Hedera (ft Amos)

Hedera

Tu as jeté partout de profondes racines
Ainsi qu'un grand lierre autour de mes vacances
Qui me tient dans la nuit de ses câbles feuillus
Ton sang nourrit les images de tous mes rêves
Noire intendante de ma vie obscure

@Nouménal

Elle s'est couverte d'un léger voile brodé de lys, sur sa chevelure auburn et brillante elle a placé des broches de roses trémières pour adoucir son regard en flamme, elle s'est vêtue d'une robe aux arabesques de lune, le lapis lazuli tout autour de ces fils d'argent comme une robe de nuit, elle épouse ses formes de femme, trop maigre d'un seul coup. Amarante a ses moments, elle ne mange plus depuis quelques semaines, une Grenade ou une pomme, chaque jour de la semaine, privation ou dégoût de cette nourriture qu'elle ne côtoie plus. La belle esquisse une tenue pour retrouver celui qu'elle n'a pas vu, l'inquiétude dans son regard, la colère aussi, se mirent dans le large miroir de sa chambre ourlée de pierreries, il n'y a pas de fenêtres ni de luminosité aveuglante, juste quelques bougies éclairent les murs décorés de peintures érotiques , les poses lubriques appellent à la luxure dans tous ses états. Elle souhaite ressentir l'extase, ce paradis des sens dont elle a fait une amie. Cinq semaines d'abstinence ont eu raison de sa patience, c'est avec lui qu'elle veut jouir, lui ce charmant homme disparu depuis quelques années. Trois ans, elle a compté et ne se serait certainement pas rendue compte de son absence, il n'était rien de plus qu'un personnage au milieu de ses abonnés du salon. Il possédait cet air familier qu'elle même arborait royalement, ce goût d'insolence sur la langue.
D'une cape, elle transplane pressentant le lieu où il doit se trouver, de lui elle sait ses ventes, un travail qu'elle avait médit, vendeur de drogue mais quelle tâche ingrate, lui avait-elle dit dans un sourire de satin. Devant le lieu de la débauche grossière elle se fige, elle paraît si droite, si imposante bloquée dans sa robe de déesse et ses bras croisés, son regard scrute les fenêtres, s'égare dans ses rêveries. Pourtant elle surveille la silhouette qu'elle repére, derrière lui maintenant elle chuchote. "Tu me deçoies Amos Gaunt. Trois ans et tu ne m'as jamais donné de tes nouvelles." Elle le serre tout contre son ventre, la douceur du velours contre la dureté de la veste rayée. Et elle transplane de nouveau emportant avec elle son trophé. "Je ne souhaitais pas discuter dans un lieu peuplé. Sois sans crainte ce quartier ne craint rien. Je t'emmène chez moi, je ne tiens pas à sortir aujourd'hui, j'ai déjà fais l'effort de t'enlever tel un homme intrépide, cela m'a usé toute mon énergie." Un rire se déloge dans sa gorge cristalline ornée d'un fin médaillon à l'effigie d'un mort. La porte s'ouvre, les escaliers se présentent. Elle descend, attend l'homme déporté de ses activités. "Pardonne mon comportement exubérant. Je me sentais si seule aujourd'hui et je me suis dis que ta compagnie me serait idéale." L'honnêteté vrille ses pupilles, elle ne cache rien et ses paroles sont toujours de vérités. Sans honte elle explique ses attentions dans une pureté mêlée de tristesse.

Hedera

Venez, mon bien-aimé, m'énivrer de délices
Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices.

La moiteur de l’été coule sur l’asphalte battue par les enjambées des badauds pressés. Amos a le pas moins léger qu’à l’accoutumée, écrasé par la poids d’une chaleur presque insolente pour la morosité londonienne. Lorsqu’il s’avance dans cet écueil qu’est le Fol’Opium, une multitude de parfums chargés agressent ses narines ; le musc capiteux que les prostituées s’emploient à répandre sur elles comme une dernière onction, l’odeur brute des bières tièdes, les effluves crasses du sexe consommé à la va vite. Les parfums se bousculent et s’enchevêtrent dans autant de bruits sourds et criards tonnant à son oreille. Pour la première fois depuis ses offices en ces lieux, Amos arbore une moue de dégoût et se promet de tourner les talons dès lors qu’il récupérera quelques gallions. Sa pupille impatiente vrille derechef sur un habitué ; comme une envie d’en finir, le jeune homme fond sur sa proie et se répand en camaraderies factices. Et comment vas-tu ? Pas trop dure la descente ? Tu consommes sur place ou à emporter ? Quelques palabres échangées entre de faux sourires et Amos glisse à l’ahuri ses pilules miracles. Avec ça ta libido montera en flèche et ta queue criera grâce, souffle-t-il avec ferveur. Le jeune homme a tant observé les profils de ses clients qu’il en décèle les désirs comme les frustrations. Sa pupille a l’inconscience rêveuse, se fige sur cet habitué s’engouffrant dans le sillage d’une fille de joie sans pour autant le voir. La chaleur de plomb presse à ses épaules un poids qu’il s’efforce de déloger par une nuque qui s’étire, mais rien ne parvient à le détendre. Pas même cette voix délectable et brûlante dont la teinte familière lui arrache d’autres palpitations à son estomac : "Tu me deçoies Amos Gaunt. Trois ans et tu ne m'as jamais donné de tes nouvelles."

Une ire à son visage, courroucé d’avoir ainsi été arraché de ses habitudes par tant de facilité. Il tentera de ne plus abaisser la garde par la suite, songe-t-il dans un soupir glacé comme il se remet de l’épreuve d’un transport turbulent. Mais lorsqu’il relève sa pupille sur la silhouette familière, la moue furibonde d’Amos s’émousse aussitôt. Des souvenirs fugaces heurtent ses pensées ; leurs nuits blanchies par leurs entrevues complices, toujours captivantes, jamais monotones. Et leurs corps faits l’un pour l’autre, symbiose des orgasmes et des souffles chauds. Son coeur s’agite de mille excitations ; les retrouvailles, la surprise, Amarante et sa beauté. Elle parle alors, tranche le mutisme involontaire du jeune homme à la mine interdite. "Je ne souhaitais pas discuter dans un lieu peuplé. Sois sans crainte ce quartier ne craint rien. Je t'emmène chez moi, je ne tiens pas à sortir aujourd'hui, j'ai déjà fais l'effort de t'enlever tel un homme intrépide, cela m'a usé toute mon énergie." Sur son rire qu'elle a si beau, Amos parle enfin comme il reprend constance. Port altier, pupille luisante d'un intérêt certain. « Je t'ai connue plus endurante. » Les escaliers se dévoilent et avalent avec eux la jeune femme dont l’assurance ne s’est guère étiolée avec le temps. Le jeune homme hésite un court instant - méfiance inhérente à son passé comme son présent - mais rompt son indécision d’un pas confiant. Amos n’a pas la naïveté des novices mais possède l’opportunisme des téméraires. L’un dans l’autre, le jeu est dangereux.

A l’évocation de sa solitude qu’elle comblerait par sa compagnie, une mélancolie douce pointe à ses lèvres et s’accroche au regard du concerné. Amos ne pipe mot cependant, savourant l’instant, se demandant ce qui put les séparer durant de longues années. Il se souvient avoir écrit à son amante au sujet de ses tribulations malheureuses menées avec Victoire, feu sa femme. Les mots acérés et corrosifs qu’il avait pour elle, cette façon qu’il avait de la dépeindre comme un vase creux. A la différence d'Amarante. « Ne t'es-tu pas remariée ? » S'entend-il demander, presque par hasard. Amos n’ignore pas le caractère indépendant de la jeune femme. Il sait qu’elle n’a pas besoin d’un homme pour être complète. Il se doute qu’un mariage peut esseuler d’avantage que le célibat. Mais dans son crâne d’homme pétri par une société patriarcale, il peine à comprendre qu’une sang-pur drapée de tant de beauté n’ait aguisé l’appétit de sorciers opiniâtres, prêts à tout pour se l’approprier.

CODAGE PAR AMATIS -- @amarante kirchner

Hedera

Tu as jeté partout de profondes racines
Ainsi qu'un grand lierre autour de mes vacances
Qui me tient dans la nuit de ses câbles feuillus
Ton sang nourrit les images de tous mes rêves
Noire intendante de ma vie obscure

@Nouménal

Les marches, marbres aux arabesques tournoyantes, les murs déjà, se parent de peintures, des couleurs vives, chaudes, rouges surtout pour la passion de l’agressivité mais distillées avec le symbole d’un rose plus léger, plus doux, et l’or tout autour des milliers de sphères qui virevoltent, le paysage représenté exulte sa joie de retrouver la maîtresse. Elle l’emmène vers le vaste vestibule, l’absence de fenêtre n’oppresse pas, elle a contribué à créer des ambiances où les arbres d’illusions épousent la flore d’un éternel hiver. Là, les fleurs embrasent de leur virginité blanche toutes les cloisons en cèdre. L’homme a le sourire, le sourire jovial et enfantin qui lui remémore ces nuits d’ivresse où le sommeil peinait à trouver ses enfants, ils discutaient jusqu’au soleil levant, elle partageait les textes qu’elle écrivait, les poèmes qu’elle rédigeait. Elle aussi sourit, ses yeux néanmoins plus alertes sur la situation, jusqu’à ce que la porte les enferme dans son antre, le sourire éclate de sérénité. « J’ai épousé la solitude. Les hommes qui me convoient sont vexés de trouver une femme n’ayant de passion que pour sa carrière professionnelle. » La voix s’enfonce dans une chaleur au grain de rire, elle se fige, devant lui, dans ce grand salon où les lambris se fiancent au haut plafond de cristal. Puis sa main, doucement, vient caresser la joue du sieur. Trois années, de silence et d’ignorance, parfois pensait-elle à lui, dans son lit si vide, parfois, aussi, pensait-elle à lui quand ses doigts se promenaient pour quérir le plaisir extatique. L’émotion la submerge, subitement, une vague, quand elle songe aux caresses passées, à la langueur et à la fermeté. Amarante s’est murée dans l’abstinence tout juste comblée par quelques plaisirs solitaires. « C’est surprenant, de constater qu’une sorcière n’ai pas encore repris l’anneau qui la condamnera au sacrifice. Je désire certainement trouver celui qui ne sera pas trop exigeant. » Comme pour se justifier d’un élément honteux, elle sait bien que les femmes sont données pour s’occuper de l’âme d’un homme, le bercer, le cajoler, le rassurer.
Le boudoir accueille des fauteuils langoureux, ils appellent à la rêverie et au désir des corps dansants, assise, mais inconfortablement installée à cause d’une robe se voulant séduisante, elle se relève, détend sa nuque, ses bras, son dos, tigresse dolente dans une prison de velours. L’ombre d’une panthère se détache des feuilles goulûment mangée, la bête de ses muscles souples s’approche de l’invité. « Ne sois pas agressive Olympe, tu le reconnais n’est-ce pas ? » Toujours proche de l’odeur, fascinante, de l’homme, elle s’autorise à détacher les quelques boutons de la chemise du confident, Amos Gaunt la dérange dans sa résolution de discuter chastement. « Cela ne te dérange pas si je me change ? Je crois que je ne supporte plus les vêtements trop lourds. » Dit-elle dans un rire de cascade. Elle n’attend pas la réponse, décide de disparaître dans l’autre pièce, sa chambre, ambré de lumière jaillissant des bougies, sur les couvertures un peignoir dans lequel elle se vêt. Les vêtements disparaissent et le voile dont elle a couvert ses cheveux se transforme en ruban de dentelle.

Hedera

Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices.

Lorsqu’il pénètre dans ces lieux étranges, Amos a l’impression inconvenante de s'introduire dans le cerveau de l’ancienne amante, ce qui ne lui déplaît guère. Les ornements se fondent dans son imaginaire qu’elle eut toujours luxuriant ; il se souvient de ses poèmes. La force de ses mots, la douceur de ses sentiments. Et cette voix qui roulait en cascade, comme de l’or liquide, apaisant son âme tourmentée par ses engances intérieures. Le vestibule accueille sa délicatesse de femme comme il se déploie dans une décoration tout en finesse. Le regard intrigué de l’homme - dressé à d’autres atmosphères, presque dantesques dans ce qu’elles avaient de misérable - furète ici et là, dans tous les recoins, chaque détail stupéfiant. Mais ce qui demeure plus déroutant encore est cette confiance lovée dans son poitrail de femme qui ne la quitta jamais ; Amarante, en dépit de sa douceur, parle comme un homme. Avec ses idées ancrées et ses convictions probes. Elle rit aussi lorsqu’elle parle, et en cela accroche à sa boutonnière une féminité de plus à son genre ambivalent. Son rire est beau et frais, Amos le compara souvent au chant des mésanges s’accaparant le ciel de Londres dans les brises printanières. C’était là l’un des seuls lyrismes qu’on lui connaissait, le jeune homme ayant pour usure d’aimer par la possession charnelle d’avantage que par les mots.

L’ardeur s’empare ainsi de lui lorsqu’elle parle et s’approche, caresse sa joue d’un geste indolent. Ce n’est pas tant le geste, la douceur de sa peau qui fut tant aimée contre la sienne qui le perturbe. C’est le regard qu’elle a pour lui, ces monceaux de stupre ronronnant dans l’âtre de sa pupille. Amos a compris. Il a saisi sous les paupières de l’amante tous les souffles et les gémissements tus. Comment pourrait-il ne pas comprendre lorsque sous son crâne bourgeonnent d’autres souvenirs et d’autres parfums ; leurs corps enlacés, les ondulations du bassin qu’il avait parfois bestial, parfois délicat, les caresses puis les complaintes se mourant sous l'orgasme. Sous la langue se meurt un râle mais le soupir qui ne ment pas se saccade. Et la fièvre empoigne son bas-ventre. Sa récente promesse récitée à sa fiancée et invoquant sa fidélité l’enjoint pourtant à ne pas flancher ; s’il a le désir de glisser au bras d’Amarante quelques caresses frémissantes, Amos se contente d’un regard qu’il espère volubile. « C’est surprenant, de constater qu’une sorcière n’ai pas encore repris l’anneau qui la condamnera au sacrifice. Je désire certainement trouver celui qui ne sera pas trop exigeant. » « Bonne chance. » Il se gausse, pour une fois, du sexe masculin. Amos ignore ses privilèges mais consent à admettre que ses pairs sont parfois trop arrogants. Lui-même en fait partie.

Dans le boudoir se meut un félin dont l’élégance se confond avec celle de sa propriétaire qui le rabroue. Amos n’a étonnamment pas frémi de frayeur ; ses sens au contraire se sont aiguisés face à la bête qui ploie sous l’injonction d’Amarante. Trop proche, la moiteur de l’été et la chaleur des retrouvailles les étouffe. Il laisse faire, lorsqu’elle déboutonne. Et c’est insidieux qu’il la toise et pénètre sa pupille des siennes, cherchant à provoquer le contact en dépit de ses voeux chastes. Lui faire l'amour à distance. L’épreuve est douloureuse et excitante à la fois ; résister à la chair d’Amarante suscite en lui un appétit vorace et le dépouille de son énergie. « Cela ne te dérange pas si je me change ? Je crois que je ne supporte plus les vêtements trop lourds. » Sur ces entrefaits elle se dérobe dans un rire ravivant un rictus attendri sur le faciès de l’apollon. Lui-même se décharge de sa veste trop chaude malgré le lin vaporeux ; volonté certaine de réchapper à la ferveur de l’été ou inconscient véritable de se dévêtir face à elle ? Par ailleurs Amos n’a pas la galanterie de poser son regard ailleurs ; debout dans le boudoir, le voilà qui s’approche à bonne distance de l’encadrement de porte par laquelle Amarante a disparu. La rétine cherche les ombres chinoises, accapare la moindre cambrure, épie les plus petites courbes, scrute ces parcelles de peau interdite. « Où étais-tu pendant trois ans ? » finit-il par questionner, se fichant bien d’être rabroué par la jeune femme si elle venait à croiser son regard indiscret. « On m’a dit que tu refaisais ta vie en Allemagne. » Les ‘on dit’, toujours inexacts mais rassurants dans ce qu’ils avaient à vous donner ; se sentir encore et toujours en lien avec la personne perdue.

CODAGE PAR AMATIS -- @amarante kirchner

Hedera

Tu as jeté partout de profondes racines
Ainsi qu'un grand lierre autour de mes vacances
Qui me tient dans la nuit de ses câbles feuillus
Ton sang nourrit les images de tous mes rêves
Noire intendante de ma vie obscure

@Nouménal

Il possédait ces mots ardents, toujours sur le bout de sa langue, il attendait les stupidités de ses hôtes, elle se souvient d’un homme finement habillé, dont les yeux pourfendaient tantôt de désir tantôt d’ironie. Amos possédait également la beauté d’un Apollon, le visage ciselé dans le rubis d’un sang de légende, au-delà de l’Angleterre, sa mère lui racontait les contes de l’ancêtre Serpentard, elle tremblait de frayeur et de ferveur sous son édredon à l’écoute du fameux Barbe Noire qui attendait le sommeil de ses femmes pour les ravir. Elle se mire dans son regard souhaitant détruire la barrière d’une intimidation de trois années de distance, puis s’en va dans un souffle, son rire chuchoté accompagnant pour seule réponse la fameuse réplique. Il n’était pas facile de se lier aux hommes encore engoncés dans leur prison virile. Surprise de constater qu’il est de son avis, elle étire ses épaules dans un mouvement discret.
Consciente de laisser la porte ouverte, consciente de son ombre se mouvant sur la largeur des murs, elle lègue le spectacle de sa nudité, un spectacle de fantasmagorie pourchassant la flamme qu’elle ne cesse de vouloir allumer. Il a ses iris décadentes, le visage mutin d’un garçon qui lutte contre sa joie. Car mordre la chair, car effleurer et même pénétrer l’hymen semble pour la sorcière un plaisir métaphysique dont elle n’abandonnera jamais la demande. Se fondre et s’unir pour sentir et ressentir l’âme de son compagnon ou sa compagne, le connaître au plus intime de son obscurité et de sa lumière. Amarante, avare, choisit ses partenaires avec la certitude d’un sentiment innommable, celui de trembler face à l’intelligible et le sentiment de l’attachement amenant le grondement de la protection. Amos réveille une sensibilité qu’elle peine à refouler, cette tendresse qu’elle ne donne qu’à de rares personnes, lui, comble déjà cette tristesse qu’elle maintient de plus en plus difficilement.
Elle n’ose rire, confrontée à cette question qui lui paraît si tendre de jalousie cachée. Elle l’observe, cherche la faille qu’il ne dévoile guère, il y a cette peur, minime, qu’elle déduit. « J’étais toujours là pendant ces trois ans. Il est vrai que j’ai du gérer quelques histoires familiales, ma sœur n’écoutant que mon avis avisé mes parents m’ont supplié de revenir habiter quelques temps dans la résidence principale, ils plaçaient en moi l’espoir que je puisse l’éduquer. Elle a cette manie, de créer partout où elle passe, une rafale de sensualité. Malheureusement elle ne se cache pas, je pense qu’elle ne trouvera jamais mari. » Amos comme un roi timide, mourant de sa levée virile, avale sa silhouette de son puissant regard. « Et toi Amos ? Qu’as-tu fais ? J’ai longuement pensé à toi, la nuit tu n’étais pas là. » Devant lui, proche de lui, près tout près de ses lèvres incarnats, elle penche son minois, retrouve le contact de son épaule, respire, une respiration calme comme si elle retrouvait enfin une terre promise, une terre de repos, une sécurité. C’est joliment qu’elle l’embrasse, sur la joue pose ses lèvres embaumées d’un léger rouge à lèvre transparent.
Le peignoir révèle deux monts de rose trémière, ses seins deux croissants de lune qu’elle ne masque pas d’un tissu, Amarante est à l’aise dans son corps, propriétaire de ses mouvements, de sa démarche gracieuse, l’on voyait dans ses jambes des jambes de danseuse prête à émouvoir l’audimat par sa danse vertueuse. Elle a le sourire coquin, l’espièglerie dans sa voix quand elle signifie implicitement, en levant sa tête qu’une fierté attend. « Tu me ferai plaisir si tu regardais le plafond. » Un miroir, énorme, recouvre l’encadrement du lit, gigantesque. Il reflète les couverture de soie, les oreillers de lin et les omoplates recouvertes d’un brocart mordoré.

Hedera

Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices.

L’homme se dérobe à tout mais ne se refuse à rien. C’est ainsi que ses proches le déplorent. Amos a la dérobade facile, l’indépendance criarde, l’impulsion parfois immature le sommant de fuir les chaînes et les asservissements au beau sexe. Ses détracteurs désavouent son égoïsme comme ils jalousent sa liberté. Il n’a jamais eu, en effet, le geste réfléchi ; longtemps imputé à sa primeur et les erreurs de jeunesse, sa fugue impromptue aux bras de Yulia ne miroita que son impétuosité comme son égotisme cristallisé. Depuis lors, le jeune homme n’a eu de cesse de décupler ses aventures ; c’est qu’il n’aime pas la monotonie continuelle. Il a besoin de délices et de tourments, de douleurs et de passions, des angoisses et des bonheurs soudains. Sa liberté de s’émouvoir demeure le théâtre de sa ferveur et en cela, Amos peine à s’établir. Le regard tourné vers la fenêtre lorsque la masure de la routine ferme sur lui ses portes austères.

C’est ainsi qu’il confronte l’ancienne amante. Taiseux mais volubile, confiant mas fébrile, respectueux mais sexuel. Chacune de ses attributions lustrant son contraire, en aiguisant l’attrait. Aussi et lorsqu’elle parle de son timbre de velours, Amos n’écoute qu’à moitié. Il a la volonté de la retrouver d’abord tout entière et de la considérer avec les honneurs de sa langue, de ses lèvres et de ses mains. Le désir est puissant, presque corporel. Il vibre contre les côtes, tressaille à son thorax. Son souffle chaud même, vacille sous la saccade. Il acquiesce à ses dires, pourtant. Ce regard terre de suite glissant à la poitrine qu’elle a nue et laiteuse. Sa rétine avale les courbes d’une élégance crue mais jamais vulgaire, et porte en elle les indicibles comme les silences prolixes : ‘Parle, je n’écoute pas’.

Il a le devoir de partir quand elle l’assoiffe. « Et toi Amos ? Qu’as-tu fais ? J’ai longuement pensé à toi, la nuit tu n’étais pas là. » Un baiser à sa joue. Un baiser, chaste dans la portée, licencieux dans son indolence. Un baiser, et c’est le satin et les soupirs et les soleils froids et les hivers humides de leurs années passées qui lui reviennent, et leur monde était né à nouveau. Un baiser qu’il ne rend pas. Gorge percluse de ses promesses, voilée des douceurs de sa jeune fiancée, de sa candeur comme de sa naïveté. Ah, mais voyons, le diable culpabilise ! Il l’enlace, pourtant, cette amante qu’il ne souhaite voir partir. « Tu me ferai plaisir si tu regardais le plafond. » La pupille docile accroche le plafond et y découvre la délicieuse intention ; un miroir démesuré porteur de promesses égrillardes les surplombe. Amos souffle son assentiment : « Tu ne m’as donc jamais oublié. » Las, comme il lutte. Encore et toujours contre la fièvre et ses souffles butant à l'orée des lèvres d’une clameur tue. La moiteur de l’été convoie sa langueur comme il se presse contre l’amante, d’une bouche effleurant la peau diaphane. La résistance s’émousse presse comme il amorce un pas, prompt à l’allonger sur le lit.

Puis soudain démissionne de son outrage. Amos recule, le pas est vif, l’enjambée courroucée. Il ne peut tromper l’une sans manquer de déférence à l’autre, et cela l’exaspère. « Et moi, qu’ai-je fait, dis-tu ? » La voix tonne, tempête à ses lèvres et signe les prémices d’un courroux frustré. Amos a des airs de fauve dérivant dans sa cage, fait les cent pas, tire sur la nuque, fourrage ses cheveux bruns de ses mains nerveuses. « Hey bien, vois-tu, je me suis fiancé à nouveau puisque c’est là ce que font les sang-purs sensés ! » L’homme s’emporte, hausse la voix, s’agite. Il brise ce qui ne peut être libéré ; la fougue se mue en fureur, la lutte délicieuse se déverse en colère. « Et c’est parce que je l’aime que je lui ai promis fidélité. Elle qui est pourtant si... » Décente ? « Ne me fais pas dire ce que je ne veux pas. » S’emporte-t-il de nouveau en sifflant, devant le silence pourtant manifeste de la belle étonnée. « Et toi donc, qu’as-tu fait vraiment pour ne revenir que maintenant ? Tu n’as donc pas lu les obsèques, ni écouté les commères ? ‘Victoire de Cransac assassinée des mains de son époux’, parce que oui je l’ai tuée, oui elle m’insupportait et oui... ! » Il s’emporte, fulmine, avoue pour la première fois son crime. Sa voix suave se loge dans les graves plus qu’elle n’avive les aigus. « Oui tu connaissais mon mépris pour elle, mais ce n’est que maintenant que tu reviens ! » Tant d’opprobres à ses lèvres, puisqu’il ne peut la toucher.

CODAGE PAR AMATIS -- @amarante kirchner

Hedera

Tu as jeté partout de profondes racines
Ainsi qu'un grand lierre autour de mes vacances
Qui me tient dans la nuit de ses câbles feuillus
Ton sang nourrit les images de tous mes rêves
Noire intendante de ma vie obscure

@Nouménal

L’ouragan déchaîne ses passions, elle voit ce jeune homme tournoyer, un fauve en cage, dans la démesure de son âge. Les promesses de tendresses et d’extase chutent dans les paroles hargneuses, il tourne et elle ne voit que le désordre qu’il entraîne. Le salon tempête, le zéphyr magique partout et menaçant, sa chère Olympe retroussant ses canines, à l’affût pour sauter sur le désespéré. Car elle sent toute la blessure, toute la tristesse, toute la détresse de cet homme en prise avec l’inconnu. Car elle sent le nœud gordien, le dilemme auquel il fait face, impuissant. Il y a dans le coeur de ce garçon un orage éclatant, il consume la pensée, la lucidité. Amarante n’a pas les gestes brutaux ni l’énervement sur ses traits, le calme prédomine tandis que la réflexion commence à semer des chemins pour rassurer, pour consoler. « Tu me reproches des faits sur lesquels je n’ai aucune prise. » Elle s’est habillée par un sort informulé d’une robe légère d’été, elle a couvert la luxure, la tentation dans laquelle elle le guidait, par ce geste elle désire lui montrer qu’elle ne représentera pas une présence néfaste, la Lilith séductrice. Elle ne tente pas de lui prendre la main mais elle reste près de lui, un pas de distance pour laisser la respiration d’une expression. Amos hurle, Amos crie, elle n’a connu de lui que ces moments de raillerie quand il tentait de dire l’importance de ses sentiments. Mais elle était partie, lui, de son côté, s’était marié comme elle s’était unie. « Je n’étais pas au courant. » Les détails n’outrepassent pas sa gorge, de ce aveu ; elle sent son coeur battre, une chamade d’émotion.
La contemplation au bord de ses yeux, froncé d’inquiétude, elle ne juge pas le crime, elle n’en parlera pas, laissera couler les pierres d’ignominie dans l’océan de son refoulement. Elle ne dira rien sur ce meurtre dans lequel Amos a trempé ses mains, elle le lavera de ce traumatisme comme elle le lavera de ses démons se dit-elle, mais les sourcils ombrent ses joues, les traits s’épuisent à appréhender les solutions. « Je suis revenue parce que je tiens à toi. Que les années qui trépassent n’ont pas d’importance. Je n’ai pas la notion du temps Amos et je tenais à te laisser libre. Je suis partie car tu étais sur le sentier d’une nouvelle étape de ta vie et je ne tenais pas à m’immiscer dans celle-ci. Je l’ai fais par respect et par considération. Par amour, certainement. » Amarante révèle, le naturelle de son ton si bas, si doux, elle opère un accouchement par la parole, simplement, sans nier ni subir la force spectrale de ses agissements passés, elle explique pour apaiser le garçon terrorisé. Elle ne caresse pas les poils de son menton ni ne se tient la tête sur son épaule, elle prend une tasse en verse un thé brûlant qu’elle lui tend. « Tu me bouleverses Amos, et j’aimerai apaiser tes souffrances, mais je suis désœuvrée, je ne sais comment faire. Me laisseras-tu te serrer dans mes bras, comme une amie ? » Elle attend la réponse, en elle germe le devoir de le soigner, mais comment, il paraît la proie d’une obscurité, à tout moment explosive et explosante. Elle le pensait heureux, elle le pensait épanoui, elle retrouve un fantôme de chair et de fureur, un homme trop longtemps ignoré.

Hedera

Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices.

Le courroux a coulé sur ses lèvres en guise de venin, réminiscences brutes d’un passé qu’il rabroue. Puisqu’en la perdant, Amos sut qu’il l’aimait, la revoir éveille en lui l’a colère de sa déception. Frustré de ne guère pouvoir la toucher, lui qui n’espère que poser ses lèvres à sa chair frémissante. Découvrir les plaines alanguies de son corps, et loger en elle une mer à l’intérieure ; nourrie de ses allers-venues. Il a l’envie de leurs nuits blanches, de leurs rires fracassés sur leurs sommeils, de leurs diatribes incessantes, de leurs soupirs voilés. Il se souvient encore de leurs promesses qui n’en étaient pas, celles de se revoir sans jamais se retrouver. Aussi lorsque Amos la revoit enfin, son coeur s’alourdit de peines comme de privations. Et à travers elle c’est à lui-même qu’il s’en veut. L’égoïste a le blâme aisé lorsqu’il fustige autrui ; il la condamne pour son absence lointaine, pour son retour tardif. Pour sa volupté, pour la cambrure de ses reins qui l’affame, pour ses lèvres facétieuses. Il la condamne, pour tout ce qu’ils devraient être et ce qu’ils ne sont pas. « Je n’étais pas au courant. » Ces quelques mots le soulagent. Amarante réplique d’un timbre bas et émouvant, sa voix est un excitant que Amos peina à oublier. En l’instant, cette intonation apaise néanmoins son trouble et, comme il fourrage une dernière fois ses cheveux de ses mains nerveuses, cesse enfin de s’agiter.

Et lorsqu’elle parle, il l’écoute.

« Je suis revenue parce que je tiens à toi. Que les années qui trépassent n’ont pas d’importance. Je n’ai pas la notion du temps Amos et je tenais à te laisser libre. Je suis partie car tu étais sur le sentier d’une nouvelle étape de ta vie et je ne tenais pas à m’immiscer dans celle-ci. Je l’ai fais par respect et par considération. Par amour, certainement. » Amos considère l’argumentaire, le nettoie de sa colère comme de ses préjugés. S’accroche à la sincérité perlant à ces lèvres qu’elle a si belles, se mure encore dans son mutisme. Le regard est contrit, frôle à peine la silhouette de l’ancienne amante ; gestuelle de repentance. Il n’ignore pas que son emportement est injuste comme ils demeurent tous deux victimes de la scélératesse du destin. Les Moires sont des putains. « Je vois. » murmure-t-il enfin. Dans l’ataraxie de ses mots se niche un 'je t’aime aussi'. La situation est épineuse, aussi l’aveu loupe l’encoche de ses lèvres.

Ce moment de perdition, Amarante le remarque. Elle tend au fauve une tasse de thé qu’il ne désire pas. La moiteur de l’été et le grondement funeste de son courroux l’enjoignent à refuser. Amos accueille néanmoins poliment l’offrande ; paradoxe de ses sentiments. Il n’y a rien, qu’il ne pourrait refuser à Amarante. Posant la tasse sur un meuble à ses côtés, le Gaunt siffle sa frustration comme un serpent : « Comme une amie ? Je ne veux pas que l’on soit amis. » Il ment. Mais la concupiscence le fait ployer. « Je te veux comme amante. Sans doute plus encore. » Confidence offerte qu’il ne put rattraper. Son regard vrille ailleurs, entre la fâcherie et le dépit.

CODAGE PAR AMATIS -- @amarante kirchner

Hedera

Tu as jeté partout de profondes racines
Ainsi qu'un grand lierre autour de mes vacances
Qui me tient dans la nuit de ses câbles feuillus
Ton sang nourrit les images de tous mes rêves
Noire intendante de ma vie obscure

@Nouménal

Et la tempête s’est calmée dans un silence, elle contemple de ses yeux alourdis de regret le visage lumineux d’un soleil soucieux, Amarante lui fait face à cet homme qu’elle a fréquenté, il a hanté ses draps, de ses mains a posé ses empruntes, elle décèle déjà l’odeur qu’il la ravissait tandis qu’elle fourrageait dans ses cheveux, ses nuits où elle donnait et elle recevait, des paroles et des baisers, la chair et le spirituel emmêlé. Mais la tornade jamais ne s’éteint réellement, il l’écoute, prend même la tasse qu’elle lui tend alors qu’elle sait que le thé n’est pas sa préférence et cela la touche, et cela la trépasse. Un regret puissant l’étreint, celui, peut-être, de ne pas être restée, d’avoir renoncée, quand il lui avait dit qu’il allait épouser une femme, elle s’était rétractée, avait menti sur ses sentiments pour protéger la peine qui l’envahissait. Elle avait gardé, précieusement, tous ses souvenirs et avait fait sa vie, de son côté. Sans une once de méchanceté ou de malveillance, ni de jalousie, elle l’avait laissé comme on laisse à un être aimé sa liberté. A cette parole juvénile, emplie de désir, elle respire profondément. Elle s’assoit alors, appelle Olympe qui, de sa fourrure près d’elle, s’allonge sur elle.
« Cette promesse te brise. Ne crains-tu pas le pire pour ton avenir familial ? » Elle préfère questionner sans dévoiler ses émotions marquées sur ses traits, elle a sa tête noyée dans les poils de sa panthère, elle qui l’embrasse et grogne de plaisir de l’avoir à elle. L’on entend ici et là des murmures d’amour, la voix profonde, dans les grains cristallins un chemin de rêverie. Et, quand la femme s’est dominée elle ose planter ses prunelles mordorées dans celles majestueuses de son passager. Il a cette beauté ardente qui éveille ses songes. Et soudain elle prend sa main, la regarde, l’admire, la contemple. « Si je dois me contenter d’une seule caresse, cela me suffirait. » Et cette main qui a découvert l’Eden, qui a ouvert la brèche de l’extase, cette main d’homme qu’elle a si souvent touché, effleuré, elle la pose sur sa joue et ferme ses paupières. De ravissement. Et elle sourit, fatiguée mais heureuse, un peu rêveuse. Sans prévenir, elle plonge la main d’Amos dans le noir nuit de celle que rugit, d’un geste apaise Olympe, lui murmure que c’est un ami et qu’ils devront s’entendre car elle n’a pas l’intention de le laisser s’envoler une seconde fois. Alors, le fauve se tait, se laisse faire, même se détend. « Elle commence à t’apprécier. » Taquine-t-elle. Le froncement de sourcils quand elle se demande… « Amos je ne désire pas t’emprisonner. Je pensais sincèrement que tu n’étais pas engagé. J’aurai du me renseigner avant, accepte mes excuses. Et, pour ce qui est de cette requête, oui j’ai envie de toi, je t’ai toujours désiré mais je ne souhaite pas, non plus, bousculer ton existence. » Elle parle naturellement, les mots toujours semblent une arme qu’elle jette à ses destinataires, il n’y a pas de colère ni de jugement - comme tant d’autre aurait pu grogner - elle parle comme une créature intègre et douée d’abnégation, elle s’oublie pour l’autre et cela ne la dérange guère. Elle qui ne croit plus à rien et qui attend. Car la vie, certainement, s’est obscurcie, s’est teintée de charbon, lorsqu’elle a perdu ces camarades qu’elle aimait tant. Elle préfère laisser pour ne pas mettre en danger. « Si tu veux partir... » mais le reste s’écroule, tant elle a dans son coeur une tristesse de le voir disparaître. Il a comblé sa solitude.

Hedera

Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices.

Tant de regrets à sa lippe, tant de courroux, tant d’envies d’elles éteints sous le feu d’autres passions corrompues. Amos a la franchise tranchante, de celles qui font ployer. Et, comme il lui confesse ce qu’il attendit d’elle dans ce qu’elle fut et dans ce qu’elle devrait être, commence dores et déjà à regretter cette intégrité crasse qu’il ne se connaît pas. La promesse lui colle à la peau, lui démange le cou, les poumons, les viscères. Il a ce regard qui sur elle se pose, la caresse et la dévore. Et c’est d’une douceur aux parfums passés qu’elle s’empare de sa main, d’un geste ondoyant sous la paume greffe ses doigts entre les siens. Les frissons de sa nuque lui murmurent d’autres litanies, celles de leurs corps suffoquant dans les draps. Ses lèvres qu’elle avait si douces et audacieuses, s’aventurant autrefois vers l’intime puis lui clamant des psaumes transis. Et ses mots, ses rires et ses lyrismes. Puis son départ qu’elle n’avait auguré en rien, lui laissant la malédiction d’une hyménée malheureuse. La main de l’homme caresse la fourrure du fauve au grognement apaisé ; brève quiétude à son âme comme Amos se surprend à sourire.

Lorsqu’il se relève, son mutisme se fracasse à ses excuses. Amarante fut toujours ainsi, aux antipodes du garçon : bienveillante et polie, intègre dans sa grandeur. A sa décharge, tant d’obstacles qu’ils ne purent surmonter ensemble. Elle a l’envie de lui, tout en se dérobant à sa vie. La langue est polie et lisse, se dérobe sous trop d’usages de complaisance qu’Amos ne relève pas. Etrange, comme il lui pardonne. Il n’a pas la verve aiguisée à son encontre, habituellement coupante comme du verre pilé. Parce que la destinée se joue d’eux et qu’il serait stupide de lutter. « C’est fort courtois de ta part. » finit-il par siffler de dépit. Avalant ses belles excuses d’un rictus contrit. Ce qu’Amarante lui offre à comprendre, Amos le perçoit autrement. Ne pas bousculer son existence. Ouvrir la porte de sa vie sans y passer le seuil puis la refermer aussitôt sur l’obscur. C’est rompu, qu’il comprend. Amarante s’obstine, l’enjoint à la quitter : « Si tu veux partir... » L’injonction est douce et c’est placide qu’il l’accueille en dépit du coeur loupant un battement. Puis deux. Puis ce noeud à la gorge qu’il s’emploie à délier d’une déglutition difficile. « C’est l’histoire de nos vies. » La voix se fait suave et l’oeil provoquant. La nuque ploie sous une salutation galante comme le dos se tourne. Silhouette avalée par l’ailleurs, c’est une nouvelle fois qu’ils se quittent.

CODAGE PAR AMATIS -- @amarante kirchner