particularité : (fourchelang) s'entretient régulièrement avec Eileen, son serpent de compagnie jalousant les femmes de son entourage -- (toxique) tendance à nourrir une obsession malsaine voire morbide envers l'être aimé
(ϟϟ) Sujet: Du contrat social (Atlas) Jeu 28 Mai - 22:33
Du contrat social
A gentleman is simply a patient wolf
A travers les vitres opaques perçaient les derniers rayons du soleil, soubresauts faiblards d’une lumière se mourant sous le dais sombre d’un soir de juillet. Les quidams écumant les lieux ne prêtèrent guère attention à cette survivance timide, toisant à peine le soleil mourant du dehors, tout entiers tournés vers les conversations guindées brûlant les lippes entre deux verres. La langue verbeuse, parfois crue - de celles suggérant que seule l’élite mâle se traînait en ces lieux - , levait d’interminables laïus ou de brèves boutades. Le Merlin’s Gentlemen’s Club avait bien cela d’étrange qu’il abritait dans sa niche des hommes de tout bord politique confondu, pourvu qu’ils aient le sang-pur et le désir d’étoffer leur réseau. Amos ne dérogeait pas à la règle, usant d’une rhétorique jamais gourmée mais pertinente, tentant d’émousser les aspects misérables de son noble patronyme. Ce fut donc entre deux verres que son oeil curieux roula sur une silhouette familière engoncée dans un fauteuil de cuir ; Atlas Flamel - dont le nom portait les promesses proverbiales d’une mort vaincue - portait sur lui toute l’élégance imputée à sa réputation, drapé dans une sérénité pleine. Ce fameux beau-frère donc, que le jeune Gaunt n’avait jusqu’ici estimé qu’au détour de brèves conversations polies, et qu’il se devait de connaître plus encore. Sans prétention aucune, ni amicale ni intéressée, Amos s’avança vers lui et, comme il posa son verre sur la table basse séparant les deux hommes, prit place face à ce dernier. « Atlas Flamel, c'est bien cela ? » Sous la pupille brillant d’une sagacité certaine se creusaient des cernes attisant brièvement l’attention du jeune Gaunt. « Je suis Amos Gaunt. Présentement et depuis peu, le fiancé de votre jeune soeur. » Et lorsqu’il parlait, sans morgue et sans suffisance en dépit d’un aplomb certain, Amos présentait naturellement la disposition de leurs relations. N’ayant crainte ni du jugement du Flamel - puisque le nom des Gaunt, bien que pur, suscitait bien des appréhensions - ni de ses avertissements éventuels, il portait sur lui cette allure assurée mais bienséante (qu’elle fut véridique ou faussée).
particularité : (fourchelang) s'entretient régulièrement avec Eileen, son serpent de compagnie jalousant les femmes de son entourage -- (toxique) tendance à nourrir une obsession malsaine voire morbide envers l'être aimé
(ϟϟ) Sujet: Re: Du contrat social (Atlas) Ven 5 Juin - 17:42
Du contrat social
A GENTLEMAN IS SIMPLY A PATIENT WOLF
La bienséance sociale se targuait volontiers de fabuleuses entorses qu’étaient l’hypocrisie et l’emphase, sous prétexte que leur utilité demeurait profitable. Ainsi la poignée de main des deux hommes, cordiale dans leur approche mais tranchée dans la franchise, précéda les sourires de circonstance. Le rictus qu’arbora Amos différait de ses grimaces habituelles, toujours fardées de sadisme ou d’insolence. Il offrit à son vis-à-vis un sourire poli qu’il espéra naturel et, puisque les hostilités déguisées étaient lancées, s’engonça dans un fauteuil. D’ici, Amos pouvait tout à loisir rendre l’oeillade curieuse de son interlocuteur ; de près, Atlas irradiait d’une certaine quiétude un peu lasse mais pas moins charismatique. Une bienveillance certaine émanait de cet homme en dépit de leurs discordances pouvant susciter des tensions, et en cela cultivait la ressemblance avec sa jeune soeur. Amos chercha par ailleurs quelques caractéristiques familières qu'il débusqua sans grand peine ; la finesse des traits, les pommettes saillantes, les mimiques similaires. Atlas différait néanmoins de sa jeune soeur dans sa prestance évidemment plus écrasante, tel un chêne ancrant profondément ses racines. Lorsque les deux hommes eurent achevé leurs auscultations respectives, Amos s’entendit répondre « De même. » à l’objection polie d’Atlas. La comédie sociale se mettait en route, fardée de trop de déférence pour percevoir la sincérité de leurs pensées. Pour autant, Amos ne s’était guère mis en tête de s’en faire un ennemi ; le blason Flamel n’avait jamais eu de cesse de piquer sa curiosité.
« Je crains que vous n’ayez fait une trop forte impression sur Moon pour qu’elle dresse un portrait fidèle de votre personne. » La sincérité éclairée d’Atlas ne le fit pas douter ; le beau-frère ne semblait guère l’affubler d’un procès d’intention. Amos arqua néanmoins un sourcil de surprise tant la réplique, dépourvue de sermons, fut déroutante. L’héritier Flamel aurait pu à loisir haranguer son vis-à-vis d’autant de réprimandes comme d’exhortations à respecter sa jeune soeur (n’était-ce pas ce que le stéréotype du frère protecteur enjoignait à faire ?), mais préféra user d’une sagacité certaine. « Ah, laissez-moi deviner. Je suis un monstre qui la malmène. Du pain, de l’eau et de la vertu. » Quelques mots poussifs pour mieux forcer les traits d’une vie austère imposée à la jeune vierge. « Je dois admettre que je n’ai pas le caractère affable mais Moon est libre de ses mouvements comme de ses amours. Tant qu’elle n’engendre pas un bâtard, bien sûr. Mais vous conviendrez que c’était là l’enjeu du mariage : unir nos familles et engendrer une descendance. » Et lorsqu’il parlait, son regard ne cessa de couler vers l’ouvrage échu des mains du lecteur. Bien vite, Amos changea de sujet, piqué par une autre curiosité : « Les animagus, vraiment ? J’imagine qu’il est plus aisé de lire ce genre de livre en société. Il est vrai qu’un ouvrage de magie noire fait toujours vibrer les nuques et les langues des commères. » Moue de connivence, comme une grimace désolée. Il continua sa diatribe, visiblement envieux d’amorcer un tout autre sujet : « J’ai, pour ma part, une fascination pour la nécromancie. Je m’y exerce, par ailleurs. Mais rien qui ne soit comparable aux talents des Flamel, j’en ai peur. » Ses palabres prenaient à présent la teinte vive de la sincérité, bousculée par une curiosité sournoise, dévorante.