beneath my skin (quincy)

(orion + quincy)
beneath my skin

Les gouttelettes d’eau se taisent alors qu’elle sort de la douche, l’entièreté du corps recouvert d’une serviette. Alors, il y a le silence. Le silence lourd, presque pesant, celui qui répand le froid. Le soleil est en train de se coucher, il rejoint son lit peu à peu, alors que la luminosité de sa chambre fane, emportant avec elles les dernières couleurs orangées. Elle ne peut s’empêcher d’observer l’astre disparaître derrière les arbres, un instant, marquant le temps qui passe, le temps qui la rapproche un peu plus d’Orion Malfoy. Ses pensées s’évadent quelques jours auparavant. Elle revoit son regard poli, gêné, ses mains presque tremblantes nouées sous la table. Eviter le regard, se chercher en catimini, comme deux enfants, deux gamins qu’ils sont. Mais ils ne sont plus sensés l’être. Elle, droite, un peu trop, héritière de la famille Greengrass, détentrice de la possibilité d’élever sa famille, de la rendre fière. Un poids qu’elle aime sentir sur ses épaules, mais qui l’écrase un peu, la fait flancher, ces derniers temps. Au final, ils sont pareils, et c’est ce qui la rassure un peu. Deux âmes inconnues qui doivent s’apprivoiser et se supporter toute une vie. Toute une vie. Cela semble bien utopiste, pour elle. Elle qui a vu ses fiançailles tomber en mille éclats, écrasées par les talons de son amie de toujours. L’échec, dur, douloureux. La fierté, qui disparaît, comme la fumée d’une bougie, qui s’envole et sombre dans l’oubli. On toque doucement à sa porte. Elle resserre un peu plus la serviette mouillée contre sa poitrine. Dans l’entrebâillement de sa porte, son frère et là, grand, beau, un sourire éclatant sur le visage. Comme toujours. Il s’approche et lui offre une étreinte éphémère. Malgré son amour, malgré ses sourires, il sent que l’atmosphère est grave, lourde de sens. Il pose un baisé furtif sur son front. « Peut-être que tu vas l’aimer » Il replace une mèche de ses cheveux dernière son oreille. Son sourire réconfortant lui tire les coins de la bouche. Ses yeux perçants, pourtant, montrent encore une méfiance, une retenue. Elle hausse les épaules machinalement. « C’est un beau garçon. » Elle prend place sur son lit, des frissons lui parcourant tout le corps, déclenchés par son vêtement de fortune qui humidifie sa peau. Elle aurait aimé avoir des frissons de plaisir à l’évocation de son futur époux, mais il y a une certaine indifférence retenue. Quincy a peur, elle claque des dents à l’idée de voir de nouveau son avenir incertain. Elle sait qu’elle n’a plus le droit à l’erreur, alors elle préfère prendre du recul sur la situation, ne pas considérer cette union comme acquise, pas encore. « Oui, c’est un beau garçon, malheureusement, peut-être ? » L’idée que son fiancé disparaisse dans les bras d’une autre ne lui a pas échappée. Elle se souvient de cet Avery, elle qui pensait le tenir entre ses bras, quelques étreintes charnelles qui mettaient des couleurs dans sa vie. Et des promesses. Que des promesses non tenues qui laissent un goût amer sur ses papilles. « Arrête d’avoir peur que tout le monde te trahisse, Quincy. » Elle a un rire jaune, qui reste bloqué dans sa gorge. « Tout le monde n’est pas de paroles, mon frère. » Elle soupire longuement. « Tout le monde n’est pas comme nous. » Il a un sourire maladroit. « Tu as raison… Mais ne pars pas défaitiste, d’accord ? Sur ce, je te laisse te préparer, tu vas être en retard. »

**

La nuit est noire, sombre. Elle avance lentement dans la pénombre, essayant de distinguer son chemin aux reflets de la lune qui, pleine, lui offre une luminosité discrète. « Lumos. » De sa baguette naît une lumière, plus ou moins puissante selon l’ombre des arbres. Ses cheveux sont noués en une grande natte qui tombe dans son dos. Elle tient de sa main gauche le bas de sa robe pour qu’il ne se tache pas au fur et à mesure de ses pas. La demeure des Malfoy apparaît devant ses yeux et son sang ne fait qu’un tour. Brusquement anxieuse, elle se mord le bord des lèvres. Elle soupire un grand coup discrètement, se doutant que l’une de ses fenêtres donne sur la chambre de son fiancé. Elle n’eût pas à s’approcher trop près de la porte, car celle-ci s’ouvra discrètement, alors qu’elle était encore à quelques mètres du bois. Prise de court, elle esquissa un sourire. Elle ne sut si celui-ci était visible dans le noir. Elle baissa rapidement sa baguette pour ne pas éblouir son partenaire. « Peut-être que vous aimeriez faire une promenade ? » Ces premiers mots la détendirent instantanément, et elle ne sut pourquoi. Elle fit volte-face et engagea la marche aux côtés du blond. « Cela me semble parfait, la nuit n’est pas très fraîche, ce soir. » Sa cape devait y être pour quelque chose, car elle ne sentait aucun courant d’air s’engouffrer dans sa robe. « Pardonnez-moi… c’est... nouveau pour moi, tout ça. » Elle se joignit à son petit rire. « Oh, j’aimerais bien en dire autant. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour moi. » Une maladresse, sans doute, de mettre en avant ses faiblesses dès les premières minutes. « Je n’aurais sans doute pas dû dire ça… mais je ne suis pas éprise des convenances. Je pense qu’il est important, dans ce genre de situation, d’abandonner tout ce cérémonieux, vous ne pensez pas ? » Elle n’imaginait pas avoir autant de facilité à s’exprimer. Peut-être car elle observait de nombreuses similitudes entre le garçon et elle ? Peut-être était-ce car elle l’avait vu grandir, en même temps qu’elle, qu’ils avaient poussés comme des plantes dans un jardin voisin ? « Si vous êtes d’accord, il serait sans doute bien de commencer par s’appeler par nos prénoms ? »

(@orion malfoy + quincy greengrass)
beneath my skin

Les choses sont telles qu’elles sont, et rien ne peut changer ça. Pour autant, Quincy ne se sent pas enchaînée à son destin. Elle n’imagine pas le mariage comme une prison, juste le début du nouveau chapitre d’un livre qu’on a beaucoup lu, l’appréhension qu’il soit moins bien que les autres, mais avec l’excitation qu’il bouleverse toute l’histoire. Les relations qu’elle entretient avec Orion ne font que commencer. Au final, elle ne sait rien de son futur époux, rien qu’elle n’a déjà deviné par sa timidité et son intelligence. Orion est quelqu’un de sage, encore un point commun qu’elle peut relever. Cela la rassure quelque peu. Il lui rappelle un peu Drystan, son ami, celui qu’autrefois était ce qui se rapprochait le plus d’un flirt, même s’il n’y a jamais rien eu. Elle apprécie ce genre d’individu, ceux qui réfléchissent avant d’agir, qui ont toujours quelque chose à rétorquer, que l’on peut écouter durant des heures entières sans s’en lasser. Orion a une voix douce et elle n’a pas de mal à s’imaginer l’écouter parler. C’est déjà un bon début. Si leur relation ne parvient pas à l’éblouir, elle pourrait sans doute s’en faire un allié de la vie, un ami, voire un confident. Les mariages ne sont pas forcément synonymes de passion, elle en est consciente, et ses rêves d’enfant son loin derrière elle à présent. Elle ne demande pas l’amour, elle demande l’entente, et elle pense que la cohabitation sera possible entre le garçon et elle. Deux forces calmes, ça ne peut que bien marcher, n’est-ce pas ? Au fond, elle essaie de se convaincre de cela, même si les doutes persistent et qu’elle sent son estomac se contracter à chaque fois qu’elle imagine l’avenir à ses côtés. « C’est d’ailleurs pour cela que je vous ai invité. pour casser une peu toutes ces formalités. » Une nouvelle fois elle se sent comprise. Elle a l’impression d’être branchée sur la même radio que lui, ce qui est rare pour deux inconnus. Ils semblent appréhender la situation de la même manière, pour l’instant, et ce n’est pas donné à tout le monde. Elle se répète de ne pas s’emballer, de ne pas répéter les erreurs du passé. Et elle compte bien rester sur ses gardes. « Pour apprendre à vous connaitre… pour apprendre à te connaître, Quincy » Un sourire franc étire ses lèvres. Il n’est plus le temps de faire semblant, les convenances se sont allés avec les poignets de mains de leurs parents. Les deux enfants sont livrés à eux-même, malgré les alliances qui découlent de ce mariage. « J’approuve cette initiative. Si l’on doit être lié pour la vie, ou du moins, pour un bon moment, autant commencer à nous apprivoiser dès maintenant. »

Elle aperçoit sa main, tendue vers elle, et avant même qu’elle ne put la saisir, Orion la replaça le long de son corps. Elle ne s’en sentit pas vexée, elle imaginait bien les idées contradictoires qui traversaient l’esprit d'Orion. Elle ne pouvait que comprendre, des milliers de questions se bousculant dans la sienne. Sur son passé, ses projets d’avenir, sa vie auprès des Malfoy, ses parents, sa famille, ses amis… Que des interrogations qu’elle a presque au bord des lèvres. Elle se doute bien qu’à force de rencontres, elle apprendra à connaître son futur mari et trouvera doucement sa place auprès de lui. Elle se demande subitement quelle serait sa réaction s’il savait, s’il savait ce qui occupait ses nuits, ce qui l’a presque empêchée de se rendre à ce rendez-vous ce soir… Elle porte immédiatement un regard à sa montre, peut-être trop prestement. Il est tard, elle imagine que les murs du fol’opiums débordent de lumières vives et d’hommes et femmes un peu trop alcoolisés pour réfléchir correctement. Un monde qui ne lui correspond en rien mais qui, pourtant, lui colle à la peau. Repoussant ses idées loin dans un coin de sa tête, elle suivit lentement le jeune homme, profitant des lieux à la lumière lunaire. « Je suis bien content que tu aies accepté de venir me rencontrer, en dehors de ce cadre imposé. » Elle traverse une étendue de terre totalement fleurie. Elle n’aperçoit pas les nuances dans l'obscurité mais elle imagine que cet endroit doit être époustouflant, en pleine journée. « Je n’ai pas hésité une seule seconde, à vrai dire. » Cela était à moitié vrai, car elle avait tout d’abord pensé à son travail, le soir même. Coup de chance ou destin, elle n’était pas censée danser, cette nuit. « Tu as peut-être une fleur préférée ? » Elle ne connaissait pas beaucoup les fleurs. Toutefois, c’était quelque chose qu’elle trouvait ravissant. Elle s’obligea intérieurement à se renseigner ultérieurement. « Ce serait sans doute cliché si je disais la rose, pourtant c’est celle que j’apprécie le plus. » Elle marqua un temps de pose, les yeux posés sur les bourgeons. « Connais-tu les fleurs de lune ? Elles sont assez impressionnantes, également, et ne fleurissent que le soir, évidemment, tu me diras, au vu de leur nom. Elles me ressemblent sans doute plus. » Elle admet ça avec un hochement d’épaule timide. « Tu apprécies les fleurs ? Tu dois bien avoir une passion à me partager, quelque chose qui te remplit de joie, si ce n’est pas trop indiscret ? » La foule de questions semble toquer à la porte. Une nouvelle fois, elle est avide de connaissance sur son fiancé qu’elle connaît encore que trop peu. « J’avoue avoir envie d’en connaître plus à ton égard. Pas ton nom, ta famille ou autres. Des choses sur toi, des petites anecdotes, détails. Je pense que c’est de cette manière que l’on découvre le mieux les personnes qui nous entourent. Alors excuse-moi si des fois je dépasse un peu les questions convenables. »  

(@orion malfoy + quincy greengrass)
beneath my skin

« Tu vois cette constellation ? C’est Orion. J’imagine que j’étais destiné aux étoiles. » Les astres n’ont jamais été son domaine de prédilection, bien qu’elle leur ait accordé de nombreuses heures, alors que la nuit ne voulait pas l’emporter, alors que Morphée était trop capricieuse pour l’étreindre. C’est une fascination un peu lointaine, qui ne l’a jamais poussée à aller au-delà des apparences, au-delà de ce qu’elle pouvait apercevoir de sa petite fenêtre. Mais elle l’observe, au bout de son doigt, dans la nuit calme et fraîche. Les étoiles s’étalent comme des paillettes dans le ciel, lointaines. Elles lui rappellent Penelope, ses cheveux blonds qui volaient toujours dans le vent. À chaque moment de doute, à chaque chagrin qui bouleversait le coeur, son père lui murmurait de regarder les étoiles, car Penelope vivait toujours quelque part, ailleurs, là où Quincy ne pouvait la voir. Alors, les étoiles étaient devenues sa cachette secrète, imaginant que Penelope était celle qui brillait plus que les autres, marchant invisiblement dans ses pas, lui montrant la route sans qu’elle ne s’en aperçoive. Aujourd’hui, ses réflexes d’enfants se font rares, parce que Quincy a perdu foi à la vie après la mort, à l’existence éternelle. Pourtant, Penelope est toujours dans un coin de sa tête, et parfois elle s’imagine de nouveau qu’elle l’observe du haut des cieux. « J’ai toujours eu ce lien spécial avec les astres. J’avais l’habitude de passer mes nuits à les observer. Mais ça fait bien trop longtemps que je ne l’ai pas fait…  J’avais l’habitude de le faire avec une amie, mais maintenant qu’elle est partie… » L’envie d’en savoir plus lui brûle les lèvres, mais sans doute que ces choses-là sont trop difficiles à dévoiler, et elle ne veut pas mettre mal à l’aise son interlocuteur. Alors, elle prend ces déclarations avec un hochement de tête discret, à l’écoute. Elle attend la fin de l’histoire, peut-être, le garçon s’étant arrêté dans sa course, mais les mots ne semblent pas vouloir sortir et elle sait que trop bien quel émotion ça peut déclencher. « C’est devenu moins naturel. » Ça brise le silence. Ses mots semblent lourds de sens et Quincy préfère ne pas relever, n’imaginant pas ce qui se cache derrière ses balbuties. Elle essaie de rendre sa voix douce, empreinte d’une légère allégresse. « Je n’ai jamais eu la chance de les observer, réellement. Avec les outils adéquats, je veux dire. Mes seules connaissances, je les dois à Poudlard. J’ai toujours eu une vision plus sentimentale que scientifique, avec les étoiles. Tu sais, les idéaux d’enfants. » Au fond, elle espère qu’il ne sait pas. Elle espère qu’il ne regarde pas le ciel en essayant d’apercevoir les signes d’une amie disparue, lui. « Je n’ai aucunement la prétention de remplacer ton amie mais, si un jour tu veux m’apprendre… Enfin, me partager ta passion, ça me ferait très plaisir. » Elle sourit. « Ce ne peut qu’être enrichissant pour moi. » Et ce sera sans doute une bonne excuse pour le remercier et lui rendre la pareille. Ce n’est pas comme ça que débute les relations ? « Tu veux en savoir plus sur moi ? j’ai du mal à dormir plus que quelques heures la nuit. je déteste la bière au beurre. j’ai failli faire exploser le local de potions en troisième année puisque j’avais inversé deux fioles. j’ai eu un chat quand j’étais gamin, que j’ai appelé… chat... ah oui. et j’ai déjà brisé trois balais en une semaine. mon père était furieux. » Elle rit doucement en imaginant les situations décrites par son fiancé. « Oh, je vois, tu es très pragmatique mais pas très adroit, alors. J’apprécie le personnage décrit et celui que je découvre, pour l'instant, je dois l’avouer. » Des moments de vie, des moments de jeunesse, qu’elle envie, dont elle aurait aimé se souvenir dès que son enfance aurait été mise sur le tapis. Malheureusement son enfance n’a pas été très joyeuse, et aucune anecdote de la sorte lui vint en mémoire alors que le blond lui retourne la question. « Oh, je ne suis pas sûre que ma personnalité soit aussi éclatante que la tienne, si tu veux tout savoir. » Elle tourne une nouvelle fois les yeux vers les cieux « Je n’ai jamais vécu que dans l’ombre des autres, finalement, trop peu sûre de moi, ayant peur de ne pas briller aussi intensément que d’autres étoiles, si tu me permets la comparaison… » Elle accroche son regard de nouveau sur son futur époux. « J’ai toujours été très studieuse, avide d’apprendre, sans doute pour me vider la tête de mauvaises pensées, paradoxalement. Et, contrairement à toi mon cher, les potions ont toujours été ma matière de prédilection. Je trouve ça fascinant ! » Elle marque une pause, une moue indéfinissable sur le visage. « Au final, je me rends compte que ma personnalité a bien changé, ses derniers temps. Il n’est jamais trop tard pour être soi-même, non ? Il n’est jamais trop tard pour briller. »