join the fight (nile / jin / abel)

(Juillet 1014) L’air d’été était sec, étouffant, malgré les habits plus ou moins légers que portait Abelforth. Aux côtés de son éternel acolyte, ils remontaient le Chemin de Traverse, l’air déterminé. Dans sa main droite, une petite mallette noire et discrète. En réalité, il n’était pas certain de son contenu. La cheffe la lui avait donnée en main propre le matin-même, au détour de l’ancienne demeure des Lovegood, dans un recoin de l’Allée des Embrumes, lui intimant au passage les objectifs du jour. La mission était claire : le rejeton Shafiq faisait du bruit, ces derniers temps, et alors il fallait l’aider à trouver la direction à prendre.

Abelforth se souvenait rapidement avoir croisé Nile plusieurs fois, à Poudlard. Mais le château était grand, les têtes nombreuses, et sa mémoire peu brillante – heureusement que son art de manier la baguette l’avait sauvé lors des examens. La peau hâlée d’un Shafiq caractéristique, une mine à certainement faire craquer bon nombre de filles, et, visiblement, une langue bien pendue : le jeune homme allait devoir apprendre à tenir sa langue, s’il voulait survivre dans cette arène remplie de fauves qu’était devenue Londres. Eabha de Brùn se montrait douée pour repérer les têtes-brûlées, après avoir mis Algie sur la voie du culte. Sans plus tarder, Abel adressa un regard à son ami d’enfance : Huojin était lui aussi au courant du plan, et comme toujours de ce qu’Abel pouvait se souvenir, ils faisaient équipe, pour le meilleur comme pour le pire.

Abelforth ne pouvait expliquer les changements qui s’étaient opérés chez lui ces derniers temps, et que Jin avait certainement remarqué également. Plus ouvert, plus motivé. Plus déterminé que jamais à faire de ce monde un monde meilleur, les convictions enfin renforcées. Les mois derniers avaient été éprouvants, notamment à cause de l’entrainement qu’il suivait avec son frère aîné. Minerva s’était faite agressée, non sans en ressortir indemne, par un des sbires de ce nouveau régime despotique, et Abel ne pouvait supporter l’idée de la perdre. Les aveux de son frère quant à son pacte du sang avec Grindelwald, les idées d’Ollivander par rapport à une baguette plus puissante encore que celle de Sureau, et enfin, une conclusion : c’était à lui de le faire. Lui, Abelforth Dumbledore, qu’on avait souvent oublié dans l’ombre de cet illustre aîné, qui avait toujours fui la bravoure par paresse, feint la neutralité par peur de l’engagement. C’était lui, selon les plans du Phénix, alors même qu’il ne faisait pas parti de l’organisation, qui affronterait le Ministre illégitime. Albus avait confiance en lui, plus qu’en personne d’autre, et ses talents de duelliste n’étaient plus à prouver – bien qu’il s’était senti un peu rouillé, en reprenant les combats contre son frère. Un pied dans l’Ordre, et tout le reste dévoué à la cause de Morgane. Si cela restait encore un secret pour la plupart des gens qu’il connaissait, il savait que cette révélation engendrerait son lot de déception ; quand bien même, il était prêt à affronter les regards d’incompréhension et les questions, il croyait en ce qu’il faisait. Aider son frère, oui, mais l’Ordre semblait oublier la réalité de leur monde, la misère qui crevait les yeux : il fallait sauver plus que combattre, aider plus que tuer. Au fond, les deux organisations se complétaient plutôt bien dans cette lutte, malgré les divergences d’opinions politiques, notamment quant au secret magique.

Eabha de Brùn était une femme intelligente, et avait su profiter de ce vent de renouveau dans les idées d’Abelforth pour mettre ses qualités au profit de l’organisation. Lui confiant plus de mission, petite main à tout faire, jamais bien loin des occupations de Jin, même si les connaissances en médicomagie du Chang le guidaient naturellement vers les missions d’infirmerie. Lui demandant son avis, l’impliquant dans des décisions plus importantes maintenant qu’il s’affirmait comme une tête inévitable du groupe. Justicier, il était apprécié des nés-moldu et hybrides recueillis dans la forêt, avait ce précieux sens de l’écoute qui manquait peut-être à la cheffe, même si elle était particulièrement bien entourée, avec à ses côtés le couple Lovegood. Et, surtout, il n’avait pas peur. Plus peur, de se jeter dans la gueule du loup.

« Nous avons besoin des services de votre briseur de sort en chef. » Alors que le gobelin grommela quelques paroles incompréhensibles dans sa barbe et quitta son poste pour se retirer, Abelforth adressa un regard discret à Huojin qui se tenait à côté de lui. L’idée était de faire ouvrir cette malle à Shafiq et de lui poser quelques questions quant à ses idées, voir s’il allait se cacher et mentir, se protéger, ou exprimer fièrement ses idéaux – ce qui ne serait pas franchement malin dans le contexte actuel et face à deux inconnus. Une fois la malle ouverte… Improvisation, Eabha avait le chic pour laisser une part de mystère et d’incertitude à ses bienfaiteurs.

Enfin, le jeune homme approcha. « Monsieur Shafiq, nous avons besoin de vos services pour ouvrir cette malle. Nous avons entendu parler de vous, alors nous comptons sur vos talents et votre réputation. » Le début d’une confidence. Il regarda autour de lui ; la banque était loin d’être déserte. « Peut-être pourrions-nous aller dans un endroit plus tranquille ? » Ajouta-t-il en s’approchant légèrement.

Spoiler:

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@abelforth dumbledore + @huojin chang

« Des clients réclament vos services, monsieur. » lui annonça Agraff de sa voix rugueuse, poussant Nile a sortir de ses rêveries et poser sur le gobelin un regard inquisiteur. Ce dernier n'aurait pas pû annoncer cela avec moins d'enthousiasme même s'il essayait, et le briseur de sort put jurer que cette simple tâche l'avait agacé plus qu'il ne lui était permis. Ceci dit, une des particularités de ces êtres étant leur constante apparente mauvaise humeur, d'aucun serait donc mal avisé de s'en offusquer. Même après des années à opérer à leurs côtés, Nile ne parvenait pas à les cerner complètement, ce qui ne les rendait que plus fascinant encore à ses yeux.

Quoi qu'il en soit, sa mission accomplie, Agraff reprit la route de son bureau sans même attendre la réponse du concerné, qui n'eut d'autre choix que de se lever de sa chaise et de se lancer à sa suite. En arrivant dans le hall, il remarqua immédiatement les deux individus en question : un grand barbu et un asiatique. Des visages qui lui parurent curieusement familiers.

Le gobelin regagna son comptoir, suivi de près par Nile, qui ne put s'empêcher d'être surpris lorsque le grand homme sembla reconnaître sa position d'un simple coup d’œil, et le salua par son nom avant qu'il n'ait eu le temps de se présenter. Si les briseurs de sorts ne brandissaient pas d'uniformes particuliers, le métisse n'avait pas réellement la tête de l'emploi, ou du moins était-ce que Tariq ne cessait de le lui répéter, agacé que son fils ne fasse pas l'effort de se vêtir plus formellement lorsqu'il était de service. Que voulez-vous, il n'aimait pas les cravates. Néanmoins son étonnement fut de courte durée, aussitôt remplacé par un rictus amusé.

« Ouh, tu entends ça Agraff ? J'ai une réputation. » Il savait qu'il avait du talent, mais ne s'était jamais orgueillé de posséder la moindre renommée, ou du moins pas en tant que briseur de sort. Et puisqu'ils le réclamaient lui spécifiquement, c'est qu'elle devait être bonne. Voilà qui était excitant. La flatterie ouvrait toutes les portes, et une telle entrée en la matière méritait bien une poignée de main vigoureuse.

Seulement après posa-t-il son regard sur la valise, cette mallette qu'il était censé juste ouvrir apparemment, l'objet d'une soudaine déception. Il bravait des donjons en Égypte, désenchantait des artefacts magique vieux de milliers d'années, découvrait des lieux dissimulés jusqu'à ce qu'ils soient oubliés, et voilà qu'on comptait sur ses talents pour ouvrir une boîte en cuir. Ce doit être une malle très spéciale, pour qu'elle requiert mon expertise, se consola-t-il. Et comme s'il était sur le coup, son client piqua de nouveau son intérêt, la nature cryptique de sa suggestion n'échappant pas au banquier qui laissa un sourire intrigué naître sur ses lèvres. Son attention remportée après tout, un regard vers son acolyte toujours silencieux, des questions dans les pupilles, de celles qu'il n'oserait poser à voix haute, et sa baguette glissa le long de sa manche pour atterrir entre ses doigts basanés.

« Aussi amusant cela pourrait être, désenchanter un artefact au milieu du hall de la banque n'est pas la procédure. Mais votre touche … dramatique est grandement appréciée. » Sourire malin, Nile adressa à sa clientèle un clin d’œil farceur avant d'effectuer un mouvement en tourniquet avec son poignet, promptant la mallette à quitter les mains de son maître pour léviter à leurs côté, tandis qu'ils traversèrent la large pièce pour accéder aux couloirs. « Messieurs, si vous voulez bien me suivre. »

Les portes de son office répondant au son du claquement de ses doigts accueillirent ses visiteurs et se scellèrent une fois les trois hommes pénétrés dans la pièce. En face d'eux se dressait son large bureau en bois, qu'il débarrassa de son odieux chahut d'un mouvement de baguette pour y poser la mallette. Son bureau était relativement spacieux, et décoré à la sauce Nile, ce qui signifiait qu'elle avait plus des allures de musées et de laboratoire improvisé que d'une permanence de banquier lambda. Divers artefacts enchantés et enclosés parsemaient son espace de travail, vestiges de ses voyages au quatre coins du continent. Certaines de ces pièces récupérées suite à bon nombre d'épreuves auxquelles il avait bien failli laisser quelques os. Dans un coin de la pièce, un grand tableau où était écrit ce qui s'apparenterait à du charabia pour quiconque n'était pas versé dans l'arithmancie, mais qui s'effaça de lui-même à leur approche (juste pour bonne mesure) et juste derrière son bureau, une étagère vernie où une dizaine de larges livres sur les malédictions prenaient la poussière, ainsi que son diplôme et quelques photos animées, toutes encadrées. Le jour de sa remise des diplôme, le blason des Gryffondor fièrement cousu sur sa robe noire. Arian et lui-même sous le soleil étouffant de Gizeh, ces deux aventuriers téméraires. Un souvenir plus lointain, Genesis, lui et leur bonne amie Minerva à l'une des nombreuses soirées que les Shafiq et les McGonagall organisaient régulièrement. Même Alev avait le droit à sa place, perle retrouvée dans les archives familiales, de leur aînée tenant les jumeaux dans ses petits bras peu de temps après leur naissance. Tant de rappels de ce qu'il risquait dans ce conflit qui ne cessait de prendre de l'ampleur.

« Thé ? » demanda-t-il Nile, baguette entre les dents en remontant ses manches, convoquant deux chaises en face de lui d'un simple regard, des effluves de menthe se dégageant de la théière enchantée qui faisait son chemin vers ses invités.

Et maintenant qu'il les avait tous les deux clairement en face de lui, le jeune sorcier prit le temps de mieux les observer, son regard inquisiteur longeant les courbes de leur visage, pour ce sentiment de familiarité s'accentuait à mesure qu'il creusait dans sa mémoire.

« On ne se serait pas déjà croisé quelque part ? Vos visages me paraissent vaguement familier, mais je ne parviens pas à vous replacer. » Osa finalement dire en s'appuyant sur son bureau, la mallette en face de lui déjà reléguée au second plan dans son esprit. Des anciens camarades de classe, peut-être ?

Il n'était pas si loin du compte. Une inspection prolongée, et il pût jurer que le grand barbu ressemblait à une version vieillie du jeune sorcier qui lui avait foutu la raclée de sa vie au club de duel, lorsque suite à un pari avec Algie, sa grande amie de l'époque, il s'était cru de taille à affronter un élève de trois ans son aîné, hubris activé par la maîtrise du maléfice du saucisson. Quant à son acolyte, il parvint à le replacer à quelques banquets de bienvenue, à crier aux Poufsouffle de première année de rejoindre les rangs. Ça alors, que le monde est petit.

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@nile shafiq @abelforth dumbledore

L’homme qui vient de te bousculer lève les bras en l’air et déblatère une flopée d’insultes à ton encontre avant de cracher furieusement par terre. « Par Merlin ! Vous ne pourriez pas faire attention ?! » Tu t’arrêtes un instant, te tournes lentement vers lui et rabats ta capuche du bout des doigts avant de poser tes yeux sur lui. La mine revêche, les poings serrés, l’homme te défit du regard et semble sur le point de sortir quelque chose du fond de sa poche lorsque tu entends ton prénom au loin. « Huojin ! » Tu tournes la tête et aperçois Abelforth qui te fait un léger signe de la main, l’air grave. Tu opines du chef et lui fait comprendre que tu n’en as que pour une minute – le temps pour toi de régler tes affaires avec cet imbécile – mais l’homme qui te faisait face un instant plus tôt vient de disparaître. « Poltron … » Siffles-tu entre tes dents avant de rejoindre ton meilleur ami.

Posté à quelques mètres seulement de la banque des sorciers, le cadet des Dumbledore t’attend patiemment, une mallette en cuir entre les mains. Lorsque tu arrives à sa hauteur, tu le salues rapidement, mais ne prends pas la peine de lui demander ce qu’elle contient, ni même quand est-ce qu’il l’a récupérée. Tu sais que c’est Eabha de Brùn qui lui a fourni un peu plus tôt dans la matinée. Elle t’avait d’ailleurs demandé de l’accompagner en te donnant les mêmes instructions que lui : aller à la rencontre de Nile Shafiq et connaître sa position face au nouveau régime. Et si par malheur le jeune briseur de sorts ne savait pas lui-même où il en était, vous devriez lui montrer le chemin et le rallier à votre cause. Lorsque tu repenses aux dernières paroles de votre leader, un frisson te parcourt l’échine : « La discrétion ne fait malheureusement pas partie des qualités de Monsieur Shafiq. Et nous savons tous ce qui arrive à ceux qui ne savent pas tenir leur langue … » Bien entendu, elle avait fait référence au malheureux Edward Styx, le sorcier à la gouaille légendaire qu’on avait retrouvé quelques mois plus tôt au fond des docks, alors que Grindelwald venait tout juste d’accéder au pouvoir. C’était toi qui avais retrouvé son corps sans vie au pied des embarcations ; les yeux révulsés et le visage figé dans une expression qui t’avait fait froid dans le dos.

Tu passes une main sur ton visage et fais signe à Abelforth d’avancer avant de lui emboîter le pas. Lorsque vous franchissez le seuil de la porte, ton regard s’arrête un instant sur l’immense lustre en crystal qui surplombe le sol en marbre et dévie naturellement vers les bureaux richement décorés avant de s’arrêter sur celui d’une créature particulièrement difforme. Vous vous approchez silencieusement de son pupitre et vous raclez plusieurs fois la gorge avant qu’elle ne daigne vous accorder un regard. « Nous avons besoin des services de votre briseur de sort en chef » déclare Abel, sans plus de cérémonie. Le gobelin se penche vers vous, vous toise quelques secondes et descend finalement de sa chaise – non sans râler – avant de disparaître au détour d’un couloir. J’espère que tu as un plan … Penses-tu alors que ton regard croise brièvement celui d’Abelforth.

La créature revient quelques minutes plus tard avec le briseur de sorts en chef sur ses talons et ton meilleur ami fait un pas vers lui tandis que tu restes légèrement en retrait. « Monsieur Shafiq, nous avons besoin de vos services pour ouvrir cette malle. Nous avons entendu parler de vous, alors nous comptons sur vos talents et votre réputation. » Tu regardes le jeune homme s'enorgueillir et ne peux t’empêcher de plisser les yeux, piqué au vif, alors que ton acolyte poursuit comme si de rien n’était : « Peut-être pourrions-nous aller dans un endroit plus tranquille ? ». Le sorcier vous adresse un petit sourire entendu, mais ne peut s’empêcher de se donner en spectacle devant la clientèle. « Aussi amusant cela pourrait être, désenchanter un artefact au milieu du hall de la banque n'est pas la procédure. Mais votre touche … dramatique est grandement appréciée. » Dit-il avant de brandir sa baquette et vous inviter à le suivre.

Vous emboîtez le pas du rejeton Shafiq et le suivez en silence dans les méandres de Gringotts jusqu’à atteindre son office, au fond d’une aile déserte. Lorsque vous franchissez les portes du bureau, tu as l’impression d’entrer dans un cabinet de curiosités ; une sorte de boudoir victorien richement ornementé de babioles et de trésors exotiques en tout genre. Rien à voir avec l’idée que tu t’étais faite avant de venir. Voilà qui est intéressant … « Thé ? » Propose le sorcier, sa baguette entre les dents, alors que tu prends place sur la chaise qui vient tout juste d’entrer en collision contre tes jambes. Tu acceptes volontiers en inclinant légèrement la tête.

« On ne se serait pas déjà croisé quelque part ? Vos visages me paraissent vaguement familiers, mais je ne parviens pas à vous replacer. » Finit par demander le briseur de sorts avant de s’asseoir derrière son bureau et vous dévisager l’un après l’autre. Tu jettes un regard à ton acolyte et attrapes la tasse de thé qui virevolte devant toi avant de reporter ton attention sur l’objet de votre mission. « Nous nous sommes croisés à Poudlard » Dis-tu simplement avant de boire une gorgée et reposer le service en porcelaine sur le rebord du bureau. « Vous étiez chez les Gryffondor n’est-ce pas ? » Ton regard dévie légèrement vers les photos que tu as repérées un instant plus tôt. Derrière le sorcier, tu peux apercevoir une robe noire ornée d’un blason rouge et or, quelques souvenirs de voyages et des visages familiers qui rient et se chamaillent à l’infini. Au beau milieu, tu crois même reconnaître Minerva …

« Abelforth et moi étions chez Poufsouffle » Précises-tu avant de croiser les jambes. « Mais cela remonte à quelques années maintenant, n’est-ce pas ? » Tu penches la tête vers Abelforth avant de t’enfoncer mollement au fond de ton siège et poser tes mains sur les accoudoirs.

Shafiq était un malin, un farceur. Il n’avait pas vraiment la tête de l’emploi, les yeux rieurs et la désinvolture assumée, pourtant, ses mérites étaient bien connus. Si Eabha ne leur avait pas confié que ce jeune homme partageait très certainement leurs idéaux, Abel l’aurait certainement trouvé un brin arrogant, mais il semblait comprendre ce qui avait attiré l’œil sage de la dame.

Huojin et Abel le suivirent dans son bureau, ou du moins, ce qui en faisait office. Un bric-à-brac de choses et étrangetés se dévoila sous les yeux, un peu ébahis, du Dumbledore. Les curiosités se présentaient une à une, les couleurs exotiques et orientales trahissant les origines du briseur de sort. Shafiq avait dû beaucoup voyager pour amasser une telle quantité d’objets insolites. Au fond, Abel le jalousait un peu. Lui aussi aurait aimé voyager, parcourir le monde. Il aurait pu. Retenu dans les ténèbres pendant tant d’années, il semblait enfin voir la sortie du tunnel. Le deuil était une étape dure ; mais pas impossible. Comme l’impression d’avoir des années à rattraper.

Huojin répondit à la question de leur hôte. Oui, voilà, ils s’étaient croisés à Poudlard. Difficile de remettre des noms sur des visages qui n’étaient aujourd’hui plus que des souvenirs d’un passé si lointain. Presque des fantômes. Abel avait connu un long chemin sinueux, depuis. Comme certainement beaucoup d’entre eux, pensa-t-il. « Bien longtemps oui. Les temps et les gens changent… » Son regard se posa sur les quelques photos qui décoraient le mur derrière Shafiq. Instantanément, il fut attiré par le doux visage de Minerva, qui semblait avoir quelques années de moins sur cette photo. Abel ne savait pas que Minerva connaissait les Shafiq. Décidément, même si cela faisait désormais trois mois qu’ils vivaient ensemble, Abel semblait avoir encore beaucoup à découvrir de la métisse. « Il semblerait que nous ayons quelques connaissances en commun. » Déclara-t-il avec un certain sourire bienveillant. Cela le rassurait un peu dans la mission ; si Nile Shafiq connaissait Minerva et arborait une photo bras dessus bras dessous avec elle, il s’agissait sans nul doute d’une bonne personne.

La mallette était posée sur le côté du bureau ; Abel semblait l’avoir oubliée. Il fallait trouver un moyen de faire parler le jeune homme… Ils ne pouvaient pas lui parler des Enfants de Morgane de la sorte. Abel repensa à Minerva. Les Shafiq étaient-ils investis dans l’Ordre ? Leur fortune connue et reconnue pourrait évidemment être un atout pour le Phénix. Dans ce cas, pourquoi Nile continuait-il à attirer l’attention sur lui… De toute évidence, des querelles familiales devaient se mêler à cette histoire. Abel ne préféra pas creuser ce sujet. « Les temps sont durs pour l’économie, je sais de quoi je parle… » Souffla-t-il. Huojin s’enfonçait dans le douilleux fauteuil qu’on lui avait proposé ; Abelforth fit de même. Il savait que son bar était plutôt connu dans la société magique, mais ne se souvenait plus si Nile y était déjà passé. « Et vous, comment-vous positionnez-vous, Nile ? » Le prénom s’était glissé comme une marque d’une certaine confiance. S’ils étaient réellement du même camps, ils n’auraient pas à user de telles politesses. Evidement, il parlait là des conséquences qu’avaient eu la montée de Grindelwald sur sa profession. Du moins, en apparence. Sa question allait bien au-delà d’un simple constat, et soulevait une opinion politique bien plus profonde. Comment allait réagir Shafiq ?

@Huojin Chang @Nile Shafiq

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@abelforth dumbledore + @huojin chang

Les grands esprits se rencontrent et l'acolyte asiatique du grand monsieur barbu confirme ses hypothèses, entraînant au passage un reflux de souvenirs de cette lointaine époque ainsi qu'un haussement de sourcil amusé. C'est qu'il parle, nota Nile en l'observant goûter une gorgée de son thé, à croire que le breuvage lui avait déliée la langue. Acquiesçant fièrement lorsqu'ils percèrent à jour son appartenance à la caste des braves, mémoire aidée par les nombreuses babioles sur lesquels les yeux de ses clients s'agitaient, il réagit en souriant au rappel de leur propre maison. Il avait toujours eu un faible pour les enfants du Blaireau : sympathiques de nature, un tantinet ennuyeux (mais pas autant que les Serdaigle) mais toujours le cœur sur la main. Le choix du fameux chapeau magique lui donnait une petite idée de quel type de personne il avait en face des yeux, et si il n'aimait pas placer quiconque dans une boîte et préférait se faire sa propre opinion, cette simple révélation suffit à le mettre un peu plus en confiance, et ce malgré les regards furtifs échangés qui le laissaient penser que ses deux anciens camarades avaient de la suite dans les idées.

« Si vous êtes venu jusqu'ici pour me donner un coup de vieux, je vous prierais de repartir aussi vite. » Ironise-t-il à son tour en laissant la théière remplir sa tasse.

Nile n'était pas de nature très nostalgique, et n'était ni du genre à s’embarrasser de regrets quels qu'ils soient. Toutefois, il posa sur la photographie animée de sa remise des ASPICS un regard envieux. Plus que l'insouciance de cette époque -car Merlin savait qu'il n'avait pas changé à ce sujet-, c'était le luxe de pouvoir s'inquiéter de choses qui n'avaient aucune importance qu'il regrettait surtout : quand son plus gros soucis dans le vie était de savoir combien de pastilles de gerbe il pourrait avaler avant de … eh bien de gerber, ou de s'éviter les foudres de Minerva, alors fière capitaine de leur équipe de Quidditch, après avoir relâché ses cognards dans la grande salle. En parlant de son amie féline, sa simple présence en noir et blanc fut remarquée et pointée du doigt, une initiative qui, en temps normal, aurait témoigné de la bonne foie de ces inconnus plus que n'importe quel bout de tissus bavard, mais, étant donné les circonstances et les allégeances de leur connaissance commune, encouragea le briseur de sorts à se méfier.

« Les amis des McGonagall sont mes amis, déclara-t-il néanmoins, ne serait-ce que pour noyer le poisson. Son interlocuteur n'avait pas dit ''ami'', mais son regard attendri avait trahi qu'ils étaient plus que de simple connaissances. Je vous ferais même une petite ristourne pour mes … talents. » Il jeta un œil à la malle dont il était question, mais son esprit voguait déjà ailleurs.

Pourrait-il s'agir des larbins du Phoenix ? Serait-ce là le dernier stratagème en date de Tariq, un coup monté avec son animagus préféré ? La mallette soit-disant enchantée, la requête de cet Abelforth -quel nom étrange, soit-dit en passant- d'un endroit plus privé, et cette impression qu'ils étaient plus intéressés par autre chose, mais quoi il ne saurait dire, que par son expertise, mirent ses sens en alerte. Si leur petite gambade down memory lane aurait pû s'apparenter à de banales formalités, et qu'il s'en était presque voulu de se montrer si paranoïaque -peut-être s'agissait-il là de clients juste un peu bizarre?-, la question aux forts accents de sous-entendu que lui balança le grand barbu, l'air de rien, renforça ses doutes. Y'avait couille dans le potage, et il n'était pas certain d'en apprécier le goût.

« Économiquement, vous voulez-dire ? Répondit-il, sourire en coin, en s'installant finalement sur son fauteuil. Je ne peux pas prétendre avoir à me plaindre. » Une réponse qui semblait presque insensible, suite aux aveux de son invité, mais pourtant attendue d'un Shafiq, dont la fortune n'était plus à présenter. « Je suis l'un des plus chanceux, poursuivit-il en haussant les épaules d'un air désinvolte. Il serait inutile et hypocrite de prétendre le contraire. Non seulement ais-je les moyens de vivre confortablement, mais mon sang est également pur, ce qui semble être plus précieux encore qu'une montagne de gallions ces temps-ci. Il ne put s'empêcher de murmurer, d'un air puant de cynisme : Pour une raison qui m'échappe. » C'était plus fort que lui.

Il porta la tasse de thé à ses lèvres, apprécia les saveurs d'Oman qui s'y dégagèrent tout en toisant les deux hommes du regard, jugeant leur réaction. Il rentrerait dans leur jeu, pour l'instant, pour il était curieux de là où ça le mènerait. Est-ce ce que vous vouliez entendre ?

Ou désirez-vous quelque chose de plus juteux ?

« Mes sympathies ne valent rien, mais elles s'étendent à tous mes frères et sœur sorciers qui souffrent d'une façon ou d'une autre, de ce conflit. »

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