correspondance de Penelope Bones

Ma douce Penny,
Le temps me manque, les mots sans doute, mais pas la colère, celle-ci est sourde et pourtant, elle tonne en moi. Je n'ai pas trouvé le temps de venir à ton cabinet, mais cela ne saurait tardé. Je sais que tu as déjà vu Susan. Quand j'y suis allée, elle était encore inconsciente et ne s'est pas réveillée quand j'ai dû partir pour régler des affaires liées à la fermeture temporaire du casino. Sache d'ailleurs que celui-i ouvrira dès la semaine prochaine et reprendra son activité normalement. Je refuse de laisser croire à quiconque que le drame, que dis-je, le supplice de Susan nous a fait perdre de notre superbe, au contraire. Cela n'a fait que renforcer le lien qui nous uni tous au sein de cette famille.

Tu le sais déjà, tu t'en doutes, de ce que je vais te demander.
Je veux traîner les Black et le responsable, cette ordure de bas étage, rejeton d'une lignée consanguine misérable, en justice. Il me faut des arguments, des preuves et un dossier solide quand je devrais leur faire face et je souhaite que tu sois à mes côtés le moment venu, si tu acceptes. Je sais que cela t'engage dans quelque chose que tu n'es pas obligée d'accepter, car la neutralité et le profit sont tes convictions et je les respecte, mais là Penny, il s'agit de la famille, de Susan et malgré sa hargne, son insolence et ses nombreux défauts, elle a un avantage certain sur tous tes clients, Susan est de la famille.
Néanmoins, je comprendrai que tu refuses, tu as tes enfants et entrer en conflit avec la maison des Black n'est pas une chose à prendre à la légère. Pour cela, je ne t'en tiendrai pas rigueur, mais par Morgane, trouve des preuves, je t'en conjure.

Par ailleurs, je sais que tu risques de désapprouver, mais j'ai déjà fait savoir aux Black ma façon de penser. Tu me connais, tu sais que je suis comme ma mère et que je dis ce que je pense. J'ai délibérément craché au visage des Black dans une beuglante saignante et épineuse, avouant même mes intentions d'occire ce cher Antarès le moment venu. Je te rassure Penny, je n'ai pas fais tout cela pour m'attirer les foudres du patriarche. Je connais la réputation des Black ainsi que celle de son charismatique patriarche en la personne d'Alaric. Mais je connais également Susan. Je sais que dès qu'elle le pourra, elle sortira de St Mangouste pour régler ses comptes avec son tortionnaire, mais je doute que le 12 square grimmaurd ferme les yeux si on ose toucher à la progéniture d'Alaric.
Pour tout cela, pour éviter à Susan un nouveau drame - ou pire, après tout, les cadavres s'amoncellent devant le numéro 12 - j'ai décidé de prendre les devants et d'attirer le regard du père Black sur moi. J'espère qu'ils mordront à l'hameçon et que cela nous permettra de nous retrouver autour d'une table, baguettes à la main pour dialoguer - j'ai décidé d'opter pour la diplomatie - ou sinon, pour rendre honneur à Susan.
Et ce moment là, celui de la confrontation, arrivera bien assez tôt Penny. J'aurai besoin de toi à cet instant, si ce n'est pour tenir une plaidoirie, au moins pour me fournir le dossier dont j'ai besoin devant Alaric. Je sais que ce n'est un homme à apprécier d'être défié, sinon quand on affirme cracher sur son nom, ses fils, sa maison et sur son visage. Il ne laissera rien passer, je dois donc avoir les reins solides et des arguments pour museler la bête et obtenir justice pour Susan. Je sais parfaitement qu'il ne s'en prendra pas à son fils, ou tout du moins, pas comme je l'aurai espéré, mais je dois sortir victorieuse de ce duel à venir.

S'il te plaît Penny,
Aide moi.
Tu es sans doute l'une des rares personnes à qui je pourrai confier ma vie les yeux fermés. La seule.

Du reste, je serai très occupée durant les prochains jours. Puis-je abuser de ta gentillesse et te demander de veiller sur Susan si je ne peux venir la voir autant que je le souhaiterai ? Dimitri déjà, s'affaire à lui rendre visite, mais j'aimerai également que tu t'en charges. Tu as toujours su trouver les mots justes et lui rappeler la chaleur de notre mère, partie trop tôt.


Tendrement,
Edel.

Ma chère Penny,

Dans un premier temps, je tiens à te remercier de veiller sur Susan. Tu es adorable et cela me touche énormément. Merci, du fond du coeur pour tout ce que tu fais pour nous, pour la famille, pour moi. Je sais que tu as tes enfants, ta vie, ta carrière et je me sens coupable de te demander cela, égoïste aussi, mais tu es sans doute la seule personne en qui je peux avoir réellement confiance et à qui je peux confier ce que j'ai de plus cher les yeux fermés.

Par ailleurs, je souhaite revenir sur l'affaire Black.
Donnons lui ce nom, cela m'évitera d'être grossière. Je sais que cela peut paraître complètement stupide et fou d'avoir envoyé une beuglante au fils aîné de la fratrie, mais comme je te le disais dans ma précédente lettre, je n'ai pas fait cela par excès de vanité ou de folie, je connais les enjeux, seulement, cela ne peut rester impuni. Vais-je obtenir justice pour Susan ? J'en doute malheureusement, comme tu me l'as dis, néanmoins, je pense que nous avons des cartes à jouer pour obtenir une dette et une reconnaissance ou tout du moins, quelque chose pour le préjudice subi. Je ne peux croire que même les Black soient au dessus des lois, après tout, même eux ont des comptes à rendre, j'imagine.
Ainsi, la confrontation me semble inévitable et à ce moment précis, il faudra agir avec diplomatie et ingéniosité, ne pas céder à la colère pour rompre toute négociation possible.

Je reviens sur ce que tu as dis dans ta lettre comme quoi nous pouvons obtenir réparation. Cela se chiffre-t-il en gallions selon toi ? Une dette à vie que pourrait verser les Black pour Susan ? Les préjudices que tu as cité me semble convenir et je veux qu'ils paient autant que possible, je ne peux me satisfaire de moins que ça. Les Black peuvent-ils échapper à cette sentence ? J'imagine que cela est dans l'intérêt d'Alaric de faire taire cette affaire avant qu'elle ne s'ébruite, car j'ai les moyens de raconter tout cela et la clientèle qui se délectera de savoir les méthodes barbares qu'utilisent les Black. La rumeur peut faire autant de dégât qu'un couteau dans le dos.

Et bien entendu, j'accepte que tu sois ma conseillère et la médiatrice dans cette affaire. Une fois encore, je te remercie pour ton engagement et ta fidélité. Je parlerai à Dimitri ce soir même, nous nous retrouvons au casino pour qu'il passe au plus tôt chez toi.
Je l'ai déjà convaincu de ne pas se rendre au 12 square grimmaurd, car malgré sa rigidité, il reste un homme et il a du caractère quand il veut. Nous éviterons qu'il soit présent le jour des négociations, autant mettre toutes les chances de notre côté et je doute que Dimitri en soit une malheureusement.

Tu as toute ma gratitude et ma reconnaissance.
Merci encore.


Tendrement,
Edel.

Ma douce Penny,

L'été s'estompe et emporte avec lui, le fracas des derniers jours.
Comme tu le sais sans doute, un poison a été rejeté dans les canalisations du pays et comme tu le sais aussi, je n'ai pas été épargnée.
Imagines-tu un seul instant, moi, dénuer de mes pouvoirs ? Incapable d'allumer une cigarette ou de pouvoir lancer un sortilège pour réparer un verre si je le lance contre un mur ? La vaisselle de grand-maman ne s'en remettrait pas.
Il m'est donc apparu comme être le bon moment, Penny, pour prendre des vacances en Ecosse. Des terres sauvages, du whisky distillé avec un savoir ancestral, sec et sans glaçon, des kilts à foison et des femmes qui dansent autour du feu. Quoi de mieux me diras-tu ?

Ainsi, avec l'accord de mon amie Artemisia Scamander, je vais séjourner dans leur coquette ferme pour une durée indéterminée. Au moins pour tout le mois de septembre. Je vais revenir de temps à autre au casino, mais je ne serai majoritairement pas là. J'ai vu avec Susan pour lui céder la régence du casino en compagnie de Bald qui ont, par le porte-jarretelle de cette douce Viviane, conservés leurs pouvoirs magiques. Dimitri de son côté, fait le mort. C'est tout à son aise de rester aux côtés de sa greluche, chevalier servant qui râle car les noces sont encore retardées (pour notre plus grande joie, tu l'imagines.)
Cependant, je connais Susan, je connais Bald. Soyons sincères, Penny, ils ne sont pas doués pour gérer une affaire comme celle du casino. Susan sait cogner, Bald sait mordre. Il manque donc le tact, la diplomatie et les résultats. C'est pourquoi et je pense que tu l'as compris dès les premières lignes, je vais te demander de compléter ce joyeux duo et de partager la gestion du casino entre vous trois.

Ainsi, Penny, si tu l'acceptes, j'aimerai que tu t'occupes de représenter le casino en dehors, d'être son image, de rédiger les courriers et de gérer les comptes, ainsi que le règlement auprès de nos fournisseurs. N'oublions pas, bien sûr, les sorciers qui ont des dettes envers nous. Poison ou non, ils doivent payer !

Ma chère Penny, je te demande encore quelque chose. J'ai l'impression d'abuser de ta bienveillance encore une fois. Quand tout ceci sera terminé, que dirais-tu d'un bon restaurant pour me faire pardonner et te remercier comme il se doit ? Tu as toute ma gratitude. Choisis l'enseigne et bien sûr, nous trinquerons avec des bulles, du champagne !

Comment se portent les enfants ?
Embrasse les de ma part.


Prends de toi,
Edelgard.

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