Dossier n° 2415
nom et prénom(s) : Un patronyme sur beaucoup de lèvres. Presque des murmures qu'elle entend glisser sur la pierre froide.
Trelawney. Un nom qui n'est pourtant pas le sien. Honni jusqu'à sa dernière syllabe, il résonne jusque dans son propre coeur. Elle le sentirait presque lui griffer la peau, mordre ses lèvres. Un nom marital qu'elle exècre, mais qu'elle accepte. Un non-choix qu'elle a fini par intégrer, par devenir sien avec les années. Il a fini par avoir ce gout amer sur la langue, cette sensation d’âcreté désagréable. Le venin s'insère, le venin gangrène. Il devient poison dans ses mots face à ses promesses maritales. Elle repense souvent à ce qu'elle a du laissé de côté, à ce nom qu'elle avait du oublier pour n'être qu'une Trelawney.
Álvarez. Un patronyme qui la renvoie à une autre époque, à un autre elle qu'elle fut seulement un temps. Le patronyme est tout face à son prénom. Celui-ci qu'on omet lors de grandes réceptions. Il se perd dans les grands noms.
Miranda. Une origine inconnue qui l'a toujours laissé indifférente. Tellement en contraste avec ce qu'elle est devenue. Celle qui élève. Les pas se sont écartés du chemin et bientôt, la lumière ne semble plus visible. La forêt est dense et elle s'est perdue depuis bien trop longtemps. L'essence n'est plus et son prénom n'est plus qu'une illusion et ne mérite pas tant d'attention. Quelques syllabes à peine qu'on tranche encore. Juste par tendresse. Par affection. Mais un prénom qu'on ne peut couper encore sans en perdre le sens. Son essence. Ses parents ne l'appelaient que par celui-ci.
Mira. Mi-hija. L'amour y découlait en ruisseau, une douceur y était toujours ajoutée dans le regard de son père ou les mots de sa mère. Un second prénom qui évoque beaucoup de choses. Et pourtant rien.
Ema. Ancestral, il concurrence la grâce de celles qui l'ont porté. Pourtant, il sonne déjà la tragédie dès le début. E-ma. Ai-ma. Un verbe au passé parfois bien trop douloureux à porter pour ses frêles épaules. Elle ploie sous les coups du mauvais sorts. Oh, elle se relève. Toujours. Mais à croire qu'un prénom pouvait orienter toute une vie. Presque à la hauteur d'une tragédie grecque.
âge et date de naissance : Les traits parfois encore enfantins, mais une certaine maturité dans le regard, dans le sourire ingénu. Elle n'en a pas trop vu pourtant, pas trop fait. Les lectures sans doute. Des mots, des phrases, qui l'élevaient dans les étoiles, la promenant à travers les astres et la faisant grandir. Néanmoins, le
trentième pétale s'écrase à peine sur le sol froid et rigide. La rose, encore bien droite et fière, a encore de belles années devant elle. Une jeunesse éternelle semble peindre ses traits. Pourtant, il est connu que bientôt la beauté fanera. Bientôt, la peau flétrira. Personne ne peut se frotter au maître du temps. Chronos est invincible. • Le soleil brillait ce jour-là. Les oiseaux roucoulaient sur les branches des arbres, jouant une douce mélodie dans le ciel.
Quatorze mai. Il était beaucoup trop tôt. Elle aurait du ouvrir les yeux lorsque les vents violents frapperaient sa terre natale. C'était ce que les médecins avaient déclarés. Pourtant, la douceur de l'été battait son plein quand le nouveau-né décida de crier son premier cri. Ce dernier résonna presque entre chaque coin de l'île, annonçant alors sa venue aux dieux. emmitouflée dans un linge immaculé comme berceau, elle découvrait la vie et son contraire.
origines et degré de la branche familiale (mineure ou majeure) : Une branche dont l'arbre a été totalement oublié là où elle vit. Des origines qui remontent à un autre bout du monde dont beaucoup ne se préoccupent pas. Sa terre natale, pourtant si chère à son coeur, n'est qu'ici un morceau de territoire à conquérir, à se chamailler. Les années n'ont rien effacé. Dans son sang, crépite encore le feu
cubain. Ses larmes ont coulé de voir tant de violence pour son pays qu'elle a pourtant tant aimé. Sa famille est restée là-bas. L'arbre a tremblé mais est toujours resté bien ancré dans la terre. D'une branche solide et unique, elle s'est glissée dans une beaucoup moins importante. Celle de son mari n'est pas l'unique. Elle vogue contre un autre courant beaucoup plus important, beaucoup plus conséquent. Ils ne sont que des
mineurs. L'issue de secours qui attend désespéramment, presque en vain. N'est-ce pas là le destin funeste de chaque branche cadette ?
état civil et orientation : L'
anneau à son doigt frêle pèse parfois presque trop lourd. Une condition dont elle n'avait jamais voulu réellement. La chaîne aux pieds s'alourdit de jour en jour tandis que le venin s'insinue dans les racines de l'arbre marital. Les trahisons ont été nombreuses mais la dernière semble plus piquante, assassine presque. Les sentiments n'ont jamais été leur tasse de thé. Pourtant, le coeur n'a jamais été plus ensanglanté que ce jour-là. Il était
sien. Si les draps pouvaient être occupés par d'autres, son coeur aurait pourtant du lui appartenir. L’égoïsme gangrène son myocarde tandis que l'hypocrisie continue de peindre ses lèvres. Les mots sont pourtant assassins. Les promesses maritales deviennent alors une vaste blague dans ce jeu d'échec où elle sait que la reine a déjà été battue. Où sont passés ses rêves de jeunesse ? Les lectures avaient su lui montrer un autre monde, celui où les cœurs pouvaient ne faire qu'un, celui où l'amour n'est pas qu'un mot dans un dictionnaire. Combien de temps a-t-elle du attendre en vain ? Assez pour que l'
espoir ne soit plus. Son coeur d'adolescente a trop été malmené, il a fini par se briser pour ne plus jamais battre. Les sentiments ne devinrent pour elle, qu'une vaste comédie où elle ne voulait jouer le rôle de bouffon du roi. Ses courbes ne furent dédiées qu'à Dionysos, reniant Éros peut-être pour toujours.
profession : Des journées qui s'étirent sans qu'aucune satisfaction concrète n'en ressorte. Elle en avait vu pourtant des rêves de conquêtes, d'achèvement. Mais ceux-ci n'ont jamais éclos. Étouffés dans l’œuf, ils n'ont jamais pu s'exprimer. Elle est restée seule avec ses rêves déchus et ses espoirs perdus.
Femme d'ennui, mère indigne. Voilà seulement les mots qui la résument. Elle n'est pas plus que cela. Elle est la femme d'un homme, la mère d'un enfant et peut-être la fille de ses parents. Mais jamais, elle ne put exister par elle-même. Jamais, elle ne put être. La femme est reléguée à l'arrière. Elle coud et tient la maison. Quelle ironie quand celle-là même a fui la maison. Elle erre alors seulement. Elle s'occupe des
fonctions futiles et parfois inutiles. Des réceptions qui se ressemblent où les tasses de thé côtoient l'ennui et les rumeurs. Des galas où les langues de vipère ne sont qu'hypocrisies. Sa vie se résume aux faux-semblants, à la morosité.
nature du sang : D'un immaculé, il semble briller. Pourtant, les ancêtres ne sont pas tous blancs et le sang est souillé depuis bien longtemps. L'argenté a fait place à celle de la boue. Le méfait est pourtant ancien. Une faute qu'un malheureux a commis, condamnant toute sa descendance. Le prestige n'est pourtant pas rompu quand les lignages se sont encore avec la pureté. La préciosité familiale reste encore d'actualité et bientôt la faute semble
presque oublié. Le carmin devint alors encore éclatant malgré ce faible reflet terne. Le
mélange est presque une histoire tant ancienne, tant les décennies se sont écoulées. Pourtant, les autres, eux, n'oublient pas et ne pardonnent pas. Les fautes passées sont encore des présents douteux et les railleries des milieux immaculés sont de mise dans cet univers impitoyable.
lieu de vie : La grande maison est souvent vide. Contre les murs, ne résonne que l'ennui. Où sont passés les rires qu'elle a connu dans son enfance ? Envolés, délaissés. Les heures passent et se ressemblent toutes. Elle se laisse voguer sur les mers moroses. Les journées sont rarement remplies et l'attente est devenue vite insupportable. L'enfant n'arrive à combler ses désirs, ses espoirs. Alors, elle fuit. La mauvaise mère quitte ses responsabilités pour ne plus les voir dans le miroir. La défaite est insoutenable, insupportable. Le fantôme maternel plane mais jamais n'arrive à panser ses plaies. L'
appartement londonien est un cocon réconfortant. Être égoïste est si simple. Les arrières pensées sont jetées dans un placard. Tout semble si facile quand elle est à l'ombre, loin de l'
Ecosse froide et rigide, qu'elle avait pourtant tant chérie fut un temps.
baguette : Enfant de Mars, enfant de la guerre, le bâton s'est fidèlement fondu à sa personnalité. Le
bois de frêne n'est qu'obstination. Sans grand orage dans le coeur, difficile de l'utiliser sans l'accord de son propriétaire. Pourtant, le coeur est autant de feu. La
plume d'oiseau-tonnerre en son coeur est à la hauteur de sa colère, de la propre rébellion de son coeur.
épouvantard : Les années n'ont fait qu'effleurer sa peau halée. Ses cheveux tombent en cascade sur ses frêles épaules et sa robe rouge est flamboyante. Elle n'a pas changé. Elle reste la même de la photo, celle-là même qu'elle garde précautionneusement dans ses livres comme marque-page. Mais, son expression est différente. La voix est assassine. Pire encore, son regard est glacial. La tendresse
maternelle a fait place au venin, intransigeant et létal. Les mots sont tranchants, aussi aiguisés que des couteaux. Jamais, ils ne ratent leur cible. Cela l'atteint en plein coeur. Que lui dit-elle cette mère pourtant disparue ? Des reproches, des choses qu'elle aurait du faire ou faire mieux. Les remontrances sont nombreuses : mère indigne, épouse délurée, femme de petite vertu. La matriarche recadre sa progéniture comme jamais. Cela a beau n'être que le résultat d'un artefact, le mal est fait et le coeur saigne malgré lui. Puis, les traits changent. Ils se modifient jusqu'à faire apparaître un miroir total. Le discours est le même mais l'apparence trouble. Cette
jumelle ne l'épargne pas non plus. Sa vie aurait pu être tout autre si elle-même l'avait décidé, si elle-même avait fait quelque chose. Peut-être que les regrets sont véritablement son épouvantard. Une volonté de faire plus sans n'avoir jamais eu le courage concret de le faire.
miroir de risèd : La surface reste trouble. Pourtant des silhouettes s'y dessinent. Lentement, les sourires illuminent la partie miroitante. Le regard paternel est tendre, malgré une posture fière, sa main reposant sur la taille d'une femme légèrement plus petite. Cette dernière se tient droite mais son regard n'a rien à envier à l'autre silhouette. Il est maternel et l'affection y déborde. Ses émeraudes brillent d'une lueur dansante. La fierté est si évidente sur leur visage. Ils sont
fiers d'elle. Mais l'image la plus frappante est leurs bras enfin réunis. La tristesse paternelle n'est plus. Le désespoir qu'elle avait pu y lire parfois paraissait parti. Il était apaisé. L'image est semblable à celle de ses souvenirs d'enfance. Complétant le tableau, l'air chaud et les plantes cubaines fleurissent un peu ici et là à l'arrière. Tout est ci beau, paisible. Peut-être pourrait-elle rester ainsi des heures, à contempler ce bonheur qui n'est plus. Là est le tranchant d'un tel présent. Il l'aspirerait probablement pour toujours. Qui rêverait de revenir à ses jours heureux ? Elle n'est pas exception à la règle.
particularité : aucune.
Informations
groupe Nox, la politique n'est pas une affaire de femmes. Les haut cercles n'acceptent dans leur cour que le beau sexe. Les autres sont relégués aux pots de fleurs. Nier leur intelligence est si simple, presque trop facile. Pourtant, les idées fusent. Ne voulant néanmoins prendre parti dans un pays qu'elle ne considère pas comme sien, elle s'efface pour épouser pleinement son rôle de décoration. La mixité de son sang, ne fait pas d'elle une enragée. Dubitative, elle se laisse bercer par ses doutes et ses peurs sans jamais ne faire un pas vers un camp où l'autre. Sa neutralité doit être affichée quand elle pose son bras sur celui de son mari. Partisan du gouvernement, il n'est pourtant pas instrument. Le gouvernement peut changer, l'homme reste. Il est ce pilier interchangeable, peut-être même volte-face certains diraient. Alors, elle se terre dans ses propres idéaux, elle se laisse aller dans le courant et observe depuis sa haute tour les événements, comme une douloureuse réminiscence du passé.
caractère ou réputation : bleu, chaud, regrets, rêves, s'échoir, cuba, mélancolie, douce musique, sucré, perdue, cigarette, bague, promesse, mensonge, haine, fragile, bracelet, lys blanc, romance, espoir, chocolat, larmes, illusion, magie, douceur, voix cassée, coeur coincé, poupée déchirée, innocence envolée, nuit noire, rouge passion, éternité, mots, univers, chaines, oreillers, baisers, larmes, maternité, peur, démission. • La douce enfant rêveuse a fait place à la tigresse. Les griffes sortent alors que le coeur saigne encore. Les sourires résonnent faux même jusque dans son propre myocarde. Elle s'en amuse de n'être plus que le reflet d'elle-même. Cette pâle copie si lointaine de celle haute en couleurs qu'elle avait pu être. La jolie rêveuse si joyeuse avait fait place à une femme respectueuse des traditions depuis ses promesses maritales. L'étiquette était devenue une extension d'elle-même, des règles devenues presque naturelles. Pourtant, elle ne voulait que vivre. Eviter un mariage de convenance, pour quelques aventures de passion. L'excitation d'une romance cachée mettait du rouge sur ses joues, illuminait son regard. Mais, jamais son coeur ne succomba réellement. Il avait été trop brisé depuis bien trop longtemps. Les rêves avaient fait place à une certaine amertume qui ne demandait qu'à éclore. Quand la rumeur se révéla vrai, enfin le masque se fissura pour de bon. Les rêves ne revinrent pas. Mais, la colère était infinie. Les veines bouillonnaient de vengeance. L’insupportable revenait de plus belle, elle se révélait enfin, se fichant des regards et des on-dits.
signification des reliques de la mort pour elle : L'enfant n'a jamais été bercé par ces contes. Les siens étaient peuplés d'autres reliques bien plus fleuries et chaudes. Ces artefacts, elle n'en entend parler que pour ouïe-dire. Existent-elles vraiment ? Le doute persiste et peut-être n'est-ce simplement que des contes pour enfant pour attirer les pauvres fous qui auraient besoin d'une cause perdue. Ces reliques ne sont des fumisteries, des histoires dont elle doute fortement. Si certains se plaisent à se lancer à leurs recherches, grand bien leur fasse. Elle n'a besoin d'autres illusions dans sa vie. Elle laisse ça avec délice aux autres.