(njeri) cranes in the sky

All you have is your fire
And the place you need to reach
Don't you ever tame your demons
always keep 'em on a leash

@"njeri rosier"

◊ ◊ ◊

Janvier 1914. La Grande-Bretagne est en flamme, tauromachie infernale estampillée par les moldus. Les corps des Zabinis pendent aux arbres, tandis que d’autres sont retrouvés calcinés, entassés sur un bûcher. Ainsi, la première chasse aux sorcières du siècle est annoncée. Vision âcre crainte depuis la nuit des temps. Annoncée par une prophétesse encore inconnue au bataillon. Avenir brumeux qui se forme dans l’invisible. Un air de fin du monde flotte dans l’éther. Albus lui-même sombre dans le néant à l’annonce de la disparition de Masamba et Sashea, songeant immédiatement à ses filleuls. Reviens au pays. Tels sont les mots qui jonchent le parchemin reçu trop tard. Le briseur de sorts rassemble ses affaires à la hâte et quitte Jaipur sans se retourner, tenant sa valise d’une main, et la cage de son éternel compagnon de l’autre. Faisant usage du réseau de cheminée du ministère, il se rend jusqu’au manoir Rosier où on l’attend.

Albus Dumbledore surgit dans une ignescence émeraude. Il dépose le phénix et la malle près de lui avant d'épousseter brièvement sa veste. Sa complexion basanée par l’astre asiatique fait écho à celle de la sorcière qui pose sur lui un regard empli de colère. S’en suit un ballet de visages recouverts de capes noires, danse cérémonieuse d'employés du ministère réunis avec une rapidité négligée. Les mages au sang pur ont déjà perdu la vie, mais les moldus courent encore. Gardant le silence, le jeune gallois approche de celle à qui il doit tout. Njeri Rosier, l’empoisonneuse qui a fait de lui l’homme qu’il est. Legilimens. Occlumens. Conjureur de sorts. C’est elle qui l’a formé alors qu’il venait de devenir orphelin. Elle qui l’a sauvé de l’obscurantisme qui attendait les Dumbledore. Souvenir amer qui le ramène ce jour à une tragédie qu’il a lui-même connue auparavant, et dont ses protégés sont aujourd’hui victime. Une fois encore, la tragédie est l’oeuvre des sans magie. Dague au myocarde pour celui qui a appris à pardonner. Comment peut-on pardonner une telle sauvagerie ? “Njeri.” murmure-t-il respectueusement en guise de salut. “Où sont les enfants ?” Il darde ses prunelles ambres dans ses yeux charbonneux. Les aurors n’ont toujours pas mis la main sur les responsables, et il le sait. Son regard empli de ressentiment se pose sur le chef du département, visiblement bredouille. Lekié, Nyongo, Eshe. Les noms des trois enfants retentissent en son crâne comme une sirène sourde. Albus connaît leur douleur. Partage leur peine. Souhaite les honorer. Les venger. “Les moldus, traquons-les maintenant.”

(c) oxymort

DON'T TAME

YOUR DEMONS

@MADE BY ice and fire.

On en était arrivé là. Enfin. Cela n’était guère surprenant. Des années que ça leur pendait au nez. Des années que des sorciers perdaient leur vie. De la main d’un moldu, ou sous l’ombre funeste du secret magique international. Des décennies que la communauté sorcière sous-estimait le danger que les sans-magies représentaient. Plus maintenant. Ses frères en avaient payé le prix. Brûlés sur l’autel de la vérité.

L’on aurait pu s’attendre à une vague de violence. Des représailles en masse. Une guerre ouverte… Il n’en était rien. Le choc, l’outrage. Mais pas une baguette de sortie, pas un sort de lancé, pas une malédiction prononcée. Les heures, le nuits s’étaient succèdées dans un silence oppressant, d’où menaçaient les relents de l’indifférence et de l’oubli. L’inaction s’enracinait toujours plus profondément. Bientôt, les Zabinis ne seraient qu’un nom de plus, effacé de l’histoire par la main des moldus.

Njeri en frémissait de rage. Ombre argentée, elle se perdait dans l’obscurité de ses fenêtres, tournant le dos à la salle. Ses pensées étaient déjà au dehors, à la poursuite des coupables, corbeaux annonciateurs de la volonté féroce qui les guettaient.

Quelqu’un prononce son nom. Mais elle ne l’entend pas. Son esprit est tout entier occupé à façonner le piège qui lui permettrait sa vengeance. Il lui fallait des témoins. Il lui fallait des visages. Il lui fallait des noms.

« Les moldus, traquons-les maintenant. »

Ces mots-là sont des flèches qui sifflent droit au travers du brouillard de son deuil jusqu’à son cerveau. Le visage de Njeri se détourne des ombres, grave, pour faire face à celui de son filleul.

« Et que proposes-tu, Albus ? » Ses mots sont durs, son ton sévère. Comme l’invitant à corriger une stupide erreur d’inattention à un entraînement de ses A.S.P.I.C.s.

Elle n’était ni tireuse d’élite de baguette magique, ni auror, ni même duelliste. Elle était mère. Se promener dans les rues baguette à la main en quette d’une proie n’avait jamais été sa tactique. C’était une empoisonneuse. Une Legilimens. Elle rassemblait longuement et soigneusement ses informations avec son mari. Ils élaboraient méticuleusement leurs plans sur des semaines. Face à ces moldus, cachés dans l’inconnu, abrités par l’anonymat, Njeri était impuissante.

All you have is your fire
And the place you need to reach
Don't you ever tame your demons
always keep 'em on a leash

@"njeri rosier"

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La tragédie du meurtre des Zabini déchire le monde magique. La Gazette s’empare déjà de l’affaire. L’ébranlement est tel qu'à travers le pays et jusqu’en Inde, ou se trouvait Dumbledore, on parle de déséquilibre profond du secret magique. D’effondrement imminent de la sécurité sorcière britannique. Les oubliators, briseurs de sorts et aurors du ministère sont en alerte, pourtant les coupables demeurent en chasse. La lettre reçue des mains de sa marraine l’extirpe des confins de Jaipur pour le ramener à la mère patrie. Sombre drame qui lui enserre la mâchoire. La gorge nouée, il transplane jusqu’au manoir Zabini et approche de Njeri. Nul besoin de pénétrer son crâne pour comprendre que la sorcière qu’il considère aujourd’hui encore comme sa propre mère est elle-même perdue dans l’abysse du deuil. Pour l’avoir connue avant elle avec la disparition de Perceval, il connaît la douleur qui l’habite. Ce désir brûlant de vengeance qui la tient en haleine. Si Albus Dumbledore vient de perdre sa filleule et ceux qui l’auront recueilli au moment le plus vulnérable de sa jeune existence, Njeri Rosier vient de perdre ses frères et ses neveux. Son sang. Du haut de song mètre quatre-vingt dix, Dumbledore lui adresse un regard empli de la compassion que les fils ne réservent qu'à leur génitrice. Respectueux, le stratège écoute chacun de ses propos avec une attention toute particulière. Et que proposes-tu, Albus ? L'intonation le ramène à bien des souvenirs en compagnie de Njeri, alors qu'il était encore adolescent et qu'elle lui enseignait la légilimancie avec une poigne de fer en ce même manoir. C'est elle qui a fait de lui ce qu'il est à présent. Il le sait, il lui doit tout. Albus lève le menton et fait signe à un oubliator de saisir une fiole qu’il lui tend. “Recueillez les souvenirs des témoins et suspects que vous interrogerez, il faudra les analyser par pensine.” Posant sa paume sur l’épaule de la femme dans un geste de protection, il souffle: “Viens avec moi, Njeri. Allons sonder les esprits du paramètre du manoir ensemble.” Les deux légilimens quittent les lieux suivis de deux aurors. “Je te promets de les retrouver.”

Ils transplanent ensemble. “Homenum revelio.” La traque ne fait que commencer.

(c) oxymort

» NJERI ROSIER | du 16/04 au 27/04
» which witch (njeri)
» (mai 1914) promesses d'ombre ; njeri
» interrogatoire — groupe 27. njeri rosier + newton scamander