interrogatoire — groupe 17. graal croupton + albus dumbledore + scylla potter

Scylla est nerveuse.
Derrière l'éternel distinction dont elle fait preuve, menton relevé et sourcils maquillés, elle a peur. La bête en elle a peur. Elle ne sait pas face à qui elle va bientôt se retrouver, face à qui se retrouvent Faust et leurs enfants. Elle peut être démasquée à n'importe quel instant, l'échappatoire impossible.
En plein dans la gueule du loup.
Seul l'écarlate coulera. Qu'il soit pur n'y changeant rien.
Alors qu'elle entend les pas de ses bourreaux dans le couloir juxtaposant la pièce sombre dans laquelle elle se trouve, deux trentenaires ne tardent pas à faire leur apparition. Têtes d'affiche du Ministère, elle reconnaît leurs visages aisément, bien qu'elle n'entretienne pas de relation particulière avec l'un d'eux. En ces temps douteux, les apparences dictent les lois des relations. Règle qu'on lui a inculqué depuis sa plus tendre enfance, et qu'elle exerce avec brio.
Gardant la face - toujours, elle relève le regard vers les deux bras droits de Grindelwald.
Et, soudain, ce dérèglement de ses synapses.
Le regard paniqué, on fouille dans sa mémoire. C'est lui. Elle le voit dans ses pupilles.
Il a découvert son secret.

« Scylla née Prince âgée de quarante ans, sang pur. » Elle hoche la tête avec un léger sourire de façade, ne pouvant s'empêcher d'adresser quelques regards douteux au Dumbledore. Qu'a-t-il vu ? Elle panique, le front brillant, le regard vitreux. Qu'a-t-il vu ?
Elle pense à son mari, ses enfants. Ses neveux, ses nièces. A son plus grand étonnement, ses frères, un peu, très rapidement. Sont-ils en danger ? A cause d'elle ? Elle ne pourrait le supporter.
Garder la face. On le lui a toujours appris.
Elle a l'image d'une potion engloutie sous le clair de cette lune pleine, trop pleine, et malgré cette potion, un cri, suivi de cent autres. Tant d'essais échoués. Toujours la Bête prend le dessus. C'est ce qu'il a vu. Ses doigts se crispent.
« Souhaitez vous disposer d'un esclave si oui avez-vous déjà une idée de la bestiole pouvant vous servir ? » La blonde à côté parle encore. L'a-t-elle entendue depuis le début ? Elle passe discrètement sa langue sur ses dents - peuvent-ils voir ses crocs, même endormis ?
« Je n'ai pas d'esclave à ma disposition. Et à vrai dire, je ne côtoie pas d'impurs, alors non, je n'ai pas d'idées, de nom en tête. » Être traitée de la sorte l'insupporte. Son sang l'a toujours tenue dans un confort auquel elle tient, et être considéré parmi la masse, presque comme une menace (comme la menace qu'elle est), pique sa fierté entachée. Pourtant, elle se tait sous le regard de dédain de la Croupton. Elle se tait davantage encore face au mutisme du directeur aux côtés de la dame. « Mais je suppose que le Ministère peut se charger de m'en attribuer un. » En réalité, l'annonce faite par Grindelwald quelques temps plus tôt, entrainant l'asservissement total des impurs, ne l'a pas beaucoup intéressée. Elle suppose son mari complètement indigné. Espère qu'il saura tenir sa langue encore quelques temps.
Si toutefois elle le revoie un jour...