feu et glace (skadi)

La respiration est saccadée tandis que ses doigts se referment sur la lettre où on l’y reconnait l’écriture d’Henry Potter. Son monde s’est une nouvelle fois effondré ce matin-là quand elle a vu débarquer chez elle un Newton hystérique et des membres de l’ordre déboussolés. L’incompréhension de ce qui se passe, puis enfin, après avoir calmé Newton, Minerva McGonagall avait fait le rapprochement. Colère suivie d’inquiétude déposée sur des lettres qu’elle décide de brûler. Tentative de contacter la marraine esseulée. Aucune réponse. Sauf ce hibou. L’angoisse dans la gorge, elle avait vomi tout ce qu’elle avait mangé précédemment. Il n’avait pas été long de faire le rapprochement avec ce que Minerva et Artemisia avaient subi aux interrogatoires. Impossible de rester chez elle suite à cette nouvelle, Minerva s’était perdue dans la forêt de la réserve des dragons. Impossible de retrouver une respiration correcte. Elle avait fini par tomber, le fantôme d’Elora la talonant de prêt.
Et c’est là que ça avait lâché.
Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps. Les vannes ouvertes, Minerva McGonagall n’arrivaient plus à s’arrêter, là, allongée par terre de tout son long, l’odeur des épines de pin dans le nez, de la terre sur la joue.
(« Je ne peux pas… je ne peux pas continuer comme ça… »
« Mina… Minouche… Chhut… Respire… »
« Je n’y arrive pas… je n’y arrive pas… »)
Le calme avait fini par revenir après de longues minutes et c’était finalement vérifiant que tout allait bien mais observant ses genoux écorchés qu’elle était rentrée chez elle comme si de rien n’était, Elora gardant le secret de la crise d’angoisse, angoisses qu’elle avait accumulé depuis un long mois maintenant.
Toujours sans nouvelles d’Artemisia malgré les jours qui passaient, Minerva avait malgré tout fait jouer ses relations. Elle avait rapidement appris que sa marraine et son père de cœur étaient détenus, que le domaine des Scamander était réquisitionnés. L’horreur d’apprendre que des hippogriffes avaient été tués la rendit encore malade et elle n’eut d’autre choix que de se tourner vers celui qui l’avait mise en garde, ironie du sort il s’agissait aussi de son agresseur. L’espoir que Penthésilée ne fut pas tuée avait toujours été bien présente, et Minerva avait été dans l’attente quelques jours avant d’avoir sa réponse.
Elle avait beaucoup pleuré en pensant à son hippogriffe. C’était comme si l’enfance était définitivement morte. Pourtant, savoir qu’il y avait toujours son œuf quelque part dans la nature lui donnait une rage nouvelle. Séchant ses larmes bien rapidement, quelque chose se forma dans le cœur de Minerva, une sorte de résistance, de refus que la vie s’arrête là. Son enfance à elle était peut-être morte au moment où l’on avait décapité Penthésilée mais elle avait laissé derrière elle un œuf et cet œuf serait l’enfance de son propre bébé.
Alors, rassemblant son courage, elle avait décidé d’aller chercher le plus rapidement possible l’œuf. Elle se doutait que les employés du Ministère avaient là un bien précieux, revendu sur le marché noir un œuf d’hippogriffe pour le trafic de créatures magiques valait cher et elle s’étonnait que ce ne soit pas déjà le cas. Le geste d’Henry Potter a son égard, celui de l’autoriser à récupérer cet œuf qui lui appartenait, avait été provoquée par ses soins. Commençant à trop connaître l’homme, elle avait appuyé là où il fallait sur sa fibre familiale. Cela avait payé mais elle savait qu’elle devait agir vite. L’homme pouvait toujours changer d’avis.
C’est donc dans le hall du Ministère qu’elle se retrouvait alors, arrivant droit sur l’accueil. Le visage fermé, pas le moins envie du monde d’être aimable, inquiète et soucieuse sur beaucoup trop de sujets, Minerva finit malgré tout par saluer la personne qui lui faisait face et lui donner la lettre signée par Henry Potter. L’attente est longue.
« C’est une vraie lettre ? »
Les sourcils de Minerva se froncent, elle s’agace.
« Bien sûr que c’est une vraie lettre. Vous pouvez voir le sceau et la signature. »
Dubitatif, la personne de l’accueil dit qu’elle va faire vérifier cela. Le regard de Minerva se voile de noire tandis qu’elle sent sa patience s’éroder affreusement, hormones en ébullition et inquiétude mélangés. Elle se mord la langue et sent que sa main vient se poser sur sa baguette. Une furieuse envie de le transformer en rat et de le poursuivre en chatte. Elle l’aurait presque fait si dans son champ de vision n’apparaissait pas alors une vision d’une autre vie.
Skadi.
Choc sur le visage de Minerva qui ne s’attendait pas à la voir, certainement pas ici depuis tout ce temps. Nœud qui se forme dans son ventre. De toutes ses relations, Skadi est son plus grand regret, sa plus grande déchirure et même si cela fait des années maintenant et qu’elle est engagée, enceinte. Skadi aux yeux de glaces qui l’a pourtant faite chavirée.
C’est irréel de la voir ici, irréel de savoir qu’elle est ici et clignant des yeux, Minerva souffle alors, choc toujours sur son visage :
« Skadi ? »
Pensée à Freyja qu’elle espère aller bien. Minerva n’est pas au courant de tout ce qui s’est passée pour elle mais son amie lui manque terriblement, elles avaient construit un lien si particulier.
« Par la barbe de Merlin, cela fait si longtemps. »
Elle en oublierait presque son œuf, perturbée par la présence qui ne passe pas inaperçue de celle qui lui a fait oublié un temps Ephraïm, celle aussi qu’elle a tenté d’aider en vain, avant de finalement arrêter avant qu’elles ne se perdent toutes les deux. Avant que l’amour ne se transforme en haine au risque de lui briser le cœur à elle, Skadi Lindqvist.