Hell is empty and all the devils are here (Parkinson)

29 juin 1878 - Naissance de la première fille d'Eamonn et d'Iphigenia, Arabella Parkinson. Une petite fille qui avait tout pour plaire avec sa chevelure blonde, ses yeux bleus et sa petite bouche rose délicate.
16 février 1882 - Naissance de Theodore, le fils prodige tant attendu pour conserver l'héritage des Parkinson.
03 mai 1885 - Une deuxième fille vit le jour, tout le contraire des deux aînés, les cheveux blond doré qui viraient vers le châtain clair en hiver, les yeux bleus gris. Elle avait aussi des petites taches de rousseur sur son nez.
23 août 1887 - Cette fois, c'était le dernier garçon des Parkinson, Edgar. Il ressemblait plus à sa soeur Abigaïl qu'à Theodore mais il avait son style bien à lui qu'il affirmerait en grandissant.
13 avril 1888 - Une sinistre date, une page d'ombre dans l'histoire de la famille Parkinson, un mystère non élucidé. Arabella, l’aînée, a péri noyée dans le détroit d’Exe. Cela fut un véritable traumatisme pour Theodore, âgé de six ans. Il n'a jamais pu accepter le décès de sa sœur qui était seulement âgée de dix ans et qui se préparait à se rendre à Poudlard. Cet événement rapprocha le jeune homme de ses cadets qu'il promit de protéger. Ce fut également cette année où la magie entra dans la vie du garçon.
1893 - Première année à Poudlard. La plupart des membres de sa famille avaient fréquenté la maison Serpentard. Il était persuadé qu'il irait à Serdaigle étant plus intellectuel et propice à étudier. Quelle ne fut pas sa surprise quand il entendit le Choixpeau s'écrier "SERPENTARD". Il rencontra ses trois compères qui devinrent ses fidèles amis.
1895 - Theodore passa les sélections pour devenir poursuiveur dans l'équipe de Quidditch de la maison Serpentard. En pleine crise d'adolescence, le jeune homme avait un peu relâché ses études pour faire mil et une malice. Il jouissait de sa popularité auprès des filles pour se faire remarquer. Toutefois, quelques retenues et les lettres menaçantes de ses parents au cours de sa troisième année à Poudlard, sans compter les punitions lors de ses vacances, vinrent à bout des idées fantasques du jeune Parkinson.
1897 - Vint le temps des premières amours. Elle était jolie la petite Susan avec sa jupe à carreaux bleus et blancs trop courte. La petite ingénue semblait savoir le mener à la baguette comme bon lui semblait, il lui disait "amen" à tout. Épris d'un amour sincère, il n'avait pas compris que cette relation n'était qu'un passe-temps pour la jeune fille qui avait jeté son dévolu sur un autre jeune homme de la maison Gryffondor, six mois après l'officialisation de leur relation. Désappointé par son comportement, Theodore resta méfiant par la suite et eut beaucoup de mal à accorder du crédit aux paroles des filles. Pour combler cette blessure, il reporta son attention sur les études et se concentra sur le Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire (B.U.S.E). Il parvint à obtenir des notes très honorables dont deux optimales en potions et botanique, quatre efforts exceptionnels en métamorphose, sortilèges, défense contre les forces du mal et soins aux créatures magiques. Il obtint deux acceptables en histoire de la magie et astronomie, et malgré ses efforts, un désolant en divination.
1899 - C'était la septième et dernière année à Poudlard, celle où tout était permis. La dernière année avant de devenir un adulte prêt à endosser sa part de responsabilité. Fidèle à lui, Theodore se montra encore une fois déterminé et bon élève. Il savait déjà ce qu'il comptait faire à la fin de sa scolarité, il n'avait plus qu'un plan en tête : prouver sa valeur. Il commença lors de ses examens, c'est-à-dire l'Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante (ASPIC) en potions et botanique avec succès.
1904 - L'année où Theodore parvint à convaincre son père et son grand-père à ouvrir une boutique d'apothicaire à Londres. C'était osé mais le jeune homme était un visionnaire amoureux de son travail, mais également du profit. Depuis la capitale, il pouvait plus aisément se lancer dans le commerce international pour enrichir un peu plus les préparations et répondre à la demande de la clientèle. Un pari fou, mais son officine était bien présente sur le Chemin de Traverse. La devanture était toujours propre et tout en haut en lettres dorées était inscrit la franchise créée par son grand-père « M. Parkinson's Apothicaire ».
1914 - Voilà dix ans qu'il vivait à Londres et qu'il travaillait dans sa boutique d'apothicaire. Il avait eu le loisir de sentir l'ambiance changer. Il écoutait les propos de ses clients et suivait avec attention l'actualité. Le conflit grondait. Il se refusait pour le moment de se positionner. L'ingénu se sentait partagé. Les arguments des uns et des autres étaient tous intéressants et se tenaient. En attendant, le sorcier attendait que ça passe, seul dans sa bulle. Bon à marier, il ne prêtait pas attention aux multiples réclamations de sa mère pressée de le marier à une jeune fille provenant d'une famille de sang pur. Il n'avait rien d'un aristocrate. C'était un simple homme de trente-deux ans. Aucune fille de bonne famille ne souhaiterait vivre ainsi. Finalement, c'était plutôt les aider en restant à l'écart. Qui sait ? Peut-être viendra-t-elle un jour frapper à la porte de sa boutique ?

Sir Alistair Parkinson, né un certain 23 septembre 1830 et marié à Kathleen Peverell elle-même née le 20 juillet 1831, a créé sa toute première entreprise. Une drôle d’idée venant d’un noble vivant dans son château de Powderham. Il s’agissait d’une simple boutique d’apothicaire pour permettre à la famille une rentrée d’argent puisque les terres n’étaient plus aussi rentables avec les crises alimentaires et sanitaires. De plus, les paysans étaient de moins en moins enclins à servir les nobles du contré réclamant toujours plus d’égalité.

Lassé, Alistair réfléchissait à un moyen moins contraignant et plus sûr. Ayant toujours eu des capacités dans le domaine médicinal, il proposa ses services payants à la population locale de South Town. N’étant qu’un petit aristocrate sans gallions, il ne pouvait pas se comparer aux autres grandes familles telles que les Black ou les Malfoy. Ayant des rêves de grandeur, il exploita sa petite boutique en gardant dans l’esprit qu’il voyait beaucoup plus loin.

En 1858, une deuxième boutique s’ouvrit à son nom dans le chef-lieu du Devon à Exeter. La boutique fut tenue par son frère cadet. La famille parvenait à vivre normalement et la chance semblait sourire au jeune Parkinson. Il démarra en parallèle avec son beau-frère Marcus Peverell une filière de négoce pour se procurer les denrées utiles pour ses officines.

L’année 1865 fut l’apogée de l’ère d’Alistair, il créa sa franchise « M. Parkinson's Apothicaire » puis ouvrit dans la foulée une troisième boutique à Plymouth qui fut tenue par la suite par son fils Eamonn en 1870 alors âgé de vingt ans.

La prospérité de la famille permit de rivaliser un peu plus avec les autres familles de sang pur. Ils n’avaient pas honte de leurs origines, bien qu’ils taisent la période où ils appartenaient à l’aristocratie désargentée.

Plus tard, en 1904, son petit-fils Theodore, en fier héritier, proposera un challenge de grande ouverture à Londres. Une épopée qu’Alistair observera de loin, fier du travail accompli.


Sir Eamonn Parkinson, propriétaire d’un château de Powderham non loin de la ville d’Exeter dans le Devon en Angleterre, était un homme qui, pour se divertir, ne prenait jamais d’autres livres que le baronnetage des familles de sangs purs. Il y trouvait l’occupation d’une heure de loisirs et la consolation d’une heure d’affliction. Il pouvait s’élever à l’admiration et au respect en contemplant les restes limités des anciens titres. C’était là que toute sensation fâcheuse due à des ennuis domestiques se transformait naturellement en pitié et en mépris. D’ailleurs, le sorcier y lisait sa propre histoire avec un intérêt qui ne faiblissait jamais. Voici la page à laquelle le volume favori s’ouvrait toujours :


Eamonn Parkinson né le 1er octobre 1850, marié le 15 juillet 1875 à Iphigenia, fille d’Archibald Flint née le 18 novembre 1851 de laquelle dame a eu Arabella née le 29 juin 1878 ; Theodore né le 16 février 1882 ; Abigaïl née le 03 mai 1885 ; Edgar né le 23 août 1887.

Tel était du moins, le paragraphe qui était sorti à l’origine des mains de l’imprimeur. Mais Éamonn l’avait parfait en y ajoutant pour sa propre information et celle de sa famille les mots suivants après la date de naissance d’Arabella : « décédée en 13 avril 1888. »

Puis venaient l’histoire et la progression de l’ancienne et respectable famille dans les termes usuels. La vanité était le commencement et la fin du caractère d'Eamonn Parkinson ; vanité de sa personne et de sa situation. Iphigenia Crabbe était une excellente femme, aimable et sensée, dont le jugement et la conduite n’avaient plus requis d’indulgence par la suite. Elle s’était pliée aux faiblesses de son mari, les avait atténuées ou encore dissimulées et lui avait assuré une réelle respectabilité. Et sans avoir été la créature la plus heureuse du monde, elle avait trouvé dans ses devoirs, ses amis et ses enfants de quoi suffisamment l’attacher à la vie. La sorcière était issue d’une grande famille qui était étroitement liée aux Flint ou encore aux Croupton. En effet, elle avait une ancêtre Lysandra Croupton ayant épousé Oswald Flint et elle avait eu trois enfants : Callidora qui avait épousé un Abott, Cedrella qui était devenue l’épouse d’un Carrow, et Calyspo qui prit pour époux Caspar Beurk. Theodore, son fils, pouvait prouver par tout moyen qu’il avait du sang pur qui coulait dans ses veines.


16 février 1980 - Le vent soufflait avec rage sur le petit village South Town, à quelques kilomètres de la ville d’Exeter dans le Devon, au loin l'on pouvait entendre le fracas des orages dans la plaine. Le village semblait mort et vide de tout habitant. Chaque habitant avait pris le soin de se calfeutrer dans sa demeure pour rester bien au chaud, le temps que la tempête passe. Cette instabilité météorologique n'était pas rare dans le sud-ouest de l’Angleterre surtout en hiver, rien de plus banal aux yeux des moldus. Une frêle silhouette, légèrement voûtée, déambulait dans les ruelles de bourg, affrontant vaillamment les assauts du vent pour avancer tant bien que mal vers un sentier qui se rapprochait des collines environnantes.

Sous l'air glacial, la petite chose s'arrêta un instant au seuil d'une baraque pour reprendre un peu de force pour continuer son combat. Elle enleva la capuche de sa cape, laissant apercevoir une chevelure longue de couleur poivre et sel. Les traits de la femme ont été marqués par l'âge et le temps qui était passé. Ses yeux d'un bleu effacé presque gris semblaient être perdus dans le vide. Machinalement, elle se frotta les mains ridées et légèrement bleuâtres pour les réchauffer, elle souffla deux fois sur ses mains qu'elle avait mises en coupe devant sa bouche. Agacée par les mèches de ses cheveux qui revenaient sans cesse sur son visage, elle les repoussa puis regardant la lune alors pleine, elle rouspéta contre cet astre céleste, la maudissant d'agir aussi efficacement sur les femmes enceintes.

Elle resserra un peu plus sa cape contre elle, puis elle reprit sa marche pour atteindre un grand manoir qui dominait sur la colline le hameau. Le château de Powderham. Quelques gouttes d'eau se mirent à tomber comme pour parfaire ce tableau de désolation. La vieille femme pressa le pas et frappa de son petit poing contre l'imposante porte en bois noir. Elle attendit quelques minutes qu'on daignât l’ouvrir . Puis à l'invitation d'une domestique, elle entra dans le majestueux hall éclatant de lumière. Tout était fait pour attirer l'œil du visiteur sur la richesse des résidents de la demeure. Mais ce n'était guère ce qui intéressait la femme. Son attention fut tournée sur un homme ayant dans la trentaine, grand brun et plutôt bien bâti, ses traits tirés démontraient une certaine fatigue et la barbe naissante était un signe qu'il n'avait guère pris attention à son aspect depuis quelques jours. Eamonn Parkinson.

« Edweena! Par Merlin vous voilà enfin ! » s’écria-t-il soulagé en se précipitant vers cette dernière. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de son hôte. Elle prit la peine d'enlever sa cape la donnant à un elfe de maison, qui attendait avec impatience de la servir. Sans y être invitée, elle marcha rapidement vers le grand escalier pour monter à l'étage et se rendre au plus vite auprès de la maîtresse de maison. « Je ne te savais pas aussi stupide Eamonn. Je t'avais prévenu qu'une grossesse serait risquée ! Vous, les hommes et votre fierté ! » Eamonn ne répondit rien craignant de mettre plus en colère l’accoucheuse. Il savait bien que c’était dangereux pour Iphigenia de mettre un enfant au monde. Mais ils voulaient un petit garçon pour perpétuer le nom des Parkinson. Edweena entra dans la chambre, fermant la porte au nez du futur père. Elle s’approcha doucement de la femme sur le lit, souffrant le martyre. Elle se mit à sa hauteur et lui chuchota à voix basse « Abyssus abyssum invocat ».* Les yeux de la jeune femme s’agrandirent sous la peur. Elle tenta de se lever pour s’éloigner de la vieille femme, puis la repoussa sur le lit. Il était temps de mettre fin à la douleur.

Installé dans son bureau, Eamonn faisait les cent pas, angoissé, en entendant les cris de sa femme. Il s’arrêta posant ses mains sur le dos du fauteuil qui lui faisait face. Il entendit la porte s’entrouvrir et tourna la tête pour apercevoir sa fille, âgée alors de quatre ans, qui avait échappé à la surveillance de sa nourrice, terrorisée par ce qu’elle entendait. Voyant son regard horrifié, il s’assit dans son fauteuil et l’invita à venir sur ses genoux. Doucement, l’enfant vint le rejoindre et se boucha les oreilles pour ne pas entendre les hurlements de sa mère. Alistair Parkinson arriva à son tour dans la pièce et observa son fils avec attention. Aujourd’hui, l’héritier de la famille allait naître, il se devait d’être présent en tant que chef de la famille Parkinson. Soudain, le silence se fit, tous les trois s’interrogèrent du regard, puis un cri de bébé se fit entendre dans toute la maisonnée. Posant la petite par terre, Eamonn lui prit la main avant de sortir du cabinet privé pour se diriger précipitamment vers la chambre, accompagné de son père Alistair. Il pouvait sentir la main tremblante de l’enfant dans la sienne, doucement avec son pouce, il lui caressa la paume de sa petite menotte. Il se pencha vers elle et posa ses mains sur ses épaules. « Je reviens vite avec ton frère, Arabella, attends-moi ici avec ton grand-père. »

Il aperçut la nourrice qui s'excusa et lui laissa la petite fille, Alistair soupira de soulagement en évitant de jouer la nounou avec sa petite fille. « Fils. Rappelle-toi de ce que je t’ai dit. Il s’appellera Theodore. » Dit-il sur un ton bourru. Eamonn hocha de la tête puis entra dans la pièce fermant après lui, puis en voyant tout le sang sur le lit, sa première inquiétude fut pour son épouse qui lui fit un signe d'apaisement. Il s'approcha rapidement de la vieille femme afin de regarder le bébé qui ne cessait de crier à pleins poumons. Il constata avec soulagement qu'il s'agissait bien d'un garçon. En relevant son regard, il croisa celui de sa femmen souriante et épuiséen qui chuchota : « Nous avons enfin notre Theodore. » Ce à quoi Edweena qui se chargeait de nettoyer le poupin, ne put s’empêcher de répliquer « C’est un petit bonhomme, il sera coriace, comme les mauvaises herbes. »

*« L'abîme appelle l'abîme. » Psaumes, 42, 8. Signifie qu'un malheur entraîne un autre malheur, mais surtout qu'une faute entraîne une autre faute qui s'ensuit inéluctablement.