les valses nocturnes (tc - 1892)

Potter. Difficile de s'habituer à un tel patronyme, troquant Prince pour quelque chose de tout aussi prestigieux, si ce n'est plus. Fraichement mariée, Scylla s'est préparée toute sa vie à ce genre d'évènement. Mais une première apparition publique aux bras de son mari a quelque chose d'assez nouveau ; et la nouveauté l'a toujours rendue un peu nerveuse. Encore trop introvertie, trop fermée, à l'égard de son mari, le mystère plane et elle n'ose pas lui demander quelle robe lui sied le mieux. Du haut de ses dix-huit années, majorité fraichement fêtée, noyée sous des fiançailles et noces bien (trop) médiatisées, la porcelaine est encore intacte, superbe. Aucune faille. Un éternel sourire fiché sur son visage ; l'élégance jusqu'au bout des gants vermeilles, les détails d'une coiffure travaillée, d'une dentelle artisanale fabriquée par des doigts de fée. La robe est sombre, simple, de soie, semble couler sur ses courbes féminines sans vulgarité aucune, et une grâce singulière. Hors de question de décevoir la belle-mère.
Et quelle femme.
Scylla a une admiration immense pour Cora. Figure inspirante, modèle dont elle tente de s'approcher, de découvrir, à mesure qu'elle intègre pleinement cette famille. Ce concert est une occasion de toucher un peu les sommets, s'élever en haut de l'Olympe. A l'arrivée, on contrôle leurs billets. Au loin, elle aperçoit Henry et Drusilla, déjà installés. L'aîné de Faust l'intimide un peu, mais il semble la considérer comme une Potter, et elle apprécie cette place qu'il lui fait. Silencieuse, elle s'installe à son siège attitré, à droite de Faust, et lui adresse un léger sourire lorsqu'elle le voit observer le piano. Elle connaît ses relations avec la musique, contrairement au reste de la famille. « Peut-être aurais-tu préféré être installé près de ton frère ? » Faire la conversation, on le lui a toujours appris. Même si avec Faust, les choses sont toujours un peu différentes. Toujours. Bien qu'elle ait du mal à se l'avouer.

Spoiler:

détails chronologiques:

Le parfait gentleman.
Tels sont les airs qu'il projette, le dernier Potter, tout bien vêtu de son costume noir, de son pantalon taillé pour ses hanches et pour ses jambes, dans sa chemise blanche qui fait ressortir le nœud papillon serré autour de son cou. Cheveux mi-longs qui se tiennent et la barbe toujours bien taillée, il n'oserait se présenter à l'un des concerts de sa mère moins préparé. Scylla resplendit également, dans sa robe aux nuances de la nuit. Elle comprend l'importance des apparences, reconnaît le prestige de l'invitation. Elle est de toute beauté, en toutes occasions. Il devrait peut-être le lui faire remarquer, mais il est temps de se mettre en route. Un retard serait fort malvenu, et Cora ne manquerait pas de le remarquer.

Épreuve ridicule qu'est la vérification des tickets, qui leurs étaient parvenus quelques jours plus tôt par le majestueux grand-duc de la matriarche jusqu'à Pré-au-Lard, où le jeune couple avait élu domicile après les noces. C'était le premier événement auquel ils assistaient ensemble depuis le mariage, et Faust ne pouvait s'empêcher de se demander si elle aimerait être ailleurs qu'à son bras. Pourtant, elle ne laisse rien paraître, et c'est bien ce qui est déroutant. Quand ils arrivent à hauteur du premier rang, où ils avaient été gracieusement placés, ils s'arrêtent devant les Potter qui les avaient devancés.

« Henry. Salut-il son frère d'une poignée de main vigoureuse avant de se tourner vers sa femme et de lui adresser une courte révérence. Drusilla, tu es ravissante. »

Quelle étrangeté, qu'il lui soit plus aisé de complimenter la compagne de son frère plutôt que sa propre femme. Malaise qui ne lui échappe guère lorsqu'ils prennent place, à quelques places de là. Il devine qu'entre eux est censée se trouver leur sœur Adela et son mari Alaric. Évidemment. Le benjamin sur la gauche, l'unique fille au milieu et l'aîné qui clôt la ligne. Et accompagnés de leurs époux, afin de fièrement afficher toutes ces puissantes alliances. Prince, Black, Quirrell.

« Non, ça ira. Répond-t-il à Scylla en jetant un regard sur les places les séparant du reste de la famille. Ma sœur ne devrait pas tarder à arriver. Avant de jeter son regard tendu et intense sur le piano qui régnait roi sur la scène. Léger rictus ironique quand il penche sa tête vers sa femme dans un effort de combattre l'inconfort et de rattraper sa maladresse. Elle peut jouer parfaitement de n'importe quel instrument, mais elle a toujours préféré le piano, murmure-t-il en se remémorant les heures passées à l'écouter jouer. C'est également ce qu'elle a apprit à Henry. Moi, elle tenait à me mettre au violon. » Ce putain de violon.

Toute sa vie, il s'était demandé si il devait y voir quelque chose.

Les talons noirs de la lionne claquaient le sol londonnien, cigarette aux lèvres, elle crachait la fumée dans un soupir exténué. Voilà plusieurs moi qu’Elora tenait à ce que sa fille fasse son retour dans la société sorcière, et depuis la mort de Robert, tous les prétextes étaient bons pour la matriarche pour que sa fille puisse souffler et profiter de quelques soirées. Et si Isobel avait réussi à toutes les éviter, celle là s’était imposée. Une invitation directe de Cora Potter ne se refusait pas, et si Elora n’avait pas put venir, elle avait donné son carton à sa fille, afin que celle-ci puisse la représenter, peu importe combien de fois Isobel avait assuré à sa mère que se retrouver en compagnie des Potter n’était sûrement pas la meilleure idée depuis la dernière entrevue avec Henry. Carton au bout des doigts, les ongles couverts de rouge et d’or, elle portait une robe carmin, le bas était constitué de plusieurs voiles rouges plus ou moins opaques, laissant apercevoir ses jambes fines qui s’aventuraient à travers le tissu, si son dos était découvert, le bustier lui était couvert d’écailles dorées. Ses cheveux finements tressés ramassés dans un chignon retenu par plusieurs griffes de dragons. Dress to impress semblait être le maître mot quand les McGonagall se retrouvaient dans ce genre de soirée.

Elle avait collé un sourire à ses lèvres, le genre de sourire d’une fille de bonne famille, avec un zeste de provocation au bout des lippes. Bien décidée de profiter de la nuit qui s’offrait a elle, quitte à devoir y assister, autant en tirer quelque chose, ne serait-ce que de l’alcool de qualité. Ses yeux balayaient la salle déjà presque pleine, elle s’avançait alors, distribuant des sourires à ceux qui murmuraient à son passage, quelque chose à propos d’indécence et de peau découverte, elle s’y était habituée. Elle apercevait finalement quelques visages familiers, se glissant aux côtés de ses soeurs, elle venait poser un baiser léger sur la joue d’Artemisia et de Merula. Les serrant tour à tour dans ses bras. C’était la première fois qu’elle les revoyait depuis le décès de Robert, et pourtant, elle ne laissait transparaître aucune douleur. ”Vous êtes radieuses. Venez, maman a reçu une place au premier rang, hors de question que je m’y retrouve seule” Elle glissait alors ses doigts dans les mains des deux autres jeunes femmes, les entraînant avec elle en glissant à l’oreille d’Artemisia ”Tu devrais prévenir maman quand tu files en douces, je crois que je n’ai jamais vu Hermeus aussi enragé que quand elle lui a dit de s’occuper de ses affaires.” Elle lâchait un léger sourire, heureuse d’être entourée des deux alliées, elle glissait une main sur le visage de Merula, libérant une mèche rebelle du chapeau en souriant. Elles s’avançaient alors jusqu’au premier rang, son carton dans les doigts, l’amazone s’immobilisait lorsque ses iris se posaient sur l’homme déjà assis sur le siège juxtaposé au sien. ”Génial…” elle soupirait avant de s’installer à la droite du fils de la grande star, croisant les jambes avant de présenter à l’homme sa main. ”Henry, toujours un plaisir” la voix s’échappait dans un murmure joueur, les images de leur dernière rencontre encore marquées dans sa mémoire, alors qu’elle glissait un sourire à la dame aux côtés du Potter. La pauvre. Elle adressait ensuite un salut a Faust qu'elle avait a peine reconnu. Elle se retournait vers Arte et Merula, ”La soirée promets d’être divine” son sourire n’était pas anodin, elle était bien décidée à en profiter.

Inquiétude la mère, laissée dans le lointain l’enfant, Helios, à la garde d’une autre, imaginer ses boucles en train d’être caressées par une autre main, les contes racontés mais cette autre ne connaitra nullement son préféré, ne saura en aucun cas où mettre l’intonation et l’enfant dormira mal, certitude… Non, elle ne veut point de cela, elle s’y refuse tout simplement. Mais la présence dans la maisonnée ne peut rester, point ce soir, point prouver la grandeur de l’époux. Kingsley doit briller pour son nouveau statut au magenmagot, se montrer, démontrer la supériorité qui est sienne. Stupidité serait sans doute un terme bien plus adapté mais seulement dans l’esprit, dans ce que la langue ne prononcera jamais. Le suicide n’est nullement l’option choisie, jamais elle n’abandonnera son enfant, jamais elle ne laissera au tortionnaire le loisir de disposer de son soleil. Toujours protégé, éloigné au possible des agissements du paternel, de la colère toujours présente, impossible à connaitre, à identifier, sans vraiment de signe avant-coureur, seulement l’idée, la lubie dans l’œillade de l’homme.

Chasser les idées, les pensées, tenter de se reconcentrer, de toujours continuer d’être ce qu’on attend d’elle, une statue, un sourire, un instant, une idée de la vérité, de la personnalité étouffée. Non, elle n’est point là pour parler, pour enflammer seulement pour montrer la grandeur de l’époux, pour complimenter au besoin, pour assurer de l’agréable situation qui est sienne. Pour mentir, feindre, renforcé le mensonge, lui donner davantage de poids, et de valeur. La tenue éclaire, illumine, oui ce soir Bathilda est belle, de cette beauté que les années n’ont pas encore fanée, de ces efforts qui accompagné d’une certaine jeunesse offre l’image agréable. Et ce n’est que ça une photo d’un instant, des sourires si doux et pourtant forcés, le discours appris, les pas compris, tout n’est que représentation, tout cessera bien vite et reprendra le cours normal d’une existence. Le collier à son cou comme la laisse invisible qui toujours la tiendra sous la coupe de l’époux.

Respirer et puis avancer, entrer et observer, toujours, le lieu, la beauté de l’endroit, l’habitude incertaine, la nature toujours préférée, appréciée mais la majestuosité attire rien qu’un soir, qu’une unique fois, profiter de l’instant. Le concert du siècle, du millénaire, une place reçue très tôt, achetée rapidement par l’époux sans demander l’avis. Ce soir pourtant le choix était satisfaisant, la musique adoucit les mœurs, remplis les cœurs et permet l’évasion spirituelle, tout ce qui était attendu en cet instant. Trouver les places, s’y installer, tout se fait rapidement, dans l’empressement de la foule, tout se met peu à peu en place, à sa gauche l’époux déjà en conversation avec le voisin de devant et la douce observe le siège encore libre juste à côté d’elle, concentre finalement son regard sur la scène encore vide, le piano trône déjà, bientôt la musique retentira.

Spoiler:

Elle ne pouvait pas rater une occasion pareille. Naiara Fabregas du ses vingt-trois ans avait toujours été une très grande amatrice de la discipline dans laquelle excellait Cora Potter. Naiara Fabregas avait elle-même une affinité particulière avec la musique et plus spécifiquement le piano à cette époque et les quelques représentations qu’elle a donné dans son adolescence et son enfance sont encore bien ancrées dans sa mémoire. Alors qu’elle foule de son pied de fée le sol du théâtre à l’aspect victorien, Naiara Fabregas vient seule. Son mari, Lukian, n’a pas pu se libérer ce soir-là de son travail de directeur à Sainte Mangouste. La jeune ambassadrice de Cuba s’y rend donc seule, absolument pas gênée par cette perspective. Dans sa robe osée rouge passion, elle semble enveloppée dans la passion même. Le bout de ses cheveux qu’elle maintient avec un léger rouge vient tomber en cascade dans son dos, lui donnant une allure de sirène.
Crépitement de joie dans son regard quand elle voit enfin @Henry Potter et Drusilla à l’entrée.
« Ah ! Vous voilà ! » Enthousiaste et solaire, Naiara est une jeune Aphrodite mariée depuis trois ans maintenant. Elle vient déposer un baiser sur la joue de Drusilla et celle d’Henry, familiarité chaude de Cuba.
« Nous ne sommes malheureusement point à côté ! » s’exclame-t-elle pimpante mais ne cachant pas sa moue. Quelques secondes le rouge du bout de ses cheveux grandit alors avant de redevenir à leur taille normale. La cubaine connait encore peu de monde du paysage londonien. Le gratin d’ailleurs la regarde un peu de travers avec ses extravagances mais a remarqué qu’ils s’y habituent. Tant mieux.
Leur adressant un signe de la main, elle file à sa place, à la gauche de @Scylla Potter. Reconnaissant le cadet de la famille Potter, @Faust Potter, Naiara lui adresse un sourire charmant.
« Faust, quel plaisir de vous voir. » lui dit-elle charmante avant que son regard ne se pose sur la jeune Scylla qu’elle connait peu. « Scylla, vous rayonnez ! »
S’asseyant à côté d’elle, prenant sa place, Naiara vit que @Bathilda Bagshot s’asseyait à côté d’elle.
« Madame Bagshot, un plaisir ! » salua-t-elle la femme sur le même ton chaleureux.
Son regard se pose ensuite sur le piano et elle souffle à Scylla, comme si elles se connaissaient depuis toujours :
« Cora va être divine ce soir. »
Son ton semble excité et véritablement sincère alors qu’elle observe le piano. De la qualité il va sans dire.

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