unexpected reunion. (mirae)

Mauvaise.

Oui, mauvaise était-elle. Malgré ses mésaventures, ses péripéties et sa nouvelle condition, elle n’avait pas changé d’un poil. Prise de conscience zéro, émotions noyées, anesthésiées contre la sensibilité. Poisson nageant dans un océan obscur et sans fin, princesse ne revenant pas d’avoir été reniée par son roi, gamine espérant parfois être perdue dans les songes d’un vilain cauchemar, avant de se rendre compte que tout cela n’était que réalité.

L’évasion de Raphaël.
Sa trahison.
La violente altercation avec son père.
Sa fuite.
Son agression.
Les Lockhart.

Un peu trop d’évènements s’étant succédés en moins d’une semaine, difficiles à digérer, l’ayant plongé dans un quasi mutisme. Silence radio. Aucune nouvelle de sa part durant sept jours consécutifs. Lyrae Potter, absente d’une ministère et toute aussi inexistante dans le quotidien de l’Ordre, de ses amis. Portée disparue.
La nuit précédente, elle avait tout juste trouver le courage et l’envie de répondre aux lettres d’Antarès et de Faust, sans avoir eu la bravoure d’affronter les écrits d’Albus et Minerva. Pourtant, les choses n’étaient-elles pas censées être plus facile à aborder avec ces derniers ? Pour le commun des mortels, effectivement, cela aurait été plus aisé, mais pas pour elle. Car il était toujours plus confortable pour elle d’entretenir une correspondance sans éclats et effusions de sentiments, que le contraire.

Sept jours, où la Potter avait estimé qu’il était hors de question qu’elle confirme les soupçons émis dans les lettres du Dumbledore et de la McGonagall : oui, tout allait mal.
En un temps record, Lyrae avait réalisé l’exploit de perdre sa famille, son héritage, son travail ou en somme, tout ce qui la définissait. Finissant par être ramassée par des inconnus en pleine nuit, poupée en posture chaotique sauvée par les bons truands. Macaria éternellement victorieuse mais blessée, épuisée par les sévices.
Guerrière encore fatiguée par ses dernières expériences et malgré cela, enfin décidée à affronter une amie chère qui risquait de batailler pour la retrouver si elle persistait à ne pas se manifester.

00h00.

Yeux émeraudes toisant l’horloge de la chambre qu’on lui avait attribué au Lynce Plaza. L’instinct lui murmurant que cette heure indécente était la bonne pour frapper à la porte de Minerva McGonagall.
Silhouette longue et gracieuse s’extirpant de ses draps, corps enveloppé par un peignoir en satin aussi sombre que le ciel, cheveux parfaitement coiffés mais maquillage ne masquant pas son visage désormais mutilé.

Traitor.

Infâme cicatrice recouvrant sa peau, s’étirant entre son cou et la naissance de son visage, stigmate d’une dispute qu’elle ne serait pas prête d’oublier de si tôt.

Que Minerva comprenne, sans qu’elle ne parle.

+

Ce fut une brise particulièrement fraîche qui accueillit la sorcière lorsque celle-ci transplana jusque l'île de Skye, après avoir quitté le Lynce Plaza aussi silencieusement que la Mort.
Ils ne l'interdisaient pas de sortir, après tout. Le contrat était signé. Lyrae Potter était entièrement libre de ses mouvements et de ses actions, à la condition de ne pas les trahir. Généralement, la loyauté ne lui faisait pas défaut et elle pouvait se permettre de se donner entièrement à eux, tant les gains semblaient satisfaisants.  
C'était la première fois qu'elle se rendait chez Minerva, sauf que celle-ci lui avait tant décrit sa demeure, lui glissant même l'adresse un jour écrite sur un bout de parchemin, que Lyrae n'aurait pu se méprendre en transplanant. Charmante et vaste maison qui correspondait en tout point à la description jadis contée par son amie.
Ses pieds foulèrent l'herbe du jardin, pas prestes et félins, animale dans ses manières et noble dans son aura. Ce fut le bras légèrement tremblant qu'elle frappa à la porte, peut-être un peu trop fort mais assez pour réveiller la propriétaire, là où Lyrae priait pour que ce ne soit pas une autre personne qui ouvre. Il lui semblait que la McGonagall ne vivait pas seule.

« Minerva. » souffla-t-elle avec insistance, frappant une nouvelle fois avec davantage de légèreté, hésitante, resserrant le peignoir autour de sa taille. Elle n'avait guère pris le temps de se changer, s'échappant de sa nouvelle cage dorée sur une note impulsive, ne recherchant plus à se cacher de quiconque et à mimer la perfection en revêtant une tenue proprette.

Pourvu qu'elle ouvre, pensa-t-elle avec insolence, oubliant presque sa culpabilité : celle de ne pas avoir daigné répondre aux lettres de la McGonagall.

L’inquiétude sur les traits de Minerva ne cessent pas de se profiler. Le cœur battant légèrement à tout rompre, elle observe le miroir à double sens longuement. Toujours pas de signes de Persephone. Minerva s’inquiétait et elle savait qu’elle ne s’inquiétait dans le fond pas que pour elle. Edelgard et Prudence avaient débarqué dans un piteux état chez elle et Minerva avait dû le gérer. Si Edelgard s’était remise et avait été emmenée dans son casino, son fief, elle avait décidé que Prudence, malgré le fait qu’elle soit maintenant recherchée, resterait ici, chez elle en Ecosse. Minerva ne pouvait pas la laisser repartir comme cela et Prudence serait mieux ici que dans l’appartement de Nicolas d’autant plus que personne ne venait jamais ici ou très rarement. Il n’y avait aucun risque qu’on se demande ce que faisait Prudence ici. La maison avait été protégée par ses soins et personne ne pourrait attaquer sans qu’elle ne soit avertie. Ainsi donc, avait-elle dit bonne nuit à Prudence qui était partie se coucher. Isobel aussi ou alors vadrouillait-elle elle ne savait pas où encore. La McGonagall, assise à son bureau s’était alors posée pour observer encore une fois, une fois de trop le miroir à double sens où elle espérait voir le visage de Persephone Wardwell. Son silence la troublait et si Minerva ne lui en voulait pas d’être dans la nature, elle s’inquiétait quand même…

Tout comme elle s’inquiétait pour Lyrae Potter qui était elle aussi portée disparue depuis la fin des interrogatoires.

La boule au ventre, Minerva reposa le miroir à sa place et vient finalement faire les cent pas dans son bureau. Elle devait y faire quelque chose. Il ne fallait pas être devin pour savoir que quelque chose n’allait pas pour la protégée de Minerva et Albus. La lettre qu’elle lui avait envoyée était restée sans réponse et Minerva ne savait plus quoi faire ni où chercher la jeune fille. Exilée dans son Ecosse natale pour quelques temps, Minerva n’avait pas eu encore connaissance de ce qui s’était passé chez les Potter. Mais elle songea très sérieusement à faire un tour à Londres demain quitte à aller dans l’allée des embrumes pour tenter de retrouver la jeune fille ou tout du moins en savoir plus sur le silence la jeune femme.

Perdue dans ses pensées, la métisse n’entendit d’abord pas les coups à la porte mais ce fut finalement quand elle entendit une voix étouffée à la porte d’entrée qu’elle s’arrêta de faire les cent pas. Le lion du salon bougea alors et Minerva d’un mouvement de baguette le fit s’arrêter et se figer. Baguette pourtant toujours à la main, la métisse sur ses gardes vient finalement ouvrir la porte.

Quand ses yeux se posèrent sur le faciès de Lyrae Potter, elle eut l’impression de rêver. Mais une autre réaction tout aussi brusque et spontanée se fit entendre quand ses pupilles se posèrent alors sur la tenue de la jeune fille et plus particulièrement la cicatrice.

Traitor

« Mon dieu Lyrae ! » étouffa-t-elle d’un hurlement.

Traitor. Traitor. Traitor.

Elle a envie de vomir, Minerva. Elle a envie de vomir parce qu’elle sait qui a fait cela. Elle sait sans même que Lyrae ne parle. Elle sait et pourtant, elle lève sa baguette vers Lyrae et son visage se referme.

« Je suis désolée mais je dois te poser une question personnelle avant de te faire rentrer. »

Nouvelles dispositions au regard de ce qui s’était passé aux interrogatoires. Minerva ne le faisait pas de gaieté de cœur et si cela n’était qu’elle, elle aurait serré fortement d’entrée de jeu Lyrae contre elle. Mais elle ne pouvait pas se permettre de laisser un potentiel ennemi rentrer chez elle. Le lion de bois n’attaquerait qu’en cas d’effraction ou si elle était menacée directement. Pareil pour les autres pièges dans la maison. Lyrae ayant disparue longtemps, il n’était pas impossible que quelqu’un ait pris du polynectar pour prendre son apparence et tenter de la piéger elle. Minerva avait aussi la responsabilité de Prudence en jeu.

« Quel est le plus grand secret sur ta famille que tu m’aies dis cette fois-là quand tu m’as invitée chez ton fiancé ? »

Une question personnelle que seule Lyrae peut savoir car elles avaient été toutes les deux là. Au vu de tous les sujets qu’elles avaient abordés, il était peu probable que même si Lyrae qui était une sorcière aguerrie, même torturée ne lâche cette information. Minerva attendit la réponse de Lyrae la mort dans l’âme, essayant de ne pas fixer la cicatrice et d’ignorer le sentiment de violence qui grossit en elle à l’égard du patriarche Potter.

Une femme de plus à son tableau macabre.
Une femme de plus.

Lyrae la belle,
Lyrae déesse de la mort,
Potter la grande,
Potter la sublime.

Son tempérament inquisiteur, son anticonformisme et son regard perçant avait toujours déteint sur sa beauté, mais on lui décernait volontiers l’avantage d’avoir un physique et un faciès frôlant la perfection à côté. C’était même un détail elle tirait une fierté sans pareille, sans pour autant le clamer à voix haute.
Autant dire que le tatouage offert par son père lui passait encore en travers de la gorge et qu’elle ne put que comprendre l’exclamation de Minerva McGonagall, lorsque celle-ci ouvrit la porte, baguette en main.

« Mon dieu, Lyrae ! » Elle leva brutalement sa main, incitant l’amazone à davantage de retenue, son regard balayant les alentours avec vivacité. Inutile d’attirer l’attention autour d’elle. « Oui, ça tu l’as dis. » lança-t-elle avec sécheresse, dureté non dissimulée à chaque fois qu’on faisait allusion à sa nouvelle cicatrice.
La McGonagall ne s’était pas écartée pour autant afin de lui laisser le passage. « Je suis désolée mais je dois te poser une question personnelle avant de te faire rentrer. » Ah, oui. Simple précaution, pourtant apte à sauver plus d’une vie. Surtout en ces temps obscurs. Un soupir presque exagéré s’extirpa de son être, illustrant une insolence dont elle ne s’était pas départie, bien qu’on aurait pu penser que l’âge lui aurait donné la sagesse.

« - Quel est le plus grand secret sur ta famille que tu m’aies dis cette fois-là quand tu m’as invité chez ton fiancé ?
- Oh my dear, peu et tant de choses en quelques heures. Nous avons discuté de moi, l’allégeance de mon père et son envie de rejoindre la cause du ministre, les conséquences de cela sur ma personne, déclara-t-elle d’une traite en levant les yeux au ciel. »

Lyrae pouvant se remémorer cette fameuse entrevue comme si c’était hier, tant elle avait été forte et longue. Pour la première fois, Minerva et Lyrae s’étaient confiées l’une à l’autre sans nulle retenue et pudeur. Une relation qui s’en était retrouvée renforcer, ainsi que son estime pour la lionne. Au final, l’Ordre du Phénix ne lui avait pas seulement apporté la justice, mais aussi des épaules sur lesquelles elle pouvait compter les yeux fermés. Elle n’y avait pas cru au début, sauf que force était de constater qu’ils pouvaient - pour la plupart - tous compter l’un sur l’autre, aussi différents étaient-ils. Si cela n’avait pas été le cas, ô grand jamais Lyrae ne se tiendrait sur le perron de la demeure des McGonagall.

« Est-ce assez ? Sinon, je t’autorise volontiers à me jeter un maléfice et brûler mon corps. »

Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres, illuminant un faciès noirci par la colère du paternel.

« D’autant plus qu’il devrait être interdit de laisser une jeune femme aussi peu vêtue au devant d’une porte. »

Non pas que cela la dérangeait, la Potter ne se souciant guère de ce qu’on pouvait penser d’elle à ce niveau, encore plus depuis qu’elle avait été reniée. Ses tenues avaient toujours entretenues les ragots partout où elle allait, son père en grinçait presque des dents la nuit bien qu’il avait fini par abandonner la partie. Trop dévêtue, anticonformisme insupportable dans une société où tous recherchaient à ne pas faire de vagues, à se ressembler les un les autres.

Il ne faut pas croire mais elle est soulagée, Minerva. Soulagée de savoir que Lyrae est en vie, bien qu’amochée. Elle n’ose pas savoir ce qu’elle a vécu, elle pense très bien le deviner même si elle ignore la raison. Est-ce que Lyrae a été découverte au sein de l’Ordre ? Si c’est le cas, ils doivent agir vite et bien. Minerva a envie de la prendre dans ses bras, de la serrer si fort pour lui montrer qu’elle n’est pas seule, que mieux que personne elle comprend. Mais elle ne peut pas. Elle ne peut plus prendre de risques. Elle n’est elle-même pas en état psychologiquement.
La sécheresse et la dureté de Lyrae ne lui échappe pas. Elle en a l’habitude mais cela a une autre tonalité à présent qui l’alarme sans qu’elle ne sache pourquoi. Il y a quelque chose de changé dans l’attitude de la potter et elle reconnait alors ce qui a changé chez elle-même : cette capacité de se refermer comme une coquille. C’était déjà bien présent chez Lyrae avant mais ça l’est d’autant plus maintenant.
« - Oh my dear, peu et tant de choses en quelques heures. Nous avons discuté de moi, l’allégeance de mon père et son envie de rejoindre la cause du ministre, les conséquences de cela sur ma personne, déclara-t-elle d’une traite en levant les yeux au ciel. »
Minerva l’observe longuement pour voir si elle ne ment pas, le moindre signe qui pourrait lui faire penser que… Mais rien, rien ne l’alarme et sa réponse lui convient. Elle décide donc de lui faire confiance et baisse sa baguette.
« Est-ce assez ? Sinon, je t’autorise volontiers à me jeter un maléfice et brûler mon corps. »
« Assez de violence pendant un temps, veux-tu. Je suis fatiguée, jeune fille, et toi aussi. » répond Minerva du tac au tac, retrouvant une joute verbale avec Lyrae qui lui fait du bien.
Bon sang.
Qu’est-ce qu’elle lui a manqué.
Alors, elle s’approche d’elle et vient la prendre dans ses bras pour céder à sa première impulsion. Le corps de Lyrae est différent, elle le jurerait.
« D’autant plus qu’il devrait être interdit de laisser une jeune femme aussi peu vêtue au devant d’une porte. »
Petit rire de Minerva qui se détache finalement de la jeune fille et garde ses mains sur ses épaules avant de la détailler un sourire chaleureux et doux aux lèvres.
« J’aurais fait pareil si c’était Abelforth en caleçon dehors à cette heure-ci, crois-moi. »
Elle lui fait un clin d’œil avant de la faire rentrer. Ne lachant pas sa main, Minerva dirigea Lyrae vers le salon. Un coup de baguette magique plus tard, une boisson chaude, un repas chaud et une couverture vinrent se poser devant Lyrae.
« Je te demanderais bien où tu étais passée, Lyrae, mais je t’invite à me raconter ce que tu veux me raconter. » Bienveillance et chaleur comme toujours. Minerva ne la forcerait pas à parler mais plante son regard dans le sien. « Mais tu sais que tu peux me parler si tu en as besoin… » Rappeler des bases essentielles encore et encore. Minerva vient déposer le plaide sur Lyrae avant de lui sourire doucement :
« Tu nous as fait peur tu sais ? On s’inquiétait. Je m’inquiétais. Je voulais même partir à ta recherche. » Elle marque une pause avant que son regard ne retombe encore sur l’hideuse cicatrice. « Est-ce que tu as mal quelque part ? »

« Assez de violence pendant un temps, veux-tu. Je suis fatiguée, jeune fille, et toi aussi. »

La violence.
Qu’aurait-elle donné pour y échapper, tout en n’y parvenant pas ? Car tu le veux pas, souffla une voix intérieure, perfide et malveillante. Cela faisait parti de sa vie, à différentes échelles selon les périodes qu’elle avait vécu au cours de ses vingt-et-une années d’existence. Elle ne s’était jamais entièrement confiée là-dessus à Minerva, mais estimait que la rédactrice en avait compris plus qu’elle ne le devait à ce sujet. Sans doute était-ce pour cette raison que la remarque de la McGonagall semblait avisée et pleine de sens, malgré ce ton sarcastique répliquant à merveille à celui de la Potter.

La lionne et la vipère, deux opposées, pourtant si proches et ne sachant guère comment se montrer l’affection qu’elles se portaient mutuellement. Comme leurs conversations semblaient lointaines ! Alors, qu’en vérité, une semaine et quelques jours seulement séparaient leur dernière rencontre. Force était de constater que Lyrae s’était habituée à la présence de Minerva. Et à en voir la réaction de Minerva, ce sentiment était réciproque : l’Animagi vint serrer l’ancienne Auror dans ses bras. Geste intime que Lyrae partageait qu’en de rares occasions avec ses proches, la rendant des plus maladroites lorsque cela arrivait. Si l’étreinte fut des plus chaleureuses, elle fut également des plus courtes par la faute de Lyrae.
La sorcière recula d’un pas, mouvement incontrôlable, corps figé et froid contrastant avec la chaleur de celui de son amie et mentor, légèrement amaigri par les soucis et le stress.

« J’aurais fais pareil si c’était Abelforth en caleçon dehors à cette heure-ci, crois-moi. » « Je n’en doute pas, quelle horrible vieille chatte es-tu, ma Minerva. » Un rire ressemblant davantage à un ricanement s’échappa des lèvres de Lyrae. Un bon début, lorsqu’on notait que c’était la première fois qu’elle riait en sept jours.
La jeune femme se laissa entraîner à l’intérieur de la maison par la main, savourant cet instant de légèreté où tout semblait être redevenu à la normale… alors que tout avait littéralement changé.
Installée sur le canapé face à la table basse du living-room des McGonagall, Minerva s’avéra être aux petits soins. Couverture, repas et boisson vinrent se déposer face à la Potter, qui se débarrassa du plaid mais but volontiers une gorgée du lait au chocolat.
« Merci, c’est bien aimable à toi. » souffla-t-elle, reconnaissante. Le plaid était de trop : Lyrae avait plus que chaud malgré sa tenue légère.

« Je te demanderais bien où tu étais passée, Lyrae, mais je t’invite à me raconter ce que tu veux me raconter. »
Les lèvres de Lyrae se pincèrent, une expression presque amère voilant son visage l’espace d’un instant. Assise à sa droite, le regard de Minerva croisa le sien. Elle était emplie de sincérité, l’inquiétude se lisant dans l’obscurité de ses pupilles, là où Lyrae aurait tant aimé effacé cette inquiétude d’un geste. Sauf qu’elle en était incapable, pour la simple et bonne raison que ce serait mentir. Ce n’était absolument pas ce qu’elle souhaitait, autant que trop en dire ne ferait que l’inquiéter davantage.
« Mais tu sais que tu peux me parler, si tu en as besoin… » Non, elle n’en avait pas besoin. Peut-être en aurait-elle ressenti le besoin si Minerva aurait pu changé quelque chose à la situation. Malheureusement, même McGonagall n’y pouvait rien. Cela aurait été d’ailleurs trop lui demander.

« J’étais à Londres. » la coupa Lyrae, involontairement tranchante. C’était la vérité, après tout. Quelques jours à se reposer,  encaisser et réfléchir à la stratégie à adopter pour survivre, captive des Lockhart et choyée par Jenna, puis le reste dans sa confortable chambre d’hôtel, à apprendre ce qu’était de vivre seule.
« Tu nous as fait peur, tu sais ? On s’inquiétait. Je m’inquiétais. Je voulais même partir à ta recherche. » Surtout pas !
Les yeux de Minerva vinrent se promener sur la cicatrice et Lyrae porta instinctivement une main sur la plaie ressemblant à un tatouage dessiné avec la plus grande des finesses. La douleur, bien qu’elle ne pouvait plus la sentir, restait encore vive dans sa mémoire.
« Est-ce que tu as mal quelque part ? » La douceur de la question, lui rappelant Drusilla, eut presque l’effet d’une douche froide sur Lyrae. Les iris émeraudes de la belle s’humidifièrent brièvement, quelques secondes seulement, avant qu’elle ne ravale les larmes menaçant de couler, trop fière pour se laisser aller. « Non, je n’ai plus mal. » murmura-t-elle, fixant un point invisible dans le ciel, ne souhaitant pas faire face au faciès soucieux de Minerva.

Ne pas flancher.
Cependant, Lyrae pouvait se permettre de lui raconter le début. Le commencement de la fin. « Je me suis disputée avec mon père. » débuta-t-elle avec fermeté, sa voix ne tremblant pas pour un sou. « Je pense que tu as entendu parler du fait que mon frère Raphaël a été… libéré du manoir familial. » Impossible que Minerva ne soit pas au courant, Augustus avait forcément dû lui en parler, n’est-ce pas ? Ou en tout cas, Lyrae le supposait. Whatever. « C’est… c’est moi qui ait eu l’idée et qui ait organisé cette mission, qui m’a coûté mon nom, mon héritage, mon travail. » Minerva allait avoir une syncope, surtout concernant le dernier détail cité. « Nous nous sommes battus et… »
La cave et le rez-de-chaussée, complètement démolis. La fureur d’Henry. Le choc et les larmes de sa mère. Sa propre colère. Les scènes se succédaient dans son esprit, s’entrechoquant et lacérant son palpitant.
« Et voilà. Ni l’un ni l’autre a gagné, ma mère ayant empêché le duel de continuer. Ce qui ne change rien au fait que je sois partie. » C’était réel et encore dur à assumer. Ne pas revenir vivre au manoir était une épreuve des plus compliquées à vivre pour elle, si fière de ses racines et des siens. Elle qui puisait une telle arrogance à arborer le patronyme de ses aïeux, se retrouvait à côtoyer la racaille pour subvenir à ses besoins financiers.

« Je ne travaillerais dorénavant plus au ministère également. » acheva-t-elle avec gravité. Etait-ce le pire ? S’être battue trois ans afin d’obtenir ce fameux insigne d’Auror, pour au final jeter son statut aux ordures ?

Cela la tuait, littéralement, la bouffait de l’intérieur. Lyrae passa une main sur son visage, se rendant pleinement compte que son quotidien ne serait plus le même. Le raconter à une autre personne, ne ressemblait en rien à se le dire soi-même dans son lit avant de s’endormir.

Lyrae Potter était définitivement passée du côté des ratés.

« Je n’en doute pas, quelle horrible vieille chatte es-tu, ma Minerva. »
Minerva pouffa de rire devant la pointe d’humour de la Potter. Pointe d’humour qu’elle aurait pu prendre pour une insulte mais Minerva savait qu’elle pouvait tout aussi bien être une horrible vieille chatte quand elle le voulait. Ou une sale chienne d’après certains. « Attend de rencontrer ma mère. » lança-t-elle avec humour. Petite pique sur sa mère qui dormait probablement.
Une fois face à Lyrae, Minerva la regarda inquiète. Si elle ne souhaitait pas que sa jeune amie soit à l’aise ici, elle estime aussi que des explications sont nécessaires. Elle se demande, alors que son regard tombe encore sur la cicatrice de Lyrae, si elle pourrait y faire quelque chose mais elle se doute qu’Henry a marqué sa fille tout comme il l’avait marqué elle. La colère enfle encore dans son cœur et Minerva se retient de faire les cent pas. Elle sait qu’elle va devoir se maîtriser pour ne pas aller le voir. Elle s’est jurée et elle a juré de ne pas le faire. L’idée de se retrouver encore dans une pièce avec lui lui donne envie de vomir. Pourtant, en voyant qu’il s’en était pris à sa propre fille, Minerva sentait qu’elle était en train de passer un cap concernant Henry. Trop de femmes étaient blessées par sa faute. Elle-même, Artemisia, Lyrae, la jeune Vera décédée. Minerva pourtant dérive ses pensées d’Henry sur Lyrae. Il faut qu’elle se concentre sur elle parce que c’est elle le plus important. Elle expire, soucieuse.
« J’étais à Londres. »
Minerva la croit parce que Lyrae n’a aucune raison de lui mentir et qu’elles ne se sont jamais menti. C’était la base même de leur relation et toutes les deux y tenaient. Que Lyrae soit évasive ne l’étonne pas. Elle aussi l’était. C’était d’ailleurs une de ses spécialités.
Alors que Minerva s’inquiétait de savoir si Lyrae était blessée, parce qu’après tout, elle venait d’arriver chez elle avec un peignoir, l’amazone observa les yeux de la jeune fille s’humidifier et adressa un petit sourire à cette dernière avant de lui prendre tendrement la main. Par la barbe de Merlin, qu’avait-elle traversé ?
« Non, je n’ai plus mal. »
Minerva a une moue et expire avant de fermer les yeux. Sa main ne quitte pas celle de la jeune fille et elle finit par revenir poser son regard sur elle.
« Je me suis disputée avec mon père. Je pense que tu as entendu parler du fait que mon frère Raphaël a été… libéré du manoir familial. » Elle l’avait en effet entendu mais n’en avait rien pensé. Les rumeurs, Minerva n’y faisait pas attention et tout ce qui avait le nom de Potter lui donnait de l’urticaire excepté Lyrae, évidemment. Mais cette nouvelle éveilla un intérêt chez Minerva. Ainsi donc, elle n’avait même pas besoin d’intervenir. Elle n’avait qu’à observer Henry Potter se mettre des balles dans le pied et retourner contre lui tous les membres de sa famille : Lyrae, maintenant Raphaël et si elle en avait entendu les rumeurs, Drusilla. L’homme devenait stupide à s’isoler. Cela se retournerait contre lui tôt ou tard et quand il sera définitivement seul, Minerva sera prête à le cueillir. Prête à le détruire une bonne fois pour toute.
« C’est… c’est moi qui ait eu l’idée et qui ait organisé cette mission, qui m’a coûté mon nom, mon héritage, mon travail. Nous nous sommes battus et… »
Minerva ne lâche pas Lyrae du regard et vient l’encourager en serrant doucement sa main. Lyrae était une jeune femme d’un courage insoupçonné. Elle s’était battue contre son père pour des valeurs qu’elle chérissait. Elle avait retourné sa baguette contre les siens et avait tout perdu. Avait-elle réellement été à Serpentard ? Parce que pour Minerva elle était une Gryffondor dans le cœur.
« [color=#669966]Et voilà. Ni l’un ni l’autre a gagné, ma mère ayant empêché le duel de continuer. Ce qui ne change rien au fait que je sois partie.[/colo] »
Le cœur de Minerva tambourine. Elle n’imagine pas l’horreur de Drusilla de voir son mari s’en prendre à sa fille. Elle n’imagine pas et se demande alors comment Henry pouvait parler de famille en agissant de la sorte. Quel homme disait vouloir la protéger et mutiler son propre enfant ? Hypocrite. Hypocrite et sans valeur. Ordure. Enflure. Il méritait qu’on lui rende la monnaie de sa pièce une bonne fois pour toute.
« Je ne travaillerais dorénavant plus au ministère également. »
Et dans cette phrase, Minerva comprend alors toute l’étendue de ce que cela signifie pour Lyrae. Évidemment, elle s’est battue pour son travail, pour montrer qu’elle est une sorcière compétente. Evidemment, elle avait tout perdu pour sauver son frère. Minerva était touchée pour la jeune fille et vient alors sans son autorisation parce qu’il s’agissait là d’un geste spontané et bienveillant la prendre dans ses bras. Elle la maintient longuement contre elle et lui souffle :
« Lyrae Potter, tu es un million de fois plus courageuse que bon nombre de sorciers que je connaisse. »
La métisse vient lui caresser le dos en la berçant un peu, tendre et douce.
« Je suis terriblement désolée de ce que tu as vécu, Lyrae. J’aurais aimé être là pour t’aider et te protéger. »
Elle se détache finalement avant de poser ses mains sur ses épaules et la regarder dans les yeux.
« Tu es forte, Lyrae. Incroyablement forte et sache que tu es la bienvenue ici autant de temps que tu le voudras. Où étais-tu pendant tout ce temps à Londres ? Tu sais que tu aurais pu venir ici sans que cela ne pose problème, ou même dans les quartiers généraux de l’Ordre… Ou W.I.T.C.H. » Evoquer ce dernier point lui sembla important parce qu’à présent, elle savait que Lyrae était bien plus qu’une amie.
Elle était devenue une sœur.
Une sœur qui avait souffert.

Le rire de Minerva.
Ne devait-elle pas rire en sa compagnie, jouer des coudes afin de lui manifester toute sa complicité ? Elle en avait bien envie, au fond. Et pourtant, les nerfs semblaient encore trop tendues pour qu’elle se laisse bercer dans les méandres de l’insouciance.
« Attend de rencontrer ma mère. » Tiens donc. Difficile d’imaginer la mère de Minerva McGonagall, en chair et en os, certainement parce que la rédactrice semblait si maternelle qu’on aurait pu croire qu’elle vivait seule, loin de la coupe d’une quelconque génitrice. « Oh, je suis sûre que c’est une fauve. » rétorqua-t-elle avec toute l’allégresse dont elle était capable à l’heure actuelle, plus prompte à se parer de ses éternels sarcasmes que plaisanter de bon coeur avec une amie.

Car cette entrevue s’annonçait importante et douloureuse.
Pour la première fois depuis la tragédie qui l’avait frappé, Lyrae allait devoir s’ouvrir à Minerva, là où elle avait tout mis en oeuvre pour l’éviter, jusqu’à abandonner la partie et jeter les armes. La Potter avait beau jouer les difficiles et se vautrer sous une couche de froideur, elle restait humaine et sensible, incapable de se tenir à l’écart de ses proches indéfiniment. Sans oublier que ses devoirs envers l’Ordre l’obligeaient à sortir de l’ombre, à ne pas les inquiéter davantage par un silence pesant et mystérieux.

Raconter le récit de sa dispute avec son père dans les détails aurait été des plus pénibles et elle-même ne parvenait pas à entrer dans les détails, laissant à Minerva le soin d’introduire les questions les plus cruciales et tout ce qu’elle souhaitait demander d’elle-même.
L’Aurore déchue put sentir la main de Minerva serrer la sienne un peu plus fort au fil de sa tirade. Son coeur semblait éclater en mille morceaux, ses sens se consumer. Elle haïssait ce type de réaction, espérait ne pas avoir l’air faible, tout en comprenant qu’elle avait plus que besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer, rien qu’une fois, rien que ce soir.

A l’évocation de la perte de son emploi, la vipère s’échoua dans les bras de la lionne, presque fatiguée de faire semblant, de mimer une résistance qui ne demandait qu’à être mise de côté. Une larme coula le long de sa joue, tant elle se sentait lamentable.
« J’ai tellement bataillé, Minerva, pour en arriver à là et devenir Auror, tu ne sais pas à quel point. » Des heures, dans la cave du manoir familial, à s’entraîner et subir les violences de son père, qui l’avait formé à l’endurance. « Je ne vivais que pour cela. » N’avait-elle pas mis entre parenthèse ses amitiés et sa vie personnelle, s’investissant corps et âme dans une carrière prometteuse ? Contrairement à ce qu’on pouvait penser, ce n’était pas Henry qui l’avait aidé à gravir les échelons : elle s’était forgée seule au ministère, soutenue mais pas aidée le moins du monde lorsqu’il s’agissait de s’affirmer et d’acquérir le respect de ses pairs. Se faire un nom en tant que femme, au poste d’Auror, était une bataille qui relevait du suicide.
« Lyrae Potter, tu es un million de fois plus courageuse que bon nombre de sorciers que je connaisse. »
La Potter se rétracta face à cette remarque, esquissant un mouvement de recul et venant retrouver sa position initiale.
« Je ne veux pas que tu me prennes en pitié, Minerva. » déclara-t-elle avec fermeté, sans une once d’agressivité, néanmoins. « Si mon frère n’était pas un crétin, rien de cela ne serait arrivé. » Raphaël et son obstination ridicule, Raphaël et ses penchants sortant de l’ordinaire, Raphaël et son impétuosité inutile. Son ton manquait d’empathie envers un gamin qui avait, au même titre qu’elle, tout perdu. « Tout cela est de sa faute. Ils peuvent maintenant tous aller crever, grand bien leur fasse. » Même Gabriel ? Et Drusilla, reine de son monde ? Ou Astoria, princesse éternelle ? Non, pas eux.

Elle rejeta sa longue crinière de cheveux en arrière, fière et arrogante. Le naturel revenait au galop.
« Je mènerais ma vie comme je l’entendrais, à compter d’aujourd’hui. »
Cela n’allait pas plaire à Minerva, encore moins à Albus, mais tant pis. L’Animagi posa ses mains sur les épaules amaigries de Lyrae, yeux plongés dans les siens. Chaleur contre le glas.
« Tu es forte, Lyrae. Incroyablement forte et sache que tu es la bienvenue ici autant de temps que tu le voudras. Où étais-tu pendant tout ce temps à Londres ? Tu sais que tu aurais pu venir ici sans que cela ne pose problème, ou même dans les quartiers généraux de l’Ordre… ou W.I.T.C.H. »
Lyrae grimaça. Les ennuis avec Minerva ne faisaient que commencer. La W.I.T.C.H. ? L’association était louable, sauf qu’elle n’avait pas pensé une seule seconde à frapper à leur porte : c’était justement impensable. Lyrae ne jouait aucun mélodrame et n’avait pas besoin de jouer à la femme en détresse. Aider autrui était une chose, recevoir de l’aide en était une autre.
Se rendre directement chez Minerva ? Sur l’instant, empoisonnée par la rage et le chagrin, Lyrae n’avait guère songé à se rendre chez les McGonagall. Sans oublier l’agression. Elle ouvrit la bouche, tentant de s’expliquer, avant de la refermer aussi vite.
« Je suis terriblement désolée de ce que tu as vécu, Lyrae. J’aurais aimé être là pour t’aider et te protéger. »
« Ecoute, je n'ai pas besoin d'être protégée. » Elle s’interrompit, cherchant les mots appropriés. « J’ai eu… d’autres ennuis, qui m’ont empêché de venir. Une autre altercation avec deux idiots, après Henry. Je les ai battu, mais j’étais épuisée et j… j’ai mal fini, tout simplement. » Lyrae n’évoqua pas les Lockhart, Neptune, Jenna et les autres. Elle tenait ses promesses et n’en parlerait à quiconque, pas même à Minerva. Car celle-ci ne comprenait sans doute jamais le choix qu’elle avait fait. Elles différaient trop sur ce point pour trouver un terrain d’entente.
« Tout ira très bien. » continua-t-elle, persuadée qu’il serait de bon goût de caresser l’Animagi dans le sens du poil. La convaincre que tout irait pour le mieux. « J’ai trouvé une nouvelle occupation et j’aurais de nouveau une situation confortable, d’ici très peu de temps. » L’argent facile, que ne ferait-on pas contre de l’or ? Beaucoup d’or ?
« Je loge dans une chambre, au Lynce Plaza. C’est un bel endroit, tu dois sans doute le connaître. Je ne manque de rien. »
Ce fut cette fois Lyrae qui vint poser une main sur l’épaule de Minerva, se voulant rassurante, lui adressant un clin d’oeil aussi faux que l’existence d’extraterrestres.

Minerva se sentait affreusement mal pour Lyrae. Elle n’aurait jamais voulu que son amie se retrouve dans une telle situation mais qu’Henry Potter s’en prenne à sa fille lui laissait voir deux options. La première était que l’homme commençait sérieusement à perdre les pédales et que plus il continuerait comme ça, plus il allait se faire passer la corde au coup par les membres de sa propre famille. La seconde était qu’elle avait là une opportunité. Les échanges de lettre avec Faust Potter n’étaient pas étrangers à cette deuxième pensée. Si jusqu’à présent, minerva n’avait rien mis en place pour le frère Potter, elle sentait qu’elle allait bientôt pouvoir utiliser cette carte à son avantage. Et elle l’avait bien compris Minerva : c’est sa famille qui perdra Henry Potter. Elle n’aurait presque rien à faire pour qu’il tombe. Il s’en occupait très bien lui-même. Et même si elle savait que la trêve était d’actualité, elle ne comptait pas sur Henry Potter pour qu’il l’honore. Elle ne resterait pas non plus les bras croisés, pas après ce qu’elle a vécu ni ce qu’il a fait à sa marraine. Lyrae devient une arme de plus que lui donne Henry.
Elle se l’était jurée chez Artemisia alors qu’elles pensaient toutes les deux leurs blessures.
Elle détruirait Henry Potter.
Elle détruirait l’homme.
Elle détruirait le carriériste.
Elle détruirait le père.
Ce ne sera pas dans le sang, ni dans les cris ou une maison qui brûle.
Ce sera lui qui se placera la baguette sur sa tempe et prononcera les mots.
Avada Kedavra.
Elle se rend compte qu’elle n’a plus grand-chose à faire et que tout se met en place doucement. Si pour l’instant Henry semble avoir eu un répit avec le Ministère qui l’a nommé grand héro, il semblerait cependant que sur le plan familial cela se fissure. Elle a déjà atteint l’image de l’homme quelques mois auparavant. Là, ce n’était que du pain béni pour elle.
Se découvrant une envie vengeresse pour l’homme qu’elle exècre au plus haut point, Minerva sait qu’elle devra être patiente et c’est peut-être là que réside tout l’art de sa vengeance. La vengeance d’une femme peut être terrible et elle n’a aucune honte à agir de la sorte. L’homme ne récolte que ce qu’il mérite. Mais rien ne se fera de manière précipitée et pour l’instant, il y a plus grave, plus important : Lyrae.
La voir ainsi, si démunie met Minerva dans une colère noire. Elle sait. Elle sait à quel point Lyrae s’est battue pour avoir son emploi et se le faire prendre de la sorte pour quelque chose qui n’a nullement à voir avec son travail la met hors d’elle. Henry Potter n’a aucune parole, aucun honneur et n’est même pas professionnel. Que fait donc Gellert à le garder si proche devant son incompétence ? Virer un de ses meilleurs éléments sur des raisons uniquement personnelles. C’est de l’abus de pouvoir. Mais peut-être que Gellert a raison : garder Potter à l’œil c’était le garder sous sa coupe.
En attendant, c’était Lyrae la victime. Parce que c’était de cela qu’il s’agissait maintenant. Lyrae victime de violences. Une femme encore. Toujours les femmes. Ca rendait folle intérieurement Minerva qui sentit une culpabilité immense la saisir ;
Elle aurait dû le laisser crever sur le sol de sa cuisine.
Elle aurait dû.
Elle aurait été la dernière à qui il a fait du mal.
Elle aurait été la dernière.
Mais elle n’aurait pas pu vivre avec.
« Je ne vivais que pour cela. »
Minerva vient caresser doucement, maternelle, les cheveux de la jeune femme. Elle essaie de se contrôler pour ne pas exploser. Elle sait que c’est Lyrae qui a besoin de parler ou de se taire, le choix était à elle. Mais dans tous les cas, elle avait besoin d’elle et surtout besoin d’aide.
Alors quand elle se referme comme une huitre, Minerva comprend qu’elle a mal compris.
« Je ne veux pas que tu me prennes en pitié, Minerva. Si mon frère n’était pas un crétin, rien de cela ne serait arrivé. Tout cela est de sa faute. Ils peuvent maintenant tous aller crever, grand bien leur fasse. »
La colère est visible, la déception, la douleur aussi. Minerva se doute que Lyrae ne le pense pas vraiment. C’est sur le coup. Elle la connait suffisamment et elles ont suffisamment discuté pour savoir que Lyrae tient à sa famille. Elle déteste juste son père.
« Ce n’est pas de la pitié, Lyrae. » souffle-t-elle doucement, comprenant cependant la colère de Lyrae.
Cela n’avait rien à voir avec l’ordre c’était encore pire pour Lyrae. Minerva pouvait le comprendre. Lyrae donnait tout à deux choses : son travail et sa famille. C’était ce que lui avait légué Henry Potter.
« Je mènerais ma vie comme je l’entendrais, à compter d’aujourd’hui. »
Sonnette d’alarme qui résonne chez Minerva. Quelque chose d’autre s’est produit. Ce n’est pas que le cri d’une enfant, une jeune femme qui veut se rebeller. Ce n’est pas que cela et Minerva le perçoit à son attitude. La grimace à l’évocation de W.I.T.C.H. ne lui échappe pas. Minerva sent qu’elle va devoir se montrer plus ferme. Cette fois-ci, Lyrae aura beau faire sa tête de mûle, Minerva ne la laissera pas faire n’importe quoi.
« Ecoute, je n'ai pas besoin d'être protégée. J’ai eu… d’autres ennuis, qui m’ont empêché de venir. Une autre altercation avec deux idiots, après Henry. Je les ai battu, mais j’étais épuisée et j… j’ai mal fini, tout simplement. »
« Quoi ? »
Le visage de Minerva blêmit. Une altercation.
Une altercation.
Non, il y avait un problème. Ce n’était pas le bon mot, altercation.
« Tout ira très bien J’ai trouvé une nouvelle occupation et j’aurais de nouveau une situation confortable, d’ici très peu de temps. Je loge dans une chambre, au Lynce Plaza. C’est un bel endroit, tu dois sans doute le connaître. Je ne manque de rien. »
Sourire qui sonne faux, qui est faux.
Minerva relâche alors doucement les mains de lyrae et l’observe très longuement et très silencieusement que cela pourrait en être gênant. Le peignoir fait sens maintenant. Lyrae semble s’être alimentée correctement. Hormis la cicatrice, il n’y a aucune marque visible. Un instant, elle se demande …. ?
« Lyrae, » commença-t-elle. Elle s’interrompt, cherchant ses mots. « Ce n’est pas de la pitié, c’est de l’inquiétude et de l’admiration pour la grande sorcière que tu es. » D’abord, remettre les choses en place. Se positionner comme alliée et non pas comme ennemie. « Et tu n’as peut-être pas besoin d’être protégée mais tu as besoin d’aide. »
Le regard ne se dérobe pas. Il n’y a aucune honte à avoir besoin d’aide, à demander de l’aide et à récupérer de l’aide. Lyrae doit le savoir.
« Qu’entends-tu par une altercation, Lyrae ? Et quelle est cette occupation dont tu me parles ? » Lentement, elle se demande. Lentement, elle se demande si elle ne va pas prendre le fusil de Robert McGonagall et aller faire un tour chez Henry Potter pour lui mettre du plomb dans sa cervelle.


Honte à lui.
Honte à la famille Potter que de laisser ses enfants se faire agresser.
Honte.
Honte.
Honte.

De l’aide.
D’aussi loin que cela pouvait remonter, Lyrae n’en avait jamais demandé. Sa fierté et son orgueil l’avaient toujours empêché de mendier après les autres, que ce soit à Poudlard ou dans sa vie de jeune adulte. Les bons résultats obtenus lors de sa scolarité n’étaient que de sa propre oeuvre, autant qu’elle n’avait pas soudoyé son père afin de valider sa formation d’Auror. La sévérité et l’exigence exercée par Henry sur ses rejetons avaient appris à ces derniers à se débrouiller afin d’obtenir ce qu’ils désiraient ou s’en sortir.

Alors, ce n’était pas aujourd’hui que Lyrae demanderait de l’aide à Minerva.
Si elle avait accepté de rencontrer la McGonagall, c’était dans l’unique but de la rassurer et de revoir un être qui lui était désormais cher. L’inquiétude pouvait se lire dans les yeux et la gestuelle de l’amazone. Cela touchait et agaçait simultanément la Potter, bien qu’elle ne pouvait avoir l’impolitesse de le lui montrer. Son amie l’accueillait à bras ouverts et Lyrae était suffisamment consciente pour savoir qu’elle n’était pas en position de force : c’était elle qui avait eu des ennuis et Minerva qui l’écoutait d’une oreille attentive, pas l’inverse.

Mais l’oreille tendue n’était pas dupe.
Minerva McGonagall ne se faisait pas aisément duper.

Car si Lyrae Potter excellait en tant qu’infiltrée et agent double professionnellement parlant, elle n’était absolument pas douée pour mentir à ceux qu’elle considérait comme étant des intimes. Lorsqu’elle aimait, la vipère se donnait en entier et Minerva la comprenait plus qu’elle ne le soupçonnait.

« Lyrae. » Lorsqu’une introduction débutait par son prénom, c’était que la situation tournait mal. Très mal. « Ce n’est pas de la pitié, c’est de l’inquiétude et de l’admiration pour la grande sorcière que tu es. » Il n’y avait pas de quoi. Albus était un grand sorcier. Minerva en était une, sensible et tellement forte à la fois. Grindelwald possédait de grands pouvoirs. Mais Lyrae n’avait pour l’instant rien de cela. Ou était-elle trop humble pour admettre que son potentiel pouvait lui réserver un bien meilleur avenir qu’amasser de l’argent sale ?
« Et tu n’as peut-être pas besoin d’être protégée mais tu as besoin d’aide. » Hors de question. Et de toute façon, en quoi Minerva pouvait-elle l’aider ? Lyrae avait signé un pacte avec le diable et avait largement eu le temps d’y réfléchir, personne ne l’y avait forcé.
« Qu’entends-tu par une altercation, Lyrae ? Et quelle est cette occupation dont tu me parles ? » Un soupir s’extirpa de ses lèvres. Expliquer toute la situation à Minerva serait bien trop dangereux, autant pour elle-même que pour la rédactrice. Elle ne désirait pas mêler Minerva à tout cela, sans doute parce que celle-ci avait déjà bien des soucis. Mais elle pouvait au moins raconter une partie de l’histoire à la sorcière.

Noire,
Noire était l’histoire.
Sauf qu’après ce silence, Lyrae lui devait bien cela.

« Le soir où je me suis disputée avec mon père, je suis partie, comme tu le sais. » débuta-t-elle d’une voix lente et mesurée. « J’ai transplanté directement à Londres, afin de retrouver Albus. Sauf que je suis tombée sur deux idiots. un genre d’ivrognes qui cherchaient uniquement à ennuyer le premier venu. » Le problème était qu’en cette soirée, Lyrae avait été une cible encore plus appétissante : une femme, seule à une heure tardive. « C’était des sorciers. » précisa-t-elle d’un air entendu, ne souhaitant pas faire sous-entendre par un mal entendu qu’elle s’en était pris à des Moldus. « Ils s’en sont pris à moi. J’aurais pu y rester, mais… c’était comme si une force insoupçonnable m’était revenue à ce moment. J’ai fini par achever l’un d’entre eux et l’autre s’est enfui, peut-être avait-il pris peur. » Un mort, et le second avec une oreille décollée, en sang. La première fois que Lyrae avait tué et étrangement, elle n’en ressentait aucune fierté. La honte se lisait dans l’émeraude de ses yeux, elle qui essayait toujours de faire arrêter ses victimes au lieu de leur ôter la vie. « J’ai en tout cas par la suite perdue conscience sous l’épuisement et c’est Jenna Hayes-Lockhart qui m’a retrouvé. » Ce n’était pas vrai. Celle-ci avait uniquement pris soin d’elle par la suite. C’était en vérité l’époux de celle-ci qui l’avait retrouvé, mais il semblait plus approprié de mentionner Jenna. La jolie et si présentable Jenna, que tous connaissaient pour embellir les soirées mondaines de l’élite puriste. « Je travaille désormais pour leur famille. Elle recherchait une préceptrice pour ses enfants. » acheva-t-elle dans un murmure, humiliée par ce mensonge cette fois plus crédible et déjà préparée à l’avance : un nouveau métier et une couverture toute neuve pour celle qui avait perdu et délaissé son insigne d’Auror. Rien de bien glorieux, mais Lyrae était connue pour être pédagogue. En somme, un métier qui convenait aussi à sa personnalité.

Son regard clair se replongea de nouveau dans celui de Minerva, cette fois plus perçant et intimant à l’écossaise de la croire.

Pour le plus grand bien.