choc des titans - atlas

@atlas flamel + @pluton flamel

- Boutique Flamel, 1914
Le regard de Pluton oscille entre la lumière blafarde qu’il parvient à percevoir par la minuscule fenêtre de l’arrière-boutique et le corps alangui, les joues délicieusement rosies et un sourire candide, flottant sur ses lippes carmins même dans l’obscurité. Il la regarde, découvre de nouveau ses formes sans s’en lasser, regard concupiscent de ce drap qui enlace une taille fine, un bassin étroit et une poitrine menue, mais éructée de façon à le faire chavirer. Ainsi parer, Iris Lestrange est l’image même de cette vanité de la Renaissance, sylphide à la beauté éthérée. Il porte le doigt de Whisky Pur Feu à ses lèvres, détournant le regard, laissant son esprit divaguer à ces tourments que chaque corps à corps lui cause, intérieurement. Le cœur palpite encore des ébats effrénés, corps courroucé par les stigmas de cette joute à laquelle ils sont, ma foi, forts habiles. Le cœur palpite, le cœur suinte, le cœur désarçonné, désarmé devant les charmes de la vipère, vidé de l’omniprésence de son aimée que la Mort eut osé lui arracher…

Ne pouvait-il pas être l’homme d’exception, dans cette famille aux cœurs mutilés?
Pluton qui aspire à être plus, toujours plus.

Il soupire, l’âme malmenée, termine l’onctueux breuvage pour mieux venir se réinstaller dans cette couche de fortune, légèrement bancale, qu’ils occupent tous deux, serrant des corps éreintés dans une étroite couchette, qui l’oblige à ramener ce corps contre le sien, respirant les effluves capiteuses de sa nuque offerte à son nez. Pluton cède, captivé, envoûté, et hume celles-ci à plein nez, se surprenant à sourire à la dérobée. Les paupières papillonnent, lutte perpétuelle contre Morphée qui a le don d’importuner ses songes avec ce qui le tourmente éveillé…

« Lestrange... » finit-il par lâcher, imperturbable, alors que la sylphide l’agace à la dérobée, dévoilant une chair à peine cachée, attisant des désirs qu’il n’arrive pas à taire, même après s’être longuement damné. Elle rit, rire cristallin qui inonde la pièce, non pas d’un amusement partagé, mais laissant sous-entendre qu’elle se moque de lui. Pluton fulmine, marmonne et s’agite, regardant l’heure, regard écarquillé de constater que les minutes s’étiolent et qu’elle refuse de capituler. « Cela suffit, franchement. Ça vous amuse, vraiment? » Le sourire qu’elle décroche est d’autant plus parlant que la démarche féline qui alimente la tension, le fait déglutir alors qu’elle parcoure son torse de la pulpe des doigts, glissant ses lèvres contre son cou, infâme tentatrice. Pluton s’impatiente, s’inquiète, s’agite, agrippant finalement les bras, la forçant à reculer, l’escortant vers la sortie, refusant de l’écouter ricaner.

Alors qu’il s’apprête à soupirer de soulagement, porte grande ouverte lui permettant de se délester de ce fardeau que de devoir s’expliquer, c’est un face à face avec Atlas qui l’attend, non pas la félicité.

Il se retourne vers elle, le regard noir, l’air entendu qu’elle se contente de trottiner, mordillant une lèvre abîmée par ses propres dents, pour l’abandonner à ce présent qu’il cherchait à tout prix à éviter.

Pluton soupire, vaincu « Un whisky avant de commencer? ».

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Nuit atroce. Goût gris. Impression que cela n’a plus de sens. Atlas s’extirpe de chez lui avec de grandes difficultés. Il aurait préféré rester sous forme animale le plus longtemps possible. Dans l’état qui est le moins douloureux. Il faut pourtant … Il a des dettes. Dette envers Pluton, qui l’a souvent visité à l’hôpital durant sa convalescence. Qui a émis l’idée qu’il travaille avec lui à la boutique, pris des décisions pour la faire croître et s’assurer qu’ils en tireraient deux salaires. Pluton qui l’a encouragé les premières semaines, puis lui a fait confiance sur sa capacité à gérer seul certaines journées.

Il avait laissé porte close ce matin. Pluton s’en sera rendu compte en passant vérifier que tout allait bien. Atlas se sent affreusement coupable. Il rajoute au fiasco de son entrevue avec Théa la sensation d’avoir mordu la main qui le nourrit. Une douche, un brin de toilette, des affaires propres. Il songe à se raser pour faire meilleure impression, abandonne. Envie d’abîmer quelque chose avec ce coupe-chou. Quelque chose, quelqu’un, lui-même ? Il parcourt le trajet jusqu’à la boutique dans la brume qui suit généralement ses cauchemars. Assoiffé, épuisé, un mal de crâne qui lui vrille les tympans, imprimant deux douleurs symétriques.

Iris Lestrange. Il la connaît, de nom, de visage. Ne veut pas la connaître plus. Iris Lestrange, qui sort de la boutique, dont la porte indiquait qu’elle était fermée. Iris Lestrange qui n’a aucunement besoin d’alchimie dans son quotidien. Son regard est glacial, elle l’a au contraire rieur. Celle qui a joué un bon tour. Il s’efface pour la laisser passer. La porte de la boutique n’est pas refermée qu’il s’y est glissé à son tour. Vérifie que le panneau indique toujours qu’ils sont fermés.

Atlas voulait être humilité, repentance. Il se fait colère. Il voulait demander conseil, pas donner des leçons. C’est elle. Et comment Pluton peut-il croire que ces étreintes le rendront heureux ? Envie de lui hurler dessus qu’il ne devrait pas la fréquenter. Belle manière de s’excuser. « Tu sais que je ne refuse plus. » soupire-t-il. Pas depuis qu’il a perdu Margot, et que de manière insupportablement prévisible, il boit pour diluer sa peine dans l’éthanol. La méthode est imparfaite, coûteuse de mornilles et de santé, mais il n’en trouve pas d’autre. Il croyait avoir trouvé Ariane le sortant du dédale dans la personne de Théa. Souvenirs brumeux de cette confrontation. Il errera seul encore.

« Alors c’est elle ? Je me sentais coupable, je venais voir si tu avais besoin mais je constate que tu te débrouilles très bien tout seul. »

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- Boutique Flamel, 1914
Il ne sait que trop bien qu’il connait cette silhouette, infâme Lestrange à la réputation qui la précède, vipère émérite d’une promotion autre que la sienne. Pluton partagé, tenté d’une œillade en direction de la sylphide qui s’éloigne, probablement le sourire éclatant de cette petite victoire tant espérée. Cependant, Merlin soit loué, il a le sens de finalement ne s’intéresser qu’au timbre de voix visiblement agacé qui provient de son frère, qui entre à son tour, sur la défensive, Pluton ne peut que le constater. Ravalant un soupir, coupable de s’être damné auprès d’une candide demoiselle aux charmes insensés. La pointe de culpabilité qui s’insère sous sa peau, serpent aux ondulations qui l’étourdissent, le font cafouiller.

Il s’agissait bien là de l’un des pires scénarios qu’il eut pu imaginer.

« Il semble que cela perdure depuis l’adolescence, et même avant tente-t-il maladroitement, essayant de dissiper l’atmosphère, conscient d’avoir hautement contribué à ce tourment qui l’assaille, ajoutant au poids de ses épaules, destinée qui l’a laissé plus qu’écorché.

Il verse tout de même un verre, tétanisé par la culpabilité. L’onctueux ambré se laisse tourner dans le verre, Pluton qui le tient entre ses doigts, hésite à trinquer, à lui tendre une perche pour éviter que ce soit catastrophique. Le silence est pesant, il manque étouffer, jusqu’à ce qu’Atlas déverse son fiel, regard braqué dans le sien, et lentement il baisse la tête, Pluton, acceptant de porter le blâme, acceptant ce fardeau qui lui incombe d’emblée.

« Elle? Elle n’est personne » s’entendit-il dire, repoussant la pensée brève qui se veut convaincre le corps comme veut l’être la tête comme le cœur. Légèrement sur la défensive, Pluton écarquille le sourcil, légèrement perplexe. Atlas le connait trop bien pour le savoir de mœurs légères, comment peut-il réagir ainsi? Le serpent en lui s’agite, se courrouce, lui murmure à l’oreille que son cadet peut bien parler, lui qui a chauffé sa couche d’une infante Malfoy. Heureusement qu’il contrôle ces pulsions inavouées, inassouvies, qui peut être sont mises de l’avant par cette tumultueuse aventure de corps à corps avec la Lestrange…

Pluton refoule immédiatement cette pensée, se met plutôt à ricaner doucement, braquant ses prunelles azurées dans celles de son frère, inflexibles.

« Je m’étonne que tu ne sautes pas plutôt sur l’occasion de souligner que ceci est plutôt la preuve d’une déchéance que d’une ascension, mon frère lui souffle-t-il doucement, sur un ton qui se veut amusé, conscient de probablement le brusquer, sachant pourtant nécessaire de le faire réagir, lui qui s’emprisonne dans un froid de marbre que Pluton peine à supporter.

« Décrispe tes traits, sans quoi demain on me demandera si ce n’est pas toi l’aîné dit-il en terminant son verre d’un trait, envahit d’un soudain calme olympien Ta présence me réchauffe le cœur, mais je suis bien content que tu laisses à autre la tâche d’en faire de même pour ma couche ». Pluton cherche la réaction, visiblement amusé, puis change de sujet, tentant une approche par la bande pour l’apprivoiser.

« Je suis heureux de te voir, Atlas, comment vas-tu?» qu’il l’attire contre lui, le serrant dans ses bras, prenant conscience que ce geste ne se répète plus assez souvent.

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Colère, défiance dans les prunelles d’Atlas. Pluton ne devrait pas plaisanter avec la fille Lestrange. Le soldat la sent dangereuse. Il ne s’explique pas cette inimitié si immédiate. Il retrouve la sensation qui lui a sauvé la vie plusieurs fois lorsqu’il était au loin. Une impression de calme trop parfait. De quelque chose de trop beau pour être vrai. Iris Lestrange est splendide – il veut bien le reconnaître – mais la manière dont il l’imagine rechercher son frère ne lui plaît pas. Elle cache quelque chose. Quoi ? Que Pluton est désormais un beau parti ? Que la boutique marche suffisamment pour qu’il se paie le luxe d’un employé ? Qu’il commence à avoir sa réputation en tant qu’alchimiste ? « J’ai de bonnes raisons d’être chiffonné. » lance-t-il. Pourquoi diable s’escrime-t-il à être désagréable avec son frère ? Pluton qui ne lui a jamais rien fait, qui a supporté ses caprices toute leur enfance ? Poudlard devait avoir l’air d’un enchantement.

Qu’il lui demande comment il va le laisse sans voix. Atlas aurait cru son malheur imprimé partout sur son visage. Il aurait presque aimé que son frère ne lui reproche d’avoir laissé la boutique. Il répond à cette embrassade, passant quelques secondes les bras autour de Pluton. Il est facile de cajoler Moon, qui n’est que tendresse. Entre eux, c’est autre chose. Il y a une compétition larvée, dont Atlas se sait l’auteur.

Il a envie de s’en défaire. Il est trop blessé pour rester seul avec son orgueil. Il s’effondre, sans Théa. C’est affreux d’avoir commencé à y croire. Sans cela, ses défenses seraient encore en place. Il regrette d’y avoir cru. « Tu veux une histoire triste ? Je te laisse t’asseoir, Pluton. » Heureux de parler en français, soulagé à l'idée de déverser ce qui le ronge. Et lui aussi prend place. Il se sent un peu chez lui ici aussi. Oh, il s’adapte vite. Des années à ne pas avoir de véritable foyer, pour que celui qu’il construisait s’effondre. Sa maison se referme comme une forteresse autour de lui. Tire une chaise, s’installe, prend une lampée d’alcool. Idée sotte de se mettre à jeun quelques heures.

« Je ne suis pas venu ce matin parce que … Bah, tu vois bien que j’avais remis trois francs dans la machine à cauchemars. » Plus seul que jamais. Les bruits, les explosions. Margot ensanglantée. A nouveau sa blessure. Il avait même eu le droit, l’insigne honneur, d’accéder à plus de fragments de cette période. Les médicomages, qui ne savaient pas comment le transporter. Qui le croyaient inconscients et ont manifesté leur appréhension devant la charpie sur le côté de son corps. Angoisse de celui qui se croyait toujours maître de son destin, s’apercevant qu’il est atrocement dépendant d’autrui dans cet état.

« Tu sais, Théa Malfoy ? C’est fini, ça ne marchera pas. » Une pause, un détour. Les mots lui pèsent. Il s’était réjoui à mi-mots de la rencontrer. Sous le charme, guettant d’autres occasions pour la voir, espérant une occasion de se trouver seuls. Il ne s’était pas permis l’intimité que Pluton réserve à Iris Lestrange mais il se passait quelque chose de tendre, de sensuel. Les projets qu’il échafaudait, sa fuite sitôt Margot revenue s’atténuaient. Ce serait sans doute doux, de vivre auprès de Théa. L’elfe était une partie de Théa accessible, un prétexte commode. Il attendait une occasion d’en parler avec elle.

Mais les objets avaient été déplacés. Pis, la boîte dans laquelle il gardait les souvenirs les plus tendres de son épouse avait été ouverte par quelqu’un d’autre. A partir de là, il avait réagi en animal traqué, agressif. Tendant un piège à l’elfe, et une fois la découverte faite, en tendant un à Théa pour la confronter. Lettre innocente, polie mais froide. Un seul à seule qu’il aurait voulu si différent, mais cette peur viscérale lui avait ôtée toute tendresse. Son débit se fait précipité, tout comme il l’était la veille auprès d’elle. Instinct du félin, ou instinct ressorti par sa transformation en félin ? Il lui semble ressentir partout la même insécurité. « Elle est venue hier. A ma demande. Chez moi, je préférais que nous soyons seuls pour lui exposer ce que j’avais découvert. Tu te souviens, que j’ai prétexté que nous aurions besoin d’un elfe de maison pour la boutique, qu’on aurait aussi employé à m’empêcher de devenir une épave. Bon. J’ai découvert que cette petite saleté d’elfe a jugé bon de m’épier. J’en ai parlé à Lady Malfoy quand elle est venue. Mais quel fiasco, grands dieux … » Il repose le verre vide. Fixe Pluton. Qu’il lui mette une claque, n’importe quoi. « Elle a avoué dès le début, sans vraiment me dire pourquoi. J’avais prévu l’éventualité, je t’ai piqué de quoi faire du veritaserum la semaine dernière. Il faudra que je te rembourse les ingrédients. » Rêveur, blessé, tournant autour de l’affrontement. Refusant de prononcer les mots. « Elle a été très polie, elle voulait bien le boire. J'avais peur qu'elle en veuille à l'un de nous. Toi, Moon, nos parents, Nicolas ... Non. Tu sais ce qu’elle m’a avoué, comme raison à tout ceci ? Qu’elle m’aimait ! » Il est amer. « Si c’est pas malheureux. Je rencontre quelqu’un de doux, mon contact la corrompt. Qu’est-ce qui cloche chez moi, Pluton ? Une idée ? » grogne-t-il en leur servant un nouveau verre, le sien presque aussitôt disparu dans son gosier.

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Pluton regarde son cadet d’un air inquiet, se faisant sérieux soudainement. Il constate avec effarement la détresse qui dégouline de ses traits, et il se tait, honteux, coupable. Il respire lentement, contrôle l’air qui entre et sort, tente de s’apaiser. Il ne supporte pas ce malheur qui colle à la peau de l’ancien Auror, drap de malheur qui semble le recouvrir, l’empêcher d’accéder à une quiétude d’esprit pourtant méritée. Alors il se maudit, l’aîné, de ne pas avoir su de nouveau préserver le cœur et l’esprit de l’homme devant lui, éreinté. Il a toujours été, Pluton Flamel, l’être impassible, réservé, taciturne et bougre, alors qu’Atlas est action et impulsivité. Atlas l’aventurier, aux mille et un projets, aux rêves innombrables et à la réputation d’être quelqu’un à qui on ne veut pas sciemment se frotter. C’est son ombre qu’il voit rôder devant lui, cela l’effraie, cela le blesse, Pluton le protecteur.

Culpabilité le rongeant, l’étranglant de cette sensation de n’être un bon à rien, incapable de protéger les siens de ce monde qui les écorche à vif, cœur et âme au front, durement touchés.

Alors il l’écoute parler, boit ses paroles, maudit ses aïeuls pourtant respectés de ne pas avoir su protéger leur lignage, leur descendance, laissant le sort s’acharner sur eux, écorchés. Le nom de la sylphide qu’il semblait courtisé mentionné, lueur d’espoir qui s’éteint rapidement lorsqu’Atlas susurre le mot fin. Pluton débordé, s’enfermant souvent dans son atelier pour la concoction de mixtures en tout genre, demande en croissance, affaires florissantes, peu de main d’œuvre pourtant à exploiter. Oh, on lui a offert de se servir de cet esclavage orchestré par des forcenés, utilisant les mains d’un Né-moldu délesté de ses droits d’accéder à la magie, quitte à l’user à la corde, le voir dépérir pour mieux le savoir crever. Il secoue la tête, horrifié. Jamais Pluton ne s’autoriserait une telle ignominie, glace qui jamais plu ne lui offrirait un reflet qu’il supporterait de regarder. Comment pourrait-il saigner ou marquer au fer blanc un humain et le justifier qu’il le peut, par la nature de son sang?

Cœur gonflé d’orgueil pour son aïeul Nicolas qui a su trancher, choisir un camp.

Pluton regrette de ne pas avoir prolonger cet instant où il ramenait Atlas à lui, étreinte nerveuse et trop peu fréquente, qui pourtant se veut lui insuffler sa présence, son écoute et son aide, comme un sortilège informulé, promesse silencieuse solennelle de remuer ciel et terre ne serait-ce que pour voir trôner de nouveau sur les lèvres du cadet Flamel un sourire vrai, espiègle et entendu, sourire qui a su charmé et envoûté les parents, les convaincant d’une innocence qu’un jury sans parti pris n’aurait jamais su prononcer.

« Et toi, Atlas, l’aimes-tu? » Qu’il demande, sachant que trop bien qu’il se contente d’énoncer des faits qu’il voit comme évidences, mettant de côté comme on le lui a inculqué ses propres ressentiments.

Silence pesant, plus criant encore que toute syllabe prononcée.

« Que te reste-t-il à perdre maintenant, toi à qui on a tout arraché? Peut-être t’a-t-elle dit la vérité, par Merlin, peut-être n’a-t-elle jamais appris à aimer. C’est une Malfoy après tout, je doute que son éducation soit bien différente de la nôtre, rappelle-t-en ajoute-il, cherchant soigneusement à éviter la confrontation, voulant simplement raisonner cet emportement qu’il sait typique de son frère, qui lui a servi comme nuit avec les années.

« Tous sont corrompu dans ce monde que Grindelwald a créé. Tu as vu les horreurs qui ont été perpétrées, tu as su ce qui se produisait dans les arènes, tu es conscient de ce que Sevda a traversé. Comment une jeune sorcière au cœur à prendre pourrait être épargnée? ». Pluton qui se veut raison, avocat du diable de ce sens premier qu’Atlas refuse souvent de réviser, refusant de courber l’échine à la possibilité de s’être fourvoyé.

« Notre astre m’avait parlé de cette infante Malfoy, qu’elle avait su rencontré. Que le fait de courtiser de nouveau semblait te ramener à nous, enfin, après les malheurs que tu as traversé lui avoue-t-il doucement, braquant son regard dans celui du cadet Ton bonheur est tout ce qui m’importe, et s’il te faut être colère ou t’emporter pour te délester de ce mal-être qui te percute à nouveau, vas-y Atlas, s’il te plaît, dis-moi comment t’aider ».

Ton suppliant, implorant.

Protège ton frère et ta sœur, Pluton, de tout, mais surtout d’eux-mêmes.

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« Mais je ne veux pas ! » Atlas se surprend à presque hurler ces mots. Il n’a pas osé répondre à Pluton, se contentant de hocher la tête. Bien sûr qu’il aime Théa Malfoy. C’est évident. Ca lui a coupé l’herbe sous le pied. Chaque contact a accru son affection, il a reconnu les signes de l’amour. Ceux à propos desquels Moon les interrogeait. Oui, il devenait une meilleure personne pour elle. Reprenait un rythme de vie, avait retrouvé le sourire. Quand il a commencé à échafauder des plans, il s’est presque inquiété. Quid de son serment auprès de Margot ? Facile de jurer jusqu’à ce que la mort les sépare, pour un moldu. Impossible d’être sincère quand on s’appelle Flamel. Ils sont connus pour leurs travaux sur la mort. Leur branche est même célèbre pour ses recherches en nécromancie. Mercure distille son savoir avec une finie patience. Atlas lui en veut, d’essayer de le retenir près de sa famille ainsi. Tout comme il s’en veut de revenir si opportunément les voir.

« Ce n’est pas la question, ce que je ressens. Je ne veux pas de quelqu’un qui me mente … » confie-t-il. Oublieux qu’il a bien soigneusement caché cette histoire de nécromancie. Atlas se désole de voir une expression peinée sur le visage de son frère. Il aurait dû garder cela pour lui. Pluton a déjà tant souffert. Ils sont veufs tous deux, comment celui qui remontait la pente peut-il demander encore à l’autre son aide ? Il n’ose plus. Non, il faut encore un effort. Il est venu trouver Pluton, qui n’attend que de pouvoir l’aider. Ses conseils ne sont pas mauvais. Mais pourtant, Atlas s’y refuse. Fierté de celui qui veut vivre sans concessions. A moins que ce ne soit son ego blessé. Elle l’a épié. Cela pourrait être flatteur mais c’était son intimité. Sa peine. « Je ne me sens plus en confiance. Et je crois que ce serait une mauvaise idée. Ca fait seulement quelques semaines qu’on se fréquente et elle en vient à cette extrêmité ? Alors que … Je ne sais pas, elle est préceptrice, elle a accepté sans broncher le mariage dont elle porte le veuvage. Elle était chez Serpentard mais ça n’explique pas ce changement, non ? » un sourire d’excuse, de pas en avant vers Pluton qui portait les couleurs de vert et d’argent. Non, Atlas n’avait pas pu mettre toutes les maisons dans le même contenant.

Oublieux de la manière dont il finira par rentrer – quelle idée de boire à jeun, encore a-t-il de la pratique – Atlas les ressert. Il a envie que Pluton l’aide, il ne sait pas comment. A vrai dire, il envisage même de lui demander un sort d’oubliettes. Effacer le souvenir de cette entrevue avec Théa Malfoy, et s’arranger pour qu’elle ne croise plus son chemin. Mais Pluton ne saurait effacer ses sentiments, et en oubliant cet incident, ils reviendront de plus belle. « Tu pourrais … non, excuse-moi. Ce n’est pas moral. C’est idiot, d’ailleurs. En fait … » Il prend une respiration, hésite. Les arguments de Pluton s’ancrent. « J’ai le sentiment que je ne parviens pas à passer outre … Avant. La politique c’est hors de ma portée. Mais j’étais marié, j’avais une carrière … » Voilà qu’il deviendrait geignard. « Je suis vraiment heureux que tu m’aies proposé de travailler avec toi. Mais j’ai l’impression que ça va toujours dans le même sens. Tu donnes, je prends. » Il contemple piteusement son verre. Aimerait prendre Pluton dans ses bras, lui dire merci. Ils n’ont pas osé se parler avec sincérité depuis … Depuis l’enfance, peut-être ? Avant qu’Atlas lui-même ne conçoive des inquiétudes à vivre dans l’ombre de Pluton, ce héros. Se tournant vers les mirages racontés par Drusilla, rêvant de déserts brûlants et glaces sur lesquels laisser l’empreinte de ses pas. Une empreinte en ce bas monde.

La tournure actuelle des événements ne ressemble en rien aux promesses d’enfant qu’il s’était fait. « Mon frère, comment continues-tu à tenir le coup sans Orphée ? Tout ce que je veux c'est retrouver Margot ... »

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Il reconnaît les traits de l’enfant turbulent que fut Atlas, roi et maître des coups d’état, constamment en train de fomenter une révolte quelconque, entraînant inexorablement Pluton et Moon dans son sillage, Atlas au charisme déconcertant. Il reconnait le frère qu’il a tant bien que mal tenté d’accompagner dans les bons comme les mauvais moments, supportant les tempéraments et humeurs comme nul autre n’aurait pu, Pluton se faisant patience et discernement dans cet univers tumultueux qui avait toujours entouré Atlas, depuis son plus jeune âge. Il reconnaît les qualités de son frère, sa fougue, sa capacité de demeurer debout alors que tout autour de lui veut le faire ployer l’échine, l’agenouiller. Il les connait mieux que personne, car il les a vu bourgeonner avec la puberté, sa scolarité, son mariage comme son veuvage. Il soupire doucement, conscient de ce que cela demande que de se tenir droit actuellement, trop soucieux de ce présent qu’il devrait porter une attention singulière, conscient de l’équilibre précaire de ce dernier dans la balance du temps, qui s’étiole sans demander son reste. Pluton le laisse lutter contre lui-même, conscient que cette bataille ne lui appartient pas, et sans doute trop posé pour ne serait-ce qu’encourager Atlas à trouver l’équilibre entre ce qu’il veut et ce dont il a besoin…

« Les mensonges font partie de la vie, nous naviguons dans certains depuis le berceau, il n’en tient qu’à nous de créer nos propres opportunités » rétorque-t-il, sachant pertinemment qu’il devrait appliquer ces principes à son existence également, soudainement étouffé par cette révélation dont ils n’ont pas discutés, Atlas et lui, à propos de la sylphide qui lui a glissé entre les doigts pour mieux s’afficher devant le regard de son cadet. Pluton s’autorise un ricanement lorsque son frère évoque son blason, le laissant continuer, essayant de se faire un portrait des demi-vérités qu’Atlas lui révèlent, une syllabe à la fois. Peut-être ose-t-il prendre pied dans cette réalité où il n’était que spectateur pendant un temps, cherchant à reprendre le contrôle de sa vie, cette fougue qui lui est caractéristique. Pluton en est fier, enorgueillit du dessein de son frère, au-delà du deuil et de la souffrance, une décision à la fois.

« Puis-je te dire que ces questionnements prouvent la qualité de l’homme derrière le veuvage et l’Auror sur la seulette? Lui fait-il remarquer, convaincu de l’importance de le souligner Je me suis fait un devoir de veiller sur Moon et toi, Atlas, tout ce que tu considères comme quelque chose que tu as pris, tu l’as rendu au centuple ». Le matériel n’est rien, les mots s’envolent, il lui faut tout de même les marteler, Pluton le sait, son cadet en a besoin ici et maintenant.

« J’ai retrouvé mon frère en t’embauchant à la boutique, j’ai vu ton regard briller lorsque tu te penches sur un grimoire, Atlas. Ce n’est certainement pas les périls de la vie clandestine d’Auror, mais je t’y vois t’épanouir, d’une certaine façon. Même ce contact avec la Malfoy t’a permis d’avancer, et je remercie nos ancêtres de l’avoir mis sur ton chemin, ne serait-ce que pour que tu nous sois rendu, à Moon et moi ». Il lui accorde un regard et un sourire entendu, complice comme ils le furent, comme il espère l’être de nouveau un jour, espérant susciter l’espoir plutôt que la culpabilité.

Puis le couperet tombe, et les regards se tournent vers lui.

« Je ne tiens pas le coup, mon frère, je me noie » admet-il franchement, s’exigeant la même transparence de sa part que celle qu’il cherche à inspirer chez son frère « Je ne ressens rien, Atlas, rien d’autre que la cavité béante dans ma poitrine lâche-t-il, portant le verre à ses lippes, savourant la brûlure dans son œsophage au passage C’est dans cette optique que je prends des décisions telle que me damner auprès de Lestrange, ou que j’abonde en ton sens et utilise le whisky à outrance ». Il soupire, accueillant cette déclaration de sa part pour faire face à ces faits établis, qu’il rejette habituellement du revers de la main comme une acceptation de son sort.

« Elle me manque chaque minute, chaque seconde. Je n’aspire qu’à entendre sa voix, toucher sa peau, poser mon regard sur elle en tombant en amour encore et encore, jour après jour, nuit après nuit s’admet-il, en même temps qu’Atlas Je n’arrive pas à me résigner à vivre sans elle, je ne peux pas, je n’y arrive pas. Je te comprends et t'entends, tu sais, mais tu es plus fort que moi, plus que je ne le serai jamais, tu peux tout accomplir si tu y mets l’effort et l’esprit, j’en suis convaincu ».

Pluton Flamel n’a jamais été aussi convaincu de sa vie,

Jamais été aussi fier également.

@Pluton Flamel

Atlas sourit. Il est confus, attendri. Dire qu’il a été chercher par monts et par vaux ce qu’il aurait pu trouver au contact de son frère. Qu’il a traversé des océans, tué de pauvres bougres parce qu’on lui en donnait l’ordre, pour que quelqu’un lui fasse ressentir ça. L’impression d’être unique, fort, qu’on tient à lui. Un mélange, quelque chose qu’il n’identifie pas, qui lui réchauffe le cœur et lui fait sentir la plus pure gratitude. Bénit soit-Il de lui avoir donné Pluton comme frère. Il retrouve une sensation familière, celle de se défaire de son armure. Il faut croire qu’il avait désespérément besoin d’un peu de chaleur. « Merci. » Pour lui avoir dit qu’il avait de la valeur. Pour l’avoir rassuré sur le fait qu’il entendait toujours prendre soin de ses cadets. Pour avoir vu son intérêt dans les recherches alchimiques, le saluer, l’encourager. Pour voir un aspect positif aux moments passés avec Théa Malfoy. Théa, comme une blessure infligée contre laquelle Atlas est démuni, qu’il regarde avec dégoût. Glissement d’idées entre la cicatrice bien visible, le souvenir de guerre, et cette lutte acharnée contre la nymphe Malfoy. Les deux ont laissé une marque.

Il manque de mots et de contacts. Si Moon exprimait de tels sentiments, il serait facile de sécher ses pleurs, de trouver la bonne distance, les paorles rassurantes. A défaut, Atlas pose sa main sur celle de son frère. Charmant tableau, où ils tiennent encore leurs verres. « J’aimerais pouvoir t’aider. Je regrette de ne pas être capable d’aider mon frère dans une telle épreuve. Trois enfants, deux veufs sans enfants et Moon qui a failli disparaître … Et on nous demande encore de transmettre le nom, il faut une Foi qui me dépasse alors que j’avais pensé m’y connaître. » Une échappée par les plaisanteries, toujours ce masque d’insouciance qui lui plaît si bien. Il poursuit sur sa lancée, cherchant à décrocher un sourire du frère. « Soit nous devons acheter de l’alcool en plus grande quantité, soit il faut réformer notre conduite personnelle. » Dans le doute, il les ressert copieusement. Il tourne autour de ce qu'il a à dire, Panthère hésitant à refermer ses crocs.

« Je ne veux pas t’accabler, mais la fille Lestrange … Je ne jette pas la pierre à toute la famille, une des guérisseuses de Sainte-Mangouste en fait partie et c’est quelqu’un de charmant. Mais j’ai travaillé avec Iris Lestrange lorsqu’elle a repris les dossiers que j’ai … Disons abandonnés précipitamment. » Lorsqu’il était enfin sorti de la torpeur des drogues de l’hôpital, il avait fallu assurer sa passation. Atlas avait compris que c’était une bonne fois pour toutes, qu’il ne préparait pas un remplacement provisoire mais qu’il ne les rouvrirait plus. Manque de chance, nombre d’entre eux avaient échu à Iris Lestrange. Le cadet portait encore la colère de leurs dernières entrevues. Cette mijaurée, cette gourgandine, cette s … avait avoué qu’elle était là pour le nom de Flamel, mais que ce serait sa parole contre la sienne. Et que s’il faisait feu le premier, elle n’hésiterait pas à lutter contre lui. Faisait-il feu le premier en essayant d’infléchir Pluton ? Il avait pour lui des années d’affection fraternelle, écorchées par la distance et les choix calamiteux qu’il avait pu faire. Iris jouait sur l’empire des sens, et elle y mettait visiblement de la constance. Dommage de ne pas pouvoir la dénoncer en public sans abîmer son frère – Atlas qui était ordinairement si respectueux de ce genre d’aventures et si mal placé pour jeter la pierre se sentait des envies de lapidation verbale. « Je l’ai dit à Harfang qui est comme un frère lorsque je soupçonnais qu’il encourrait le même genre d’ennuis, je peux bien le dire à mon propre frère. Le Pluton que ses proches connaissent ne l’intéresse pas. Elle ne veut que ton corps, ton nom, ton sang, l’héritage familial. » En prononçant ces mots, il s’inquiète lui-même. Sa Malfoy, qui avait répondu sous le Veritaserum qu’elle l’aimait … Il a laissé passer une belle chance d’être heureux.

@atlas flamel + @pluton flamel

- Boutique Flamel, 1914
Il s’enferme dans un mutisme calculé, Pluton se régalant des émotions qui suintent des traits d’Atlas, qui ont pris vie, semblant lui retirer dix ans en l’espace d’un moment. Le remerciement lui arrache un sourire entendu, plein de promesse, silence qui lui assure qu’il sera toujours là, bon mauvais vent, envers et contre tous, rien ne pourrait limiter l’aîné dans ce besoin constant de protéger les siens, de s’assurer que le fardeau de leur nom n’instigue pas ce qui semble parfois être malédiction. Il porte le verre à ses lippes, savourant chaque instant où le miel du whisky vient lui rouler sur la langue, chaleur enivrante et rassurante qui se diffuse dans chacun de ses membres. Pluton se retrouve cependant pantois de cette main tendue vers lui, Atlas qui fait un geste en sa direction, moment qui l’attendrit, se rappelant les maléfices nécessaires pour que parfois le turbulent cadet lui accorde un moment d’attention, trop curieux, trop avide de croquer dans la vie et l’instant présent pour parfois remarquer ce qui pourtant est évident.

Le palpitant loupe un battement,
L’aîné se laisse consoler brièvement, accueillant favorablement cette proximité fraternelle.

« Il semblerait que le monde ne peut se passer de la distraction que notre famille fournie à la communauté sorcière. Sans doute aucun, nos historiques respectifs ont de quoi renflouer de Gallions les coffres d’un pigiste à la Gazette des sorciers » rétorque-t-il, pointe d’amusement et de désinvolture typique aux frères Flamel, Pluton abondant en ce sens, dérision plutôt qu’apitoiement. Pour la suite, il se contente de trinquer à nouveau, n’étant pas avare pour le moins du monde à ce que le nectar continue d’affluer, quitte à embrumer l’esprit et le cœur au passage.

Les syllabes prononcées, inévitable couperet, rappelle inexorablement l’étroitesse du monde des sorciers, amplifiées par les lubies d’un Mage qui veut l’expier de ceux qui permettent de le diluer. Évidemment qu’Atlas a déjà eu des contacts avec Iris, Pluton roule des yeux, se maudissant de ne pas y avoir pensé avant. Oppression dans le ventre qui s’apparente à la culpabilité d’avoir maintenu une discrétion relative sur la nature de cette liaison, l’exposant partiellement malgré lui, culpabilité d’occuper sa couche alors qu’elle était vide depuis peu. Les pensées se mêlent et s’entremêlent, Pluton a le souffle coupé, l’esprit embrouillé, assaut émotionnel qu’il peine à supporter.

Il déglutit, les mots lui écorchent les lèvres au passage.

« Et je ne cherche qu’à son contact la sensation d’être vivant, Atlas » lui admet-il, se l’admettant à voix haute pour la première fois, en désignant précisément les motifs derrière l’idylle. Il soupire en passant une main nerveuse dans ses cheveux, fermant doucement les yeux pour accueillir les propos d’Atlas « J’ai l’impression d’avoir subi le baiser du Détraqueur lorsqu’on me l’a arraché, et me damner est la seule chose qui parvient temporairement à m’animer ». Certes, Pluton n’est pas suffisamment dupe pour la croire éprise de quoi que ce soit d’autre que son corps, peut-être son veuvage lui fait miroiter une disponibilité et un rôle inhérent à y jouer. Cette seule idée manque le faire vaciller.

Sans crier gare, son poing s’abat sur la table avec force, frustrations contenues qui fracassent la surface, menaçant de faire tanguer le navire, de tout annihiler à son contact.

« Peu importe les sacrifices qu’il me faudra faire pour être reconnu comme personne à part entière, j’en suis résigné à n’être que ce patronyme qui est bénédiction et malédiction à la fois. Ne pourrais-je jamais être un brillant alchimiste que parce que Nicolas est mon oncle? Ne pourrais-je jamais n’être qu’un bon parti parce que ce sang qui coule dans mes veines éveille la convoitise de bonne famille? Me faudra-t-il m’exiler et renier mon patronyme pour qu’enfin on considère l’homme dans son intégralité ? » lâche-t-il, fébrile, oscillant entre la colère, l’amertume et la peine.

Il soupire, tente de reprendre le contrôle du navire, repoussant une vague qui pointait à l’horizon, refusant de faire subir à Atlas ses humeurs comme s’il était une jouvencelle, refusant cette faiblesse qu’il tient à distance, à grand renfort de Whisky Pur Feu, qu’il termine d’un trait.

« Crains-tu que je ne lui concède un accès à notre patrimoine, mon frère? Te rappelles-tu la patience dont a du faire preuve Orphée pour me permettre de remiser les sentiments éprouvés pour Sevda? Je n’en crois pas Iris capable, tant et si bien qu’il n’y a pas de cœur à prendre, à moins que l’on m’exige un mariage de bienséance, ce qui n’est pas non plus impossible… » il s’interrompt, réalisant les risques si les rumeurs venaient aux oreilles du patriarche Flamel, sans doute les Lestrange sont une lignée répondant davantage aux critères d’excellence que le carmin tacheté des Trelawney.

S’il était chez lui, tout aurait été violemment fracassé, tempérament bouillant de plus en plus difficile à contenir, phalanges blanchissantes sous la pression de ses poings refermés.

Sans doute le whisky commence-t-il à faire effet. Atlas se sent un peu gauche, juste ce qu’il faut. Les contours de la boutique se brouillent, mais la mise au point sur le frère aimé reste intacte. Les paroles de Pluton parviennent jusqu’à lui, déformée comme par un mur d’eau. Encore un peu et il sera tout à fait dans l’état qu’il recherche si avidement. Brouillard cotonneux propice à l’endormissement sans rêves, qui le laissera en sueur et défraîchi. Les cauchemars en font autant, il préfère s’en prémunir de cette manière. Il doit bien y avoir d’autres conséquences, mais rien qu’ils ne sauraient régler. Si les choses empirent, il lui restera l’aide de Pluton.

S’il doit lui demander de l’aide. Le cadet se sent à la fois soulagé et coupable de sa diatribe sur la Lestrange. Il fallait avertir Pluton, lui confier la vérité. Mais elle s’est installée entre eux comme un insecte gluant. La suite est pire. Pluton est vide, Pluton s’abîme dans une relation dont il sait pertinemment qu’elle ne le rendra pas heureux. Le cadet ouvre la bouche, il aimerait se plaindre, ce n’était pas le but. Il aurait voulu lui ouvrir les yeux, être une porte de sortie. Les mots s’étouffent dans sa bouche. En miroir au poing abattu sur la table, Atlas se crispe. Il serait incapable de faire du mal à son propre frère, du moins l’espère-t-il, mais ce geste brusque déclenche un réflexe chez lui, le pare pour la riposte. Ils se fixent en silence.

Pluton l’inébranlable avoue avoir hésité à partir et tout plaquer. Echo douloureux avec les derniers plans du cadet, qui a tant de fois réinventé une vie à l’extérieur de l’Angleterre. Ses mots lui semblent si faux. Il n’aurait pas du parler de telles choses avec lui, pas ainsi. « Je m’excuse. » Le propriétaire de la boutique n’est pas naïf. Orphée a fait patte de velours pour rentrer dans leur famille. Regards méfiants de leur parents, cadets qui ne savaient pas pour quel parti opter. Atlas n’avait comme clairvoyance que de l’avoir un peu connue du temps de Poudlard et de l’avoir trouvée sympathique à l’époque, mais il lui était déjà arrivé tant de fois de se tromper qu’il n’avait pas osé s’interposer. Naïveté de croire qu’ils devaient protéger Pluton, lequel savait bien où il mettait les pieds. « Excuse-moi. Je n’aurais pas dû … Avoir ce genre de soupçons. » S’excuse-t-il d’avoir soupçonné Iris Lestrange ? Non. Mais d’avoir cru Pluton trop naïf, ça, oui.

Atlas laisse passer une nouvelle pause. « J’étais sincère, au bar, quand nous y avons vu Moon. Je ne crois pas que cela puisse marcher avec Théa Malfoy. » Il ne se rend compte qu’après coup qu’il y pensait, qu’il y croyait encore. Il n’aurait pas du lui demander. Peut-être eut-il mieux valu attendre le mariage, en se sachant espionné. Il l’aurait confrontée après. Pour autant, qu’il sache, tous les couples au sang pur ne s’aiment pas. « Au fond ça m’est égal. Théa ou quelqu’un d’autre. » Il hausse les épaules. Il est si rare de le voir se résigner. « J’ai déjà été heureux. S’il faut faire un mariage sans y croire, tant pis. » Il n’a pas abandonné ses recherches. L’espoir de retrouver Margot. Un mariage insipide en attendant, pour faire plaisir à sa famille ? Soit. « Le plus important, c’est la boutique. Je ne suis pas d’accord avec toi. Nicolas a eu une longueur d’avance, ne le nions pas. » Un sourire partagé. Difficile, de se mesurer à l’illustre aïeul. Pour Atlas qui voyait déjà une rivalité avec son aîné, le défi n’est devenu envisageable qu’une fois blessé. Comme sa vie d’avant était confortable, territoire vierge du nom de Flamel, qui ne s’étaient jamais intéressés aux choses martiales et à la vie crapuleuse des policiers ou Aurors. « Mais tous les deux, parce que tu as eu l'intelligence de me rappeler que j'étais capable de réflexion et pas seulement de brutalité, nous explorons une autre facette de l’alchimie ici. Il y a tant à faire … Les moldus font avancer leurs sciences à grands pas, mais j’ai cruellement manqué d’antidouleurs sans accoutumance. A Sainte-Mangouste non plus, on ne réussissait pas efficacité et arrêt rapide. » Il est heureux de dévoiler quelque chose, plus vite que prévu, l’alcool lui fait oublier que ses recherches ne sont pas approfondies. « Mais je crois qu’il est trop tard, et que nous ne sommes plus en bon état pour réformer les bases de l’alchimie. Je devrais rentrer pendant que je le peux encore. Et toi aussi, d’ailleurs. »

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