(gellert + skadi) let the bodies hit the floor

Une rage froide glace les veines de Skadi plus sûrement que le blizzard qui se lève. L’abandon et le deuil barre ses lippes rougies alors que vous traversez les bois sinistres. Une rancœur sourde nourrit le loup qui dévore son sein. Elle vous en veut. Par votre faute, elle quittera son pays, son clan et son deuil pour se plonger dans la crasse et la suie grasse de la ville. La prêtresse regrette déjà ses glaciers et ses terres. Le calme de la distance. La froide sérénité de l’éloignement.

Londres est un feu auquel elle ne souhaite plus se brûler. Et cette expédition a déjà l’odeur du sapin.
Sa mère la force à retourner danser avec Hel, elle-même. Pour te servir, toi, Gellert, ou  du moins faire semblant. Pour toi, Lindqvist tient sa lame prête. Un jour, la scandinave te la plantera dans le dos et ce sera une jouissance absolue que te de voir te noyer dans ton ichor vicié. Quant à toi, Albus, elle perçoit bien les regards que tu échanges avec le Bulgare. Des traces de dégoût souillent déjà ses yeux clairs.

« Ariana a passé les portes de Hellheim, Albus. Aucune ombre ne revient des terres souterraines sans l’autorisation de la déesse aux deux visages. Pas même Baldr, le brillant. Le croire serait une hérésie.  Et cela provoquera votre perte.»

Sa voix est voilée presque accusatrice.

« Ceux que je ramènerai ne sont que des vaisseaux vides. Les dieux n’autoriseraient que l’on arpente leurs voies sans une contrepartie. Et le prix à payer est incommensurable, mon ami. »

Les troncs gris. Les rocs d’obsidienne vitrifiée qui jaillissent des séracs bleutés. Dans sa main gracile, l’if irradie d’une chaleur bienfaisante. En dessous de vos pieds, les corps pourrissants des guerriers tombés aux combats. Autour de vous, les ombres prêtes à les occuper. Elle les sent se presser contre le voile qui se tend sous leurs assauts avides.

« Tout à un prix. Hel ne connaît que celui du sang. Humain de préférence. »

Skadi retire ses gants en peau. Sur sa paume, des cicatrices innombrables. Sa respiration trace des volutes fantomatiques dans l’atmosphère lourde. L’hémoglobine perle bientôt sur ton épiderme pâle. L’os du manche de sa baguette se teinte désormais d’un carmin poisseux. Dans la neige froide, la jeune femme trace le bateau rituel – celui dédié aux défunts et à leur voyage dans le royaume souterrain.

« Nous sommes sur les lieux d’un massacre, Albus. L’un des plus sanglants que mon monde ait connu. Il n’est pas bon de s’attarder trop longtemps. Ces lieux sont dangereux.  Monsieur Grindelwald, vous vouliez savoir jusqu’où je pouvais aller ? Alors écartez-vous. Vous pourriez vous blesser. »

Que la terre s’ouvre. Que les enfers dégueulent. Voici l’armée de Hel qui sort du sol pétrifié par les guerres et qui vous observe de son œil laiteux.

Aux rêves de grandeur restent les moyens d’y parvenir. Une course à la montre, effrénée, une course au pouvoir et à ses diverses ramifications sur le grand arbre de la magie. Gellert en connaissait certains, il en découvrirait souvent d’autres, parfois sans même le vouloir, il n’en doutait pas. Après tout il était venu de rien, et aujourd’hui entre ses doigts dansait la société sorcière britannique. Alors ses plans s’étaient mis en places, lentement, après avoir franchi de nombreux obstacles il avait finalement atteint ce moment où il avait saisi la couronne. Et maintenant qu’elle était solidement vissée sur son crâne et que ses lèvres fines se fermant sur une cigarette avaient goûté au doux nectar du pouvoir, il ferait tout pour le conserver, garder entre ses serres les rennes du pays. Ses plans avaient pris forme dans son esprit nébulleux bien des années auparavant, quand son esprit et son âme s’étaient liées à celles d’un bulgare sur lequel il avait jeté son dévolu, les soirées, les nuits entières passées sous les étoiles à rêver du jour où leur race dominerait celle des êtres inférieurs, des animaux dépourvus de magie, et il se voyait marcher à la tête d’une armée, brûler leurs gîtes et leurs villages, faire d’eux les esclaves d’un monde magique bien plus puissant. Et si la politique était la première carte posée sur ce qui se transformerait en château solide, il avait eu quelques envies, quelques idées particulière au fil de ses voyages, avait entendu parler bien des fois de ces sorcières, celles dont le nom résonne à travers les âges, dont la magie est puissante et cachée, secret bien gardé qu’on lui avait murmuré au creux de l’oreille, un nom et une promesse. Lindqvist. La reine des damnés. Elle était celle qu’il voulait posséder, avoir à ses côtés, glisser à ses oreilles quelques promesses futiles pour faire d’elle une servente fidèle, une guerrière comme ses ancêtres, aux ordres d’un sorcier puissant. Il pouvait lui offrir le monde, qu’il soit de neige ou de feu, pouvait faire de l’Islande une puissance aux côtés de l’angleterre. Et surtout, il pouvait la laisser donner libre court à son art. Il les avaient cherchés, pendant des années, bien plus tôt qu’il ne l’avait laissé paraître alors que le doux nom de Skadi avait été prononcé par Albus. Jouant l’ignorant sur les pouvoirs cachés de celles dont Vatnajökull était le berceau, les sorcières du glacier avaient été une obsession pour Grindelwald depuis sa jeunesse, lorsque les quelques livres interdits de Durmstrang retraçaient les histoires des Valkyries. Si lui, bien que nordique, ne partageait pas leur croyance, il y avait dans leurs histoires et leurs sagas, des pouvoirs inexplorés, des possibilités infinies. Et ce don qu’elles possédaient de faire renaître les morts, couplé au pouvoir de Gellert, il savait pouvoir créer ainsi une armée qu’aucun homme, qu’aucun moldu, qu’aucun sorcier n’avait jamais espéré contrôler.

Ainsi il avait rejoint Albus aux coordonnées transmises, transplanant rapidement dans un amas de fumée noir qui se dissipait lors de sa matérialisation. Le froid glaçant venait mordre sa peau alors que sa cape flottant au vent agressif du récif rocailleux sur lequel cette famille avait assis son pouvoir. S’il connaissait la mère de part les obligations internationales de son poste, il n’avait encore jamais posé les yeux sur sa descendante, avait entendu parler des capacités étonnantes de la matriarche. Sans plus se poser de question, se laissant encore aller à croire Albus, confiance aveugle envers le phénix dont les idéaux étaient si semblables aux siens, depuis toujours, parfaite osmose des esprits qui avaient mis a jour ce plan particulier. Ses yeux se tournaient vers les deux silhouettes un peu plus éloignées. Les alentours semblaient vides de vie, aucune âme qui n’osait s’aventurer dans ces endroits reculés, et si la magie laissait des traces, Gellert avait depuis plusieurs années appris à les discerner, humant à même l’air marin les quelques violences arrachées aux mémoires des roches et des rares arbres dont les feuillages étaient parsemés d’ombre et de colère. Ruisselant carmin dans l’esprit alors qu’il s’approchait silencieusement, à son habitude, le regard aussi glacé que le pays dans lequel ils venaient de mettre les pieds. Habitués au froid, jeune bulgare qui n’avait pour se réchauffer qu’une chemise légère dans son enfance il posait les yeux sur Albus qui resserrait sa cape autour de lui. il aurait aimé pouvoir l’approcher, le toucher, mais en présence d’étrangers ils n’étaient plus des amants, théâtre joué avec adresse au fil du temps, alors son regard acier se posait sur la demoiselle qui l’accompagnait, dans ses yeux il voyait une force particulière, et ses cheveux finement tressés à la manière de ses ancêtres lui arrachèrent un sourire carnassier, elle avait un physique agréable mais par delà le physique elle avait une prestance particulière. Satisfait il se permettait d’écouter les quelques mots échangés. “Ariana pourrait revenir si nous récupérerons la pierre de résurrection, n’est-ce pas ?” Les éclairs se mariaient aux noisettes, lui connaissait la réponse mais restait silencieux, il savait bien depuis des années que c’était cette relique qu’Albus convoitait plus qu’aucune autre, probablement la seule raison pour laquelle le sureau reposait aujourd’hui entre les doigts de l’aigle et pas entre ceux du phénix. Et peut-être s’était-il parfois perdu a faire vivre cette fantaisie, persuadé qu’ainsi Albus serait suffisamment concentré à la tâche pour mettre la main sur la relique tant convoitée. Pourtant Gellert se doutait que les morts ne revenaient jamais entièrement, même s’il n’avait jamais fait part de ses hypothèses sur la pierre à Albus, pas plus que son plan final d’utiliser la pierre comme une arme et non comme un moyen de ramener à la vie ceux qui ont injustement péri. Les morts appartenaient à un autre monde, et bientôt, les morts lui appartiendraient à lui. Il glissait ses iris sur la Lindqvist, écoutant calmement les quelques mots envoyés, la voix laissant passer une légère sagesse qui pourrait surprendre face aux traits encore jeunes de la sorcière. « Nous sommes sur les lieux d’un massacre, Albus. L’un des plus sanglants que mon monde ait connu. Il n’est pas bon de s’attarder trop longtemps. Ces lieux sont dangereux. Monsieur Grindelwald, vous vouliez savoir jusqu’où je pouvais aller ? Alors écartez-vous. Vous pourriez vous blesser. » Il ne fallut à Gellert que quelques secondes pour sentir la magie s’épaissir dans l’atmosphère, alors que la sorcière se concentrait à son art, lui s’approchait presque instinctivement de son époux, le sureau rejoignant d’un geste rapide son fourreau. Sous leurs pieds, la terre semblait presque trembler, alors que les quelques roches et les quelques arbres tremblaient, le peu de vie, quelques oiseaux s’enfuirent bien rapidement, laissant derrière eux ce mausolé qui serait désormais un exemple de la puissance qu’il pourrait atteindre avec elle a ses côtés. Sa voix claquait alors dans l’air, sans aucune peur, teintée plutôt d’admiration, d’excitation, de curiosité pour cet art dont il ne connaissait que la théorie pour n’avoir que très rarement, et à moins grande influence, usé de la nécromancie. ”Jusqu’à quel point pouvez-vous les contrôler ?” Il voulait savoir, brûlait d’envie de connaître les limites de celle dont le visage se figeait, concentration continue alors que surgissent finalement autour d’eux quelques inferis suivis rapidement par d’autres, en dizaine sortant de la terre aride d’Islande pour fondre délicatement à leur côtés, dessinant des cercles de macchabés autour d’eux, encerclant les trois vivant qui les avaient sortis de leur sommeil. ”C’est splendide…” La voix se transformait en murmure admiratif alors que Gellert s’échappait de l’orbite d’Albus pour s’excentrer des deux, sans même craindre que cette étrangère ne décide ici de creuser son tombeau éternel, quand bien même il se doutait à la vue de ce spectacle qu’elle serait capable d’un claquement de doigt de faire de lui une cible de choix pour les cadavres, c’est alors que sa propre baguette traçait sur le sol un cercle incandescent, l’agrandissant bien rapidement, mur de flamme qui venait épargner les deux autres sorciers pour s’étendre en explosion sur les cadavres qui dans des cris d’horreur, odeur de chaire pourrie qui venait brûler, bruit bien particulier auquel le bulgare était habitué. il baissait sa baguette pour observer le cercle de morts qu’il avait renvoyé au trépas. Se retournant rapidement vers la sorcière, sans prendre le temps de constater la fatigue apparente de la nécromancienne. ”Nous travaillerons ensemble. Vous m’apprendrez à les contrôler une fois que vous les sortirez de leur repos.” Ses yeux se posaient ensuite sur Albus. ”Plus rien ne pourra contrer nos projets.” Sa main se tendait alors vers la sorcière. ”Rejoignez moi...Rejoignez nous...Ensemble nous rendrons aux sorciers la place qui leur revient. En Angleterre d’abord, puis ici, chez vous, où les vôtres pourront enfin user de leur magie sans craindre les moldus qui vous ont forcé à cacher ce don” Les yeux éclairs se tentaient d’ambition, d’un espoir qu’il avait toujours eu, d’une vision qu’il désirait offrir aux siens, à ceux qui s’étaient cachés depuis bien trop longtemps.