(f/pris) blanca suarez — aloysia maskelyne

Juliet, fantasque enfant de neuf ans, sœur tant aimée et trop tôt arrachée à la vie. Aloysia se souvient de ce soir d’été où elle la trouva dans un parc, les yeux figés sur la mort et le corps désarticulé à la façon d’une marionnette. Son cou avait été brisé net. De cette atroce vision, la née-moldue en gardera la certitude d’un décès non naturel, causé par un sorcier ou une sorcière.  N’avait-elle pas été très mal acceptée à Poudlard par quelques-unes de ses compagnes de promotion ? En cause ? Son sang bien entendu. Avait-on pu vouloir se venger d’elle ? Lui donner une leçon en s’en prenant à sa sœur ? Et pourtant, la vérité se révéla toute autre. Juliet et Pandora, unies par une solide amitié, une amitié cachée par un serment qui ne rendait leur lien que plus fort. Des cabanes construites en guise de palais, des confidences au creux de l’oreille, des rires et des jeux ... Des jeux banals comme celui d’une balançoire. Poussée toujours plus haut dans les airs à sa propre demande, la corde céda, Juliet s’envola, chuta et périt.  Un accident ô combien stupide, traumatisme impérissable pour la journaliste qui n’a consenti à écrire que sous le pseudonyme de cet être cher, afin de la faire revivre par sa plume. Aloysia s’est toujours persuadée, influencée en ce sens par son héritage moldu, que ce nom d’emprunt n’était qu’une pure coïncidence. Juliet reste un prénom banal qui convient parfaitement au courrier du cœur. Néanmoins, le comportement de Pandora à son égard lui paraît de plus en plus étrange. Dure et ferme afin de donner le change devant les employés de la gazette qui n’admettraient pas qu’une esclave née-moldue soit mieux traitée qu’eux, elle lui octroie des privilèges que sa condition ne lui aurait pas laissé espérer. En effet, Pandora ne lui a-t-elle pas offert la meilleure chambre de son appartement, des cadeaux en grand nombre et même cette permission soudaine de rédiger les faire-part de naissance. Si Pandora, muette par culpabilité, se comporte ainsi à cause d’un profond désir de rédemption et d’une quête de pardon, Aloysia se persuade que sa maîtresse, non mariée et sans compagnon, désire de sa part une relation bien plus intime. Une perspective qui l’effraie, elle ne se sent pas capable de s’humilier davantage, mais pourrait-elle seulement refuser ses avances ? Elle n’est plus rien et Pandora peut tout.

Ludwig Kirchner. Doux nom, tendre écho. Fiancés depuis un an, ce dernier a tenu à s’enrôler, malgré le danger, dans l’armée moldue où la guerre l’a fauché début août 1914. La sœur de son fiancé, Amarante, l’a prévenue par hibou avec une délicatesse infinie dont elle lui est reconnaissante. Une gratitude qui n’a fait que se renforcer plus encore, lorsque la jeune allemande a pris sous son aile les parents d’Aloysia. Ceux-ci résident maintenant en toute sécurité dans son ancien château de Bavière.  Il faut dire que les deux jeunes femmes, presque belles-sœurs, se sont toujours estimées et appréciées. Et si aujourd’hui, elles ne se croisent qu’assez peu à cause de la servitude de la née-moldue, Amarante ne renonce pas à l’idée de la faire évader grâce à l’Ordre du Phénix auquel elle appartient. Pour cela, il ne lui manque plus que l’occasion.  

Septembre 1909, Andraste couchée à même une table hurle de douleurs. Son accouchement s'annonce particulièrement difficile tourne au désastre. On craint pour sa vie et celle de l'enfant. La sage-femme habituelle des Lestrange se retrouve désarmée. Elle conseille alors Aloysia. Cette dernière accourt et parvient grâce à sa science à secourir la mère et le fils nouveau-né. Consciencieuse, la née-moldue demeurera même au chevet de ces deux êtres durant de longues semaines afin de s'assurer de leur santé. Andraste en fut touchée, reconnaissante et noua des liens presque amicaux avec elle et n'hésitera pas à faire ses louanges auprès de ses connaissances. Aloysia connut alors les meilleurs années de son existence, la confiance des sorciers lui semblait acquise. La chute n'en fut que plus grande et plus terrible. Lorsque Grindelwald parvint au pouvoir, tous lui tournèrent le dos, tous, même Andraste dont le soutien lui paraissait tout naturel dans cette épreuve. Le doute ne l'avait  même pas effleurée. De son comportement, la juge en garde une certaine culpabilité mais pour sa famille et pour elle-même, elle n'a pu agir autrement. Elle a dû l'abandonner à son sort et lui fermer sa porte. Aloysia profondément déçue et blessée ne pense plus qu'à elle, qu'avec colère et incompréhension. Elle souhaiterait ne plus la croiser, jamais, et pourtant, elle doit supporter sa présence, Andraste n'était-elle pas une fidèle amie de Pandora Skeeter ?