family business (perseus)

Les talons claquent sur le sol en carrelage de marbre du département des mystères. Le pas est plutôt rapide quoique jamais au pas de course, ce serait après tout inconvenable pour une femme et elle n’aurait pas su respirer dans son corset gris souris trop serré. Caecilia Greengrass vit arriver dans son champ de vision l’ombre de Rhys Northcott qui la retrouvait comme à son habitude tous les midis durant, suivant son emploi du temps à la lettre, devant la porte de l’ascenseur. Il y avait certains avantages à travailler dans le département des mystères si à part dans le Ministère de la magie britannique et le plus grand probablement était que son garde du corps, soit-disant là pour la protéger (de quoi ? Elle ne sait toujours pas n’ayant pas vu l’ombre d’une menace à l’horizon), ne pouvait pas la suivre jusque dans les tréfonds de ce département. Liée au serment de silence dû à son poste, Caecilia ne pouvait dire mot de ce qu’elle faisait dans ce département. Cependant, si d’habitude elle était parfois accompagnée de ses collègues pour aller manger un bout, elle était cette fois-ci seule.
Saluant d’un signe de tête Rhys dont la présence était toujours teintée d’agacement pour Caecilia mélangé à un soupçon d’être en sécurité, elle vient rentrer dans l’ascenseur et appuya sur le bouton pour que l’ascenseur arrive au rez-de-chaussée. Aujourd’hui, elle devait déjeuner avec son cousin, Perseus, et comme toujours, elle serait là un peu en avance détestant être en retard. Elle ne l’avait pas revu depuis quelques temps. Si elle avait pu constater à son grand soulagement qu’il n’était pas resté dans l’arène lors de cette terrible attaque qui avait coûté la vie à des nés-moldus et soit disant orchestrée par les Enfants de Morgane, ceux-là même qui avaient empoissonné tout le monde, y compris elle-même, elle n’avait eu aucune nouvelle de lui depuis. L’angoisse d’apprendre son décès avait été palpable mais Caecilia ne pouvait rien en laisser paraitre, surtout pas devant sa très chère mère qui ne voulait pas entendre parler de « celui qui a souillé les Parkinson », sa famille maternelle donc.
Alors quand elle l’avait croisé dans les couloirs, le choc qui s’était précédé dans l’esprit de l’ancienne Serdaigle avait été incroyable. Caecilia l’avait arrêté et lui avait fait promettre de venir déjeuner avec elle bientôt. Elle voulait rattraper le temps perdu et savoir ce qu’il devenait, aussi pourquoi pas réellement l’intégrer à la famille. Minos n’en serait que plus d’accord, elle lui a déjà parlé du cas de leur cousin et lui-même avait été horrifié de savoir cela.
Ainsi donc, arriva-t-elle comme prévu au restaurant du Ministère. S’arrêtant subitement devant Rhys, elle se tourna vers lui et lui adressa un regard froid :
« Inutile de me suivre M. Northcott. Je doute que quiconque attaquera ce lieu et je suis en parfaite compagnie. »
Évidemment, Caecilia se doutait très bien que Rhys ne perdrait pas une occasion pour se mettre à une table un peu plus loin parce qu’il n’était pas officiellement relevé de ses fonctions pour la journée. Qu’il fasse ce qu’il veut, Caecilia était de toute façon persuadée que sa présence ferait beaucoup rire Perseus. Après tout Rhys devait être bien ridicule devant Perseus, combattant de l’arène. Non, décidément, Caecilia ne craignait rien avec son cousin.
Rentrant dans le restaurant, la jeune femme indiqua alors sa réservation, pour deux personnes, (elle vit le regard en coin de Rhys mais l’ignora superbement), et on l’invita à s’installer. Froissement de vêtements aux teintes grises pour ce mois d’octobre qui n’était jamais de bonne augure pour Caecilia se perdant trop souvent durant ces jours dans un souvenir bien précis. Elle resta cependant parfaitement droite et impassible attendant son cousin.
Voir débarquer Perseus Parkinson dans une pièce était toujours fascinant. Personne ne lui ressemblait et il dégageait quelque chose qui intimidait réellement Caecilia.

« Comment ça notre cousin ? » s’était-elle exclamée, choquée.
Minos n’en menait pas large à côté d’elle, le jeune homme alors âgé de 25 ans n’en croyait pas ses oreilles non plus en entendant Deirdre Grengrass née Parkinson répondre :
« Oui, il a le sang souillé car c’est un loup-garou. Alors toute la famille l’a envoyé à l’arène et il y est très bien. »
« Mais… » avait commencé Caecilia, âgée alors de 20 ans. Le regard de Minos l’en dissuade et elle se mord la lèvre pour ne pas laisser éclater son indignation. Ce ne fut qu’à la fin du repas quand elle fut seule avec son frère aîné qu’ils en discutèrent. Lui allait se renseigner sur cette histoire. Elle… elle avait décidé d’aller directement voir à l’arène sans savoir à quoi ressemblait ce fameux cousin qui apparemment l’aurait connue petite.
Ainsi donc, la jeune fille d’une vingtaine d’années s’était retrouvée devant l’arène. Pas de jeux aujourd’hui et en général, Caecilia n’y allait pas, ni aucun des Parkison, n’ayant jamais compris l’attrait pour ces « festivités » bien qu’ils ne se soient jamais posés en fervents défenseur de ceux qui s’y trouvaient et se livraient à des combats à mort.
Vêtue d’une robe crème, l’air jeune et innocente (ce qu’elle était probablement bien avant que Céleste ne naisse et ne décéde), elle avait calmement demandé à voir à l’entrée Perseus Parkinson. Le réceptionniste avait éclaté de rire.
« Mais enfin ma p’tite demoiselle, vous avez besoin de vous faire une petite frayeur ? Attendez que les prochains jeux ne commencent ! »
Le regard qu’il lui porta la gêna. Caecilia resserra un peu plus son panier où elle avait pris soin de mettre deux ou trois choses dedans. Elle n’avait aucune idée de s’il était convenablement nourri et se dont il avait besoin aussi avait-elle prit tout et n’importe quoi. Minos n’était pas au courant de sa visite et elle savait que s’il l’avait su il l’aurait extrêmement mal pris de savoir sa petite sœur dans un endroit pareil.
« Je tiens à voir M. Parkinson tout de même et je ne m’en irais pas d’ici tant que cela ne sera pas fait. »
L’homme la regarde longuement semblant voir la détermination dans son regard. Elle vit aussi un rictus qui lui laissa penser qu’il n’appréciait pas trop qu’elle n’ait pas peur de lui ou tout du moins ne le montre pas. En réalité, Caecilia était morte de peur intérieurement, petit cygne qui n’avait pas encore compris où elle avait mis les pieds.
« Eh bien puisse que Mademoiselle a besoin de se faire une petite frayeur ! Venez, ce n’est pas si différents de chez les fous mais s’ils vous attrapent pour vous toucher, je ne vous défends pas ! »
« Je vous demande pardon ? » demanda-t-elle sans comprendre avant de le suivre docilement.
« Ben oui, c’est des animaux. Et ils voient peu de femmes sauf dans les spectateurs alors une femme qui vient les voir pour leur rendre visite ! Pensez-vous ! »
Caecilia déglutit difficilement et elle hésite un instant à le suivre mais déjà il a ouvert la porte qui mène dans l’arène où elle entend déjà des cris. De toute évidence, l’on était en train de s’entrainer. Resserrant ses mains autour de son panier, elle finit par suivre le mouvement, le cœur battant.

Elle était loin l’enfant de 20 ans qui venait le voir. Elle avait eu elle-même un enfant sur l’île ensorcelée d’Helga avant de mettre en terre ce bébé. Secret bien gardé qui avait pourtant profondément changé Caecilia. Si sa robe n’avait plus la même texture et couleur que celle quand il l’avait rencontrée, Perseus pouvait noter qu’elle n’avait pas réellement changé : tous chez elle respirait la perfection d’une jeune femme bien élevée et de bonne famille.
« Perseus. » dit elle en se levant de sa chaise.
Trop réservée, elle ne vient pas le prendre dans ses bras, cela serait déplacé en ce lieu public.
« Je suis si contente que tu sois là. »
Sincérité dans la voix et Caecilia l’invita à s’asseoir de sa main gantée d’une douce dentelle assortie à sa robe gris souris et son ruban attachant ses cheveux.