abel - those violent delights have violent ends

I. Mom & Dad Fils de Perceval et Kendra, née-moldu. Deuxième fils. Aujourd'hui les deux survivants de ce drame familial. Les Dumbledore furent un temps une fratrie de trois, Adriana succédant à ses deux grands frères. Famille observée, redoutée, soupçonnée par ces habitants dépourvus de magie. On les considère comme des étrangers, reclus de la société. Et puis, trois moldus agressèrent la jeune Adriana, dont la magie devint instable. L'obscurité prit possession de l'arbre familial lorsque Perceval, assoiffé de vengeance, fit payer de leur vie les trois moldus en question. Refusant d'avouer les raisons de son acte par peur d'attirer des ennuis à sa fille, Azkaban lui tendit les bras vers un sommeil éternel. Quelques années plus tard, un accident ôta la vie à Kendra. La magie d'Adriana était devenue complètement incontrôlable, et alors que sa mère tentait de calmer une de ses crises, cette dernière sombra d'un sort involontaire. Abel avait seize ans, son frère dix-huit.
Son frère. Dieu savait où il se trouvait encore.
Les trois orphelins maudits. C'était ainsi qu'on les surnommait dans les murmures, dans les rumeurs qu'Abelforth ne supportait plus.

II. Ari & Albus Abelforth voulut abandonner ses études pour s'occuper de sa sœur. Albus le lui refusa, l'obligeant à retourner sur les bancs de Poudlard. Cloué à cette écharpe noir et jaune, Abel n'était plus qu'un fantôme, seul et anéanti. Il y avait cette colère, aussi. Cette colère qu'il nourrissait depuis bien longtemps à l'égard d'Albus, bien trop absent et centré sur ses propres intérêts à son gout. Cependant, si l'animosité rythmait leur relation, ils n'en restaient pas moins des frères, et Abelforth était un jeune homme bienveillant. Son côté râleur lui donnait un aspect attachant, et il avait un certain cercle d'amis, qui n'hésitaient pas à se tourner vers lui en cas de soucis ; Abel avait toujours été une personne de confiance, d'une loyauté à toutes épreuves. Tandis que son frère, lui, n'avait pas hésité à les abandonner, sa mère, sa sœur et lui, pour poursuivre ses rêves de découvertes et d'aventures dans ces temps si durs pour leur famille. Ari était tout ce qui lui restait, et il en voulait à Albus de le tenir éloigné.

III. Hogwarts Abel était, bien malgré lui, un élève prodigieux. Il ne mettait pourtant pas grand cœur à l'ouvrage, ado désabusé. Si les devoirs écrits ne dépassaient pas beaucoup la moyenne, par manque d'engagement, il était indéniable qu'il était le sorcier le plus doué de sa promotion. Et réputation de Dumbledore obligeait : le combat en duel était sa spécialité. On ne cessait de le comparer à son frère. "Je vois que la relève est assurée." "On croirait voir ton grand-frère." Pourtant, Abel savait qu'il n'arrivait pas à la cheville d'Albus, et l'idée ne le motivait pas réellement, à vrai dire. Son aîné lui reprochait parfois son manque d'ambition, et si Abel se montrait vexé par cette réflexion, il savait qu'il n'avait pas tord, dans le fond.

IV. from hogwarts to hogwarts Une vie au Ministère ne l'enchantait pas, c'était pourtant le sacrifice qu'Albus avait fait pour subvenir aux besoins de ses deux cadets. La maison ne vivait plus autant qu'autrefois ; le jardin avait fané, les fleurs noyées, les fléchettes cassées (oui, Abel s'adonnait souvent aux jeux moldus, de rage ou d'ennui, mais avait bien trop de force pour la résistance de ces bouts de plastique). Il cherchait du travail mais n'y mettait pas beaucoup d'énergie. Albus le secouait, Ari le rassurait. Ollivander l'embaucha finalement pour travailler au magasin, et Abe y travailla près de trois ans. Il s'y plaisait bien, et pour une fois, ne s'ennuyait pas beaucoup ; la magie était son domaine, et il avait ce gout pour l'entraide qui se révélait dans le plaisir qu'il avait à conseiller des baguettes. A l'aube de ses vingt-trois ans, on lui proposa un poste à Poudlard en mémoire de ses exploits en duels. Il hésita un peu, et, finalement, poussé par sa sœur, accepta. Professeur en Défense contre les Forces du mal, il se retrouvait le plus jeune du corps professoral. Ses collègues, qui étaient, pour certains, ses anciens instituteurs, l'appréciaient. Les élèves aussi, plus ou moins. C'était un bon pédagogue, mais ne tenait pas beaucoup à cœur la réussite de ses élèves. Du moins, il ne se culpabilisait pas de leurs échecs.

V. Ariana Albus dérivait, Abe le voyait. Même s'il passait le plus clair de son temps à Poudlard, Abelforth rentrait très souvent à Godric's Hollow visiter sa sœur. Albus était rarement présent. Et lorsqu'il était là, Abe le voyait ; il considérait sa sœur comme un fardeau dont il fallait s'occuper. Le poids menotté à son pied, qui l'empêchait de prendre son envol. Si Abel avait toujours remarqué les sombres côtés de son aîné, ses désirs de gloire et de grandeur, il sentait que quelque chose se passait, que ses propos allaient plus loin, et Abe n'aimait pas l'extrémisme dont il faisait preuve. Ariana lui parla de ce jeune homme qu'Albus fréquentait, au village. Qu'ils s'écrivaient, souvent. Cela faisait plusieurs années qu'Abelforth était au courant des préférences sexuelles de son frère, et il soupçonna tout de suite ce fameux jeune homme d'influencer son aîné. Comme une intuition.
La rencontre fut fatale. Pour Ariana.
Gellert Grindelwald était le genre de type dont Abelforth se méfiait. Un air mystérieux, de belles paroles, et ce stupide Albus qui le regardait avec amour et désir. Abel le détesta instantanément, et ne put retenir ses mots. Visiblement, attaquer le frère de son amant n'avait rien d'impossible pour Grindelwald, et les deux sorciers s'engagèrent dans un combat mortel. "Putain, il a pas choisi un clampin."
Un combat. Un dernier combat pour Ariana, qui succomba de ses blessures en tentant de s'interposer dans le combat, auquel Albus avait également pris part pour tenter de séparer les deux hommes. Percutée par un sort jeté par un des deux frères, le souffle de la belle s'éteignit quelques minutes après, alors que Grindelwald, dans la panique des deux frères, prit aussitôt la fuite.
Abelforth ne s'en remit jamais. Sa sœur était la prunelle de ses yeux. Depuis tous petits, il la protégeait et l'aimait pour ce qu'elle était, au delà de cette maladie, au delà de cette culpabilité qui l'avait rongée toute sa vie. Il l'avait toujours comprise, toujours soutenue, et elle avait toujours fait de même pour lui. Liés par l'amour fraternel, par tous ses secrets et confidences qu'ils s'étaient échangés. Ariana était tout ce qui lui restait, et aujourd'hui, il n'avait rien.
Plus rien.

VI. rock'n'bear Abelforth posa sa démission à peine un mois après. Il n'était plus que l'ombre de lui-même, et portait Albus pour responsable de ce drame. Pendant longtemps, plusieurs années, les deux frères se croisèrent à peine, s'échangeant quelques mots, quelques lettres lorsque cela était nécessaire. Au fil du temps, la colère se dissipa, un peu. Abel voyait son frère découvrir le monde, se faire des relations. Albus avait toujours été fort pour ça, là où Abelforth avait toujours préféré la solitude, et davantage encore depuis la mort d'Ari. Ari... Il pensait souvent à elle. Elle lui manquait, terriblement. Il s'était plongé dans l'alcool, le whisky le rassurait, faisait fuir ses terreurs nocturnes. Petit à petit, il découvrait des nouvelles saveurs, des nouveaux arômes, se surprenait à apprécier des années plus que d'autres. Les rares personnes qu'il voyait encore lui demandaient conseil, et il pouvait se vanter d'avoir dans sa cave des bouteilles de grands crus, tant moldus que sorciers. Et puis l'évidence s'imposa ; le Rock'n'bear ouvrit ses portes dans une rue non loin du Chemin de Traverse, dont Abel n'était rien d'autre que le propriétaire. Deux ans après le décès d'Ari, il sentait enfin qu'il avait réussi. Réussi à bâtir quelque chose, de sa conception, de sa volonté. Et il espérait qu'elle était fière de lui, de là où elle se trouvait.

VII. present Il a récemment été approché par un membre de l'organisation des Enfants de Morgane, et même s'il s'est toujours tenu éloigné des questions politiques, a décidé de s'engager. Décision qui pourrait sembler paradoxe si toutefois elle était connue, étant donné les antécédents des Dumbledore avec les moldus. Si porter Albus pour fautif de la mort d'Ari a été le premier réflexe d'Abel, trois ans auparavant, il a aujourd'hui le recul nécessaire pour se positionner dans ce drame. Abel est un homme brillant, qui sait réfléchir et qui ne se laisse pas emporter par ses émotions. Aujourd'hui, il sait, que c'est cette différence, ce clivage entre les deux mondes, qui a tué ses parents et Ari. Témoin du changement d'idéologie de son frère, l'idée de savoir qu'il a retrouvé la raison lui a mis un peu de baume au cœur, et a atténué sa colère, même si beaucoup de non-dits subsistent entre les deux frères aujourd'hui trentenaires. Pour l'instant, personne ne sait qu'il a rejoint l'organisation, pas même Albus. Il redoute un peu sa réaction ; serait-il déçu de ne pas le savoir à ses côtés, dans les rangs de l'Ordre ? Mais aujourd'hui, il veut montrer à son frère, montrer à Mina, qu'il se sent prêt.
Prêt à se battre pour ce en quoi il croit.