à demi mots (gabriel)

gabriel.

voilà bien longtemps que ma plume n’a pas écrit ton nom sur un parchemin.
je crois d’ailleurs qu’elle ne l’a fait que quelques années.
lorsque j’étais jeune, et bête.
ces quelques mots, cependant, ont une utilité précise, que voici.

nous n’avons pas eu le temps de converser lors du mariage - ou plutôt de la catastrophe - de notre meilleur ami. je pense pourtant que nous avons divers sujets à aborder, en privé, remontant à la dernière soirée que nous eûmes la joie de partager ensemble.

j’ai cru comprendre que tu étais, toi aussi, convié à la demeure black jeudi prochain. je te propose une entrevue quelque heures avant. je te donne rendez-vous à l’adresse si jointe.

j’ai également cru comprendre que tu n’avais miraculeusement pas succombé au mal qui touche la plupart d’entre nous.
tu te rendra d’autant plus utile en m’accompagnant ainsi jusqu’au 12 square grimmault.

bien à toi,

leora dumbledore.


elle attendait. depuis quelques minutes déjà. la fâcheuse habitude d’être toujours en avance, et ce depuis l’enfance, quand elle était celle qui donnait le rendez-vous. jamais quand elle était convié. créer l’attente plus qu’autre chose, forme spéciale d’un désir qu’elle avait toujours maîtrisé. mais cette fois-ci, elle était déjà là, assise à une table au fond du chaudron baveur. le lieu choisi, pas très loin de l’appartement. appartement empli par la présence d’un certain kieran goyle dont la présence était plus qu’appréciée, jusqu’à ce qu’il faille tenter de s’extirper, dans l’espoir de renouer avec sa libre vie. elle avait hésité, à faire le même coup que le blond l’autre jour, geste impie qui lui restait encore en travers de la gorge, alors qu’elle s’était bêtement faite avoir, attachée à son propre lit tandis que le serpent s’extirpait de sa cage dorée, claquant la porte dans une effusion de rire, laissant la belle bloquée pour le reste de la journée. elle aurait aimé, lui faire payer l’affront, le retenant à son tour de son gré pour s’amuser plus tard, de sa soumission passagère, mais les méninges avait finalement préféré mentir sur l’emploi du temps du ministère, prétextant un rendez-vous inopiné avec albus dumbledore ou tout autre homme de pouvoir, avant de se glisser hors de la tanière, sans demander son reste.

le bar n’était pas plein, mais suffisamment animé pour éviter toute effusion de rage possible venant du potter. non pas qu’elle en ait eu l’habitude. mais un pressentiment suffisamment lourd et profond pour éviter une quelconque ruelle ou autre lieux isolé. pure précaution, comme elle l’avait précisé à l’encre noir sous le petit papier ajouté, le sarcasme presque sensible sous la plume de la belle. midi sonnait dans l’enceinte du bar, et le brun n’était toujours pas visible. elle en profitait pour retirer son léger manteau, s’installant plus à son aise avant de commander un verre de vin rouge, en buvant son contenu pour que les minutes s’égraines à plus grande vitesse. elle resterai sobre cette fois. pour ne plus refaire l’erreur. pour ne plus se retrouver face à l’affront, dure réalité qui ne l’avait encore jamais frappée auparavant, et qu’elle avait fini par comprendre, seule sur le balcon de l’appartement pompeux, tandis que l’homme lui, s’en était retourné au bar. elle aurait pu lui faire payer, cracher multitude d’insultes à son égard en l’emmenant à l’écart, pour finalement tenter de l’avoir une nouvelle fois. mais il avait suffit de se rendre compte de l’inquiétante disparition du meilleur ami, de l’âme soeur, pour effacer toutes les autres envies. et puis plus rien. plus un mot. plus un geste. juste la honte. indicible.

l’agacement naissant fut bien vite balayé par l’arrivé de l’invité, silhouette élancée se dessinant dans l’entrebâillement de la porte du bar. les yeux se relèvent, et le vers se niche entre les doigts, jouant nonchalamment de ongles contre le cristal. juste le temps de le laisser s’approcher pour que les premiers mots s’échappent de sa bouche rosée.


on ne fait pas attendre une dame.
pas deux fois.