correspondances d'alcyone black

(lieu non communiqué) 3 août 1914,

Ma très chère Hannah,

J’ai bon espoir que ce hibou te trouvera en bonne santé en dépit de ces temps troubles. Je me résigne à cette lettre mais n’aurais que trop aimé te revoir. Car je n’ai hélas en mes souvenirs qui s’étiolent que tes grands sourires chauds et éblouissants te servant de bouclier, les mêmes qui m’emplissaient de tendresse à ton égard et me faisaient oublier les sinistres murs de Poudlard. As-tu revu par ailleurs certains de nos camarades depuis notre dernière entrevue (fort lointaine, je le crains) ?

J’imagine ta moue amusée et jamais striée de surprise si je te confesse que je n’ai revu aucun d’entre eux. Poudlard fut tant une épreuve que je suis soulagée de ne plus avoir à y songer de nouveau. Comme tu te doutes, je vis encore et toujours au sein du monde moldu mais j’ai dû déménager de Notting Hill ; hélas le loyer devenait bien trop dispendieux pour un petit salaire de libraire tel que le mien.

Mais soit, je m’égare quelque peu. Je souhaitais te demander comment allaient tes parents moldus ? Et toi, ma chère Hannah, comment te portes-tu à Paris ? Les échos me rapportent que la ville n’est plus vraiment la même, depuis les attentats de Sarajevo.

Bien à toi,
Ta chère amie,

Josepha L.

PS : J'ai dévoré le Portrait de Dorian Gray, comme tu me l'avais suggéré. Que j'ai haï le protagoniste tant son ignominie envers Sybil est injuste !  Enfin, la morale du roman n'est pas inopportune quoique, hélas, prévisible. Je me suis néanmoins plongée avec avidité dans les péripéties du jeune et beau M. Gray, et te remercie à nouveau pour tes conseils littéraires avisés.

(lieu non communiqué) 8 août 1914,

Ma très chère Hannah,

Comme je suis soulagée de savoir que tout va bien, en dépit de ces affreuses nouvelles déclamant les menaces d'une Allemagne belligérante. Ces annonces d'outre-manche m'inquiètent et me questionnent ; ne serait-ce pas plus judicieux pour toi que de te réfugier aux Etats-Unis, le temps que les canons ne cessent ? Bref, je m'égare dans des réflexions ne régissant que ta vie. Mes excuses.

J'aimerais tant te revoir autour d'un bon thé glacé. Serait-ce possible pour toi de te rendre à Londres ? Je crains qu'un voyage à Paris ne m'épuise. Le temps passe et étiole ma santé anémiée sans que je n'en comprenne la cause.

Bien à toi,
Ta chère amie,

Josepha L.

Cher père,


J'ai essayé d'être à l'image de ce qu'on attendait de moi. J'ai été élevé dans l'idée que devenir un grand sorcier me rendrait fier. Que ce pouvoir ferait de moi quelqu'un de fort et de capable. Je pensais qu'avec ce pouvoir, je pourrai devenir un bon serviteur de l'état...J'imaginais faussement que je trouverai de la satisfaction à arborer l'insigne et le titre d'Auror. J'ai marché avec cette idée toute ma vie. J'ai enduré les épreuves, j'ai affronté les obstacles et vaincu ceux qui se mettaient sur mon chemin pour devenir Auror.

Pourtant, aujourd'hui, après toutes ces années de service, je me sens aussi vide que votre cœur. Je sais maintenant la vérité, j'ai vu les ténèbres qui se cachaient autrefois dans mon esprit. Je pensais qu'en m'éloignant des miens, je briserai cette domination que vous exerciez sur moi. J'ai compris que tout ceci n'étaient que des chimères. J'ai resserré cette emprise sur moi plus que jamais quand j'ai décidé de partir. Je suppose qu'il s'agissait pour vous d'une manière de me mettre à l'épreuve. Vous avez toujours considéré qu'il fallait que j'apprenne de la manière forte. J'ai accepté d'entrer dans ce jeu malgré moi en faisant votre fierté.

Mais je ne suis pas comme vous. J'en suis certain aujourd'hui et vous devriez le croire aussi : le destin ne peut être contrôlé. Malgré vos épreuves, malgré mes cauchemars et malgré cette violence : je n'ai pas plié. J'ai découvert en moi cette vraie force qui sommeillait en attendant de pouvoir éclore. Quel gaspillage de temps d'avoir cherché votre attention. Je n'attends plus rien de vous. Vos petits tours sur mon esprit son terminé. Cette épreuve m'a pratiquement détruit avec le temps afin de m'amener à vous comprendre et à vous suivre. Cela n'arrivera jamais, père, parce que je suis quelqu'un de bon et je sais que je balaierai ces ténèbres. Je vous survivrai et je reprendrai le contrôle de ma propre destinée.

Je vous montrerai que vos tours n'ont plus d'emprise sur moi.

Alexander Scrimgeour

le trois septembre 1914,

ma douce alcyone,

voilà quelques temps que je n’ai pas eu de tes nouvelles, et cette absence ne m’est aujourd’hui, plus supportable. là est la cause de cette lettre, alors que le soir se couche déjà sur une londres fatiguée, lorsque je couche ces quelques lignes sur le papier.

ma première question n’est pas bien complexe : comment-vas-tu ? je n’ai pas vraiment eu le temps de le demander lors de notre dernière (et calamiteuse) rencontre, et m’empresse de le faire maintenant. il me manque le temps où ta présence était toujours à portée de main, et où il me suffisait de prononcer ton nom pour te retrouver, à l’autre bout de la salle commune. comme le temps passe vite. comme le temps est long.
je me permets également, de m’inquiéter de tes fiançailles nouvelles, avec ce très cher mikhaïl dolohov. je dois t’avouer que la nouvelle ne m’a pas réellement enchantée, et que mon coeur se sert à t’imaginer sous la tutelle de notre (ou tout du moins, de mon) ancien camarade de classe, et ami. mais il faut bien avouer, que je préfère encore de savoir entre ses mains, qu’entre les griffes d’un autre. je me permet de noter que vous ne sembliez pas en froid au fameux « mariage » (pouvons-nous encore nommer cela ainsi?) et cela a pour ainsi dire, permis de calmer mes lourdes inquiétudes.

je me permet d’ajouter ces quelques mots.
il me faut, en urgence, de parler de quelque chose.
le poids de la nouvelle est trop lourd contre ma poitrine, et j’aurais aimé entre tes paroles, ta voix, et quérir tes sourires pour calmer les ennuis et le doute qui m’assaillent depuis déjà plusieurs nuits.
ne t’inquiète tout de même pas : l’urgence n’est pas gravité suprême, mais simple délai de réponse que je souhaiterai plutôt court.

je t’embrasse, mon étoile,
tendrement,

leora dumbledore.