stained glass

Rester en place, elle ne savait plus comment faire Bathilda, besoin de bouger, besoin de changer, besoin de revenir à cet environnement qu’elle connaissait bien, trop peut-être, au moins rien qu’un peu. La main venant se poser contre la rambarde, tout partait un peu dans toutes les directions en ce moment, le vrai, le faux, le réel, l’imaginaire, tout se mélangeait par la faute de ses fausses visions, le monde paraissait différent, malade en quelque sorte. Se reposer, elle devrait sans doute le faire plus que de raison mais refuse, le monde ne va pas arrêter de tourner alors elle non plus, en aucun cas. Rage intérieure, rage puissante, présente et en même temps l’idée claire qui vient se mélanger avec ce qui ne l’est point. La route devient sinueuse, les petits lapins roses viennent dans son champ de vision, elle sait qu’ils ne sont point réels, en aucun cas, qu’ils ne sont que des idées, qu’ils ne sont que des mirages mais elle ne sait comment les faire disparaitre. Elle s’enfonce dans cette folie, trop à son gout, trop pour sa survie mais ça passera, le remède viendra bien assez tôt, bien assez vite et elle pourra à nouveau montrer sa superbe. En attendant, elle joue le jeu, tente en tout cas, de son mieux, complications certaines quand le monde parait prendre des teintes irréelles. Le couloir, la porte qu’elle tente d’ouvrir un clown qui en surgit, non, ce n’est qu’une fausse idée, non, rien, même pas de porte, seulement un mur contre lequel elle s’énerve bien trop et ses regards qui se retournent vers elle et tout ce qu’elle exècre au plus haut point. Trouver le bon couloir, ne pouvoir compter que sur elle et les autres, ceux qui l’aident dans ses déplacements, ne point être libre d’agir énerve, déçoit renforce ce qui n’est nullement positif. La porte est finalement trouvée, ouverte, le bureau trouvé, sans doute ne devrait-elle pas rentrer dans la sorte, encore moins s’installer sans y avoir été invitée mais le corps a besoin de se poser, le regard de se fermer et finalement trouver le bon chemin des pensées, pouvoir revenir vers l’interlocutrice et ne voir qu’elle, pas une autre, seulement elle. Oublier les lapins, les portes qui n’existent pas, le monde qui semble partir du mauvais côté. Respiration lointaine pour retrouver les esprits, pour retrouver sens finalement et le regard qui se pose sur la sorcière. « Rylan, je suis heureuse de constater que tes nouvelles difficultés n’entachent pas ta conscience professionnelle. » Douceur qui vient sur les traits, attachement particulier pour la jeune sorcière, pour ce que les années lui ont pris, pour ce qu’elle a dû endurer, ce qu’elle ne connait que trop bien finalement, les agissements putrides des Goyle, leur incapacité à ne point détruire ce qu’ils touchent. Ne pas penser à cela, se concentrer sur la sorcière. « Je pense que nous pourrions mettre le temps que nous avons au profit de notre cause commune. L’exploitation des hybrides doit cesser mais j’aurais besoin de ton aide pour arriver à convaincre mon neveu, le ministre ne changera pas d’avis à moins que nous lui amenions les preuves de son erreur. » Et ce traitement en était une, énorme.

Comme souvent, elle était plongée dans son parchemin et personne n’arrivait à la déranger. Plusieurs personnes étaient passées, avaient tenté un petit signe de la main, ou un petit “Salut”, mais rien n’y faisait. Son regard noisette passait des documents à son compte-rendu. Après tout, elle n’avait que cela à faire. Reléguée à son bureau, interdiction d’aller dehors. Il ne fallait prendre des risques, parce qu’elle ne pouvait pas se défendre ou s’enfuir par elle-même. Bien qu’elle aimait se perdre dans les livres et apprendre de nouvelles choses, elle avait déjà goûté à la liberté de faire ses recherches sur le terrain et d’en tirer ses propres conclusions et ça, ça lui manquait déjà.

Et elle ne sait pas pourquoi, au moment où Bathilda était entrée dans son bureau, elle s’était vaguement reconnectée avec la réalité. Elle l’avait comme sentie venir. Et pourtant, le bond qu’elle avait eu dans son coeur avait été présent, secouant son corps et son bureau par la même occasion. Il lui fallut tous les efforts du monde pour ne pas laisser échapper un petit cri. Quelques secondes salvatrices pour reprendre ses esprits. « Désolée, j’étais perdue avec mes Grapcornes. », s’excuse-t-elle avec un petit rire nerveux. Elle était consciente que ses réactions pourraient paraître étranges. Mais quand on la connaissait, on savait à quel point elle pouvait s’investir et se plonger dans son travail, et elle n’entendait plus rien. On savait aussi qu’il fallait toujours faire attention aux conséquences d’un retour à la réalité. Un compliment de la part du bras droit de Gellert qui faisait sourire la blondinette. Après tout, tant qu’on lui faisait des compliments, elle n’était pas une personne d’intérêt. « Il faut que je m’occupe sinon je vais tourner en rond. Heureusement qu’une grande partie de mon travail se fait en bureau. J’imagine même pas pour toi. » Elle était vraiment peinée, parce que si elle pouvait continuer à travailler dans son domaine de prédilection, il était plus compliqué pour sa collègue de continuer son travail sans sa magie.

Elle venait lui parler de leur passion commune : les hybrides. Aussi étrange que cela avait pu paraître aux yeux de Rylan, Bathilda n’était pas de l’avis de son supérieur concernant certaines races de personnes dans le monde des sorciers. « Bien sûr, tu penses que ça peut marcher ? Tu penses que ton neveu arriverait à me faire confiance rapidement ? » Elle s’interrogeait sur leur capacité à convaincre le premier Ministre, mais le neveu dans un premier temps. Au fond de ses entrailles, elle se disait que s’il avait fait en sorte de mettre les cracmoles en esclavage, il y avait peu de chance qu’il change d’avis sur les lycans. Mais cela ne lui coûtait pas grand-chose - apparemment - de participer. Après tout, elle avait le soutien de Bathilda, qui était bien plus proche de Grindelwald. « De quoi as-tu besoin de ma part ? », qu’elle lui demanda en posant enfin sa plume. Après tout, elle était prête à aider, elle voulait juste savoir comment.