killer queen + karlina

Affronter les pires mages de Grande-Bretagne, le ministre à la verve acéré, les hybrides les plus indomptables, et pourtant, le nœud au creux du ventre de Selina ne se desserrait pas à l’idée de voir un homme aux moindres pouvoirs. En apparence, évidemment, car pour le reste, il était tout ce qu’elle redoutait. Elle l’avait évité, avec application, mais sa promotion temporaire la forçait à être confronter à nouveau au regard de Karna Trelawney. Ces prunelles, qui l’avaient couvertes de tant de choses pendant plusieurs années, avant que tout s’évapore, même sa place, d’un souffle de femme blessé, celle qu’elle ne serait jamais, parce que la jalousie ne fait pas partie de la constituante de Selina Parkinson. Elle était des millions de choses, mais pas cela. Alors, comme lorsqu’on se prépare à un rendez vous galant, elle avait soigné ses cheveux, sa tenue, les teintes ponctuant son visage, pour être inoubliable, si jamais il avait pu chasser de son esprit sa présence. Elle souhaitait s’assurer qu’il ne perde pas de vue tout ce qu’elle était, et tout ce qu’il n’avait plus, désormais. Voilà plusieurs mois qu’ils ne se sont pas retrouvés seuls, à deux, dans son bureau. Etait-ce les souvenirs qui se bousculaient ? La complicité qu’elle savait si simple à retrouver quand il lui offrait un simple coup d’oeil, et quelques mots qui rappelle l’habitude des âmes qui se sont côtoyées surement trop longtemps.

C’est ses talons qui claquent au rythme d’un métronome pour rassurer son coeur qui palpite un peu à l’approche du département. Celui qui fut le sien pendant sept ans, avant d’être volé, descente aux enfers sauvée par la présence d’Henry, qui lui a probablement trop donné pour que ça ne paraisse pas suspect. Et contrairement à tant d’autres, il n’y avait que ce respect mutuel, travaillé par les années qui les liaient. Elle convenait aisément que ce poste temporaire était une promotion impressionnante, fulgurante pour quiconque ne connaissait pas Selina. Mais c’était là mal connaître son caractère carriériste, la gamine qui frappait un peu trop fort avec sa batte au Quidditch avait disparu pour laisser place à une femme forte, indépendante, tant que son père était d’accord, et qui gravissait les échelons sans ciller, sans regarder les débris derrière elle.

Mais il reste toujours des démons à combattre, même pour celle qui tente de faire croire que rien ne l’atteint. Et il était bien son démon le plus satisfaisant à observer. L’assistante, à son ancienne place, va l’annoncer, mais elle connaît probablement les lieux mieux qu’elle. “Il n’y a pas besoin, je sais où se trouve le bureau de Monsieur Trelawney. Assurez vous que rien ne nous dérange.” Elle lui offre son sourire le plus condescendant, et respire profondément à l’approche de la porte de bois. Elle frappe deux coups, et n’attend pas d’invitation, c’est presque chez elle, ici, tant elle connaît les lieux. La réalité tendrait plus à dire que si elle ne poussait pas la porte, elle aurait probablement fait demi tour. Probablement. Et rien a changé. Si ce n’est qu’elle n’est plus là. Ca lui ferait presque mal au coeur, tout à coup. Elle visse ses iris vers lui, et sourit à sa manière, suffisante et insupportable, tout ce que la plupart des sorciers détestent. Parce qu’une femme qui connaît ses compétences, c’est un danger, quoiqu’on en dise. “Bonjour Karna. Nous avions rendez-vous.” Sa voix se fait mielleuse, mais l’homme face à elle sait parfaitement à quoi s’en tenir : Selina est vénéneuse, et il en a déjà fait les frais. Pourtant, il ne semble pas effrayé. Après tout, c’est lui, qui a fait basculer sa vie. Pas l’inverse. Malheureusement. Elle s’assoie en face de lui sans attendre d’invitation, frôlant le cuir du fauteuil, réminiscence des réunions de travail passées à ses côtés. Ils étaient particulièrement efficace, ensemble. Et se retrouver dans ce bureau, après tout ce qui s’était passé entre eux, était particulièrement étrange. Pourtant, tout semblait à sa place, ici.

Like old days.