the future is female (rylan)

La clochette de Fleury et Botts résonne et la porte se referme sur la femme à la peau métisse. Le regard de l’amazone se pose alors sur les étagères de livres qui n’ont de toute évidence pas bouger malgré le cataclysme qui était tombé sur le monde sorcier depuis maintenant deux bonnes journées. Minerva McGonagall comme beaucoup d’autres sorciers avaient été empoisonnée et se retrouvait sans pouvoirs magiques. Pourtant, elle se devait, en attendant la prochaine réunion de l’ordre du Phénix qu’elle préparait en essayant de ne pas éveiller les soupçons d’Abelforth qui ne se souvenait plus de son allégeance au Phénix, de finir d’arranger des choses sur le Chemin de Traverse. Toujours sorcière dans l’âme bien que sa baguette inutilisable, Minerva avait tenté de vaincre les nausées qui la prenait pour aller au travail aujourd’hui et se mettre en arrêt. De toute façon, elle n’était pas en état physique et si l’inquiétude que l’empoisonnement n’ait que des effets négatifs sur elle contrairement aux autres persistaient, elle tenait à tout mettre en ordre. Ainsi donc, lui avait on alloué une sorte de chômage partiel (ce qui l’arrangeait sur bien des points). N’ayant cependant pas terminé ses affaires, Minerva se rendit à Fleury et Bott dans l’optique de mettre aussi de l’ordre chez W.I.T.C.H. qu’elle ne pouvait pas laisser comme cela en son absence. Si elle savait que les femmes, même celles sans pouvoirs maintenant, se débrouilleraient, elle tenait à ce que toutes les prochaines instructions soient claires.
Cela l’angoissait aussi de laisser l’association pour une durée indéterminée. Elle ne voulait pas donner la sensation aux femmes qui venaient ici qu’elles étaient abandonnées. Mais elle n’avait pour l’instant pas le choix et de toute façon, tant qu’elle continuerait à vomir à cause de l’empoisonnement, elle préférait rester chez elle.
Mais voilà, pour rentrer dans les locaux de l’association, il fallait faire quelque chose de particulier. Trois coups du bout de la baguette apposés à des endroits précis de l’affichette et la porte devait apparaitre.
Problème : Minerva n’avait plus ses pouvoirs.
Mérédith était absente aujourd’hui et si Minerva savait que son amie n’avait pas perdu ses pouvoirs, elle, elle devait aussi s’occuper de certaines choses de son côté. Alors Minerva fouilla dans son sac sans fond. Sa main vient se refermer sur un papier qu’elle sortit et regarda en fronçant les sourcils. Elle avait oublié ce papier tiens. Il s’agissait d’un tract de manifestation moldu qu’elle avait récupéré en prenant le métro pour venir jusqu’au Chemin de Traverse qu’elle avait trouvé difficilement. Son regard fut attiré par le nom du parti en cause. Manifestation pour le droit de votes des femmes dans le monde moldu. Evidemment, Minerva était au fait que les femmes n’avaient pas le droit de vote et si la guerre avait éclaté depuis quelques semaines maintenante, les manifestations continuaient. Elle avait toujours été curieuse de voir comment cela se passait chez les moldus. Mais elle avait plus préssent à faire et elle vient sortir sa baguette. Pensant que cela pourrait fonctionner même sans magie, elle exécuta donc le geste sur l’affichette.
Rien.
Elle réessaya.
Toujours rien.
Profond soupir d’agacement.
« Rylan ! » s’exclama Minerva alors qu’elle avait entendu des pas et attendu que sa chère amie d’enfance n’arrive à sa hauteur. Particulièrement heureuse de la voir, Minerva s’approcha d’elle et vient déposer un baiser sur ses deux joues. L’odeur de la jeune femme lui donna un haut le cœur mais Minerva se retient.
« Désolée, je crois que l’empoisonnement n’a pas terminé de perturber mon système ! » dit-elle, navrée de donner l’impression que son odeur la rebute. Rylan avait toujours senti bon, c’était complètement stupide. Minerva tentait de se persuader qu’elle ne devait pas voir de médicomage. Abelforth avait accepté qu’elle parte de chez elle (même si elle n’avait clairement pas besoin de son accord pour sortir de chez elle) et avait failli lui faire promettre de voir un médicomage. Elle avait refusé, ne faisant confiance à personne. Il fallait qu’elle reste discrète. De toute façon, elle ne faisait que passer ici et rentrerait aussitôt.
« Pitié, dis-moi que toi aussi tu n’as pas perdu tes pouvoirs et que tu peux faire apparaitre la porte ? » demanda-t-elle pleine d’espoir à son amie.
Si elles étaient bloquées toutes les deux, c’est décidé : elles iraient manifester puis ce qu'on leur accordait du temps !

Tout avait disparu. Plus une trace ne demeurait. Et pourtant, tel un membre fantôme, il lui arrivait parfois de penser qu’elle était toujours là, la douce chaleur qui coulait dans ses veines et qui s’agitait au bout de sa baguette. Utopie qui s'effrite lorsque la dure réalité la rattrape. La baguette qu’elle gardait maintenant précieusement dans son coffret, sur sa table de nuit, parce qu’elle ne lui était plus d’aucune utilité. Elle n’arrivait pas encore à déterminer si la situation était bonne ou mauvaise. D’un côté, elle se sentait trahie, parce qu’elle connaissait ceux qui avaient fait ça. Son propre groupe qui l’avait laissée se faire empoisonnée. Mais d’un autre côté, au moins elle savait que personne ne la soupçonnerait jamais. Qui pourrait consciemment prendre le poison qu’elle réservait à tous les autres ? Certains le pourraient, mais elle paraissait déjà suffisamment innocente auprès de l’ensemble de ses collègues. La perte de ses pouvoirs n’était qu’un argument de plus.

Elle laissait échapper des soupirs sans même s’en rendre compte. Nostalgie d’un moment qui a cessé si rapidement. Elle avait eu peur, au début, que ses nausées soient dues à une autre situation, bien plus compliquée finalement. Elle avait presque été rassurée en constatant qu’elle n’était pas la seule dans cette galère, et que cela n’avait rien à voir avec un squatteur impromptu dans son estomac. On lui avait attribué sa journée, juste le temps de discuter des mesures à prendre pour protéger les sorciers devenus cracmoles dans un contexte sombre. Et Rylan détestait rester enfermée à ne rien faire. Si elle ne pouvait pas se rendre “utile” au Ministère, elle pouvait aller voir si elle pouvait aider chez les WITCH qui, elles, ne pouvaient se permettre de prendre des vacances.

Elle était arrivée à Fleury et Botts sans encombre. Elle devait se faire à la vie sans magie, mais les réflexes restent rudes, surtout après seulement deux jours. « Mina ! » Et son sourire qui s’étira en reconnaissant, même de dos, Minerva qui était déjà là. Avait-elle perdu ses pouvoirs elle aussi ? Ses mains se posèrent sur son amie d’enfance alors qu’elles s’embrassaient, puis ses sourcils fins se froncèrent en la voyant réagir. Cette nausée qu’elle-même avait ressentie au premier jour. « Pas de souci, ça va aller ? », s’inquiéta-t-elle vraiment. Elle n’avait pas très envie de retourner à Ste Mangouste de si tôt, mais elle ne pouvait pas non plus laisser son amie dans la souffrance. Son cerveau s’activait déjà à la recherche de remèdes rapides pour dissiper son mal, mais rien ne lui venait.

Elle se reconcentra alors que son amie qui lui annonçait - elle venait de le comprendre - qu’elle avait été frappée par l’attaque des enfants de Morgane. Rylan grimaça, c’était vraiment pas de bol. « J’ai aussi perdu mes pouvoirs, désolée. J’avais espoir que tu aies réussi à y échapper... », répondit-elle en montrant ses mains vides et la non présence de sa baguette sur elle. Elles étaient donc deux, devant ce qui aurait pu être la porte menant à leur association. Mais à la place, elles étaient impuissantes face à un mur des plus inanimés. La blondinette soupira à nouveau, l’air penaud qui lui collait au visage. « Qu’est-ce qu’on va faire, on sait même pas combien de temps ça va durer, on peut pas tout laisser en suspens... » Elle était peinée de ne pas pouvoir venir en aide à des femmes qui pourraient en avoir besoin.

De toute évidence, il fallait qu’elles trouvent autre chose à faire. Il allait falloir être inventives durant les prochains jours, voire les prochaines semaines. Voire peut-être les prochains mois ou même le reste de leur vie. Rylan n’avait eu aucune nouvelle de la part des Enfants de Morgane au sujet du poison et de ses effets. Rien qui pourrait lui donner l’espoir de retrouver cette partie d’elle qu’elle avait perdue. « Ça veut dire qu’on est comme des cracmoles maintenant ? Ça fait quoi, des cracmoles ? », demanda-t-elle en s’interrogeant sur ce qu’elles pourraient bien faire en attendant de trouver une nouvelle solution. Elle qui était sang-pur parmi les sangs purs, difficile de s’imaginer une autre vie que celle qu’elle avait vécue. Il y avait Moira Goyle, mais cela remontait à si loin et elle était si jeune. Impossible de savoir ce que des femmes de leur âge peuvent faire dans un monde sans magie.

Voir Rylan en cette période plus qu’incertaine pour Minerva était un réconfort de tout instant. La métisse priait cependant intérieurement pour que son amie possède encore ses pouvoirs. Comment allaient-elles faire si elles ne pouvaient pas accéder aux locaux ? Et les femmes qui en auraient besoin ? Est-ce que Mei était aussi touchée ? Minerva sentait son cœur s’emballer. Il y avait décidément trop de choses que cet empoisonnement remettait en question et un instant, elle sentit une bouffée de colère la saisir. Ce n’était pas que l’Ordre, c’était aussi cette cause plus importante peut-être que l’Ordre et qui lui tenait à cœur. Des femmes pouvaient avoir besoin d’elle ou tout simplement de ces locaux. Il fallait absolument trouver un moyen de le rendre accessible pour toutes celles qui avaient perdu leurs pouvoirs.
« Pas de souci, ça va aller ? »
« Oui, oui ne t’en fais pas. » dit Minerva malgré tout contrariée par l’idée que son corps ne semble pas bien réagir au poison, persuadée que c’était cela plus qu’une grossesse dont elle ne se doute pas encore. « Je suppose que mon corps n’a pas apprécié de se faire empoisonner. » Amertume dans la voix. Mais ce sera tout pour ces fameux Enfants de Morgane.
Se reconcentrant sur Rylan, Minerva espère toujours que son amie a échappé à cela. Après tout, Abelforth avait, elle ne savait comment, réussi, pourquoi pas elle ?
« J’ai aussi perdu mes pouvoirs, désolée. J’avais espoir que tu aies réussi à y échapper... » Déception dans le regard qui n’est pas dirigé vers Rylan cependant. Minerva se sent frustrée et plus qu’agacée. Ce n’est pas le fait d’avoir perdu ses pouvoirs qui l’énerve c’est qu’elle ne peut plus agir sur des choses importantes. Vivre comme une moldue ne la dérange pas, au contraire, elle trouve que cela a des côtés positifs. L’idée d’attraper un enfant de Morgane pour lui coller la tête contre la porte qui ne s’ouvre pas, le mettre devant des femmes qui souffre lui effleure l’esprit longuement.
« Qu’est-ce qu’on va faire, on sait même pas combien de temps ça va durer, on peut pas tout laisser en suspens... »
« Je vais envoyer un hibou à Mei pour savoir si elle, elle a été touchée. On va voir pour que celles qui n’ont pas perdu leur pouvoir puissent avoir quand même accès à la W.I.T.C.H., quitte à ne pas mettre de sorts de protection pour l’instant… »
Cela l’embête, Minerva. Ces sorts de protection sont là pour une bonne raison. Elle sait trop bien que des fous furieux peuvent venir récupérer leur femme, leur fille ou leur amante. Désactiver tout cela, c’est les mettre en danger. Pourtant, elles ne peuvent pas laisser la situation telle quelle. Les femmes ayant perdu leur pouvoir devraient avoir accès à l’endroit quand même… et il n’y avait pas tout le temps quelqu’un pour les aider.
Elle essaie de raisonner calmement mais dans le fond, elle boue de rage. Oui, décidément, si elle tombe sur un enfant de morgane, autre que Nile Shafiq, elle lui mettra le nez dans la merde qu’il a engendré.
« Ça veut dire qu’on est comme des cracmoles maintenant ? Ça fait quoi, des cracmoles ? »
La soudaine inquiétude de Rylan fait dériver les pensées de Minerva qui se calme. Elle pose son regard sur Rylan et lui sourit avant de lui prendre la main.
« Je n’ai pas plus les réponses que toi Rylan, mais je sais que nous ne sommes pas sans ressources… » Un petit clin d’œil qui se veut rassurant. « Nous sommes des femmes, bien plus douées que cette chère gente masculine qui nous pourrit la vie ! »
Fierté dans la voix. Minerva ne se laissera jamais dire qu’elle est diminuée elle qui est toujours pleine de surprises et de ressources. Mais elle se doit de rassurer son amie malgré tout.
« Cracmoles je ne sais pas… mais on peut dire qu’on est moldues ! Oh d’ailleurs ! »
Cela lui fait penser au tract qu’elle a dans son sac. Elle vient fouiller dans son sac sans fond et en ressort le tract moldu qui appelle les femmes à la manifestation pour les droits de votes.
« Puis ce que nous sommes moldues maintenant, ne crois-tu pas que nous devrons nous préoccuper du sort de nos sœurs dépourvues de magies ? Il y a une manifestation. Cela nous permettra aussi de nous appuyer sur cela pour la W.I.T.C.H ? » Elle vient poser sa main sur le bras de Rylan et lui adresse une œillade complice. « Au moins, ne perdrons pas notre journée comme cela. Je suppose que Meredith ne va pas tarder et on n’aura plus qu’à prier pour qu’elle désenchante le lieu. Laissons-lui un mot. »
Minerva se détache et vient chercher à la main de l’encre et un parchemin avant de finalement griffonner un petit mot. Le laissant en évidence, elle finit par attraper le bras de Rylan et lui dit le menton fière :
« Allons manifester pour nos droits ! »