interrogatoire — groupe 31. nyongo zabini + nausicaa weasley

Grand absent depuis la disparition de sa famille, Nyongo avait su se faire discret dans la communauté magique, aussi ne s’attendait-il pas vraiment à être clairement reconnu par Nausicaa bien qu’ils aient fréquenté Poudlard sur une même période. A l’instar de bien d’autres Weasley, la rousse avait rejoint le rang des Gryffondors tandis que lui-même avait porté les couleurs des Serpentards. Non, leurs points communs étaient bien maigres et Nyongo avait eut bien du mal à trouver le fil conducteur de cet interrogatoire. Il ne s’en formalisait pourtant pas vraiment. Allons quoi, ce n’était qu’une archiviste, elle n’avait clairement pas le profil d’une grande révolutionnaire ! Par aquis de conscience, il se répéta pourtant de rester sur ses gardes, les Weasley n’étaient pas dignes de confiance. Ils seraient capables de mener à un putsch par accident, ces gens-là pouvaient se révéler étonnamment dangereux quand laissés sans surveillance. Ça n’arriverait pas aujourd’hu, pas sous sa responsabilité, du moins.
Entrant dans la pièce quelques minutes après l'intéressée, Nyongo s’arrêta sur le seuil de la porte, presque étonné de son empressement à se lever. Marque de respect ? Politesse exacerbée ? Education bien ancrée ? Il s’agissait peut-être un peu des trois et dans le silence, il l’étudia un bref instant. Tout d’elle semblait dire qu’elle ne causerait aucune difficulté et il décida de jouer sur cette carte-là. D’un mouvement de main, il l’invita à prendre place, s’avançant dans la pièce d’un pas souple, le regard dardé sur elle, surveillant le moindre de ses mouvements, avant de prendre appui contre la table, de sorte à avoir l’ascendant, involontaire peut-être, probablement pas. “Nausicaa Weasley, je peux me permettre ?” débuta-t-il de sa voix suave, brûlante et douce comme un soleil couchant. “Nerveuse ? Ça devrait bien se passer, nous ne sommes pas des sauvages” sourit-il doucement. “Je vais te poser quelques questions, ne cherche pas à trouver la bonne réponse, il n’y en a pas. Je te demanderai simplement d’être la plus exacte possible.” expliqua-t-il sans chercher à la bousculer. A vrai dire, il n’y avait même aucune raison de le faire et pour la mettre davantage en confiance, il débuta d’une question simple. “Peux-tu me décliner ton identité exacte et ton adresse, pour vérifier que nos informations soient exactes ?”

@Nausicaa Weasley

La rouquine se tenait sagement assise, à attendre ses questions, prête à réciter une leçon bien apprise, mais dans son regard flamboyait l’agacement, à quoi pensait-elle ? S’insurgeait-elle contre la situation ? Se sentait-elle bafouée ? Nyongo se posait la question. Si les rôles étaient inversés, comment y réagirait-il ? Probablement en s’enfermant dans le mutisme ? Mais il n’avait pas la patience de son frère, tôt ou tard, il finirait par s’énerver et les choses tourneraient mal. Une chance qu’il ait eu le bon rôle alors. Rôle qu’il appréciait, parce que si gamin il n’avait jamais été de ceux qui prenaient les décisions, aujourd’hui, il prenait goût au pouvoir qu’il lui mettait entre les mains. Il pourrait la briser entre ses doigts s’il le voulait, personne n’y trouverait rien à redire. Mais en valait-elle seulement l’effort ? S’il y avait bien une chose qu’il avait apprise, c’était bien que chaque acte avait ses conséquences.
Débutant avec douceur, peut-être pour évaluer son degré de coopération, il se contenta de lui demander de rappeler qui elle était, et donner son adresse. Loutry St-Chapoule. Sans sourciller, il sentit pourtant ses entrailles se contracter et la haine l’enflammer. Haine qu’il refoula d’un sourire qui ne sut atteindre son regard. “Oui, et j’imagine que chez toi tu peux retrouver ta famille. C’est important.” Chose que vous m’avez volé, songea-t-il en serrant les dents, luttant pour ne pas exposer sa rage. Posant une main ouverte sur la table, lentement il rassembla ses doigts sur un seul et même point, grattant la surface lisse de ses ongles. “La famille, c’est ce qu’il nous reste de plus précieux, n’est-ce pas ? C’est ce que nous défendons tous.” reprit-il en inspirant profondément. “Jusqu’où irais-tu pour protéger les tiens ?” question ouverte, l’africain avait pourtant une idée bien précise derrière la tête et il posa à nouveau son regard incandescent sur la rouquine, attendant sagement qu’elle lui fournisse les armes qui mettraient à feu tous ses principes. Ce n’est qu’ensuite qu’il précisa ses pensées. “Et jusqu’où irais-tu si on te les prenait, les uns après les autres. Jusqu’au dernier. Jusqu’au plus innocent d’entre eux ?” Répond-moi, ose me regarder dans les yeux et dire que tu resterais sagement assise, à attendre une justice qui ne viendrait jamais. Ose me dire que tu ne voudrais pas les voir brûler vif jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que poussière. Ose le dire et je te tuerais de mes propres mains, songeait l’africain qui n’avait pourtant pas bougé, rien laissé paraître de ce qui le consumait jour après jour désormais.

Nyongo n’avait jamais brillé pour sa patience et son calme, mais l’âge des colères et des caprices était désormais passé et il ne pouvait se contenter de taper du pied au sol quand il n’obtenait pas satisfaction. Et satisfaction, il n’eut pas. Les réponses à côté de la plaque de Nausicaa ne faisaient que l’irriter. Était-ce tellement compliqué ? Il ne demandait pourtant pas la lune, juste un peu d’honnêteté et de franchise. Voilà pourquoi il ne pouvait pas faire confiance à ces gens qui préfèraient tourner le dos aux siens pour défendre la veuve et l’orphelin, sans se soucier du couteau caché dans le dos de la veuve. S’humectant les lèvres, il plissa un peu des yeux, claquant un coup sec des ongles sur la table de métal. “Mes questions m’ont pourtant parues simples, elles attendent une réponse, Nausicaa.” trancha-t-il sans entrer dans le débat, le regard posé sur elle sans rien laisser transparaître. Oui, sa famille avait été massacrée, tout le monde le savait et Nausicaa se devait de choisir son camp. Approuvait-elle ou non, le massacre ? Car la famille de l’Africain en était le bon exemple. Oui, un cousin avait tué. Oui, le cousin aurait mérité une peine, au lieu de quoi, toute la famille avait été rayée de la carte. Quel camp méritait-il d’être défendu ? Nyongo n’attendait pourtant pas d’elle qu’elle le plaigne, juste qu’elle réalise très exactement ce qu’il en était, pour peu qu’elle sorte de ses archives.
Poussant un soupire, il céda néanmoins un peu du terrain, écoutant ce qu’elle avait à dire. Le manque d’argent. Oui, il paraissait évident que nourrir une l’équivalent d’une équipe de Quidditch ne permettait pas de vivre confortablement, mais elle était adulte, elle avait passé l’âge d’être entretenue. Bien qu’étant une Weasley, elle avait deux mains et deux pieds, Nyongo ne voyait pas en quoi il devait se sentir compréhensif quant à sa situation. “J’entends, as-tu eu du mal à trouver du travail ? Quel poste convoitais-tu en sortant de l’école ?” lança-t-il soudain, changeant d’angle de vue. “Le monde des sorciers est étroit, les places se font plus rares. D’ailleurs à ce sujet, quelle est la place des né-moldus au sein de notre société, selon toi ?” reprit-il avant de poser le regard sur elle, prenant une profonde inspiration, prêt à l’entendre se défiler encore. Sa provocation le fit pourtant arquer des sourcils. “Des solutions existent, à commencer par proposer une aide dans ton travail. Serais-tu plus efficace si l’on te déchargeait de toutes les futilités pour que tu puisses te concentrer et donner le meilleur de toi-même ?”