sorbet citron (albus)

La clef passe dans la serrure de l’appartement silencieux et dont les rideaux sont fermés, signe que personne n’y est allé depuis un moment. La porte s’ouvre alors d’un coup d’épaule tandis que la métisse au chapeau assez haut et avec un colibri empalé dessus, semble porter de nombreuses choses dans ses bras. Quelque chose au sommet de la pile de sorbet au citron semble bouger. Bientôt, deux petites oreilles pointent et une petite tête de chat tabby émerge avant de prendre équilibre sur les boites de glace. Quand Florian Fantarome l’avait vue débarquer dans son magasin, elle n’avait pas eu grand-chose à dire. Il savait très bien qu’elle venait toujours avec deux choix, soit la glace au sorbet citron, soit le sorbet au Tayberry, seul endroit où on en trouvait.

(-Tout votre stock de sorbet citron et de sorbet Tayberry, s’il-vous-plaît, mon très cher Florian.
-Tout, vous êtes sûre ?
-Oui, j’ai une peine de cœur à noyer dans la glace.
-Dans ce cas, je vous mets de la glace au chocolat en plus.
-Vous êtes adorable.)

Il lui avait donc mis une boîte de glace au chocolat et c’était celle-là même que le chaton tentait de grimper en miaulant. Elle n’avait pas vraiment prémédité de rentrer dans l’animalerie du Chemin de Traverse, ni de se diriger vers la partie chatons et chats. C’était plus un coup de tête, le cœur triste et lourd. Quand son regard s’était posé sur le chaton qui essayait de jouer avec un de ses camarades d’une autre race, elle était immédiatement tombée amoureuse et l’avait embarqué avec elle. Probablement que le chaton avait senti qu’elle avait un égo de chatte car il semblait plus calme et prêt à toujours se blottir contre elle.

Elle ne savait pas encore comment elle allait l’appeler, mais elle cela lui donnait un peu de baume au cœur.

Minerva était revenue à Londres pour le travail mais depuis qu’elle s’était disputée avec Abelforth, elle ne pouvait revenir chez lui, trop en colère encore, trop triste aussi. Elle avait dormi le premier soir chez Lysander, mais se rendant compte qu’elle ne pourrait pas éternellement rester ici et s’imposer, elle avait décidé de revenir à l’appartement qu’elle avait toujours avec Albus. Quand elle avait repris possession des lieux, la veille, elle s’était rendue compte que son meilleur ami n’y était pas revenu depuis un moment. A vrai dire, ils ne s’étaient pas vus depuis un moment et Albus lui manquait beaucoup. Comprenant cependant qu’il avait un rôle à jouer, elle lui avait laissé la paix pour l’instant, le voyant déjà l’Ordre. Leur intimité cependant, lui manquait particulièrement et elle espérait qu’il passerait bientôt par ici. Elle avait aussi profité pour lui acheter un cadeau qu’elle lui donnerait quand elle le verrait. Broyant particulièrement du noir entre deux lignes de son prochain article, elle s’était endormie seule pour la première fois depuis plusieurs mois, l’étrange absence d’Abelforth lui pesant alors.

Peut-être était-ce alors ce silence et cette absence qui lui avait fait acheter le chaton, toujours était-il qu’elle se sentait un peu mieux quand bien même savait-elle qu’il ne s’agissait là pas d’une solution au problème qu’était devenu Abelforth Dumbledore.

« Ola, doucement mon petit. On va éviter de faire des acrobaties tout de suite. D’abord laisse-moi ranger tout ça. » dit-elle en rattrapant de justesse le chaton qui manqua de tomber de la pile de glace et sorbets ensorcelés.

Elle vient le mettre contre ses côtes avec une fermeté douce avant de tout déposer sur la table à manger. Le chaton se débattit un peu et la griffa mais elle ne le lâcha pas, venant du pouce l’apaiser en le caressant.

« Hé regarde, mon chaton. » lui dit-elle avant de pointer sa baguette sur la glace qui alla se ranger toute seule dans la cuisine. Cela sembla d’ailleurs captiver l’attention du chaton qui, elle le savait, aurait aimé courir et tenter d’attraper la glace.

Le déposant à terre, elle lui adressa un sourire presque gagatisant avant de souffler.

« Bon, voyons voir si tu tolères ma présence… »

Aussitôt, le monde change et devient celui d’une chatte.

Le ronron qui se fit entendre la pièce était bel et bien le mien. Mais le chaton venait de disparaitre dans la pièce, se cachant sous le canapé, ayant probablement eu peur de mon changement. Ce n’est pas la première fois que cela arrive à vrai dire. Je pense que les animaux même non magiques sont sensibles à la magie. Dans tous les cas, mes sens s’ajustèrent pour tenter de le trouver et mes moustaches m’informèrent qu’il commença à courir droit sur moi. Le laissant arriver, je me mis à ronronner.

Il est si beau, mon bébé.

Il se met d’ailleurs à sauter sur moi, petites griffes sorties et je me laisse rouler avec lui, ressentant subitement l’envie de jouer. Mon corps de chatte cogne une petite table et un vase tangue dangereusement… avant de s’exploser sur le sol prêt de nous. Nous sautons d’un même bond pour nous éloigner.

Oups.

Me reconcentrant sur le chaton, je vis qu’il sembla se mettre à jouer avec ma queue, sautant dessus. Amusée, je le laisse faire. Je crois que nous passons la prochaine demie heure à jouer et à retourner un peu l’appartement. Un oreiller se retrouve à l’autre bout de la pièce. Un cadre photo est renversé et la poussière remuée, sans parler du vase. C’est alors que j’entends des pas dans les escaliers et c’est ta présence que je reconnais immédiatement. Le chaton, lui, file comme une fusée sous le canapé, ayant peur tandis que la porte de l’appartement s’ouvre. C’est moi qui m’élance vers toi, prestement. Tu es seul et cela m’arrange. Je viens immédiatement me frotter à tes jambes pour t’accueillir.

Ton odeur m’a manquée.

« Bonjour mari. Tu m’as manqué. J’ai eu un bébé pendant ton absence. Viens, je vais te présenter notre bébé. » te dis-je. Je ne réalise pas vraiment que je te miaule dessus.

Non seulement la semaine a été un désastre, mais Florian Fantarome est à court de sorbet citron. Contenant sa déception, Albus Dumbledore rebrousse chemin, s’aventurant sans but dans les rues sorcières de Londres. Il a quitté Godric’s Hollow quelques heures plus tôt, recevant pour la toute première fois les conseils avisés de son frère et les écoutant. Le lien qui les uni s’est délié avec l’arrivée de Gellert et la disparition tragique d’Ariana. Contre toute attente, la proximité entre Abelforth et lui est reçue comme un cadeau de la part de son aîné, qui confie des peines enfouies depuis déjà trop longtemps. S’il quitte Abel plus léger après leur duel hebdomadaire et la confession partagée, son moral oscille encore et le glacier n’est pas là pour le consoler. Il songe un instant à rejoindre Nicolas, puis se remémore la lettre reçue quelques jours plus tôt. Terrifié à l’idée de devoir affronter les désirs de l’immortel, il passe près de son appartement et aperçoit une fenêtre ouverte. Minerva. Immédiatement, Dumbledore monte les marches qui conduisent jusqu'à la porte du bâtiment et l’ouvre d’un coup de baguette. Il s’infiltre dans le corridor et rejoint les lieux désertés il y a plusieurs semaines.

Un sourire lumineux étire ses lippes. Expression faciale qui lui avait autant manqué que le chat a ses pieds. Aussitôt, Albus se baisse et caresse l’animagus sous sa forme animale du bout de ses phalanges. S’il ne saisit pas les miaulements de cette dernière, il l’agrippe par le ventre et la prend dans ses bras, refermant la porte derrière lui d’un coup de tremble. “Tu m’as tellement manqué, chaton.” Elle se trimballe le même surnom depuis leurs jeunes années à Poudlard. Le sorcier ne se soucie pas des objets au sol et emporte l’écossaise jusqu’au canapé, la cajolant contre lui avec une joie qu’il ne peut contenir. Un rictus s’échappe de ses lèvres. “J’ai beau être légilimens, je ne comprends toujours pas le chat.” Il dépose un baiser fraternel sur sa fourrure avant d’y enfouir le nez. “Ne me quitte plus, Mina. Ton phénix a besoin de toi.” Les yeux d’Albus s’assombrissent, puis il remarque la boule de poils sous ses jambes. “Tu as ramené un autre chat ?” dit-il, taquin. Il étend le bras et le ramène aussi sur ses genoux avec la délicatesse d’un homme. Soupir soudain. “Je n’aurais pas pu rêver mieux de la part de mon épouse. Comment s'appelle-t-il ?” plaisante-t-il.

Enfin,
Minerva et Albus sont réunis.

L’esprit animal se fondant trop avec l’esprit humain, je ne saisis plus vraiment que je suis sous forme de chatte. Pour moi, c’est normal de te regarder par en bas. Tes chaussures cirées sont pleines de boue et je sens que tu as l’odeur de l’herbe. Je reconnais cette odeur, je crois. Elle m’est familière. Je l’ai déjà ressentie quelque part mais je n’arrive pas à mettre l’idée dessus…
Mes pattes décollent du sol et je me rends compte alors que tu ne pouvais décidément pas me répondre. Je me sens subitement idiote alors que je suis sous forme de chatte. L’oubli arrive de temps en temps, rien ne nouveau à cela. Possiblement mon état émotionnel fatigué aussi qui rentre en jeu. Je miaule un peu en sentant ta main d’homme sous mon ventre. Pas méchamment. C’est même plutôt appréciateur. Tu es un des rares qui a le droit de faire cela.
« Tu m’as tellement manqué, chaton. »
Toi aussi. Tu n’imagines pas, Albus.
Je vois le salon se dessiner sous mes yeux de chattes et je prends place sur tes genoux et tu peux entendre que je ronronne, te rendant la pareille quant à mon amour pour toi. Ma tête vient se frotter à tes phalanges pour demander des caresses. Ton contact est toujours un peu particulier. Je ferme un peu les yeux pour apprécier mais ne manque pas de voir que tu souris pleinement, heureux. Te voir joyeux me met un peu de baume au cœur.
« J’ai beau être légilimens, je ne comprends toujours pas le chat. »
Oups.

Peu à peu, sa forme humaine reprend et c’est sur ses genoux qu’elle se retrouve assise. Sa main vient se poser autour de ses épaules et elle vient déposer un léger baiser sur sa tempe, lui rendant son baiser fraternel.
« Ne me quitte plus, Mina. Ton phénix a besoin de toi. »
« Ta chatte aussi a besoin de toi, mon Phénix. » souffle-t-elle avant de caresser sa mâchoire.
Elle rit un peu, légèrement, innocemment, en remarquant la boule de poil qui s’excite sur les lacets des chaussures d’Albus.
« Tu as ramené un autre chat ? »
« Oui, j’avais besoin d’un peu de douceur et je suis tombée amoureuse de celui-ci. »
En réalité, Minerva a déjà eu un chat tabby, celui d’Artemisia qui le lui avait donné en cadeau pour son entrée à Poudlard. Il avait été un compagnon fidèle quoiqu’un brin paresseux. Minerva l’avait enterré sur le domaine des Scamander, le cœur lourd et lui promettant qu’il sera toujours le chat de son cœur. Minerva vient gratouiller la tête du chaton qui vient jouer avec les pans de la chemise d’Albus, l’adoptant naturellement.
« Je n’aurais pas pu rêver mieux de la part de mon épouse. Comment s'appelle-t-il ? »
Un fin sourire se dessine sur les lèvres de Minerva et son cœur se met à battre un peu plus rapidement en l’entendant l’appeler son épouse. Sourire complice sur les lèvres, elle répond :
« Il n’en a pas encore. Je pensais que nous pourrions chercher ensemble… » commença-t-elle. « C’est un petit mâle. »
Elle le caresse encore avant de se tourner vers Albus, toujours assise sur ses genoux. Puis, d’un mouvement, son corps se colle au sien pour venir le toucher. Ses bras se referment sur le Dumbledore et elle vient lui faire un câlin remplie de tendresse.
« Toi aussi tu m’as beaucoup manqué. » souffle-t-elle. Restant un moment dans ses bras, elle finit par se séparer un peu de lui et l’observer.
« J’ai dévalisé Florian Fantarôme pour refaire notre stock de glace. Tu restes avec moi ce soir ? » Elle le regarde avec des yeux presque implorants avant de s’approcher de son oreille et lui souffler comme un secret : « J’ai un cadeau pour toi. »

Il lui avait terriblement manqué et soudainement, Minerva McGonagall avait envie de pleurer dans ses bras. Sentir sa chaleur, sentir son odeur, c’était retrouver un peu d’elle-même. Elle n’avait pas oublié qu’il était si important dans sa vie. Elle se le rappelait simplement en cet instant si précieux et devenu trop rare. L’idée qu’il soit dans le manoir de Gellert lui faisait peur, non pas parce qu’elle éprouvait une quelconque jalousie à la situation, si Gellert n’avait pas été Gellert Grindelwald, elle aurait approuvé cette idée. Non, c’était plutôt parce qu’elle connaissait son meilleur ami et que le double jeu qu’il jouait le bouffait littéralement. Elle le savait. Elle le sentait. Elle le connaissait. « Que s’est-il passé ? Raconte-moi. »
Elle fait un non de la tête.
« Mmmh dispute de couple… » Elle se mord plus fort la lèvre pour ne pas succomber aux larmes. La dispute avec Abelforth l’avait plus touchée qu’elle ne voulait bien l’admettre. « Tu devrais simplement parler avec ton frère. J’aimerai t’en parler mais c’est à lui de le faire et je t’avoue que j’en ai marre d’être entre vous deux. »
Dans quelle position tu me mets, Abelforth ?
Lui parler d’Henry Potter ? Albus va encore devenir fou et elle ne peut pas le contrarier plus que cela.
« Mmmh » dit-elle en grimaçant. « Henry Potter m’a écrit une charmante lettre… C’est Abelforth qui l’a ouverte par erreur. Nous nous sommes aussi disputés à ce sujet. Il sait maintenant pour la dette de vie… » Elle lui a déjà parlé à Albus de son entrevue avec Henry au Chaudron Baveur. « Nous nous sommes quittés en froid avec Abelforth et nous ne nous somme pas revus depuis… » Elle vient nicher sa tête dans son cou et inspire fortement en fermant les yeux.
« J’ai eu aussi la visite de Théa Malfoy. Je ne sais pas si tu es au courant qu’Atlas et elle sont fiancés ? J’ai aidé à les couvrir. On s’est vues et… il y a eu quelques mots malheureux de sa part à elle qui m’ont touchés plus que je ne veux bien l’admettre. » Elle se recule et hausse les épaules. « En définitif, je suis désolée mais je n’ai aucune bonne nouvelle à te donner à part des friandises et ma petite présence. »

Elle rit un peu, triste cependant. Mais en le regardant, elle est émue parce qu’elle ressent le manque de lui. Le chaton vient la distraire et elle sourit amusée en le voyant faire.
« Vous aurez tous la peau de mes hauts. » Un rire s’élève. « Un truc de chat. Tu ne peux pas comprendre. » commente-t-elle. « Il m’a l’air sale, Henry Potter lui irait. Quoique trop insultant pour une créature innocente. » « Oh pitié, beaucoup trop insultant pour cette boule d’innocence et j’en ai honnêtement marre d’entendre son prénom à celui-là. » Elle ne sourit pas mais vient se décaler et récupère le chat qu’elle met contre son sein. Il vient jouer avec une de ses tresses.
« Tu nous a pris du sorbet citron ? »
« Bien sûr et au Tayberry aussi. Florian m’a offert de la glace au chocolat aussi. »
Le voir redevenir un enfant de cinq ans la fait sourire de toutes ses dents et elle vient s’asseoir en tailleur sur le canapé. Pouffant de rire tandis qu’il lui donne à manger à la cuillère (blague récurrente entre eux qu’il nourrit son chat), elle lui adresse une œillade pleine de tendresse tandis qu’elle lui dit qu’il a aussi un cadeau.
« Un cadeau ? » dit-il la bouche pleine. Si ses employés au ministère le voyait à présent…
« Oui, un cadeau. »
Elle se lève alors et dépose le chaton qui vient faire ses griffes sur le coussin.
« Il faut aussi que je te raconte ce qui s’est passé avec Nicolas. Tu ne me croiras jamais. Les Flamel seraient fous, et je suis perdu. »
Elle hausse un sourcil, mutine.
« Attends, d’abord ton cadeau. Ensuite, tu me racontes tout ça. »
Minerva s’éclipse de la pièce et vient récupérer un cadeau assez large et circulaire emballé dans du papier kraft.
« Ferme les yeux. » lui dit-elle. Quand il s’exécute, elle s’approche et lui met le cadeau sur les genoux avant de lui chipper la glace et de manger à la cuillère. « C’est fragile. Tu peux l’ouvrir. »
Ce qui ressemblait à un disque circulaire était en réalité une pensine. Minerva avait acheté cet objet il y a peu, pensant directement à Albus. Tandis que celui-ci découvrait l’objet, elle lui souffle : « Je sais, et ne me dis pas le contraire, que tu prends beaucoup sur toi en ce moment et que tout ce que tu fais te pèse. Alors je me suis dis… même si je ne suis pas forcément là pour que tu me racontes tout tout de suite, tu pourras au moins soulager un peu tes pensées avec une pensine. » Elle l’observe avec un petit sourire et souffle d’une petite voix : « J’espère que cela te plait. »

L’inquiétude sur le visage d’Albus est éclairant. Minerva sait qu’elle provoque chez lui en cet instant, alors qu’elle parle de son frère de sentiments partagés et d’inquiétudes. Elle aimerait parler mais elle ne peut pas. C’est au-dessus de ses forces cette fois-ci. Exprimer la violence avec laquelle Abelforth avait réagit, exprimer le fait que son propre frère était dans une faction opposée… Non, cela devait venir d’Abelforth et Abelforth lui seul. Évidemment, Minerva se doutait qu’Albus n’allait pas bien réagir et qu’elle le veuille ou pas, devra se retrouver entre les deux… Mais elle refusait de faire un choix. Pour elle, tout n’était pas opposé bien que pour l’instant, elle ne voulait pas revoir Abelforth, considérant que le temps et l’espace permettraient de lui mettre les idées au clair. A elle aussi.
« M’en parler ? Est-ce que ça a quelque chose à voir avec l’Ordre ou avec... Gellert ? »
« Albus… ne me force pas à dire quoique ce soit s’il te plait. » souffle-t-elle, un sourire désolé.
Il sait que quand elle refuse de dire quelque chose c’est qu’elle a ses raisons. Minerva a toujours été transparente avec lui et il peut comprendre à la manière dont son visage se tord pour laisser place à cette détresse qu’elle tente d’amoindrir dans le silence de l’appartement, qu’elle ne peut pas gérer cette conversation. Pas maintenant tout du moins.
« Une lettre ? Que t’a-t-il écrit ? » Mâchoire qui se serre. Minerva laisse échapper un soupire. Elle n’est même pas sûre d’avoir retenue toute la lettre. « Pourquoi il a tenté de me sauver la vie… Et qu’il était un monstre, que je l’obsédais à cause de la dette… Ce n’est plus très clair, je suis désolée. Je pourrais te montrer la lettre plus tard. » Plus tard, parce que là tout de suite, elle n’en avait aucune envie.
« Je suis désolé, Mina. Tu n’es pas seule, je suis là. Et mon appartement est le tien. »
Elle sourit doucement et dépose un baiser sur sa joue. Elle se sait en sécurité ici.
« Gellert l’a menacé pour toi. Si ça ne suffit pas à calmer ce chien galeux, je m’occuperai de lui moi-même. »
« N’en fais rien s’il te plait… » le supplie-t-elle. Elle ne veut pas que cela retombe sur Albus. Il a assez à gérer sur ses épaules et elle ne veut certainement pas qu’il lui arrive quelque chose. Elle sait cependant que son meilleur ami fera tout pour la protéger.
Le sujet dérive sur Théa Malfoy et ses mots malencontreux.
« Tu as souffert ces derniers temps, j’aurais voulu être là pour te protéger. » La main de Minerva vient caresser les cheveux du Dumbledore. Elle le sait, elle ne lui en veut pas. Elle ne lui en voudra jamais. Il avait ses propres problèmes à gérer, elle regrettait simplement que la situation les éloigne physiquement.
« Ta présence et du sorbet citron, que demande le peuple. Laisse ton frère prendre soin de toi et oublie-les pour la soirée. Nous dormirons ici ensemble. »
Elle rit un peu.
« Tant mieux, tes bras me manquaient. » répond-t-elle sincèrement, soulagée aussi qu’il accepte de rester ce soir au moins.
Le chaton sur ses genoux vient se rouler en boule et ronronner. Minerva lui caresse sa petite tête avant de lever le regard vers Albus qui rajoute :
« Les peines de coeur s’accumulent. Tu avais peut-être raison, nous aurions dû nous marier. »
Elle pouffe de rire. En réalité, il avait bien fait de ne pas accepter sa proposition, elle qui, travaillait sur la malédiction de sa famille à présent.

Laissant les mauvaises nouvelles de côté, Minerva s’éclipse pour lui offrir le présent qu’elle a acheté il y a peu. L’envie de faire plaisir et de lire un peu de joie dans le regard souvent voilé ces derniers temps d’Albus. Récupérant le chaton qu’elle met sur son épaule et qui joue avec une de ses tresses, elle vient prendre définitivement le pot de glace et vient manger une grosse cuillère en attendant la réaction d’Albus face à la pensine qu’elle venait de lui offrir.
« Mina, je... » Son regard valait tous les gallions du monde. Minerva sourit, heureuse de le voir ainsi, attendrie aussi. « Je suis touché. Merci, j'en prendrai grand soin. » Elle se laisse aller dans ses bras et le serre aussi fortement. Comme pour lui transmettre toute son émotion de le savoir en face d’elle, enfin. Elle espère qu’il utilisera cela avec soin.
« Je dois aussi te faire lire une lettre, Nicolas me l’a adressée. »
La conversation change et Minerva se laisse aller dans le canapé, le chaton glissant sur son ventre et continuant de mâchouiller une de ses tresses sans que cela ne la dérange. Elle voit les couleurs de Fumsec aller et venir. Minerva vient lui caresser le plumage avec un sourire mutin. Il lui a terriblement manqué, lui aussi. Elle se demande si elle pourrait récupérer une de ses plumes pour la mettre dans ses cheveux. La métisse vient donc récupérer la lettre et la parcourt du regard. L’écriture de Nicolas est charmante. Minerva sourit un peu en voyant le surnom. Elle s’émeut de la beauté de la lettre et redresse un regard rempli d’étoiles vers Albus qui s’exprime :
« Il y a si longtemps que je n’ai pas connu une telle affection, Mina. Je crois que je l'aime, moi aussi. Cependant, il s'agit de Nicolas Flamel, et c'est la première fois qu'il signe sa lettre de cette tournure… Je... Je suis terrifié »
Un sourire tendre sur les lèvres. Oh Albus, tu prends l’Eternité si au sérieux. Mais elle comprend le problème pour lui. Après tout, il avait déjà promis l’éternité à Gellert et Nicolas était l’éternité incarné. La main de Minerva vient caresser la courbe de sa mâchoire imberbe.
« C’est la plus belle nouvelle que j’ai entendue depuis un moment maintenant. Nicolas Flamel t’aime. Je suis heureuse pour vous, Albus. » Heureuse que Nicolas retrouve l’amour après l’avoir partagé avec la femme de sa vie, Pernelle dont le souvenir de la photo la bouleverse encore. « Mais… je pense très sincèrement que « pour l’éternité » est une façon de parler. Il veut dire que ses sentiments sont sincères et fondés, qu’il ne s’agit pas d’une amourette de passage d’un homme déjà six fois centenaire. »
Elle vient poser la lettre sur la table et prend la cuillère pour la planter dans la glace et la tendre pleine à Albus.
« C’est effrayant d’aimer, oui. Et je sais que pour toi, cela l’a toujours été. Mais tu n’aurais pas pu trouver meilleur homme dans ta vie. Nicolas Flamel est l’homme qu’il te faut. N’aie pas peur… Laisse-toi juste… l’aimer. C’est ça. Il faut que te laisse le soin de l’aimer et d’être aimer en retour. » Elle lui adresse un fin sourire. « Crois-moi, Nicolas Flamel est bien l’alchimiste capable de changer le plomb en or, mais il reste un homme dans son cœur. Un homme qui aime et de cela, tu ne dois pas le voir autrement ou en avoir peur. » Celui-là même qu’elle avait aperçu lorsqu’il avait regardé la photo de Pernelle et de lui-même.