no light, no light + Alexander

tirage : le roi de bâtons, le chevalier des deniers et le trois de deniers
with @alexander scrimgeour

Un brin tourmenté, elle relit le dernier courrier de Méra, avec une inquiétude non dissimulée. Son amie avait disparu, sans laisser de traces, sans la prévenir, sans donner de nouvelles claires et précises. Personne, chez les enfants de Morgane, ne comprenait cette absence soudaine, et après la capture de Nile, tous étaient inquiet pour la blonde qui avait partagé leur alliance. Elle devait rejoindre une membre afin d’organiser une recherche plus intensive que celle menée par les Malfoy. Rancoeur amer pour cette famille d’apparat, sans dignité, sans respect pour celle qui était des leurs. Sa robe aux couleurs de la nuit, le bleu sombre qui complétait son regard chocolat, et ses cheveux détachés, protection inutile dans la nuit, qu’elle repousse en arrière lorsqu’elle entre dans la taverne. L’été est fini depuis quelques semaine, et sa cape posée sur ses épaules la protège du vent traître de sa ville natale. Un sourire au serveur, elle réclame une bierraubeurre avant de se faire gentiment attaquer par un hibou mal luné. Entre ses griffes, une missive qui lui annonce qu’elle passera la soirée sans compagnie. On lui pose un lapin. Soit. Elle laisse ses prunelles se balader sur les vagabonds attelés au bar, persuadée qu’elle est ici pour une raison. Et cette raison porte bien vite un nom, une silhouette qu’elle connait depuis Poudlard, qui, tout à coup, l’interroge. Pourquoi ce soir, sur son chemin ? Ce n’était pas anodin, de voir Alexander Scrimgeour ici.

Et quand elle croise son regard, elle y voit un peu clair, pour une fois. Oh, ils ont une drôle d’histoire, quelque chose d’assez rare, que le destin lui parle de lui, alors qu’elle lui a sauvé la vie, en voyant au loin, celle de sa mère partir. S’il ne l’a pas vécu ainsi, s’il ne sait pas ce qu’elle a perdu ce jour là, elle a une vision translucide de ce qui s’est produit, restant son secret dans un jardin bien entretenu qu’elle garde pour elle. Tout à coup, elle se souvient alors de son tirage de la matinée, parce qu’elle ne cherche pas après les signes, Ginny, elle les laisse venir à elle, et prend le temps, le soir venu, de lire à travers ce qu’elle avait arpenté comme défi, comme bonheur futile, pour en conclure sur ce que les cartes avaient voulu lui dire. Mais alors, ce fut limpide.

Le roi de bâtons, l’honneur en étendard, qui de mieux qu’un gryffondor pour le représenter, couplé au chevalier des deniers, celui qui apporte la sécurité, l’auror, le soldat qui n’est là que pour protéger, peut être a-t-il des aspirations plus saines que celles du ministère ? Mais le pressentiment qui la pousse à s’approcher lui rappelle aussi, mais surtout, la dernière carte : celle du trois de deniers, qui appelle à la créativité, parce qu’il est évident qu’il ne voudra pas qu’elle l’approche si elle semble toujours rattaché à son troisième oeil. Adolescente, elle ne savait pas vraiment comment aborder les autres humains pour les protéger des coups, et dans le cas d’Alexander, elle avait été si maladroite, si perdue dans ses lectures, même si, malgré elle, elle l’avait sûrement protégé d’une chute plus terrible qu’il n’a pu faire. Elle se souvient de ce regard, au détour d’un couloir, qui n’allait que dans le sens de ses camarades de maison. L’impression constante d’être une pestiférée au milieu des siens, de ceux qui auraient dû, auraient pu, la comprendre.

Alors, cette impression que le destin n’avait pas fini de les lier, surement parce qu’on ne disparaît pas aussi facilement de la vie de celui qui a failli la perdre, l’amena à le rejoindre, un sourire tendre sur les lippes closes. “Bonsoir. J’ai failli ne pas vous reconnaître, Monsieur Scrimgeour.” Elle fait un léger mouvement de tête, respectueuse, avant de prendre place à côté de lui. “Puis-je me joindre à vous ? Mon amie ne peut pas me rejoindre, et il est malvenu pour une femme de rester sans compagnie, un verre à la main.” Elle joue sur la distinction contestée de sa maison, dont la pureté n’est que pur hasard, et le laisse être le maître du destin de leur échange : pas de don, pas de cartes, pas de dés, seulement deux âmes qui tentent de se rencontrer, à nouveau, dans leur nouvelle vie, loin des enfants qu’ils étaient hier.

ces magnifiques cartes viennent de Fairytale Tarot by Yoshi Yoshitani