The only secrets are the secrets that keep themselves. (ft. Caecilia)

Si à une époque, Caecilia avait regardé le Weetic Circle avec un certain scepticisme, depuis qu’elle avait pour fiancé un certain Perceval Prince, elle ne pouvait pas dire que cette organisation ne lui avait pas rendu service. Elle qui, pourtant, avait toujours considéré le mariage comme un frein pour sa carrière, et elle en était toujours autant persuadée, ne pouvait mentir en disant qu’il s’agissait malgré tout un moyen d’obtenir ce qu’elle voulait. Les lettres dorées des Greengrass se devaient être de nouveaux enduites de feuilles d’or alors si elle devait faire ce sacrifie et se marier par intérêt, elle le ferait. Peu importe le moyen, peu importe si elle doit abandonner ce nom pour donner une descendance dont elle ne voulait pas réellement dans le fond. Elle ferait avec le rang qui lui a été donné, celui d’une femme de la bonne société cachant ses secrets les plus intimes dans l’espace reclus de sa mémoire.
Elle avait vu l’annonce dans le Gazette alors qu’elle le lisait un matin, essayant de ne pas regarder d’un air dégoûté son père qui trempait encore ses tartines dans son café. Se cacher derrière le journal qu’elle lisait tous les matins, gants à ses mains et cachant sa peau crémeuse, était une tactique qu’elle avait adopté très rapidement alors qu’elle revenait des filles d’Helga, le cœur arraché et enterré sur l’île même à côté de l’enfant parti trop tôt. Jamais elle n’ommettait une page, s’appliquant à tout lire même les articles les plus ennuyeux. Son regard s’arrêtait très souvent, curieuse, sur la rubrique féministe qui faisait souvent parler d’elle et interloquait sa mère qui trouvait bien mieux de se retrouver soumise à toute domination masculine qu’elle qu’elle soit. Mais c’était quand ses yeux noirs avaient caressé les lettres de la Weetic que l’idée avait germée. Reposant son journal soigneusement, elle avait retenu l’adresse et avait observé sa mère qui ne manqua pas de la rabaisser d’une remarque désobligeante et elle décida alors qu’elle lui couperait l’herbe sous le pied.
D’abord craintive des énergumènes sur lesquelles elle aurait pu tomber, Caecilia avait fini par se rendre à l’évidence que cette agence matrimoniale fonctionnait très et était très bien organisée. La première rencontre avec la secrétaire legilimens (et Caecilia l’avait bien sentie dans son esprit avant de lui asséner la même indélicatesse dont la secrétaire faisait preuve à son égard en s’inflitrant dans son esprit) c’était bien passé et Caecilia était revenue souvent.
Pointilleuse, elle avait vu quelques potentiels fiancé possible mais son choix s’était finalement arrêté sur Perceval. Un choix parfait pour sa mère qui n’aurait rien à redire à ce que les maisons des Greengrass et des Prince soient liés. Le jeune homme semblait parfait en apparence et pourtant, à la seconde où elle l’avait vu, Caecilia avait compris qu’il pourrait être le candidat idéal et qu’il cachait des choses. Sans jamais s’aventurant dans son esprit, elle avait demandé à le revoir et le lien s’était créé petit à petit.
Si elle revenait aujourd’hui au Weetic Circle, c’était essentiellement pour régler quelques affaires de dernières minutes avec l’organisation. Toujours suivie de son adorable garde du corps qu’elle ne regardait alors pas, Caecilia poussa la porte de l’établissement avec élégance. On finit bien vite par lui indiquer une table et l’on demanda à Rhys s’il était là aussi pour les services dispensés chez Weetic Circle, ce à quoi Caecilia répondit que la seule chose à laquelle était embauché Rhys était d’être une épine à son pied et qu’elle n’avait pas besoin de ses services de garde du corps dans un lieu si prestigieux. On le laissa donc à la porte ce qui arrangea bien la sorcière.
Ainsi, assise à la table qui lui avait été attribuée et attendant que son tour ne vienne, Caecilia s’était perdue dans un livre d’histoire qu’elle avait pris à la bibliothèque, son doigt ganté parcourant les lignes en même temps que ses yeux, sa tête légèrement inclinée. Concentrée, elle remarqua peu l’agitation autour d’elle et les nouveaux venus ou départs. Ce n’est que quand une voix se fit entendre qu’elle releva la tête, surprise parce qu’elle crut la reconnaître sans être sûr :
« Bonsoir Madame, désirez-vous boire quelque chose ? »
Le regard croise alors le visage rond d’Aloysia et Caecilia se fige. La froideur qu’elle laissait transparaitre habituelle se craquela alors tandis que les souvenirs d’un passé qu’elle voulait enterré, ou tout du moins qu’il ne soit que pour elle et elle seule, se révélait de nouveau à elle. Jamais elle n’aurait pensé recroiser Aloysia Maskelyne. A vrai dire, elle pensait que celle-ci était quelque part d’autre. On ne parlait pas des sangs sur l’île d’Helga, aussi, Caecilia n’avait aucune connaissance de la véritable nature de la jeune femme qui avait su lui éponger le front tandis qu’un cri horrible de douleur lui traversait la bouche et le corps et qu’elle poussait sur le lit d’accouchement.
Choquée, Caecilia resta un instant, silencieuse avant de refermer légèrement son livre. Puis, se rendant compte que son silence pouvait être perçu comme mal poli, elle s’éclaircit la gorge, se redressa et s’adressa alors à la jeune femme :
« Bonsoir, un verre de jus de citrouille, s’il-vous-plaît. »
La voix claire ne trahit pas, par miracle le trouve qu’elle avait sur le visage. Revoir le visage d’Aloysia était un choc pour la Greengrass qui finalement souffla, ne comprenant pas réellement ce que cette dernière faisait ici :
« Excusez-moi, je suis désolée si je peux paraitre impolie, dit-elle avant de baisser la voix. Mais que faîtes-vous ici, Aloysia ? »