dark hopes (calum & andromaque)

Des éclats de voix qui s'entremêlent aux tintements qui chopes qui s'entrecoquent, il règne une ambiance des plus animée en ce soir d'été au Chaudron Baveur. Comme à l'accoutumée, le pub est rempli. Badauds de passages aux tenues bariolées se mêlent aux habituées placides. Certains sont venus en famille, louant une chambre avant de pouvoir visiter le chemin de traverse, tandis que d'autres rient entre amis, se racontant leurs aventures en trinquant joyeusement. Enfin, il y a ceux qui viennent pour tromper leur solitude dans l'ivresse. Des vies éparses, entremêlées qui apportent au vieux pub une joyeux cacophonie. Ombre parmi les ombres, Andromaque se tient là, seule. Installée à une table isolée, à l'angle de la pièce principale, elle observe en silence l'animation. Ses yeux vont et viennent, regardant les groupes attablés jusqu'à se poser sur un groupe d'ami qui se tient là, à quelques tables. La troupe est joyeuse, ils rient, mangent et boivent en se discutant vivement de tout et de rien. Innocents, tout de fraicheur et de candeur, celle d'âmes savourant simplement la saveur d'un instant. Loin des pensées sombres qui animent la Diggory.

L'ombre d'un sourire se dessine sur ses lèvres. Il n'y a pas si longtemps, elle aurait pu être comme eux, à se tenir là, attablée entre quelques amis à rire en écoutant quelques histoires. Elle se rappelle encore des instants qu'elle avait passé ici, avec Hector. Une bierraubeurre pour elle, un whisky pur feu pour lui, et des heures passées à se raconter leurs histoires. Juste ça. Quelques heures d'un bohneur simple. En ces instants, ils ne pensaient guère à la mort et à l'injustice. Ils n'étaient que de jeunes aurors plein d'espoir, aimant à se poser pour débriefer sur leurs missions, critiquer leur patron - surtout Hector - ou encore débattre jusqu'à pas d'heure, cherchant à démontrer qui des deux s'étaient le mieux débrouiller durant la dernière mission. Mais les choses avaient changé. Hector n'était plus, et aujourd'hui c'était sa solitude qu'Andromaque venait parfois tenter d'oublier entre ces murs. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, la Diggory était décidée à retrouver quelqu'un. Un homme, venu tout droit de son passé. Et pas du plus joyeux. Un homme dont elle ne gardait que rancoeur, et rage. Mais après tout, quoi de mieux qu'une raclûre pour une vengeance ? Elle le sait, Andromaque, elle a fait ses recherches. A force de quelques murmures échangés pour une poignée de gallions, elle sait que l'escroc qu'elle recherche sera ici, ce soir. Et elle l'attend avec impatience. D'un geste, l'auror demande un nouveau verre. Par ses contacts, elle a fait parvenir un message au sorcier, maintenant, elle n'a qu'à croiser les doigts pour qu'il pointe le bout de son nez.

Le message lui était parvenu par un type qu'il connaissait bien pour l'avoir déjà croisé durant l'un de ses contrats. On demandait à le voir pour parler affaire, dans un bar bien connu de tous les sorciers d'Angleterre, d'Irlande et d’Écosse. Lui-même étant Irlandais, il préférait le bars bien de chez lui qui lui servait whisky et bières de son coin, cependant il ne fallait pas faire les fines bouches quand il était question de travail. Les goûts discutables des uns et des autres seraient débattus une autre fois.

La mauvaise humeur était cependant étalée sur ses traits lorsqu'il passa la porte du bar. Évidemment c'était une heure où il était bondé, puisque c'était sans doute l'endroit le plus populaire et touristique du coin. Des familles, des jeunes sots, des vieux sorciers qui avaient probablement connu la vieille chasse aux sorcières tant ils étaient ridés et surtout un bruit infernal. L'endroit n'en valait pas la peine, selon lui, mais au moins seraient-ils noyés dans le bruit.

Il chercha un moment son rendez-vous du regard, puis tomba sur le regard fermé de la Diggory. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres du Goyle, qui prit le temps d'allumer tranquillement une cigarette avant de s'approcher d'elle, ne la quittant pas des yeux. Il se rappelait très bien des circonstances de leur dernière rencontre. Il l'avait roulée pour accomplir l'un de ses contrats. Il en était fier et mieux que ça, il s'en sentait supérieur grâce à cela. Il s'avança en se pavanant presque jusqu'à la table où elle était assise et se laissa tomber lourdement en face d'elle, levant un doigt vers le gérant pour qu'il vienne prendre la commande.

-J'pensais pas r'voir ta jolie tête un jour. 'Fin pas sur invitation en tout cas. J'te manquais ? Attaqua-t-il, perfide.

Il était curieux, cependant. Il se demandait ce qui l'aurait poussée à faire appel à lui. Sans doute rien de plaisant, vu la tronche qu'elle lui tirait. Dommage, il aurait dû profiter de leur dernière mission conjointe pour tenter sa chance, sa victoire n'en aurait été que plus retentissante.

Le goût de la bierraubeurre vient titiller sa gorge, apportant une douce chaleur dans le corps de la sorcière qui attend, nerveusement. Ses ongles claquent sur le bois de la table, alors qu'elle pousse un soupir agacé. Mais quelle idée ? Qu'est ce qui lui a pris, de venir chercher ce fantôme de son passé ? Un fantôme dont elle ne gardait gère un bon souvenir. « J'pensais pas r'voir ta jolie tête un jour. 'Fin pas sur invitation en tout cas. J'te manquais ? » La voix brise le silence dans lequel s'est muré Andromaque, une voix teintée de malice, moqueuse. L'auror lève les yeux pour observer celui qu'elle attendait.  

Calum Goyle. Escroc notoire, et sorcier à la réputation des plus ... sombre, ça on peut le dire. Alors qu'elle observe le sourire impétueux du sorcier, elle ne peut que se rappeller de leur dernière rencontre. Ils étaient  alors deux sorciers que tout opposait, s'étant croisés presque par hasard avant de s'allier. Ils avaient un but commun, enfin c'est ce qu'elle croyait. Une mission, quelques paroles échangées et un lien façonné par les mots de gaélique. Un socle commun qui semblait alors avoir rapproché les deux sorciers. Durant quelque temps, elle avait cru qu'il y avait plus en lui que cette réputation d'ordure qui lui collait à peau. Naïve, elle avait cru qu'ils auraient pu devenir amis, peut être. Mais il avait trahi, le Goyle. Depuis le début, il s'était joué d'Andromaque et il s'était finalement retourné contre elle.

Les années étaient passé, et aujourd'hui il ne reste en Andromaque qu'une rancoeur intériorisée et une colère contre elle même. Après tout, elle s'était montrée si naive ! Mais tout a changé, depuis. Hector n'est plus là. Il est enfermé dans les bas fonds d'Azkaban. Caché aux yeux de tous dans les ténèbres d'un secret. Mais les ténèbres, c'est précisément ce dont Andromaque a besoin aujourd'hui. Elle observe un instant Calum Goyle, un sourcil arqué avant de désigner la chaise face à elle d'un signe de tête. « Toi, me manquer ? Tu prends tes rêves pour la réalité. » Elle marque une pause, sirotant une gorgée de sa boisson. « Tu dois bien te douter que ce n'est pas pour tes beaux yeux que j'ai cherché à te retrouver. J'ai besoin d'un service. Et tu me dois bien ça après le sale coup que tu m'as fait, la dernière fois. »

Calum esquissa une grimace théâtrale en entendant la réponse acerbe de l’auror. Une cigarette vint se caler entre ses lèvres, qui laissèrent échapper un bref soupir méprisant, accompagné d’un reniflement lorsqu’il entendit ses « revendications ». Elle avait toujours l’air de penser qu’il était quelqu’un d’autre, visiblement.

-Chérie, ça marche pas comme ça. T’avais un job à faire, j’avais un job à faire, t’as merdé le tiens, c’est tout.

Un job qu'elle avait foiré à cause du sien, certes. Mais putain de Merlin, si elle pensait comme ça, il allait finir par devoir des services à l’Angleterre au grand complet, sauf qu’il n’avait clairement pas que ça à foutre. Il craqua une allumette et enflamma le bout de sa clope avant d’en tirer une première bouffée salvatrice. Il ne savait même pas à combien il en était aujourd’hui, il lui restait suffisamment de gallions pour ne pas avoir à les compter pour le moment. La semaine prochaine, ce serait peut-être différent.

Le serveur arriva à ce moment là, Calum lui demanda un whisky irlandais et reporta son attention sur Andromaque, lâchant un nuage de fumé dans sa direction.

-T’as b’soin d’moi pour un truc alors, okay. Mais je taff pas gratuitement. Oublie tout de suite ton idée de service à la con, je prends que les gallions.

Il tira une bouffée de plus de sa cigarette, puis fit un geste pour l’inviter à parler.

-Alors maintenant dis-moi de quoi t’as besoin ma belle, puis je te dirais mon prix. On s’entendra p’tet comme au bon vieux temps.

Un sourire insolent se balada sur les lèvres du mercenaire, qui se refermèrent sur l’extrémité de sa cigarette, la laissant reposer là. Il était en vérité curieux de savoir ce qu’elle avait à lui demander, quelle raison était suffisante pour la pousser à enterrer sa fierté et aller demander l’aide du chien des Goyle.