A snake in the grass -- TW

novembre 1887. naissance de Amos Gaunt. Il sera dores et déjà promis à sa cousine, Aelish Gaunt 1898 à 1905. Intègre les bancs de Poudlard sous l'égide de Serpentard. C'est à quinze ans qu'il entame une relation amoureuse avec une prostituée prénommée Yulia, de quatre ans son aînée. mai 1905. Forcé et contraint par les patriarches de la famille, il consomme ses fiançailles avec sa cousine avant même de lui avoir mis la bague au doigt. novembre 1905. Amos met sa cousine enceinte. Secret farouchement gardé par la concernée. Aelish mettra au monde un enfant malformé du fait de la consanguinité et sera sommée de l'achever à la naissance.  janvier 1906. Mû par son obsession amoureuse et ses instabilités, Amos enlève Yulia puis s'établit à Londres avec elle. Il devient apprenti potionniste à Sainte Mangouste année 1906. Du fait de ses débordements, Amos a rompu les liens avec sa famille. Persuadé de vivre un amour fusionnel avec Yulia, Amos déforme malgré lui la réalité. Il séquestre et viole la jeune femme, possessif et amoureux jusqu'au bout des ongles. Ses instabilités mentales le poussent à croire qu'il vit une histoire consentante et fusionnelle. Yulia, pourtant malheureuse et apeurée, a perdu pour lui tout sentiment. décembre 1906. Mort de Yulia par strangulation. Sa jolie nuque est aussi rompue que le coeur de son soupirant persuadé d'être son assassin. Le meurtrier n'est autre que son serpent, Eileen. Janvier 1907. Amos abandonne son avenir de potionniste et se lance dans la conception de drogues magiques. Par truchement, il intègre le marché noir.  Entre temps, il a repris contact avec sa famille et les liens se sont réchauffés. Février 1908. Amos consent à terminer son deuil et entreprend les démarches nécessaires afin de se trouver une femme de sang-pur et assurer sa descendance. Ses finances dues au marché noir grossissent considérablement Mai 1908. Rencontre Victoire De Cransac. Délicate sang-pur aux racines françaises. Juin 1909. Mariage de Amos Gaunt et Victoire De Cransac. Il s'agit d'une alliance intéressée. L'amour est mort dans l'oeuf. Juillet 1909. Fait la rencontre de Amarante Kirchner. Sorcière intrigante au sang pur. Ils deviendront amants passionnels. Septembre 1911. Départ d'Amarante pour l'Allemagne, Amos n'aura d'elle plus aucune nouvelle. Octobre 1911. Décès de Victoire. Amos affirme qu'elle décéda de la dragoncelle, invoquant ainsi l'utilité d'un cercueil scellé. Janvier 1912. Se lance à corps perdu dans les sciences occultes, mû par l'idée folle de ramener les morts à la vie. Cette même année, Amos décide de se rallier à la confédération sorcière. 1914 La Première Guerre Mondiale éclate. Amos ne s'en émeut pas outre mesure. Avril 1914 Fiançailles avec Moon Flamel. Août 1914 Rupture des fiançailles, du fait de ses infidélités. Amarante Kirchner revient à Londres et retrouve une place dans sa vie.

I. YULIA

1898 ~ « Eileen ! » Le pas gronde, la voix tonne. Du haut de ses onze ans, le petit s'époumone et déambule dans les couloirs dédaléens du manoir. « Eileen ! » Il court, réitère son appel en vain. Seule l'impatience jugule sa peine et musèle son excitation. A mesure de son odyssée dans les lieux désertiques, Amos sent le parfum douceâtre des vieux intérieurs irlandais mêlé à la sueur concupiscente venant d'en bas. Le rez-de-chaussé s'est animé, lui renvoie en écho les rires dévorant des gorges féminines déployées. Elles avalent son inquiétude à grand renfort de mépris qui s'ignore, quand la poussière échappée de la moquette à motifs blasonnés couvrant tout, depuis les couloirs jusqu'aux marches des escaliers sans en atténuer les affreux grincements, le fait éternuer. D'une main ferme, presque autoritaire, Amos ouvre à la volée la porte sur une chambre qui n'est pas la sienne. « Shibahn, as-tu vu Eileen ? » Les yeux confus, la peau égratignée de lueurs grises et ternes, sa jeune soeur semble opiner du chef et lui désigner l'étage d'en-bas. Amos frissonne et hésite. La déglutition est difficile, sa gorge s'irrite sous son souffle trouble qui lui fend la poitrine. En bas s'érige le père, puissant dans la tourmente qu'il inflige à sa couvée. Inconscient, Amos se lance finalement dans sa périlleuse épopée ; il descend les escaliers à pas de félin, retient son souffle à chaque craquement du bois qui travaille, se faufile vers le rez-de-chaussée abritant de pauvres âmes au rire mécanique et broyé. Une lourde fragrance agresse soudain ses narines, mélange de poudre, de transpiration et d'alcool. Des regards ploient vers lui, le cajolent et le couvent. Ils l'agressent pourtant, dans l'attention qu'il ne demande pas. Amos sent le courroux l'envahir alors même qu'il est accueilli par l'ardeur de la sororité ; les putains accourent vers lui puis minaudent. Elles le trouvent beau, ce petit. Avec ses cheveux épars, ses grands yeux bruns et sa moue grincheuse. Mais Amos n'est pas dupe et n'ignore guère que sous la douceur factice de ces colombes mièvres et apprêtées se nichent d'autres ardeurs. Elles sont brutales par leur beauté, féroces dans leurs sexualités. Un peu de violence, lorsqu'elles écartent les cuisses, une lueur de lionne dans l'arceau de leurs pupilles. Leur ingénuité n'est qu'illusion puisqu'elles ont compris depuis longtemps ce qui les raccrochait à la survie : baise ou crève. « Où est Eileen ? » Le gamin a osé questionner le père de sa voix ferme, à peine un tremblement en bord de lippes. Son regard coule sur cette silhouette massive lui tournant le dos puis se déverse sur cette très jeune fille fantomatique attisant la convoitise du patriarche. Elle relève son jupon froissé par de grands gestes brusques, révélant deux jambes blanches et fuselées. Yulia a quinze ans. Désapprouve l'intérêt de l'homme à son encontre mais s'évertue à sourire avant de happer de son grand regard bleu la silhouette interdite d'Amos. « Veux-tu nous rejoindre ? » Elle a la contenance rude, le port de tête altier mais ne peut réprimer ce désespoir résigné, le dégoût du métier, le souvenir poignant des mauvais jours sans pain. Quand le regard du jeune garçon flamboie en l'honneur de ce corsage et de cette gorge mutine. Emu de sa beauté, le garçon frissonne mais réitère. « Non. Où est Eileen ? » Le patriarche grogne alors de devoir subir le vacarme de son fils. Jusqu'ici somnolent et pacifique, il se mue en une bête terrible, des instincts de guerrier s'éveillant en cette créature assoupie. D'un poing trop véhément, le géniteur attrape le fils par le col, fracasse son crâne contre le mur, lui hurle des obscénités qu'Amos n'entend plus. Il lui semble que sa tête se retourne et que ses nerfs vont se fendre. Perdant peu à peu connaissance, une voix féminine le ranime. « Je meurs d'envie de vous rejoindre à l'étage. » La gamine s'est sacrifiée, minaude sa voix chaude à l'oreille du patriarche, l'enjoint à la suivre jusqu'à la couche. La poigne se relâche alors quand l'enfant tombe à terre dans un bruit lourd et disloqué. Et au loin, très loin, à moins que ce ne soit un rêve, il voit la silhouette diffuse de Yulia s'éloigner. Amos, si brave dans les moments pénibles, si lâche quand la survie le tenaille, ne pipe mot et gémit. C'est une grande gaupe à la taille rompue qui, affolée, s'approche et se défait du reptile qu'elle portait tel un collier autour de son cou. L'ire d'Amos s'époumone, s'agite et flamboie. « Attaque la. » Le fourchelang siffle dans un crachat de sang son injonction à Eileen, laquelle s'exécute et n'épargne guère sa victime. C'est elle, la fautive.


1906 ~ Et subitement, un remous s'était creusé dans le vide qu'était son coeur. Tombé amoureux d'une putain répondant au doux nom de Yulia, l'envie de bâtir ensemble leurs vies bouillonnait furieusement en eux. Les amants s'étaient éloignés de ce manoir des géhennes et avaient établi leur nid dans un appartement londonien. Amos avait même accepté, dans sa grande largesse du coeur, que cette sang-mêlée ne porte un jour son enfant. Puisque cet amour qu'il considérait comme hybride lui attribuait presque exclusivement les sentiments les plus vifs, les plus profonds, les plus pénibles même parfois, ainsi creusés dans son âme jadis en ruine et que le passé répugne. Las cependant, le temps fit son ouvrage ainsi que la folie de l'héritier Gaunt. Il retrouva un matin le corps inerte de Yulia dans son lit, la nuque brisée, le teint bleu. Amos avait beau toujours eu ce penchant pour le stupre et le sang, c'en était fait. Les limites de sa perfidie notoire prenaient fin ; il les avait diaboliquement exécutées même. Persuadé avoir étranglé sa promise dans la folie de son sommeil absent, ne se souvenant de rien mais regrettant tout, Amos pleura la seule femme qu'il eut aimé ainsi. Et au chevet du cadavre de la putain et de son soupirant endeuillé somnolait le véritable criminel ; Eileen reposait, satisfaite et indolente, tout contre sa suppliciée. Puisque portée par une insatiable jalousie, elle n'avait su se résigner à la présence de Yulia, se délectant d'avantage de sa nuque rompue que de ses moues câlines.


II. VICTOIRE

/!\ (En raison de passages violents, cet extrait est mis sous spoiler)

Spoiler:

III. HECATE

1912 ~ De ses intonations étranges qu'il avait répétées maintes fois, Amos avait invoqué la mort par dragoncelle de sa chère et tendre épouse. Le cerceuil fermé, d'aucuns n'aurait pu constater la difformité de ce buste autrefois joncé. Même apprêté et grimé, le cadavre demeurait laid, rendu disgracieux par sa violence, la bouche tordue, les lèvres blanches, Victoire n'était plus que l'ombre fugace d'une beauté évanouie. Ainsi Amos n'avait su que siffler ses mensonges aux endeuillés afin qu'ils ne puissent se pencher sur la dépouille et, bien que des doutes subsistaient quant à la sincérité du jeune veuf, on n'osa le désavouer tant sa voix gutturale et profonde, rauque et brute, paraissait surhumaine. L'affaire était donc close, mais l'appréhension de Amos grande ouverte. Parviendrait-il un jour à enfanter quelque descendance ? Victoire était-elle fautive, son ventre gangrené l'était-il vraiment ? Ou bien était-ce lui qui demeurait stérile ? Cet instant angoissé, Todd le remarqua. L'elfe s'approcha de son maître, persuadé que sa placidité n'était que le reflet d'une crainte endormie. Mais ce qu'il ignorait, c'était que ce silence dilatait en réalité ses inquiétudes. Elles s'étaient élargies sous ses lèvres mutiques, dilatées, elles excluaient quelconque réflexion lucide. « Todd remarque que le jeune maître est bien silencieux depuis quelques mois. Todd peut peut-être aider le jeune maître à aller mieux ? » Le jeune homme coula sur la créature un regard dépité qui se stria d'un éclair terrifiant. D'une voix alanguie, couplée par les sifflements retors de sa fidèle Eileen à ses côtés, il entama sa réponse d'une voix mielleuse. « Quelle délicate intention, Todd. Voyons. Que pourrais-tu faire pour moi ? » Lénifiant faussement sa réflexion, Amos simula l'affect, la considération voire l'affabilité. La douceur inusitée de son maître fit alors frémir l'esclave qui couina de remords, s'étouffant soudain sous la main ferme lui empoignant le cou. Furieux mais porté par une impérieuse assurance, Amos s'était levé, secouant la créature muée en une poupée de chiffon. « Tu souhaites faire quelque chose pour moi, c'est cela ? C'est cela ? Arrête de couiner, Todd ! » Meurs donc, esclave. Crève donc dans la fosse, sous la main de l'insurgé. Son coeur est en feu, sa colère flamboie. Plus il crie, plus il le rudoie violemment. La vérité finit par engloutir ses lèvres. « Fais donc revenir Yulia et peut-être, peut-être ! Je te laisserai la vie sauve. » Todd s'étrangla sous la peur, tenta de se dérober aux mains de son jeune maître, serres d'oiseau de proie. Haletant et trop pâle, il ne se découragea point : « Todd peut beaucoup... monsieur... Mais Todd ne peut... faire revenir... les sorciers d'entre les...morts. » Interdit, Amos relâcha son emprise. Emporté par des convoitises abominables, des désirs cariés de non-sens, il s'imagina un instant Yulia revenir à la vie. Sans même s'imaginer l'emphase des conséquences qui pourraient ainsi être engendrées ; Yulia habitée par la mort, le corps purulent mais des monceaux de vie en elle. Une presque vie. Ambitieux, drapé dans son orgueil, Amos s'imaginait déjà dompter la mort et se lança derechef dans l'étude trouble de la nécromancie. Il n'y trouva jusqu'alors ni remèdes ni succès. N'apprit seulement que dans les cadavres des gens gras se nichent des larves de diptères, échoua à combattre la mort (Hécate, de son prénom. A trop la côtoyer, elle n'était plus une inconnue. Ainsi Amos l'affubla du nom de la déesse). Et échouera encore. Probablement jusqu'à sombrer dans la folie de son opiniâtreté.