your touch got me looking so crazy. (arna)

« - Madame, êtes-vous certaine que cela est app… approprié ? »
Craintive et terrée dans un coin de la chambre maritale, la petite esclave semblait enfin être sortie de son mutisme après avoir observé sa maîtresse tourner en rond, telle une lionne en cage, durant une bonne trentaine de minutes. La jolie Jenna Hayes-Lockhart, d’apparence si douce et légère, être en colère. Spectacle rare mais pas moins effrayant. Scénario qui prenait vie à chaque fois que Walter et Jenna avaient le malheur de se disputer, dépassant les chamailleries et les menaces.
« Tout à fait. » Ton sans réplique et résolu, tandis qu’elle démêlait ses cheveux sans ménagement, appréciant presque ce type de douleur, plus salvatrice que les sévices infligés par son époux.
« Et si Monsieur se fâche et vous blesse de nouveau ? Vous ne devez pas sortir, a-t-il dit, n’est-ce pas ? » souffla la domestique, inquiète et profitant certainement du fait de ne pas avoir la plus cruelle des propriétaires pour se permettre de la conseiller. Esclave pouvant se targuer d’être la lady-in-waiting de la plus piquante des roses de la haute sphère magique.
Jenna posa brutalement la brosse sur la coiffeuse, se redressant à une vitesse éclair et toisant cette peureuse de Nastya d’un air furibond, mains sur les hanches.
« Eh bien, ce soir, c’est moi qui décide. » déclara-t-elle, implacable, se dirigeant vers son armoire afin d’en sortir un bien bel attirail, qu’elle enfila à moitié. « Aide-moi donc à fermer l’arrière, au lieu de piailler. » ordonna-t-elle, impérieuse et capricieuse. Les doigts légèrement tremblants, Nastya s’attela à la tâche, après avoir jeté un dernier coup d’oeil sur les bleus ornants le bras droit de sa maîtresse.

Stigmates de la passion,
Stigmates de la colère,
Stigmates de la dérision.

Blessures infligées par son tempétueux époux, enragé de voir sa petite reine ne pas lui obéir et de la voir se ruer dans les bras d’un autre lorsqu’il avait le malheur de hausser le ton. Capricious queen. Oh, le visage, il ne l’avait jamais touché, c’était secrètement son bien le plus précieux, mais le reste ? Il estimait que Jenna s’en remettrait sous peu.
Dernières touches finales d’un look parfait, tenue favorite de son amant arborée, maquillage sobre mais mettant en valeur son visage angélique, tout ce qu’il aimait. Zeste d’un parfum floral logé au creux de son cou et derrière les oreilles, perfection.
Elle lui ferait payer cet affront par la plus douloureuse des vengeances. Celle de se nicher dans les bras d’un rival, chose qu’il ne pouvait supporter, faiblesse qu’il gardait secrète, car derrière chaque menace se dissimulait une passion dévorante pour sa bien-aimée. Ce gamin, il pouvait le briser, le torturer, le tuer, mais non, ce serait trop facile et little bird revenait toujours vers sa cage. Mais en attendant ce jour, son coeur pleurerait des larmes noires, car Jenna n’était pas prête d’abandonner la partie.
Plus lumineuse chaque jour, un sourire se dessinant fréquemment sur sa face lorsqu’elle recevait du courrier, des absences injustifiées lorsque sa fille la réclamait à son chevet, Jenna semblait avoir trouvé en son amant une échappatoire à son control-freak d’époux.

Dernier regard insolent jeté à sa propre domestique, qui se mordit la lèvre inférieure à l’instant même où Jenna disparut, emportée par son transplanage. Oui, elle avait osé défier l’autorité de Walter, encore une fois. Tout cela pour les beaux yeux d’Arcturus Black, brun ténébreux retiré à Pré-au-Lard, dans un cottage contrastant fortement avec l’agitation de l’hôtel où elle résidait. Lieu où elle trouvait la paix, oubliant des heures la pression exercée par la mafia sur sa personne. En cet endroit, il n’était pas question de cela. Juste d’oubli et de plaisir.

La brise fraîche et apaisante de la nuit caressa le visage de Jenna lorsqu’elle parvint à destination, légèrement perturbée par son transplanage. Elle détestait cela.
Replaçant quelques mèches en place, ce fut de sa démarche souple qu’elle foula l’herbe entretenue du cottage que s’était approprié le Black.
Porte d’entrée ouverte, rituel maintenu. Entrée discrète de la sorcière dans les lieux, baignés dans le silence. Elle était en retard, prise au piège par sa coquetterie et sa crise de colère passée.
Sa cape crème frôla gracieusement le sol, puis les marches de l’escalier qu’elle gravit afin de parvenir à la chambre de son amant, presque sans un bruit.
Coeur battant à tout rompre lorsqu’elle débarqua enfin dans l’antre du loup, comme si c’était la première fois qu’ils se rencontraient de manière si intime alors que le manège durait depuis des mois.
Haute stature du sorcier se tenant face à la cheminée, dos à elle, l’attendant certainement de pieds fermes. Ce fut avec douceur qu’elle s’approcha, déposant un chaste baiser à l’arrière du cou d’Arcturus.
« Bonsoir. » souffla-t-elle à son oreille de sa voix paisible, masquant brillamment l’agitation qui s’était emparée d’elle pendant une bonne partie de sa fin d’après-midi. « J’espère ne pas t’avoir fais attendre de trop, j’ai eu… quelques affaires à régler. Me pardonnes-tu ? » Nouvelle tentative, cherchant à lui faire croire qu’elle était overbookée alors qu’elle avait plutôt été victime de son turbulent bourreau, chialant jusqu’à connaître le goût exact de ses larmes avant de pouvoir se calmer.
Second baiser déposé cette fois sur la joue de son bellâtre, se hissant sur la pointe des pieds pour ce faire. Ne souhaitait-il plus la regarder ? L’avait-elle fâché par son retard ?

Ce soir, elle ne recherchait qu’affection, passion et tendresse perdue, qu’elle retrouvait pourtant auprès de l’héritier Black.

Calice de son coeur.