particularité : (fourchelang) s'entretient régulièrement avec Eileen, son serpent de compagnie jalousant les femmes de son entourage -- (toxique) tendance à nourrir une obsession malsaine voire morbide envers l'être aimé
I only sleep with people I love, which is why I have insomnia.
Puisque, par les temps qui courent, il ne subsiste plus de principe sain. Puisque la liberté est aujourd’hui dérisoire, noyée dans du vin frelaté. Puisque la chaleur moite de la maison close embaume son esprit comme ceux des clients, puisque les parfums des catins chamboulent le monde, puisque les chalands s’époumonent de rires et se repaissent de chair, il n’existe guère plus prolifique que ses psychotropes vendus sous le manteau. Le seul marché qu’Amos concède réside dans ses potions et autres pilules magiques ; concoctées par ses soins méticuleux, elles se targuent d’endormir les consciences comme de les manipuler. Alors dans l’attente de fidèles convoitant les hallucinations démentielles qu’il consent bien à leur vendre, Amos s’adosse contre le comptoir, un port de tête altier, un faciès fendu d’un sourire narquois. Ah et quel faciès ! La beauté d’un ange qui se pare d’un couteau. Son évidente jeunesse incite les nouveaux clients à tenter quelque négociation qu’il réfute derechef ; bien assez tôt, l’on devine chez le jeune Gaunt une naïveté dépouillée. Il a le regard narquois comme les sourire cruels, convoitant la clientèle des catins avec lesquelles il échange, chahute, badine. Leurs rires cristallins se brisent parfois avec trop d’ardeur contre les murs ; pour elles qui vivent dans un monde d’hommes, exister est primordial. Alors elles vocifèrent de rires s’il le faut, chaloupent les hanches, convoitent de temps à autres la came du jeune Gaunt. Un peu de poudre dans le nez, de drogue liquide sous la langue, d’illusions injectées dans les veines. Ce soir, il le sait, Amos emplira sa bourse de gallions. Là où les clients la désempliront, crachant autant de monnaie dans sa poche que de marées dans le ventre des putains.
Son regard semble épingler et torturer le monde ; il a la pupille qui déborde de vipères. Chacune pourvue d’une vicissitude bien distincte. Ainsi et lorsque ses yeux de suie dardent la nouvelle arrivante qui lui est familière, il a la lippe qui s’étire en un rictus goguenard. C’est d’un pas assuré qu’il s’avance vers sa cousine, conscient bien sûr de ce qu’elle vint ici chercher. Joueur, le jeune homme lui clame quelques vers comme il pénètre son regard - qu’elle a fort joli - de ses pupilles inquisitrices. « Par ta bouche, tatoue-moi de baisers. Le rouge plaisir au sang est en point de brûler. » Il s’amuse, c’est indéniable. N’ignore guère qu’elle répondra par les mêmes raisonnances. « Bien le bonsoir cousine. Combien pour une nuit ? » Amos n’a ni le mépris ni le dégoût en étendard. Il l’accueille au contraire dans cette humeur folâtre et taquine. Ce soir, Amos est d’un bon tempérament.
Elle ne tient plus en place Iris. Elle tremble. Son cœur lui fait mal à battre trop fort dans sa poitrine. Et puis il y a son crâne que l'on martèle de l'intérieur. L'impression qu'on essaie de l'abattre, de la mettre à terre. Ca fait trois jours que cela dure. Trois jours qu'elle souffre le martyr. Elle n'a pas réussi à sortir de sa chambre. Elle est restée plongée dans le noir, à attendre patiemment que le sommeil l'emporte ou que la mort vienne la chercher, mais rien. Ses insomnies sont plus violentes qu'habituellement, et elles sont là, les ombres qui tournoient autour d'elle, ces spectres qui viennent la hanter pour ne lui laisser aucune seconde de répit. Elle s'est faite porter pâle au travail, ça ne lui est jamais arrivé auparavant. Mais elle a tout essayé. Aucun sortilège, aucun traitement n'a pu guérir son mal. Elle sait que c'est son esprit qui lui joue des mauvais tours, que c'est son âme qui brûle à petit feu. Maudite malédiction qui s'est abattue sur sa famille, sur elle. Ce soir, n'y tenant plus, elle a cédé. Elle a craqué. Avant de se fracasser le crâne contre le mur de sa chambre elle s'est dit qu'elle devait tout tenter. Elle a enfilé une robe, un manteau et elle est sortie dans la nuit noire. Elle déambule dans les rues, à la recherche de son sauveur. Parce qu'il n'y a que lui qui puisse l'aider avec ça. Il n'y a qu'Amos. Amos et ses substances miracles. Elle sait où il se trouve, n'a même pas besoin de faire un détour par chez lui pour savoir qu'il ne s'y trouve pas. Il est au fol'opium, elle en a l'intime conviction. Elle déteste cet endroit, qui grouille de vermines, de moldus parfois, de sang-de-bourbe. Elle hait cet endroit qui sent la sueur et la chatte en chaleur, mais elle n'a pas le choix.
Elle pousse les portes du club, instantanément les regards se posent sur elle. Evidemment, elle attire tous les regards. Parce qu'elle est plus jolie que toutes les autres, plus sophistiquée, plus classe.Même les cheveux en bataille et le visage marqué par les cernes, elle les écrase toutes, sa prestance l'emporte toujours. Elle reste quelques secondes à l'entrée, cherchant du regard l'homme tant convoité. Et là le soulagement, elle le voit débarquer à ses côtés. « Par ta bouche, tatoue-moi de baisers. Le rouge plaisir au sang est en point de brûler. ». Elle esquisse un sourire amusé, et sans prendre la peine de réfléchir elle répond : « Par ta langue, survole-moi. Que mon palpitant ploie. » Vu de l'extérieur cette petite conversation peut paraître déplacée. Mais c'est son cousin, ils se connaissent depuis toujours. Plus rien ne la surprend venant de lui. « Bien le bonsoir cousine. Combien pour une nuit ? » Elle s'approche dangereusement de lui, l'une de ses mains glisse sur le torse du jeune homme, son regard se plante dans le sien, et dans un sourire carnassier elle répond : « C'est gratuit pour toi mon cher cousin. Toujours. ». Et sans attendre elle lui prend la main et l'entraîne vers le bar. Evidemment qu'elle plaisante, même s'il n'est pas rare de voir les membres d'une famille de sang pur se marier entre eux pour s'assurer de la bonne descendance de la lignée, il n'y a jamais eu de ça entre Amos et elle. Il est son cousin, le protégé de sa mère, et le sien aussi. Elle jette un coup d'oeil au barman et commande deux whiskys. Elle sait que cela n'aidera en rien sa situation, mais peut-être que cela pourra endormir durant quelques minutes la douleur qui la ronge. Elle s'est assise sur un tabouret haut, proche du beau jeune homme, elle le regarde et lui dit : « Ca recommence Amos. Plus violemment qu'habituellement ». Elle n'a pas besoin d'expliquer davantage, il sait très bien ce qui se passe pour elle. Ce n'est pas la première fois qu'elle vient le voir, mais il est vrai que lorsqu'elle le peut, elle évite de le contacter pour ce genre de choses. Alors qu'elle s'apprête à boire une gorgée de son verre ambré, elle voit une petite brune s'approcher d'une démarche pseudo féline en direction de son cousin. Avec vivacité et fermeté Iris lui saisit le poignet et susurre entre ses dents : « Si tu ne veux pas que ton corps finisse dans la benne à ordure, fais demi-tour ». La jeune femme ne demande pas son reste et déguerpit aussi vite qu'elle est arrivée. Iris soupire, se masse le crâne et demande au jeune Gaunt « Comment tu fais pour traîner ici ? C'est si... Malfamé. » Et elle boit sa première longue gorgée. Le liquide réchauffe son corps quelques instants et soulage sa peine quelques secondes.
particularité : (fourchelang) s'entretient régulièrement avec Eileen, son serpent de compagnie jalousant les femmes de son entourage -- (toxique) tendance à nourrir une obsession malsaine voire morbide envers l'être aimé
I only sleep with people I love, which is why I have insomnia.
Perle à ses lippes, qu’Iris a fort jolies, une concupiscence assurée comme elle ne tarde à lui répondre. Elle a le naturel vif, la hardiesse en étendard, se prend volontiers au jeu de son cousin à l’approche trop crue et licencieuse. Ce n’est pas tant la volupté latente s’éprenant de ses lèvres qui la chamboule, mais la houle de badauds fagotés d’inélégance se mouvant dans son espace. Car si les deux fortes têtes aiment à user de palabres envoûtantes, leur relation platonique scelle une réalité qui est bien autre que ce qu’ils donnent à voir : Amos comme Iris ne désirent s’épancher dans les draps ni dans les bras de l’autre. Mais jamais esseulés, lorsqu’ils sont ensemble. Le jeune homme néanmoins enorgueilli par sa réponse la congratule d’un clin d’oeil comme il se laisse convoyer vers le bar sans opposer de résistance. Les ventes ce soir sont suffisamment bénéfiques pour ainsi s’octroyer une pause ; c’est un soupir d’aise qui accompagne sa première gorgée de whisky. Mutique et serein, Amos porte à sa cousine une brève oeillade en biais ; ses pupilles terre de sienne se heurtent au dépit d’un minois fatigué. Il a, pourtant, l’habitude de convoler avec les traits lourds d’un éreintement cerclant les paupières. Mais l’accablement d’Iris est écrasant d’anxiété. Le mutisme ombrageux du jeune homme suscite dès lors quelques aveux : « Ca recommence Amos. Plus violemment qu'habituellement »
Le soupir se fracassant à la barrière de ses lèvres est lourd de dépit. Roulant ses yeux au plafond, Amos étanche sa soif d’une nouvelle gorgée. Il n’ignorait pourtant pas la venue intéressée de sa cousine parmi les putains et les camés ; Iris trie savamment ses fréquentations, ne s’exhorte à poser le pied que dans le faste des grandes occasions. Gaunt s’apprête à lui répondre lorsque la clameur de sa cousine l’interrompt d’un courroux cinglant. « Si tu ne veux pas que ton corps finisse dans la benne à ordure, fais demi-tour » « Iris ! » C’est dépité qu’il la rabroue, toisant la silhouette féline s’éloigner brusquement. Sans doute aurait-il volontiers aimé rompre ses lombaires. « Celle-là n’avait pas même la gueule d’une MST. » Le jeune homme déshérité de sa nuit de stupre grogne sa frustration dans un râle, puis rétorque avec autant de mécontentement : « Tu fais une magnifique chienne de garde, ton futur époux en sera fort jouasse. » Elle ignore ce feulement, se concentrant d’avantage sur la population miteuse des lieux tout en déplorant leur côté malfamé. « J’ai côtoyé les putes avant même de savoir lire les manuels d’anatomie féminine. » Il a les mots crus comme le sourire narquois. Devant la mine dégoûtée de la jeune femme, Amos renchérit d’amertume : « Tu parles à un Gaunt. » Parfois, il lui semble qu’elle l’oublie. Les Gaunt. Famille au sang pur, famille au sang frelaté par la consanguinité. Famille désunie, famille ruinée. Famille étranglée de violence et de stupre sale. Les catins comme les camés ne l’offusquent ni le révoltent. La crasse de leur misère a des airs de déjà-vu.
Enfin Amos recouvre un peu de son sérieux ; son faciès se strie d’un éclair ombrageux. Il pose ses avants-bras tout contre le comptoir du bar, s’y penche quelque peu. Et plonge son regard de suie dans les pupilles fatiguées de son vis-à-vis. « Raconte donc tes malheurs à ton cousin préféré. Que je vois ce que je peux faire. » Il a saisi les insomnies qui la jugulent et les morts qui la hantent. Mais il veut savoir depuis combien de temps, à quelle fréquence, et quels tumultes se jouent en son crâne. Qu’il affine en conséquence les psychotropes qu’il peut lui proposer.
Elle fixe un point au loin, ses longs doigts fins serrés autour de son verre. Elle fait abstraction des reproches de son cousin qui proteste pour la pute qu'elle vient d'envoyer balader. Il parvient à lui arracher un sourire lorsqu'il parle de MST, comme si elle le portait sur le visage. Iris susurre entre ses dents : « Tu me remercieras pour les morpions évités... ». Et puis il parle de mariage. Du sien. De celui qui n'existe toujours pas pour le plus grand désarroi de la Lestrange et de son père. Sa langue claque sur son palais, signe de son mécontentement tandis qu'elle donne un petit coup de poing dans le torse du garçon. Ce n'est pas l'histoire du chien de garde qui la pique, c'est cette allusion à son futur mari. Existe-t-il seulement ? Au fond d'elle, la jeune sorcière pense instantanément à Pluton mais... Mais rien n'est acquis pour le moment. Iris est sortie de ses pensées lorsque le jeune homme lui parle de sa famille, et des gens qu'il fréquente, qu'il connaît et qu'il comprend. Un voile de tristesse glisse sur le regard de la jeune femme tandis qu'elle attrape avec tendresse la main libre d'Amos. Bien sûr que les Gaunt ont une terrible réputation, bien sûr qu'ils sont mal vus, mais pas lui, pas son Amos. Il est différent des autres même si par moments, il justifie ses actions de part son nom de famille. Iris voudrait trouver les mots, mais elle sait que cela ne sert à rien. A chaque fois qu'ils ont cette conversation, ils n'arrivent pas à se mettre d'accord. C'est peine perdue. « Je parle à un Gaunt, mais pas à n'importe lequel. » Son ton est dur sans appel tandis qu'elle exerce une petite pression sur la main qu'elle tient. La demoiselle finit par le lâcher et boit une longue gorgée de whisky. La chaleur des lieux l'étouffe et ne cesse d'accentuer sa migraine. Les gens qui l'entourent l'oppressent et elle a la désagréable impression que les murs se resserrent autour d'elle. Elle a envie de fuir et rapidement, mais elle sait qu'Amos ne lui donnera pas son produit tant qu'il ne lui aura pas posé mille et une questions. Elle sait qu'il n'aime pas la fournir, mais elle sait qu'il continuera de le faire. Déjà parce que sa cousine paye bien, et ensuite parce qu'il ne veut pas qu'elle aille se fournir ailleurs. Amos est le seul en qui elle a réellement confiance, elle ne saurait pas vers qui d'autre se tourner, et sans doute se tournerait-elle vers les mauvaises personnes.
« Raconte donc tes malheurs à ton cousin préféré. Que je vois ce que je peux faire. » Elle le regarde avec reconnaissance mais aussi avec désespoir. Elle sait qu'elle va devoir trouver une autre solution pour régler son problème. Les produits d'Amos ne fonctionneront sans doute pas sur du long terme et Iris refuse de devenir accro à ce genre de produits. Elle soupire, passe une main sur son front humide. Sans doute a-t-elle de la fièvre, à moins qu'il ne s'agisse d'une des conséquences de la chaleur étouffante de la pièce. Elle se racle la gorge et finit par répondre à son cousin : « Trois jours. Trois jours que je reste plongée dans le noir, que je ne quitte pas ma chambre... » Sa voix se brise un instant. Elle se sent ridicule de se plaindre comme ça, elle a l'impression de se montrer faible, ce qu'elle n'est définitivement pas. « Je ne dors pas Amos. Morphée est là, tout autour de moi, mais il refuse de me prendre. » Elle baisse la tête et fixe son verre, qu'elle finit d'une seule traite. Elle fait signe au barman de leur resservir deux verres. Peut-être est-ce ça la solution ? Boire pour étouffer la douleur. Boire pour éteindre son cerveau. Boire pour oublier. Elle n'ose pas regarder son cousin, elle continue de parler cependant, le regard dans le vague : « J'ai l'impression qu'on me fracasse le crâne de l'intérieur, qu'on essaie de me bousiller, de me briser. » Elle sert ses poings autour de sa tête, cherchant à faire taire le vacarme, cherchant à tuer ce qui la ronge. Avec vivacité, elle se tourne vers Amos et achève : « J'ai même manqué le travail Amos ! » Et si cela peut paraître banal, quiconque connaît la Lestrange, sait que cela ne l'est pas ! Elle a son regard planté dans le sien, et elle le supplie en silence. Elle le supplie de lui venir en aide, parce que s'il ne le fait pas, elle n'est pas sûre d'y survivre.
particularité : (fourchelang) s'entretient régulièrement avec Eileen, son serpent de compagnie jalousant les femmes de son entourage -- (toxique) tendance à nourrir une obsession malsaine voire morbide envers l'être aimé
(ϟϟ) Sujet: Re: Insomnia (Iris) Lun 18 Mai - 22:14
Insomnia
I only sleep with people I love, which is why I have insomnia.
A trop se perdre ainsi dans les effusions sentimentales, mains qui s’échouent délicatement sur les siennes, oeillades couvées, lèvres doucereuses, Amos se questionne parfois sur les raisons du célibat de la jeune Iris. Certes elle a pour elle quelques fêlures écorchant son apparence trop propre telle une ambition dérangeante voire un orgueil infect, mais rien qui ne soit finalement si inusuel pour une sorcière de bonne famille. Et bien sûr qu’Iris exècre ces rustres qui vous bousculent de leurs peaux d’impurs sans une bienséance à la lippe, évidemment, qu’elle haït les prolétaires. Mais encore une fois, Iris ne fait nullement défaut au rang qui l’incombe. Et pourtant la voilà ce soir, prompte à affronter la houle de badauds pour un peu de came que Amos rechigne à lui vendre. Le jeune Gaunt a toujours soigneusement évité de fournir en hallucinogènes les jolies femmes ; à trop s’intoxiquer, leurs beautés s’étiolent, leurs peaux lisses se fanent et leurs âmes se ternissent. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Amos répugne à maculer ses veines de la drogue qu’il vend aux camés ; il n’ignore pas que son apparence est belle, quand son âme elle s’enlaidit. Un don qu’il s’évertue à polir tant qu’il ne trouvera pas femme pour lui offrir progéniture. « Trois jours. Trois jours que je reste plongée dans le noir, que je ne quitte pas ma chambre... » Trois jours, voilà qui demeure beaucoup. Mais l’insomniaque comprend ; ses yeux portent eux-même les marbrures bleutées sur la paupière inférieure, marquage inhérent à celui qui ne dort pas. Taciturne, ses yeux vrillent sur le verre qu’Iris boit d’une longue gorgée, pupille qui n’est pas inquisitrice sinon inquiète. La jeune femme s’épanche d’avantage dans sa pleine douleur, le front moite, les mains tremblantes. Iris a perdu de sa superbe le temps de lui conter ses démons. « J'ai même manqué le travail Amos ! » « Par Merlin, c’est donc plus grave encore que ce que je ne pensais. » La langue est taquine et tente par quelques subterfuges obsolètes de la faire rire, sinon de l’alléger. Le sourire s’émousse néanmoins sous le verre nouveau que le barman tend à Iris. « Tu as une sacrée descente. » Premier constat d’un timbre réprobateur, lorsqu’enfin Amos pose un coude sur le comptoir supportant son menton. Le jeune homme soupire, mime quelques réflexions factices, plisse le nez sous des pensées fantômes, puis rétorque de son plus beau mensonge : « J’avais bien quelque chose en stock, mélange de sédatif et d’aphrodisiaque, mais tu te doutes bien que j’ai tout vendu ce soir. » Embrassant la pièce de ses yeux fauves - et désignant ainsi, taciturne, un bordel aux odeurs nauséabondes d’alcool et de lubricité - Amos reprend sans flancher. « Tu veux un vrai conseil, Iris ? Va voir un psychomage. » Sainte-Mangouste qui se fout de la charité. Il soutient pourtant derechef : « Entre nous, c’est trop tard pour moi. Mais toi, tu as un boulot digne, tu ne fréquentes pas les putes, tu sais te tenir en public sans menacer quiconque de leur scalper le visage pour en faire des abats-jours, et les seuls animaux de compagnie que tu possèdes sont les hommes que tu pourrais aisément balader en laisse. » Le jeune homme se redresse puis, de sa pupille flamboyant de détermination, la toise d’une fermeté certaine. « Ne gâche pas tout, Iris. » La main se saisit du verre nouvellement commandée par la jeune fille, la privant ainsi de son breuvage d’un geste qui se veut protecteur mais ne reflète pourtant que toute la prévalence patriarcale et phallique de cette société n’accordant que bien peu de droits aux femmes. « Essaie le sexe, tiens, c’est plein d’endorphines. » La pupille du jeune Gaunt s’est dérobée ailleurs ; absente, elle s’est perdue sur les meubles emplis de bouteilles habillant les murs du bar. Mais plus encore, sur ce conseil presque avisé, Amos lui susurre essentiellement une recommandation pénible : Trouve-toi un époux, et trouve donc ta place.
Elle parle Iris. Pour une fois elle parle et elle se livre. Elle ne joue pas, elle ne ment pas. Pas de ruse, pas de tricherie, pas de faux-semblant. Et elle a l'impression qu'Amos l'écoute avec attention, qu'il la comprend. Elle sait qu'il la comprend, elle peut lire sur son visage les mêmes marques qui couvrent aussi le sien. La seule différence entre lui et elle, c'est qu'il a pris l'habitude de vivre avec ses insomnies. Il arrive à les gérer, ou du moins à continuer à vivre avec. Peut-être n'a-t-il pas les tambourinements incessants qui tentent de fracturer son esprit ? Elle se sent apaisée l'espace de quelques secondes. Elle se sent libérée d'un poids. Il est la seule personne à qui elle arrive à livrer ses maux. Le dire à voix haute, poser des mots dessus, c'est s'enlever une épine qu'elle a dans le cœur. Elle le voit l'observer, la mine sérieuse, et elle se dit qu'il va abréger ses souffrances, au moins pour ce soir. Elle sourit faiblement lorsqu'il plaisante à propos de son travail. Il fait toujours ça Amos. Il essaie de détendre l’atmosphère et puis après il lui donne ce dont elle a besoin.
Mais pas ce soir. Non ce soir le jeune homme semble en avoir décidé autrement. Penser qu'il lui donnerait ses drogues aussi facilement c'est mal connaître le jeune Gaunt. « Tu as une sacrée descente. » Le ton est réprobateur tout comme le regard. Elle fronce les sourcils et le fixe. Elle n'est pas là pour avoir une leçon de morale, et il est très mal placé pour le faire. Mais elle laisse passer, elle se dit qu'il s'inquiète juste pour elle. La chaleur continue de l'étouffer et elle sent peu à peu ses pensées s'embuer. Elle ne tiendra pas des heures dans cet endroit sordide. Elle perd patience lorsqu'il tente de lui faire croire qu'il n'a plus rien. Ca l'agace, mais elle ne peut rien dire. Si elle s'emporte, il l'enverra promener. Elle le regarde observer la salle et ça la rend dingue. Elle n'a pas envie de jouer, pas ce soir. Comment ne peut-il pas le comprendre ? Comment ne peut-il pas se rendre compte qu'elle vient d'atteindre un point de non retour. Les bouffées de chaleur se font plus fréquentes et insistantes. Elle enlève sa veste qu'elle pose sur elle, laissant apparaître ses épaules dénudées qui ne soutiennent qu'une légère robe. La première remarque acide se fait entendre : « Tu veux un vrai conseil, Iris ? Va voir un psychomage. » Son regard vacille et se bloque sur le jeune homme. Sa langue claque contre son palais. Est-il sérieux ? Que croit-il ? Que ce n'est que dans sa tête ? Les douleurs sont là, elle les ressent, elle ne ment pas. Elle n'est pas... Folle. La Lestrange prend sur elle pour ne pas lui jeter son fiel au visage, ses mains se crispent légèrement autour de son verre mais pour une fois, elle tient sa langue. Il lui fait son laïus qui dans d'autres circonstances aurait sans doute pu la toucher, mais là, à cet instant précis elle ne veut pas entendre ça. Elle ne veut pas entendre qu'elle est – ou peut être – quelqu'un de bien. « Ne gâche pas tout, Iris. » Elle sent l'agacement pointer le bout de son nez et n'y parvenant plus, finit par lâcher, désabusée : « Epargne-moi tes grands discours Amos. Si j'avais besoin d'une lecture, je me serais tournée vers mon père. » Un léger sourire ironique pointe aux coins de ses lèvres mais fane dès l'instant où Amos la prive de son verre. Son seul remède – éphémère – et actuel vient de lui échapper. La colère gonfle peu à peu en elle tandis qu'elle sent les muscles de son corps se crisper. « Essaie le sexe, tiens, c’est plein d’endorphines. ». Iris se fige quelques instants. Assimilant pleinement les paroles de son cousin. Sous la plaisanterie se cache une réalité glaçante. Il est comme tous les autres. Il pense que la femme n'a rien à dire, qu'elle ne vit qu'au travers du bonheur et de l'existence de l'homme. Son cœur s'accélère et elle doit se contenir pour ne pas lui jeter un sort sur le champs. Il est son cousin. C'est ce qui le sauve dans l'instant.
Elle l'observe regarder la salle comme s'il en avait marre de sa présence et de cette discussion. Et ça la rend dingue la briseuse de sorts, ça la rend dingue. La chaleur n'aide en rien. Rien ne parvient à libérer son esprit. Elle ne réfléchit plus vraiment l'enfant déchue. Elle penche son corps vers lui et pose une main sur sa cuisse. Sans doute surpris par ce contact Amos la regarde. Les pupilles carnassières d'Iris s'accrochent à celles du jeune Gaunt tandis qu'elle continue de se rapprocher de lui. Sa main remonte sur sa cuisse et elle murmure suavement : « Ah oui ? As-tu déjà administré toi-même ce remède ? Es-tu sûr qu'il est efficace ? » Elle ne détache pas son regard du sien, se mordille la lèvre inférieure tandis que sa main continue de monter jusqu'à effleurer le membre viril de son cousin. Elle pose son front contre le sien et poursuit : « Tu veux bien m'aider Amos ? Je souffre tellement... ». Et alors que sa main se fait plus pressante, l'autre vient violemment s'abattre sur la joue de son cousin. Iris se redresse, le fusille du regard et d'une voix sèche et autoritaire assène : « Ne me parle plus jamais comme cela Amos. N'oublie pas qui tu es, n'oublie pas ce que ma mère a fait pour toi, ce que j'ai fait pour toi. C'est la première et dernière fois que tu me compares à une vulgaire potiche juste bonne à pondre des gosses. » Elle se lève de son tabouret, récupère sa veste et achève : « Tu peux baiser toutes les putes que tu veux, mourir de la syphilis dans un coin, j'irai me fournir ailleurs ». Elle lui tourne alors le dos et commence à se diriger d'un pas légèrement chancellant en direction de la sortie.
particularité : (fourchelang) s'entretient régulièrement avec Eileen, son serpent de compagnie jalousant les femmes de son entourage -- (toxique) tendance à nourrir une obsession malsaine voire morbide envers l'être aimé
(ϟϟ) Sujet: Re: Insomnia (Iris) Jeu 21 Mai - 14:36
Insomnia
I only sleep with people I love, which is why I have insomnia.
L’atmosphère s’est plombée de leurs tensions mesquines ; quelques palabres indélicates ont perlé sur les lèvres du jeune Gaunt dont l’impertinence est proverbiale. Sa muflerie s’échoue tout contre la houle colérique de la cousine, monceaux de verre pilé fissurant la fierté féminine. Puisqu’Iris se braque, se tend, avive sa pupille d’une lueur prétendument séductrice. Elle ne dupera pourtant guère Amos ni ne le mènera à ses charmes ; les commères prétendent à tort que ses vices le perdent dans les bras de n’importe quelle putain. Sans doute est-ce l’ennui ou le dépit crasses qui les enjoint à tant de préjugés aisément accessibles aux esprits simplets. Le serpent a ses préférences comme ses exigences et ne saurait s’octroyer de plaisir dans les bras de celles qu’il méprise. Condescendance dans le regard ; Amos aime à épingler le monde de sa pupille pleine de morgue. Il porte sur lui le parfum des poisons qui vous chamboulent et ne saurait prendre pour amante qu’une femme de même impertinence. Sourcilleux, jusque dans le lit. N’en déplaise aux commères dépourvues de sens critique. « Ah oui ? As-tu déjà administré toi-même ce remède ? Es-tu sûr qu'il est efficace ? » D’un soupir il l’ignore, portant son breuvage aux lèvres. Qu’est-ce donc que cette susceptibilité absurde face à ses conseils avisés ? Amos porte dès lors sur lui le mutisme condescendant, peu enclin à dégoiser d’autres préconisations face à la morveuse qui se prétend femme. Ingrate petite sotte.
Amos a la mâchoire qui se crispe, une ire brûlant dans l’âtre de son âme comme elle s’enhardit entre ses cuisses. D’un geste brut, l’homme la repousse. Réflexe qui se solde par un autre ; la main de la gamine s’abat sur son visage. Ses doigts dès lors blanchissent sous la colère comme il se rétractent brusquement. Amos a l’instinct mordant, la brutalité aux tripes, l’envie farouche d’abattre son poing sur la pommette de l’ingrate. Ce sont les yeux des badauds curieux qui l’en empêchent et jugulent sa mécanique belliqueuse, puisque le dealer ne saurait perdre son sang froid en ce territoire qui demeure sien. Alors il la laisse dégoiser ses insanités, elle qui se persuade de la grande mansuétude de sa famille. Elle qui n’a jamais rien fait pour lui mais lui crache le contraire. Ses égarements sont plus graves qu’il ne le songeait, et ce n’est pourtant plus son affaire ; en cet instant pugnace, Amos se contrefout des petits malheurs de la Lestrange.
Enfin elle se lève comme elle s’empare de ses effets. Ayant parachevé son laïus de démence et lui laissant l’opportunité de parler enfin : « Tu dérailles complètement, cousine. » Il a craché ce mot tel le venin d’une vipère. « Tu n’as jamais rien fait pour moi, tu n’as jamais rien fait pour personne. Parce que tu n’es qu’une peste et parce que ta solitude te pèse tellement que tu t’inventes des histoires pour survivre. » La femme tourne les talons sous la voix glacée et glaçante du jeune homme. Le regard s’est figé sur son dos, à lui en brûler les omoplates. Sourire aux lèvres, il l’interpelle comme elle s’éloigne : « Même Pluton Flamel n’est pas dupe. » Timbre amusé qui s’élève, fend la cacophonie des lieux pour mieux la percuter : « Passe une bonne nuit, que de doux rêves t'accompagnent ! » Ignoble quidam à la mine enjouée. Amos détourne derechef son regard sans regret ni remord à son âme, embrassant les lieux à la recherche de son amante qu’il rejoindra bientôt pour la nuit.
