oublie moi + rhynia

tirage : l’hermite, la reine des deniers, le sept de deniers
with @Rhys Northcott

Vie bousculée et destin perturbée, les cartes étaient pleine de dualité, mais lui conseillait de rester dans une solitude appréciée. Elle aurait pourtant apprécié une visite de Zelda, même si ses pouvoirs étaient détraqués, elle avait l’infime espoir que rester seule n’était qu’une des interprétations possible. Alors, elle n’a pas changé ses plans, et elle est partie, Ginny, de sa grande jupe volant au vent et son chemisier capturé au soleil pour rehausser ses joues rosées, pour seule idée de s’offrir un livre, à défaut de se sentir plus utile, la lecture pourrait bercer ses nuits d’insomnies, et occuper son esprit tourmenté par des migraines incessantes.

Elle passe d’une rue pavée à une autre, le coeur qui bat à la chamade, parce qu’elle n’a plus de pouvoirs pour s’enfuir et disparaître, pourtant, le pressentiment qui vient de ses tripes, et pas de son troisième iris, ne veut pas disparaître. Elle serre sa baguette inutiles entre ses phalanges, le souffle qui devient court, l’adrénaline qui se diffuse dans ses veines et qui la rend un peu cotonneuse. Elle arrive bientôt dans une impasse, et sa cape s’accroche dans une pierre anguleuse le long d’un mur. Le bruit du vêtement qui se déchire, et elle lève sa baguette vers celui qui l’a suivi tout le long, puisque l’inconnu ne connaît pas sa condition, ne se doute pas une seule seconde qu’elle n’a pas de pouvoirs. Mais le visage qu’elle distingue presque immédiatement, parce que l’adage a raison : on oublie jamais son premier amour.

Ca, elle ne l’avait pas vu venir.
Oh non.
Le retour de Rhys pour bouleverser sa vie.
Le mirage qui se manifeste en chair et en os.

Le bout de bois censé la défendre tombe au sol, et sa bouche s’entrouvre. Cela faisait des années qu’elle n’avait pas été autant désarçonnée, elle qui pressentait tout d’avance, plus surprise par quoique ce soit, se retrouvait face à celui qui lui avait demander silencieusement, pour seule trace, de l’encre, de ne pas l’attendre. Elle l’avait écouté, sans vraiment cherché à s’attacher, parce que si Rhys était rattaché à une autre par les cartes, elle préférait depuis des années douter de son interprétation : on ne refait pas une fille amoureuse. Si les sentiments s’étaient étouffé pendant les années passés loin de lui, ses prunelles furent alors la pensine de leur histoire, d’un seul croisement de regard. Et il ne lui restait plus qu’à ramasser les miettes de coeur brisé tombé au sol, pour tenter de le reconstituer. “Tu es là.” Pas de question, pas de demande, elle constate, simplement. Et elle souffre, c’est visible, quand sa voix tremble en le dévisageant. Elle hésite quelques secondes à se ruer sur lui, le frapper de ses poings sans force pour lui faire payer d’avoir disparu, mais elle reste stoïque, à la place. C’est plus simple, plus digne. “Il ne faut pas suivre des jeunes femmes sans défense ainsi, Rhys.” Dire son prénom, c’est comme sentir une lame chaude au creu du ventre qui fait son chemin lentement. Ca brule, ca blesse, et ça rend le corps endolori. Mais elle n’a pas encore rencontré d’homme sur cette Terre capable de la protéger de ce genre de souffrance. Alors, il lui fallait vivre avec, quand elle a passé tant de temps à chercher à l’oublier. Il ne semblait pas être de cet avis, là, maintenant, c’était lui imposer sa présence, après l’avoir effrayé contre son gré. “Je peux t’aider, peut être ?” Combien de temps était passé ? 4 ans, 10 ans, mille ans ? Combien de vies comptait-il encore lui voler ? Il n’était pas de bonne augure, elle en était convaincue. Elle aurait dû écouter les cartes, et rester chez elle, bien en sécurité des mémoires tourmentés d’une vie qui n’était plus sienne, et d’un homme qui n’a jamais été à elle.

ces magnifiques cartes viennent de Fairytale Tarot by Yoshi Yoshitani