melodrama (ps)

nom et prénoms : poppy la jolie, flottante et fragile, douce fleur des champs laissée à l’abandon, qu’on terrasse et qu’on meurtrit. longue tige élancée aux pétales hasardeux qui dévoilent un coeur charnu ; elle est skeeter sitôt que ces derniers se colorent d’artifices dont seule la famille connaît la recette. un peu d’arrogance, beaucoup d’assurance, de quoi laisser une trace. poppy qui claque et dont les syllabes retentissent sur la langue d’une douceur indécente. cette trace, pourtant, n’est que le reflet faiblard d’un reliquat qu’on ne lui accorde que dans l’intimité de corridors à peine dévoilés : au grand jour, elle est lila, et derrière elle, plus aucune effluve ne flotte. âge et date de naissance : sous le signe de la balance, douce poppy, mise au monde les feuilles d’automne tombantes et les rayons de soleil déclinants en cette fin d’après-midi du onze octobre il y a vingt-deux années. origines et degré de la branche familiale (mineure ou majeure) : jamais sa famille n’a quitté ses racines. il s’agit de construire sur les cendres l’empire à bras le corps avec comme seul talent le verbe dont tous et toutes ont hérité. d’angleterre, les skeeter ont fait fortune sur autant de cadavres que de secrets, et il entend bien en tant que digne héritière de la branche majeure d’apporter sa pierre à l’édifice. état civil et orientation : amours saphiques tus toutes ces années ; elle vit dans le secret de lila ses passions quand poppy est promise depuis des années déjà à un jules dont elle ne connaît ni le visage ni les desseins. profession : journaliste dont les articles sont exploités depuis des années par les aînées, aujourd’hui enquêtrice de terrain. toute sa vie durant, la petite s’est vue être attribuée à cette ombre dont elle ne se lasse que peu ; celle qui un jour, la mènerait à faire de son anonymat le plus bel atout de sa carrière. nature du sang : sang violet depuis des années déjà, entaché et dont plus personne ne parle, jamais. il s’agit d’être expertes pour détourner l’attention afin que personne, jamais, ne remette le nez dans leurs affaires. lieu de vie : londres, depuis toujours, un petit appartement miteux, depuis peu, qu’elle quitte de temps à autre pour retrouver les draps de soie l’immense demeure familiale. baguette : bois de cerisier, ventricule de dragon, vingt-trois centimètres, très rigide. épouvantard : un foulard épais lui obstrue les voix respiratoires. elle suffoque. court. se cogne. trébuche. dans une salle emplie de meubles qu’elle croit reconnaître mais qui disparaissent sitôt qu’elle s’en approche. elle se traîne péniblement jusqu’à un miroir, dénoue le foulard, et découvre un visage qu’elle ne reconnaît plus. miroir de risèd : elle ne parvient pas à s’y reconnaître puisque derrière elle des centaines de flashs d’appareils photo s’agitent. particularité : en apprentissage, elle vacille, poppy. elle a rendez-vous cinq nuits par semaine au manoir pour s'entraîner, encore, deux, trois heures, elle ne parvient que trop peu à revenir à sa forme humaine. depuis petite, on lui apprend, depuis petite, on lui répète : les formules, les effets, l'enchaînement des étapes. elle connaît sur le bout des doigts tous les actes qu'elle doit effectuer les uns après les autres, l'orage, l'incantation, elle sait. et pourtant, le petit oiseau qui peine à se transformer encore aujourd'hui n'arrive que trop peu à visualiser son propre corps humain. alors elle retourne travailler sous les cris familiaux : il leur faut ce moineau, pourvu qu'il vole suffisamment longtemps et ait l'ouïe suffisamment développé pour qu'il leur apporte ce dont ils ont besoin.