Lyanna K. Prescott - Queen of Spades

Histoire de 450 mots minimum, ou 15 anecdotes - La chaleur devient de plus en plus insoutenable, même pour une australienne et la fumée, épaisse et oppressante. Les flammes commencent à m’encercler dangereusement, la sueur perle sur mon front. Quel enfer !  Aucun son ne sort de ma bouche, pas un cri, pas un appel à l'aide. Plutôt crever. Peu importe l'urgence de la situation, je ne panique jamais. Je compte pas mourir ici de toute façon, pas comme ça, pas là dans ce vieux taudis. Je me tourne vers la droite, ma baguette a glissé sous l’armoire lors de ma chute. Et merde.  Je tends la main vers mon sac, calmement, pour économiser un maximum de forces.  J’avais besoin de ma gourde. Pour tenter d’éteindre le feu ? Bien sur que non, pauvre cinglé(e) ! Cette gourde n’a jamais du contenir d’eau,  c’est au whisky pur feu qu’elle est désinfectée. Une gorgée pour me donner du courage. Au son du crépitement du feu, ma tête commence à tourner. Je manque d’oxygène. Gisant sur le plancher noirci, je me sens partir. Mes souvenirs défilent sous mes yeux.

Je suis née dans le pays le plus beau au monde : l’Australie. Mes parents, deux sorciers au sang mêlé ont toujours eu une bonne situation et j'étais une enfant plus que désirée. Mon père est un homme d’affaires, je l’admire beaucoup pour sa carrière. A  l’époque il travaillait dans l’industrie des potions. Ma mère, elle,  a toujours été passionnée par les moldus, elle en a fait son métier. Elle est au département d’études qui leur est consacré au ministère. Ils ont toujours été pas mal absents tous les deux à cause de leur boulot, particulièrement ma mère. Elle vivait dans le monde des moldus pendant des jours et on la croisait peu. J'ai toujours été plus proche de mon père. Ayant hérité d’un bon nombre de ses traits, il était tout à fait naturel qu’on s’entende bien. C’est l’homme de ma vie. Malgré leur absence, j’ai eu une enfance très heureuse. Le déménagement en Angleterre ne m’a pas traumatisée bien au contraire. J’étais contente de partir et de m’aventurer dans l’inconnu. Bon je n’ai toujours pas fais le deuil du climat mais hormis ça,  je me suis très bien intégrée.

Et puis quelques années plus tard j’ai pu aller à Poudlard, une des meilleures écoles de sorcellerie du monde. Ma mère voulait que j’aille à Serdaigle, pour respecter la tradition familiale de sa branche. La première chose que j’ai faite quand on a déposé le choixpeau sur ma tête c’est de lui demander de ne pas m’y envoyer.  J’aime pas rentrer dans la norme, j’ai toujours besoin de me faire remarquer. Ca doit être mon côté sale gosse en mal d’amour. Il m’a répondu qu’il ne l’avait pas envisagé et que c’était sur deux autres maisons que se portait son hésitation. Gryffondor ? Non, Serpentard ! Ca me convenait. J’ai passé des années heureuses au château et j’ai mine de rien beaucoup appris. Je dis mine de rien parce que j’avais des notes correctes mais j’étais loin d’être la sorcière la plus studieuse. Toujours au fond de la classe, dissipée, ne tenant pas en place. Je ne pouvais m’empêcher de bavarder, d’intervenir et de poser des questions. Les cours ça n’a jamais été mon truc. Trop survoltée. Pourtant je suis de nature très curieuse et  j’aime découvrir de nouvelles choses,  j’ai juste pas la patience. Ma mère m’a dit un jour que si j’avais mis autant d’énergie à étudier qu’à faire des conneries, je serai prix nobel de magie. Elle sait que je suis intelligente, que j’aurai pu être une élève brillante et ça l’agace. Moi je n’ai jamais regretté, mes objectifs sont tout autres que ceux qu’elle a voulu me fixer.

J’ai toujours préféré vivre au jour le jour et m’amuser et ça s’est fortement accentué à la puberté. J’ai commencé à faire tourner les têtes et à m’amuser avec de plus gros jouets : les hommes. J’avais un certain succès. Séduisant tous ceux que je convoitais, jouant de mon charisme et de ma popularité, je chassais déjà. Loin de moi l’idée de m’attacher, j’ai toujours eu une sainte horreur de l’amour. Je tiens trop à ma liberté. J’ai enchaîné les relations, en prenant ce que j’avais à prendre, partant une fois que ça avait cessé de m’amuser et qu’ils n’avaient plus rien à m’apporter, toujours indemne. Enfin… Presque toujours. Il y a eut Stark.

Autant vous dire que la première fois que je l’ai vu, en retenue, j’étais loin de m’imaginer qu’il pourrait se passer quoi que ce soit. Je ne l’aurais même pas touché avec un bâton. Il était de mon année mais je ne lui avais jamais porté la moindre attention. C’est vrai qu’il était assez mignon mais c’était pas ce que je recherchais. Avec son sourire niais, il portait une pancarte ‘’Gentil garçon’’ placardée sur son front. Il avait l’air d’un mec sans histoires  et ce genre de mecs  m’ennuyait à mourir. Un challenge, un jeu, un défi. Moi c’est pour ça que je vibrais. Et je voulais bien lui faire comprendre qu’on jouait pas dans la même catégorie alors quand j’ai réalisé qu’on serait les seuls à partager ces heures de retenue, j’ai poussé un soupire  long et exagéré. Il n’a pas réagit, j’avais pas l’habitude. Et quand je l’ai regardé de haut, au lieu de baisser les yeux ou d’aller au conflit, sa seule réponse fut qu’il me sourit. Celle là, on me l’avait jamais faite. Je gagnais toujours ce genre de jeu mais là… Je savais pas vraiment comment compter les points, il avait réussi un exploit : me surprendre. Lui qui avait l’air si normal, si sage, si peu déjanté. Voilà qu’il m’apparaissait comme mystérieux. Et c’est un truc que j’appréciais.  C’est à ce moment là que j’ai décidé que j’allais le dévergonder. J’ai dégainé mon plus beau sourire, déterminée à le séduire pour ajouter cette bizarrerie à mon tableau de chasse.

Au début mon plan fonctionnait à merveille, il me divertissait même plus que ce que j'espérais. Il s’est avéré qu’il n’était pas aussi facile qu’il m’avait semblé l’être et ça me plaisait. Quand j’ai finalement réussi à le prendre sous mes filets, j’ai pas eu l’impression d’avoir gagné, alors j’ai continué à jouer mais j’ai fini par me faire avoir à mon propre piège. On venait de créer un nouveau jeu, les règles avaient changé mais j’ai mis un certain temps à le comprendre. Il jouait tout autant que moi, consciemment ou non, chacun de nous plaçait ses pions. Moi à l’époque je continuais, j’essayais de me convaincre que je ne faisais que jouer, que c’était du jeu dont  j’étais amoureuse. Je me disais qu’il m’aidait à me canaliser, à avoir de meilleures notes et puis j’avais toujours ma liberté, du moins c’est que je pensais. Force est de constater que je me suis bien trompée. Mon cœur était captif. Il avait réussi à trouver une faille. Quand je me suis rendu compte que j’étais bien plus attachée, il était déjà trop tard, alors j’ai renversé l’échiquier.

 Je me souviens comme si c’était hier du jour où j’ai retrouvé mes esprits. C’était à la fin du printemps  et de notre septième année. Il m’a parlé d’avenir. On s’était alors disputé à cause du poste que j'envisageais d'accepter. Chargée d'affaires à l'ambassade d'Angleterre à l’étranger. C’est à ce moment là que j’ai vu la porte de ma belle prison dorée menacer de se refermer sur moi. J’ai vu ma liberté m’échapper alors j’ai pris mes jambes à mon cou. Ca peut sembler un peu lâche mais c’était la seule solution pour éviter de plus s’abîmer. A quoi bon continuer la partie si aucun des deux ne pouvait gagner ? Nous ne pouvions décemment pas renoncer à nos rêves. Je ne suis pas une femme à marier. J’ai décidé d’accepter le poste et de l'oublier. Il fallait que je reprenne le contrôle de ma vie. Je lui ai fait croire que j’étais amoureuse d’un autre et j’ai recommencé à chasser d’autres hommes. Il fallait qu’il n’ait pas envie de me retrouver. Une rupture n’aurait pas été suffisante. J’ai abattu mes dernières cartes puis je l’ai quitté. Fièrement, j’ai tourné les talons sans me retourner.

J'ai tout abandonné. Ma famille, mon cercle d'amis et évidemment lui. Je ne lui ai jamais donné mon adresse et j’ai relâché mon hibou. Juste par précaution. J'ai travaillé avec passion et me suis lancée dans de nouvelles parties de chasse en parcourant le monde. C'était ma renaissance. Très vite, à force de me jeter à corps perdu dans mon travail, j'ai été repérée. Un ambassadeur a apprécié mon travail et ma personnalité et a décidé de me prendre sous son aile. J'ai travaillé en tant que son assistante pendant cinq ans. Il m'a tout apprit, alors quand il a pris sa retraite, c'est tout naturellement qu'il m'a recommandée à sa succession. Avec mes 7 ans d’expérience, le réseau que j'avais développé, mon charisme et mes talents d'oratrice, j'étais LA candidate idéale et j'ai été choisie. Mon père était tellement fier, tellement heureux qu'il n'a pas voulu me parler tout de suite de son accident. Il avait été blessé par un veilleur pendant la même période. Quand je l'ai découvert, tout est allé très vite. Mon retour à Londres et puis surtout ma nouvelle activité. C'est à cette époque que la Dame de Pique est née.

Et voilà où tout cela m'a menée aujourd'hui. Évanouie dans un vulgaire todie, encerclée par le feu. Je suffoque. Même les yeux fermés je perçois les flammes danser. Je reviens enfin à moi. La chaleur s'est intensifiée et le feu semble s'être rapproché. Il faut que je parvienne à me lever. J'ouvre les yeux et distingue dans la fumée une silhouette se rapprocher. Je reperds connaissance en me sentant soulevée. Pourtant j'ai rien demandé. Je suis pas une demoiselle en détresse, pas besoin de venir me sauver. Je m'en serais très bien sortie toute seule! La question est: est-on vraiment venu me sauver? Ou est-ce mon agresseur pyromane qui est revenu pour m'achever? Aucune de ces solutions ne me convient. Alors à toi, qui que tu sois et quelque soient tes intentions,sache le, tu es dans la merde.