a sky full of stars (asteri)

I. Toujours pur. Un haut-le-cœur, il se retient de se vider sur le plancher. Absurdités sorties d'esprits beaucoup trop froids. Et pourtant... Pourtant, il ne peut pas le nier, il a trop grandi pour jouer à ce jeu. Parfois il se demande ce qui aurait changé, s'il était né de l'autre côté, puis il remercie son père d'avoir assuré ses arrières. « Si tu es assez courageux, tu peux faire changer les choses. » Il l'a murmuré, il l'a crié tellement de fois. Il faut du temps pour que les mots restent gravés, c'est toujours une question de temps. Ça le poursuit, il a presque l'impression d'être maudit. De la haine, non pas envers ceux qu'ils appelaient les impurs comme on pourrait le croire au premier abord, mais envers sa famille. Il n'ose même pas s'imaginer... Mais malgré tout, ils restent sa famille, même s'il ne leur a jamais adressé le moindre mot, c'est à peine s'il sait dessiner un visage sur ces noms. De sa famille, il ne connaît que ses parents et sa sœur. Ils sont différents, parce que Sirius a assuré leurs arrières. Parfois il rêve d'être aussi courageux que son père; il rêve de pouvoir le rendre vraiment fier. Lui n'aurait jamais eu le cran de se dresser devant les Black. Il aimerait oublier, il aimerait que les autres cessent de le juger à son nom de famille. Trop empathique, il ressent toutes ces émotions nocives portées à son égard. Il ne trouve en lui qu'un faible sourire pour leur répondre, essayant d'y mettre toute la chaleur et la bienveillance qu'il porte au fond. Quand il en vient à y repenser, il se dit que si vraiment il était né de l'autre côté, les choses auraient été les mêmes. Il aurait été le même, il n'aurait pas attrapé ce froid de la glace à l'intérieur de son âme. Alors il sourit, encore et encore, toujours plus sincère. Il s'agrippe sans gants à la vision du monde qu'il idolâtre et quand l'occasion se présente, il essaye d'être courageux pour faire changer les choses...    

II. Le silence l'aide à réfléchir; il a toujours aimé le silence. Il lui apporte une présence qu'il ne retrouve pas dans le vacarme, une certaine alchimie qui éveille tous ses sens. Il prend de la hauteur, flotte dans les nuages, touche presque les étoiles, laisse son subconscient se balader dans des imaginaires tous plus improbables les uns que les autres. On raconte que parfois la folie nait du silence, mais quelquefois le génie en fait de même. Et puis, de toute évidence, il a déjà le profil parfait du patient d'asile psychiatrique. C'est sa manière intime de communiquer : ne pas communiquer, en fait. Il s'amuse à faire virevolter sa plume, laisse apparaître un sourire qui s'efface presque aussitôt, puis reprenant son air sérieux, les sourcils froncés, il prend quelques notes illisibles sur un parchemin froissé. Même lui sera bien incapable de les déchiffrer plus tard, c'est ce qui importe. Une confiance aveugle vouée à sa mémoire. La plupart du temps, c'est le seul remède contre l'insomnie ou les mauvais rêves, donner un sens à la nuit. Il est timide, craint l'interruption d'autres qui pourraient mettre fin à ses délicieuses rêveries. Il ne ressent que ça de vrai, l'introverti, le monde lui semble si irréel. Il l'observe pourtant, encore et encore, essaye de lui trouver un sens ou une raison... Il retombe toujours sur la même conclusion. Il évite le vacarme, parce que le bruit qui rugit à l'intérieur est déjà bien trop fort.

III. « Qu'est-ce qui a causé cela? » Il ne relève pas le regard, continue d'observer la scène qui s'offre à lui. Elle est étrange, il n'en avait jamais vu de pareille. Étrange, mais fascinante. Sa tête se penche légèrement, il change d'angle et essaye de cartographier du mieux qu'il peut, c'est par l'expérience qu'on apprend le plus. Quelques secondes plus tard, une lueur dans les yeux, il reconnaît ce qui paraît être les restes d'un cœur sous cette substance verdâtre qui, il ne veut pas la toucher, semble visqueuse. Autour, plus aucun médicomage ni guérisseur ne s'active, il n'y a plus rien à faire pour ce sorcier. Si on peut encore appeler cette carcasse un sorcier, désormais ça ressemble plutôt à un squelette désarticulé sorti de terre avant décomposition complète. En temps normal, il ne pose pas de question au sujet d'un cadavre. Sauver des vies, c'est tout ce qui importe, et ce genre de cas est presque ironique. En temps normal, la pensée que cette mort était plutôt stupide aurait même effleuré son esprit. « Une explosion de chaudron. » Ses lèvres se pincent, il opine faiblement. Petit à petit, la pièce se vide. Il reste là pourtant, au lieu de se précipiter sur les autres victimes de traumatismes magiques comme à son habitude. Il ne reste plus que lui, et il n'a pas assez acquis d'expérience pour pouvoir se permettre de laisser ce sorcier sur ce brancard, sans le ramener à la morgue; c'est son mauvais rôle d'apprenti. Une exhalation. Il s'approche, lève sa baguette. Le corps s'élève avec délicatesse, les tissus tâchés redeviennent blancs. C'est beau, les cœurs. Encore plus quand ils battent fébrilement. « Je veux sauver des cœurs... » Il l'a murmuré avec toute la conviction qu'il pouvait trouver en lui. Il a tenté de s'en convaincre, par toutes les forces que l'univers pouvait lui fournir. Il aimerait en sauver... Pour l'instant, il n'a que cette sensation persistante d'en briser perpétuellement.