Welcome back sister.

Elle tourne en rond Iris, elle trépigne d'impatience, patience qu'elle ne possède que très peu d'ordinaire. Elle attend, elle fixe l'horizon, elle tourne, encore et encore. A la recherche d'une mèche rousse qui viendrait illuminer le paysage. Mais il n'y a rien, pas encore. Elle a les pieds enfoncés dans le sable, l'air marin vient balayer son visage mais ne parvient pas à balayer ses sombres pensées. Elle regarde sa montre gousset, elle est en retard. De cinq minutes. Ca l'agace Iris, ça la crispe. Mais elle ne peut pas lui en vouloir, elle lui laisse toujours tout passer, elle la pardonne quoi qu'il arrive. Elle entend un bruissement derrière elle, elle fait volte-face, l'espoir au bord des lèvres, mais ce n'est qu'un chat, un vulgaire félin qui se pavoise sous son nez. La vipère siffle entre ses dents, le fait fuir aussi vite qu'il est arrivé. L'angoisse commence lentement à s'insinuer dans ses veines. Où est-elle passée ? Elle, c'est Miraj. Sa petite sœur. Soeur qu'elle n'a pas vue depuis deux ans, depuis qu'elle est partie précipitamment en direction de New-York. Elle lui en a voulu au départ, et puis finalement Iris a compris. Elle avait besoin d'air, besoin de fuir cette famille qui pouvait par moment se montrer beaucoup trop oppressante. Elle avait gardé contact avec sa cadette, par courrier. Les échanges bien qu'espacés avaient été réguliers. Quelle surprise ce fut lorsqu'Iris découvrit la dernière lettre de sa sœur. Elle rentrait, enfin. Elles allaient pouvoir se retrouver. Miraj avait besoin de lui parler, en tête-à-tête, sans le père qui fouinait dans les parages, sans la mère qui écoutait d'une oreille faussement indiscrète. Miraj avait alors parlé d'une maison, qui lui appartenait – première surprise pour Iris – près de la plage, juste au bord de la mer. A bien y réfléchir, ce n'était pas surprenant. Miraj avait toujours apprécié le calme, la liberté et la nature.

C'est pour cette raison qu'elle est là la Lestrange, qu'elle attend depuis vingt minutes déjà. Elle ne veut pas être en retard, elle ne veut pas manquer sa sœur. Elle s'inquiète. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Et si elle avait fait une bêtise ? Les battements de son cœur se font plus rapides, elle sent sa gorge se nouer. Non, elle doit arrêter de toujours s'imaginer le pire. Elle doit se contrôler sinon elle sait qu'une crise d'angoisse va pointer le bout de son nez. Et alors qu'elle inspire lentement pour retrouver son calme, une chevelure flamboyante illumine son champ de vision. Un poids semble s'envoler de la poitrine d'Iris. Enfin, l'enfant chéri est de retour. Elle ne peut attendre plus longtemps, avance à grands pas vers celle pour qui elle donnerait tout. Elle l'embrasse sur les deux joues et la serre tout contre elle. L'étreinte est si forte qu'elle a l'impression qu'elle va la briser en deux. A contre-coeur Iris finit par la relâcher. Elle lui attrape les deux mains et murmure : « Laisse-moi te regarder. » Elle n'arrive pas à détacher son regard de son visage angélique. Elle a grandi c'est certain. Mais elle est devenue forte, elle est devenue femme. Avec délicatesse la vipère caresse l'une des joues de sa sœur et chuchote : « Que tu es belle. Encore plus que dans mes souvenirs ! ». Ce n'est pas dans ses habitudes de montrer ses sentiments de la sorte, ce n'est pas non plus dans ses habitudes de complimenter. Mais avec la famille c'est différent, avec Miraj, encore plus. Elle la regarde de la tête aux pieds, la fait tourner sur elle-même, s'assure que tout va bien, qu'elle est entière, qu'elle est en vie. C'est le cas, et Iris est soulagée mais il y a quelque chose dans le regard de Miraj, quelque chose qui lui fait comprendre que cela ne va pas. D'une voix inquiète Iris lui demande donc : « Pourquoi ce voile de tristesse couvre-t-il ton regard ? Tu n'es pas heureuse de me retrouver ? » Iris se doute que cela n'a rien à voir avec elle, mais elle veut s'en assurer, elle veut détendre l'atmosphère. Elle espère qu'elle se fait des illusions, que Miraj va bien, que c'est juste son esprit à elle, malade, qui imagine ce regard teinté de souffrance. Parce qu'elle ne veut pas qu'elle souffre Miraj. Elle l'aime trop pour ça.