s’assignait la tâche de cuisiner pour elle, parce qu’elle était intéressée, ne put s’empêcher de demander : « Elvis, pourquoi n’êtes-vous pas marié ? » La question avait jailli de ses lèvres innocentes avec trop d’empressement et bien trop de curiosité, trahissant ses regards furtifs auprès de son annulaire nu.


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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyMar 30 Juin - 18:46

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  Tout autour les arbres, le vide, tout autour, la saveur des aliments voltigeant, la baguette s’affaire, dans les mouvements agiles de ses bras l’homme met la table, une unique assiette dans laquelle bientôt choit un repas de reine ; carottes et pomme de terre accompagnées d’une sauce légère, pas de viande, Elvis n’a jamais eu goût pour les souffrances animales, lui qui, pourtant, semble si monstrueux dans sa haine. Il siffle un air dans la langue de ses serpents, ses lèvres, deux traits fins esquissant des notes, car l’homme a également le don pour composer des mélodies. Cette nuit, il apparaît radieux, accompagné de cette compagne aux ailes blessées, sur son visage l’air doux d’un mari. Le regard de sa captive l’emporte vers des images qu’il a ravissantes, il imagine son expression jolie, sa carnation de miel entre ses mains de fer, tout de suite s’éteint la flamme quand il lui ordonne de s’asseoir.  « Tu ne manges rien, et je ne tiens pas à te perdre. Alors tu me feras le plaisir de manger tout ce qu’il y a dans ton assiette. » Le visage s’ouvre dans un sourire charmeur, le serpent sait se montrer tentateur, manipulant sa face comme d’un outil pour parvenir à ses desseins, l’homme sourit pour apaiser l’ange effrayé. Lui, n’avait pas l’habitude de la tendresse, prenant les corps de ces nymphes en forçant si le besoin se sentait, mais Josepha, terrible et enivrante dans sa pureté étoilée, auréolée d’un nimbe mystérieux et mélancolique, l’emportait vers des régions boisées de songes, aux élytres éclairées de délicatesse. A cette question jaillissante, urgente, Elvis hésite, son regard profond pénètre le tremblement des lèvres de sa prisonnière, il lui a caché sa vie, là-bas, dans ce manoir rigide et obscur.  « J’ai une fille Merope. Et j’ai été marié. » Miraj, le secret comme Josepha, deux femmes merveilleuses dans leur sagacité et leur intelligence, lui il les aime à la dérive, mortifère mâle emprisonné dans sa dualité ; un pas vers l’admiration tout de suite évaporée dans la jalousie implacable. Elvis les souhaite Femme, soumises et à l’aguet pour exaucer ses désirs, ses caprices.  « Tu ne rencontreras pas ma fiancée. Vous vous ressemblez, elle pourrait te conforter dans une idée de fuite. Et, vois-tu mon trésor, je ne tiens pas à perdre ce qu’il m’a été difficile d’obtenir. » Dans la voix, la menace déjà dévoilée, le charme se déploie quand il s’approche près de son oreille, hume son parfum. L’envie le subjugue de tisser ses mèches, derrière elle, il s’installe, tresse ses cheveux d’or.  « Mange. » Car elle ne mange toujours pas et cela le navre.
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Josepha Lee
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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptySam 4 Juil - 22:42





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A le voir s’affairer pour elle, chantonnant joyeusement des cantiques reptiliennes, Josepha trouva réponse à la question qu’elle posa à sa mère quinze ans auparavant. Elle se souvint des avertissements maternels, enclins à juger leurs prochains comme les hommes, soutenant à sa fillette que les engeances terrifiantes investissaient les âmes frelatées. Ce constat dogmatique arracha à l’enfant ce questionnement judicieux ; si l’humanité était à ce point gangrenée par le vice, pourquoi donc Dieu ne se contentait pas d’éteindre le soleil et de ficher le camp ? Eugénie s’était contentée de hausser les épaules, de dépit et de lassitude, marquant de son mutisme la stupidité naïve de Josepha dont les joues s’étaient dès lors empourprées de honte. Devenue adulte et lorsque lovée dans l’alcôve des jours gris du spleen et de la torpeur ses yeux ne contenaient plus rien, cette interrogation cognait encore inlassablement contre son crâne. Cette nuit pourtant et à la vue de l’homme s’assignant la tâche laborieuse de la nourrir, Josepha donc trouva la réponse : si Dieu ne se contentait pas d'éteindre le soleil, c'était qu'Il ne le pouvait pas. Puisque trop d'âmes lumineuses, à l'instar d'Elvis, erraient sur Ses plaines, l'entreprise devenait trop ardue. Ainsi la jeune fille, soumise aux préceptes de l'allégorie de la caverne, n'entrevoyait chez son ravisseur que bonté et providence, elle ne sut le penser autrement. Elle accueillit donc l'assiette qu'il lui tendit dans un frêle sourire (en dépit de son estomac criant déjà grâce), lequel s'émoussa lorsqu'aux lèvres paternalistes glissèrent l'injonction de manger. Josepha eut une moue boudeuse, charmante cependant, quoique déjà résignée dans sa politesse à plaire au cuisinier.

Une odeur agréable embaumait la pièce, saveurs épicées et rondes, sans pour autant étayer son appétit. La jeune fille toisa son assiette d'un air contrarié, moue de déplaisir et de fatalisme : c'est entre toi et moi, songea-t-elle non sans toiser sa portion de légumes comme l'adversaire à abattre. Sa joute imaginaire fut rompue par la voix suave d’Elvis lui faisant offrande : il se confia sur lui. Et lorsqu’il parla de sa fille, pour la première fois depuis sa captivité, il lui sembla s’approprier des petits monceaux de lui. Josepha écarquilla les yeux d’étonnement ; elle ne le savait ni père ni veuf, et lui découvrit cette nuit un passé. Ah, comme elle avait l’envie vorace de le questionner d’avantage ! Comme elle aurait voulu connaître sa fille, son âge, ses rêves, ses envies, ses caprices. Néanmoins elle comprit, à la tonalité fermée de la voix, que nulle question n’était nécessaire. Josepha ravala sa curiosité, laquelle lui écorcha un peu plus la gorge à l’entente de ces autres confidences : « Tu ne rencontreras pas ma fiancée. Vous vous ressemblez, elle pourrait te conforter dans une idée de fuite. Et, vois-tu mon trésor, je ne tiens pas à perdre ce qu’il m’a été difficile d’obtenir. » Ces confidences s’abattirent sur elle comme une chape de plomb. Tant de vérités sonnant troubles à son oreille, tant de dissonances, tant de marasmes sous les révélations. Fiancé. Ainsi n’était-il pas l’homme esseulé qu’elle s’imaginait être, ainsi était-il lié à une autre, ainsi avait-elle failli pécher en provoquant l’adultère. Cette nouvelle troubla son esprit ivre d’autres confusions, quand de honte, elle enfouit son visage dans ses paumes. Fuite. Il lui parla de dérobade sans qu’elle n’en comprenne encore le sens. Une évasion nécessitait des barreaux et des murs de forteresse. S'était-elle fourvoyée ? Pourquoi donc évoquer un échappatoire ? Trésor. Ce mot sonnait comme un butin.

Tant de pensées troubles en sa tête la rendant vaporeuse et fébrile, quand la proximité soudaine d’Elvis la fit sursauter ; quel battement de coeur fugace, certain, poignant, frappant fort contre sa poitrine ! Josepha tut sa surprise dans un hoquet furtif. « Mange. » Le myocarde malmené reprit à grand peine son souffle sous la quiétude tranquille de l’homme coiffant sa chevelure. Josepha eut un frisson d’effroi tandis qu’en ses pensées se jouait la confusion. Elle n’ignorait pas que faire face à la vérité ébranlerait son univers, elle n’ignorait pas, non plus, le courroux qu’elle pourrait provoquer en affrontant le cerbère. Mais ce fut pourtant portée par la fougue de la jeunesse, fraîche et spontanée, que Josepha ploya sous la virulence. Après de trop longues secondes mutiques, la jeune femme se retourna vivement, genoux posés sur la chaise, son regard de lilas planté dans les géhennes de son vis-à-vis. A sentir le feu de sa pupille lui écorcher le visage, Josepha sentit son estomac se transir de peur. Ce fut pourtant mûe par le courage qu’elle le questionna, ses yeux usuellement si doux striés de contrariété. Et sa voix alors se farda de blâmes comme de déroutes, frêle gamine interpellant le cerbère : « Si vous n’êtes ni seul ni malheureux, ni perdu ni fou. Si votre seul plaisir est de m'apprivoiser avec vos ouvrages et vos éruditions, et si vous craignez si fort que votre trésor ne prenne la fuite. Pourquoi m’avez-vous enlevée ? Que se passerait-il vraiment, si je vous quittais ? » Josepha a le timbre inquisiteur, beaucoup de fermeté dans la voix fluette. Quand dans son regard de feu brillent trop de doutes et de confusions. Elle veut savoir. Après un an de captivité. Elle n’en démordra pas.


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Message (ϟϟ) Sujet: Re: Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques)   Le château des désertes ~ Elvis (TW - violences psychologiques) EmptyDim 12 Juil - 20:27

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Les seuls êtres parmi lesquels j’aimerais me trouver désormais sont les artistes et les créatures qui ont souffert : ceux qui savent ce qu’est la beauté et ceux qui savent ce qu’est la douleur. Personne d’autre ne m’intéresse.
@Nouménal


 Il était un ogre dans un chalet oublié et isolé, il était un ogre accompagné d’une jeune captive qui caressait ses cheveux et les nouait, en une longue tresse, les mèches d’or s’assagirent. L’ogre semble aussi serpent, ses yeux deux rubis enflammés par la volupté, il lui faut peu. Quand la jeune femme parle de sa voix fluette, si tendre, cristalline dans un ruisseau de maladie, il apaise par ses doigts se plongeant sur sa nuque blanche et immaculée, l’odeur de sa magie apparaît à ses narines comme un délice intouchable encore, l’homme a la prescience obscure, les pressentiments, lié à cette essence que d’aucun trouverait néfaste. Dans cette cuisine moderne où tremblent les couverts, le silence se pèse sous le corps tendu de Mademoiselle. Peut-être aurait-il du être plus doux, l’arroser de charmes et de séduction afin de combler ses doutes, de taire la colère naissante, morceaux de courroux enrobés dans la naïveté. Monsieur Gaunt est fatigué soudain mais ravi, il étincelle, l’enfant l’a surpris, sa stature, sa carrure pourtant si fragile. Malgré son mutisme qu’il maîtrise, il pense au potentiel de cet ange, Marie aurait accueilli le diable sous un manteau d’azur, son visage apeuré devant l’apparition de Gabriel, il se souhaitait l’archange. Un démon des cieux pour cueillir le trésor de sa substance. Face à elle, il enserre les joues, forme un étau pour que les iris se rencontrent. Car de ce regard naîtra la confirmation de cette résilience qu’il a tant attendu chez sa convoité. Mais à sa question, il répond à côté.  « Tu serais bien seule et entourée de loup mon chaperon. » Et sur le front virginal un baiser scellant la promesse de la protection.
Un geste, un unique, l’autorité au bout de la main quand il ordonne silencieusement à Josepha de le suivre dans les couloirs. Les assiettes et les ustensiles, le ménage est fait, d’un sortilège murmuré du bout de la baguette. Et les doigts jolis s’enlacent sur ceux parcheminés de la vieillesse. Dans la chambre qu’il lui a construite, les fleurs s’éclosent et se fanent dans un mouvement répété mais elles s’immobilisent à la venue des deux âmes. Elvis retire la couverture de coton, lourde et chaleureuse afin d’y convier son épouse chimérique. L’ogre a la politesse exacerbée par le désir de caresser l’interdit.  « Bonne nuit ma Josepha. Ne songe pas aux mauvais royaumes de tes pensées et tente d’apprécier ton sommeil qui, je l’espère, te seras réparateur. » Et soudain les ténèbres douces se faufilent quand il éteint le reste de lumière. Il s’octroie un instant, une seconde de volubilité lorsqu’il effleure les joues maigres de sa destinée, attend devant elle qu’elle ferme ses paupières et, pour parfaire l’atmosphère qu’il espère de miel, fait apparaître les sons joyeux des rossignols.  
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