du riechst so gut. (ulrich)

Depuis la débandade des derniers combats d’arène, tu étais d’une humeur bien morne. Jusqu’à présent, ça avait été ton passe-temps favori, et tu pouvais y investir des fortunes colossales. A croire que tout ton réseau soigneusement établi dans les entrailles de Londres n’avait que pour but d’alimenter tes investissements dans des gladiateurs de qualité. Depuis le temps, tu avais tes petits favoris, tu vivais avec eux, leur payais régulièrement des petites visites, sympathiques en apparence, mais intimidantes au possible. Tu avais leur vie entre tes mains, et ça n’avait pas l’air de te choquer plus que ça. Oh, tu étais bien malheureux quand il y en avait un qui ne se relevait plus, mais c’était davantage de la déception envers toi-même d’avoir ainsi misé sur le mauvais sombral, ou de ne pas lui avoir prodigué les meilleurs équipements.

Heureusement, ce genre de perte n’arrivait que rarement, car tes moyens étaient considérables, de fait, tu avantageais abusivement tes petits favoris. Aussi, tu étais à présent bien démuni et bien remonté, maintenant que tes chevaux de course en question avaient profité du tumulte pour prendre la fuite. Parmi eux, tu déplorais ta lubie du moment, Ulrich Gauvain, une douceur aux poings d’acier qui ne t’avait jamais laissé sur ta faim. Jusqu’à aujourd’hui, où il faisait partie des abonnés absents.
Tu n’avais donc eu d’autre choix que de travailler d’arrache-pied, pour sortir ta tête de cet incident. Les filles et les garçons du lupanar en avaient subi les conséquences, et tu t’étais montré particulièrement intransigeant, ces derniers temps, avec d’éventuelles autres bavures, la main lourde sur les sortilèges punitifs et les coupes salariales.

Et, comme si ça n’était pas suffisant, voilà que récemment, on avait reporté des activités de magie noire dans l’un des quartiers de l’Allée des Embrumes où tes dealers officiaient. Animés par tes menaces, tes lieutenants avaient fort heureusement mis rapidement la main sur le malandrin qui voulait fourrer son nez dans la magie noire, et avait, par la même, cru bon de s’adresser à ta mafia ; quelle réputation !
Mais peu importe, désormais ! Aboyant ta satisfaction, tu défiles au milieu de tes sbires, distribuant de tonitruantes poignées de main pour les féliciter de leur efficacité, tandis que tu te dirigeais dans les arrières-salles de la maison close, là où les plaisirs laissaient la place aux interrogatoires musclées.
Effectivement, un peu plus tôt dans la matinée, tes sous-fifres avaient mis aux fers l’importun, qui croupissait désormais dans une cellule sombre, habituellement utilisée pour les jeux un peu douloureux.
« Bah alors, les gars ! Pourquoi ces mines d’enterrement ! On va enfin pouvoir lui régler son compte ! » que tu plaisantes, te défaisant de ton lourd manteau, remontant tes manches pour aller lui faire la conversation toi-même. Le type récupérant tes affaires finit par lâcher le morceau, que tu n’écoutes que de moitié. « Et bien, c’est qu’on l’a identifié, boss, et… » « Et quoi ? C’est encore un p’tit bourgeois d’la haute qu’on n’a pas l’droit de déf- » Tu interromps ton mouvement, la main sur la poignée de la porte ouverte, les yeux rivés sur la robuste silhouette avachie au fond de la pièce.

Tu plisses les yeux, pour tenter de la distinguer. Et, aussitôt, le charme propre aux descendants de vélane te frappe de plein fouet, coupant ta respiration. « Ulrich ? » que tu grondes, refermant aussitôt la porte aux nez de tes comparses. En quelques pas, tu es sur lui, l’agrippant sauvagement par le col, plantant ton regard de poignard dans ses yeux bleus. « On peut savoir où t’étais passé, espèce de p’tite merde de harpie ?! »