Correspondance d'Addolorata Alighieri

31 Juillet 1914, Londres

Signora Alighieri,
Cara Addolorata,

Même si j'aimerais qu'il en soit autrement, nulle, pas même moi, ne peut ignorer les auditions ayant été menées au sein du Ministère de la Magie, ainsi que ces trop nombreuses répercussions. Je suis profondément navré d'apprendre les tourments subis par votre amie, mes pensées allant, inévitablement, vers sa prompte guérison.

Sachez Signora, que j'entends et comprends votre requête, son bien-fondé, ainsi que la justesse de ces termes. Cependant, au risque de vous décevoir, je me dois de vous préciser les heures sombres vécues par la politique internationale. Aussi préjudiciable soit-il de la réduire en ces termes, ce n'est qu'un jeu d'adresse et de patience, où le moindre écart peut engendrer une rixe, dont les conséquences desserviraient autant la France que l'Angleterre. Rassurez-vous, l'impassibilité ne sera pas prônée, mais l'argument des interrogatoires ne peut être émis devant une cour, vous le savez tout aussi bien que moi. Les notions de fourberie, ou d'ingérence flotteraient irrémédiablement dans l'air, donnant au Ministère Anglais, le droit d'un renvoi immédiat, car en terre étrangère, ambassadeur ou non, on ne me confère point le droit de regard sur la gestion du pays. Qui plus est, aucun de mes concitoyens n'a eu à se plaindre d'une quelconque incrimination abusive, m'ôtant ainsi tout droit de réaction...

Je discerne l'ire tapissant vos pensées et je comprends la déception étant vôtre, en lisant cette lettre. Mais sachez, ma chère, que je n'abonne personne, ni vous, ni ma mère-patrie, ni l’Angleterre, mais mon rôle dans cette histoire, n'est pas d'intervenir, sous peine d'être raccompagné à mes frontières. Le pire est peut-être à venir, Miss. Les réactions viendront, le vieux continent se relèvera pour aider humaniste et progressiste à retrouver un semblant de sérénité, mais en attendant, la teneur de ces démarches n'est pas opportune, surtout au vu de l'éclatement déjà précaire de l'Europe, où il faudra choisir entre faire front commun, ou s'opposer, en s'enrôlant sous le fanion.

Respectueusement,

Nicolas Flamel.

Ps : La teneur de cette missive se transformera dès la seconde lecture et je ne puis que vous enjoindre à la plus grande des prudence dans vos prochains écrits. Permettez moi de passer à votre libraire, si vous tenez à de plus ample information.

Fy Nghariad,

Si tu es ma Madame Morale alors je veux bien boire tous les sermons qui sortiront de tes lèvres. Nos destins sont liés désormais, je peux comprendre que tu ais quelques inquiétudes concernant mes activités nocturnes. Même si ta lettre m'a trouvée pendant mes fonctions au Casino, je te le promets, je n'ai pas risqué ta vie en bottant quelques postérieurs indélicats. Edel me surveille. J'ai à peine le droit de respirer sans son consentement. Sauve-moi de ses griffes ? S'il te plait ?

Je dois t'avouer que je ne connais les Shafiq que de nom. Je crois que le petit Nile a racheté ma collection de vieux cognards pour des sommes astronomiques. Je demanderais davantage d'informations à Penny. C'est elle qui gère mes relations avec le public. Comme tu peux te l'imaginer, je ne suis pas friande de ce genre d'activités mais je n'y suis pas entièrement étrangère. J'en connais les codes et je sais parfaitement me tenir. Mes parents y ont veillé.

Ainsi, tu l'as compris, je serais ta parfaite cavalière. Même si nous devons affronter des hordes de mondains hypocrites bouffis de caviar et champagne, je ne t'abandonnerais pas. C'est le rôle du sigisbée et mon privilège. J'aurais peut-être ainsi la possibilité de réparer mon inénarrable sottise d'alors et de laisser derrière nous les événements du Globe ?  

Une dernière question ? A quelle heure dois-je venir te chercher ?

Avec toute ma tendresse,

Susan

PS : Retrouvons-nous un peu avant ? Comme nous devons jouer aux caméléons autant ne pas pécher par frustration ?

PPS : Quelle est ta couleur préférée ? Quitte à enfiler l'un de ses instruments de torture, autant qu'il soit à ton goût, n'est-ce pas ? Ce serait dommage que tu ne puisse pas en profiter pleinement. Une dernière chose : je mets mon veto sur les talons (je veux avoir la possibilité de danser avec toi sans provoquer un accident diplomatique - je te promets de ne pas fuir).

Ma douce Addolorata,

Peut-être ne trouverais-je pas une robe de la couleur adéquate. Dans ce cas, je suis sûre que nous pourrons nous arranger pour que je porte un peu de ce carmin qui te plait tant. Quelque chose qui pourra être notre secret à toutes les deux. Quant à mon uniforme de Quidditch, je dirais que tout peut s'organiser. Tout vient à point à qui sait attendre, comme l'adage le dit.

Le rendez-vous est pris pour dix-huit heures. Je viendrais t'aider à te préparer. Nous savons toutes les deux que ces vêtements sont d'un compliqué à enfiler.

Je t'aime.

Susan

PS : Désolée, il peut se montrer un peu ombrageux. Visiblement, il t'apprécie. Tu n'auras pas de problème avec lui. Il suffit de lui parler fermement.

Le 26 juillet 1914.

Madame Alighieri,

Je suis au regret de vous annoncer que, ma santé étant défaillante, je suis dans l'incapacité de venir travailler à la librairie pour les jours à venir. Je vous prie de m'en excuser. Je vais tâcher de reprendre au plus tôt le travail et vous remercie encore de la confiance que vous avez eu envers moi en m'engageant.

Je vous adresse, Madame, l'expression de mes sentiments les plus chaleureux à votre attention.

Respectueusement,

Nausicaa Weasley