l'époque enhardit les ignorants ☆☆ (genesis)

L'époque enhardit les ignorants

L'époque enhardit les ignorants, qui confondent la lâcheté des uns comme preuve d'une bravoure non-méritée et trop peu remise en question. C'est qu'il l'avait cherché, Nile, à jeter son dévolu sur un pub particulièrement prisé des employés du Ministère, l'équivalent de marcher dans les flammes et se plaindre de la chaleur. Mais c'était plus fort que lui : il ne résistait jamais à un petit scandale. Et les plumes des types de la confédération sorcière étaient particulièrement facile à hérisser. Il ne s'était pas levé d'un pied particulièrement rebelle ce matin, de l'anti-puce pour son fléreur et un bon déjeuner étant tout ce qu'il aspirait à récupérer au chemin de traverse, mais la vie avait le chic de le placer dans ce genre de situations. Alors quand l'occasion s'était présentée de tâter du confédéré, il n'avait pas su retenir sa langue. Entre deux bouchées de ragoût à la citrouille, le ton était monté et une fois son quota de débilités atteint, la baguette de Nile avait glissé de sa manche jusque dans ses mains, et le sort le frappa avant qu'il n'ait le temps de dire Lumos.

S I L E N C I O.

Tout est parti en chute libre à partir de là.

En repensant au fait, il estima avoir manqué de clairvoyance. Le diable est dans le détail disaient les moldus, or réfléchir avant d'agir serait trop lui demander. Le même résultat, le coup de baguette en moins, un regard dans la direction de face-de-rat et suffisamment de volonté auraient suffi à le faire passer entre les mailles du filet. Sa liberté contre toute la fanfare, son méfait jamais reconnu, libre de toutes conséquences, si tant il aurait été prêt à sacrifier l'expression de pure rage qui avait tordu les traits bouffis de sa victime, rage qu'il n'était en mesure d'exprimer que par des gestes grandiloquents, sous les regards mi-scandalisés mi-amusé de la foule. Alors même s'il avait raté sa fenêtre, trop occupé à tendre ironiquement l'oreille et faire mine de ne pas comprendre les supplications furieuses du bureaucrate pour remarquer les aigles fendre sur lui, il décida que ça ferait une histoire suffisamment drôle à raconter pour que tous les ennuis qu'elles lui attireraient en valent la peine.

» Ça ne vous semble pas un peu excessif ? S'enquit-il à ce propos. Tout ça pour une bête broutille de bar ?

S'il s'attendait à ce qu'on lui tape sur les doigts, les toutous de la confédération avaient surpassés ses attentes en le traînant dans la cheminée la plus proche et en lui jetant de la poudre en plein visage pour bonne mesure.

» Attaque non-provoquée sur un employé du Ministère. Et sous nos yeux, en plus.

Nile cracha sur le sol, la cheminette lui grattant la gorge.

» ''Attaqué'' ? Pfeuh, je m'inquiétais seulement pour ses cordes vocales. Ça fatigue, de débiter autant d'absurdités.

Sourire insolent sur le visage, on ne lui ferait pas croire qu'il s'était jeté dans un pétrin si sérieux, et les regards hostiles qu'on lui lançait lui apparaissaient comme une énorme farce. Il n'était pas bien versé dans les questions de la justice magique, il voyait néanmoins mal ce qu'il risquait. A moins que sa tête-de-turc ne soit un plus gros bonnet qu'il ne l'avait cru, tout ceci ressemblait plus à un théâtre spécialement écrit pour le faire trembler un peu dans ses bottes. Eh bien, il ne leur ferait jamais ce plaisir.

» Ma sœur m'avait pourtant prévenue que vous autres manquiez cruellement d'humour. Fort bien lads, faites ce que vous avez à faire. Je n'avais rien prévu pour l'après-midi de toutes façons, et je n'ai pas mis les pieds au ministère depuis un bail. Pas fan de ce que vous avez fait de l'endroit, si je peux me permettre. Un peu trop … bigot à son goût.

Réceptifs à sa critique, ses bourreaux le laissèrent dans un endroit qui ressemblait fortement à une salle d'interrogatoire. Il avaient beau être dans les sous-sol, pour faire partie du ministère de la magie, celle-ci manquait cruellement de flair. Il était peut-être temps que la personne en chef recrute quelques talentueux designers au lieu de remplir les bureaux de fonctionnaires aux goûts aussi datés que leurs idées. Conscient que cette mascarade n'était que de la poudre aux yeux, Nile se prêta au jeu, laissant même échapper un soupir inquiet lorsqu'on lui confisqua sa baguette.

» Faites attention avec elle, elle n'aime pas être loin de son maître.

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light's glowing air cold on my face a feeling of space i'm breathing now the silences are so loud cut right to your soul hide yourself in your coat you're older now. --- @nile shafiq

Elle martèle le plancher vernis de ses talons hauts, sans se soucier des fonctionnaires affectés au premier étage. Si l’un d’entre eux osait se lamenter, elle pointerait probablement du doigt son nouveau voisin de palier. Une véritable aubaine que ce bureau soit désormais occupé. Car, elle ne supporte plus sa superbe, la manière dont il la salue courtoisement chaque matin, le sourire à la commissure de ses lèvres avant de refermer la porte de son office, le timbre de sa voix en invitant un énième sorcier de la confédération à entrer et, par dessus tout, les simagrées de son elfe de maison dès lors qu’il s'absente momentanément:
« - Madame, le maître Longbottom vous souhaite le bonjour.
- Madame, le maître Longbottom espère que vous avez gagné votre affaire.
- Madame, le maître Longbottom vous souhaite une excellente soirée. »
Alors, si les jérémiades étaient assez nombreuses, peut-être finiraient-ils par le réassigner ailleurs. Loin d’elle, qui refuse d’être davantage humiliée, offensée par ce malappris aux allures de galant homme. Cette arrogance manifeste, ce charme notoire qui font, tous deux, obstacles à sa concentration. Et, par conséquent, à sa carrière. C’est donc en raison de cette cohabitation nouvelle que Genesis ne peut s’empêcher de faire les cent pas. Le coeur du problème résidant dans l’indéniable besoin de le voir, ou plutôt de disposer de son expertise quand bon lui semble. C’est-à-dire, rarement, puisque leurs emplois du temps surchargés ne semblent pas propices aux entretiens en tête-à-tête. Leurs horaires et les remords qui tordent les entrailles de l’avocate dès que son regard émeraude croise le sien, noisette. Quelques longueurs de plus suffisent à la convaincre. Cette plaidoirie est trop importante pour laisser son amour-propre gagner la partie, beaucoup trop importante. Son courage à deux mains, la sorcière quitte son bureau pour rejoindre celui de son collègue récemment acquis. Elle inspire, expire, prête à frapper à sa porte. Son geste qui s’interrompt brusquement lorsque:
« - Encore une arrestation, Monsieur. Il a attaqué un membre du ministère, Monsieur.»
Des murmures indistincts en guise de réponse, des chuchotements qui lui parviennent d'un cabinet au loin, celui de l'un de ses confrères, Maître Huckabee, régulièrement assigné aux accusations bénignes tant ses aptitudes laissent à désirer.
« - Oui, un cas de flagrant délit. Il n’avait pas ses papiers sur lui, Monsieur. »
Son bras retombe le long de son corps, le regard rivé sur la porte qu’elle ne franchira pas aujourd’hui. Un soupir soulagé qui s’échappe de ses lèvres. Si un bureaucrate a bel et bien été agressé, ce litige prendra le dessus sur son affaire en cours. Nul besoin de solliciter le Longbottom pour le moment. Elle s’éloigne de quelques pas et s’enfonce un peu plus profondément dans le dédale de couloirs du deuxième étage afin de prêter plus grande attention à ces bavardages.
« - Et, à quoi ressemble-t-il votre détenu ?
- Peau café au lait, air suffisant et sourire en coin. Il s’agit certainement d’un vagabond, Monsieur. Ses manières jurent terriblement avec celles des hommes du monde si vous voulez mon avis.
- A-t-il demandé à voir un avocat ?
- Non, Monsieur.
- Bien… Une affaire qui sera vite classée, donc. Vous pouvez disposer. »
Et, avant qu’il ne quitte la pièce, Genesis s’éloigne discrètement. Direction les salles d’interrogatoire. Car, un mauvais pressentiment est venu se loger dans le creux de sa poitrine. Une impression de déjà-vu et, pour une fois, elle espère sincèrement se méprendre. Elle qui se persuade, à chaque mètre parcouru, qu’il n’est question que d’un sorcier empoté, sot et balourd. Et, non pas de lui. Il n’oserait pas. Pas au beau milieu de la journée, pas alors qu’il est supposé se trouver derrière un comptoir à la banque et surtout pas contre l’un des aigles du ministère. À moins que… Un signe de main en direction du sorcier responsable de la sécurité et la porte pivote immédiatement. Sans poser de questions, bien trop habitué aux interventions de l’avocate, à ses allers-retours intempestifs. Ses doigts se resserrent autour de sa baguette, tandis qu’elle s’engouffre dans l’antichambre. Froide et austère. La silhouette du coupable qu’elle reconnaît aussitôt, même de dos.
« - Par tous les djinns ! La colère et l’appréhension qui affolent son myocarde. Dis-moi que c’est une plaisanterie ! Sa main se pose sur l’épaule de son frère comme pour s’assurer qu’il est bien là, devant elle. Nile ! »
Son prénom qu’elle aboie et sa poigne qui se resserre impulsivement. Jusqu’à ce qu’elle le relâche, quelques secondes plus tard. Une chaise qu’elle attire face à lui d’un sortilège informulé. La sorcière plante son regard orageux dans celui de son double, les lèvres pincées. Sa paume frappe brusquement la table à laquelle ils sont installés, de rage. Et finalement, ce hurlement qu’elle ne peut plus retenir.
« - Qu’est-ce que tu fais ici ? »

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Nile fixa le mur pendant ce qu'il jura être des heures avant qu'on ne daigne troubler sa tranquillité, qui se relevait plus être de la torture pour quelqu'un comme le Shafiq, qui ne parvenait pas à rester en place plus de trois secondes. L'antichambre offrait bien peu de distraction, et le silence radio de ses bourreaux le rendit perplexe quand à la gravité de sa situation. Il ne saurait dire si son délit méritait qu'on s'y attarde, ou si on l'avait simplement oublié. Dans un cas comme dans l'autre, il accueillit le son de la porte avec un sourire ravi, un sourire qui s'évanouit en même temps que son nom résonna dans la pièce d'une voix forte familière, une voix lui assurant que ses ennuis ne faisaient que commencer. Et bien que toute cette fanfare ressemblait à une énorme farce ayant dérapé, il ne fut pas en mesure d'en rassurer sa frangine, ce qui ne l'empêcha pas pour autant d'arborer un rictus presque insolant, et bien indicatif du fait qu'il ne considérait pas cette situation suffisamment sérieuse pour qu'il s'y essaye. Bien au contraire, l'arrivée de Genesis et son apparente colère constituait la cerise sur le gâteau, la confirmation ultime que cette entreprise avait belle et bien atteinte le summum de l'absurdité. Et de ce fait, elle ne méritait d'être reçue qu'avec dérision.

» Allons, baisse d'un ton. Ce n'est pas une façon de saluer ton frangin. Murmura-t-il en haussant un sourcil. Si les excès de rage de sa sœur l'intimèrent de ne pas s'inquiéter d'être entendu, rien dans cet endroit ne lui inspirait confiance.

Il pensait, naïvement peut-être, pouvoir passer sous son radar, arriver et partir du ministère sans que cette dernière ne sache ce qu'il avait fait, sous-estimant une fois encore son plus unique et irritant talent : celui de sans cesses se retrouver dans ses pattes. De deux choses l'une, il savait dès lors qu'elle ne cesserait d'utiliser cet incident contre lui, et il était bien déterminé à rejeter son assistance. Son visage mate avait adopté des teintes douces-amer, reflet de ses sentiments contradictoires éveillés par sa présence en ce lieu. La seule vue de son double embellissant son humeur tout en jetant une ombre dans la pièce déjà austère, pour il s'agissait désormais de savoir quelle version de Genesis le fusillait du regard.

» T'es difficile à joindre ces derniers temps. Répondit-il lorsqu'elle s'enquit du motif de sa présence, son calme provocateur bravant la tempête furieuse. Vois quel stratagème je dois adopter pour espérer te croiser. Tout ce mal ne me vaudrait-il pas, au moins, un petit sourire ?

A question idiote, réponse idiote. Et Nile était passé maître dans l'art de jouer au plus con. Elle se doutait bien qu'il n'avait pas été pris d'une insatiable envie de visiter les donjons du Ministère, elle étant plus familière que n'importe qui avec ses opinions sur tout ce qui touchait de près ou de loin à la confédération. Quant à l'ironie de ses paroles, elle ne manquerait pas de faire tiquer la jeune avocate, il en était certain. Les choses n'étaient plus les même depuis qu'il était revenu à Londres, leurs idéaux contradictoires leur ordonnant de respecter une certaine distance en ces temps où la moindre petite erreur pouvait s'avérer létale. Distance plus ou moins encouragée par le briseur de sort, qui voyait d'un mauvais œil le travail contre-productif qu'officiait sa chère sœur quelques étages plus haut, et qui ne s'en était jamais caché.

» Donc cet idiot a décidé de porter plainte ? Poursuivit-il à ce propos, une lueur de défi dans son regard brun. Pourquoi serait-elle ici autrement, si elle ne s'était pas emparée du dossier ?

Les rouages se mirent à tourner. Voilà une éventualité qu'il n'avait pas envisagé, dans sa brillance. Au pire, une amende dont il se serait aisément acquitté, une punition appropriée pour ce qu'il jugeait être une infraction mineure. A croire qu'il s'en était prit à quelqu'un de plus important qui ne l'avait anticipé. Il plissa ses lèvres, soudainement pensif. Pas beaucoup plus préoccupé par ses propres prospects, il s'inquiétait plus d'avoir placé Genesis dans une situation inconfortable.

» Écoute, il n'y a pas de quoi en faire toute une montagne. Il agita sa main en l'air et haussa les épaules d'un air nonchalant. Un petit sortilège de mutisme n'a jamais fait de mal à personne.

Je voulais juste déguster mon ragoût en silence.

l'époque enhardit les ignorants.

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Elle n’est pas si loin, l’époque où ils riaient de tout, s’amusaient de tout. Défiant le hasard d’un énième coup de baguette magique, cavalant dans les couloirs de la banque une fois leur méfait accompli. Leur père, Tariq, les poursuivant dans les labyrinthes souterrains, sa babouche brandie dans les airs, à l’instar d’une arme menaçante. Ils finissaient toujours par trouver refuge sous un bureau, derrière un coffre ou dans les jupons de leur mère, pouffant discrètement en repensant à cette poursuite mouvementée. Ils retenaient toujours leur respiration si la sanction venait les titiller de trop près et ils leur arrivaient, de temps à autre, d’accuser le premier gobelin qui croisait leur chemin. Pauvre créature. Unique rempart et ultime tour de force face à la colère paternelle, celle qui tonnait si violemment qu’elle leur donnait l’impression que les murs tremblaient eux-aussi. Et, peut-être qu’à l’époque où les dattes qu’ils dévoraient étaient mielleuses à souhait, où les tapis orientaux sur lesquels ils s’assoupissaient étaient divinement douillets et où la voix rassurante de leur grand-père, Salim, les berçaient d’un mille-et-unième conte chevaleresque, ils auraient ri de cette aventure-ci. Une entrevue en salle d’interrogatoire, ils ne l’avaient encore jamais faite celle-là.
« - Allons, baisse d'un ton. Ce n'est pas une façon de saluer ton frangin. »
Un murmure qui s’échappe de ses lèvres, comme si la crainte comprimait sa gorge de ses minuscules doigts indécelables. Mais, Nile Shafiq, n’a peur de rien. Ni de personne. Au plus grand regret de la sorcière. Car, s’il avait été doué d’un soupçon, d’une miette ou d’un grain de pondération, il ne serait pas là, bras ballants dans sa chaise de blâmable, à rire de tout, s’amuser de tout. Comme s’il n’avait jamais grandi. Et, il est vrai que les sous-sols du Ministère ont une ressemblance légère avec ceux de Gringotts. Néanmoins, il n’est plus question de prendre la fuite, de s’excuser pour être pardonné ou de s’en sortir en pointant du doigt un innocent. Genesis, qui peine à ordonner les pensées alambiquées qui se chahutent dans son esprit, qui ne peut s’empêcher de se mordiller encore et encore, l’intérieur de la joue, espérant se réveiller. Vision cauchemardesque de son frère derrière les barreaux. Lui, qui refuse de répondre à son interrogation et elle, qui perd patience face à tant d’insolence.
« - T’es difficile à joindre ces derniers temps.
- Ne fais pas l’idiot, rétorque-t-elle d’emblée.
- Vois quel stratagème je dois adopter pour espérer te croiser. Tout ce mal ne me vaudrait-il pas, au moins, un petit sourire ? »
À cet instant précis, ce n’est plus véritablement contre Nile qu’elle s’emporte. Mais, envers tous ceux qui complimentent ses drapés plutôt que son intelligence, commentent le prix de ses perles plutôt que ses honoraires ou lui demandent de sourire plutôt que la raison de sa contrariété.
« - Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !, lui crache-t-elle au visage. Vous pensez qu’il suffit de le réclamer pour l’obtenir ? »
Vous, Nile Shafiq, Harfang Longbottom et tous ces hommes qui ne peuvent garder leur langue dans leur poche. La cause de sa fureur. Ainsi que l’abîme croissante entre son double et elle. Et, elle ne sait plus à quel moment ils ont cessé de se correspondre, à quel moment leurs idées ont commencé à s’opposer. Peut-être était-ce dû à sa carrière, son mariage ou son allégeance récente à l’Ordre du Phénix. Peut-être était-ce autre chose aussi. Elle enfouit son visage entre ses mains, fiévreuse à l’idée de batailler contre lui. Une fois de plus.
« - Donc cet idiot a décidé de porter plainte ? , l’interroge-t-il, toujours aussi effronté et belliqueux. Genesis, qui redresse la tête vers le mauvais-plaisant.
- Ne t’en fais pas… Je te trouverai un avocat , lâche-t-elle d’une voix lasse. Car, elle sait qu’elle ne sera pas autorisée à le défendre. Conflit d’intérêt. Alors, qu’il la défie du regard, les lippes closes, elle craque. Propos épicés qu’elle refuse de retenir une seconde de plus. Surtout, ne me remercie pas ! »
Rire nerveux qui lui échappe brusquement alors qu’elle s’appuie contre le dossier de sa chaise, les bras repliés sur sa poitrine. Le silence les enveloppe un court instant. Ambiance pesante, bien loin de la légèreté de leur enfance.
« - Écoute, il n'y a pas de quoi en faire toute une montagne. Un petit sortilège de mutisme n'a jamais fait de mal à personne. Et, sa manière de hausser les épaules paresseusement, d’agiter sa main dans les airs comme si la situation n’avait pas la moindre importance exaspère la sorcière. Un sortilège de mutisme, enchantement de grièveté deux, d’après le code pénal magique. Rien de dramatique en temps normal. À cela près que le climat politique actuel n’a rien d’ordinaire.
- Ceci n’est donc qu’un jeu pour toi ? Dois-je te rappeler qui est à la tête du Ministère, Nile ?, s’envenime-t-elle. Insulter ses aigles, c’est l’insulter, lui ! »
L’avocate finit par se redresser, délaisser son siège inconfortable pour arpenter la pièce d’un bout à l’autre. En quelques pas. Car, ce n’est pas comme si elle se trouvait actuellement dans un palace… À qui la faute ? Genesis pense en avoir une petite idée.
« - Quand cesseras-tu de te comporter comme un enfant ?, tempête-t-elle violemment. As-tu pensé à père ? À mère ? As-tu pensé à moi ?, aimerait-elle lui demander, mais elle a toujours détesté révéler ses émois et ses fêlures. Sauf à son jumeau. En d’autres circonstances. Que vas-tu leur dire et que vont-ils penser de toi ? Ton égoïsme me rend malade ! »
Elle finit par reprendre place en face de lui, une main hésitante, presque frémissante, qu'elle tend dans sa direction. Elle soupire ouvertement, comme pour se tranquilliser. L'avocate, qui souffle le chaud, puis le froid, incapable de se faire un avis objectif sur la scène qui se déroule sous ses yeux. Pourtant, d'un accent plus doux, elle poursuit.
« - Que s'est-il passé exactement ? Est-ce que tu vas bien ? Nile... Parle moi. »

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Comme si devoir se la coltiner jusque dans les sous-sols du Ministère n'était pas suffisant, il fallait en plus que madame se soit levée du mauvais pieds. C'est bien ma veine, pensa l'héritier Shafiq en roulant des yeux en l'air tandis que Genesis exprimait ses griefs. Il ne pensait pas demander la lune, mais sa joute humoristique semblait avoir été la goutte de trop pour la jolie orientale, qui perdait déjà patience. Ce devait être un nouveau record.

« Tu sembles tendue. Tu t'es cogné l'orteil dans un meuble ou quoi ? » Sarcasme transpirant de ces mots comme le venin d'un musard.

Non pas que le fait d'avoir découvert son frère retenu par des aigles pour avoir attaqué un membre du ministère ait pû contribuer, d'une façon ou d'une autre, à son humeur massacrante. Et si le bon sens lui intimait de se faire tout petit, Nile choisit d'aborder sur ses lèvres le sourire d'un homme qui n'avait rien à se reprocher. Mais Genesis le lui rendit bien. Comme deux taureaux fonçant l'un sur l'autre, cornes en avant.

« Dans quel monde vivons-nous pour qu'on ne puisse même plus compter sur sa propre famille ? Sang de mon sang, chaire de ma chaire. Il la taquine d'un air offusqué, revête son expression de martyre. Trahison théâtrale. Au moins je sais désormais de ne pas venir toquer à ta porte le jour où je me tournerais vers une vie de crime, ce qui, entre nous, est inévitable. » Son acolyte de toujours n'était plus, l'un deux avait passé l'âge de faire les quatre cents coups. Bien sûr, il ne lui en tenait qu'à moitié rigueur : si elle le pouvait, elle le défendrait. « Quelqu'un de mignon, de préférence. Tu seras forte aimable. » renchérit-il lorsqu'elle se proposa de lui trouver un avocat, tout en essayant de repousser les sentiments d'inconfort que l'idée seule de devoir être défendu avait fait naître en lui.

Sentiments qui le motivèrent à se défendre un minimum, enfin, si seulement pour que son double reconnaisse l'absurdité de ses charges. Mais son paresseux discours tombe dans l'oreille d'une sourde, tandis qu'elle s'acharne sur le pauvre détenu, sa rage rebondissante sur une façade fière et arrogante qui s'effrite un peu plus à chaque insulte, à chaque sous-entendu de son idiotie ou de son égoïsme, et qui s'effondre enfin lorsque la dernière pierre, à propos de leur mère, de leur père, frappe là où ça fait mal.

« J'aime à penser qu'ils seraient fiers que quelqu'un dans cette famille joigne l'acte à la parole. » s'insurge-t-il aussitôt, subitement enflammé par l'idée que quiconque dans ce cercle puisse se permettre de le juger. Quelle farce ça serait.

Pourtant il avait pleinement conscience que Tariq ne tolérerait pas qu'il fasse sa propre loi, et sa répartie vibrait de cynisme et de révolte. A l'entendre, on pourrait croire qu'il venait de renverser à lui seul le gouvernement, or il aurait préféré que sa famille fasse preuve d'une fougue similaire au lieu de jouer à cache-cache derrière Gringotts. Les actions ont plus de poids que les mots. Les oisillons pouvaient bien se réunir tous les quatre matins et parler de révolution, il ne voyait que des pantins du ministre prêts à faire son sale boulot.

« Et ne me parle pas d'égoïsme, Genesis. Je ne suis pas celui qui se cache dans les jupes de Grindelwald et qui ... Qui envoie des innocents vers leur mort, ou vers une vie de servitude. Il avait tenté d'être compréhensif, d'accepter, ou au moins de respecter les intentions de sa sœur, de voir le tableau en grand. Seulement ses intentions, aussi braves soient-elles, ne consoleraient pas les familles brisées, endeuillées. Et elles ne ramèneraient pas les morts. Mais sa bouche s'était pincée, sa langue figée, ses mots piégés à l'intérieur de sa gorge. Il ne saurait être si cruel. Umph, oublie-ça. » Je n'ai pas de leçons à recevoir de mère, ni de père. Ni de toi.

Nile soupire. Nile se mord la langue. Nile affaisse ses épaules d'un air las, résigné. Il ne mâche pas ses mots, jamais. Elle mériterait de les entendre, pourtant. Il pourrait lui montrer que si il lui avait donné une seule raison de le condamner, elle lui en avait donné des dizaines. Ton égoïsme me rend malade. Il grimace. Tu sais ce qui me rend malade, moi, chère sœur ? voudrait-il rétorquer, mais il se mord la langue, encore. Elle connaissait la réponse. Ils en avaient déjà parlés. Elle partageait ses offenses, mais ils ne livraient pas le même combat.

Il saisit la main qu'elle lui tend, s'y accroche presque, caresse ses phalanges. Genesis et Nile. Nile et Genesis. Il ne regrette pas ce qu'il a fait, juste qu'ils en soient arrivés là. Pourtant, il désespérait de ce contact, devenus beaucoup trop rares. Parle-moi, implore-t-elle. Il veut, et donc il fait.

« Je vais bien. Il s'entête dans son optimisme, malgré le noir tableau qu'elle dresse. Rien n'est jamais grave. Je ne sais pas comment tu fais. J'entends ces gens, qui n'ont pour seule fierté que la pureté de leur sang, se réjouir de … Un sourire cynique étire ses lèvres, parce qu'il faut mieux en rire qu'en pleurer. Et puis c'est à son tour de taper du poings sur la table. Par Merlin, ils pourraient tout aussi bien parler de Ga-... »

Sa voix fond. Tiens ta langue, Shafiq. Il n'oserait prononcer son nom à voix haute en ces lieux, mais Genesis comprendrait de qui il voulait parler. Gabrielle, entre tant d'autres. Ton égoïsme me rend malade. Il grimace encore. Peut-être qu'il fallait plus de voix comme la sienne et moins de voix comme celle de ce bureaucrate, pour leur montrer que le monde magique ne leur avait pas lâchement tourné le dos.

Et voilà qu'il se met à regretter après tout, de ne pas l'avoir frappé plus fort, puisqu'on semblait juger une pichenette de la même façon qu'on condamnait un coup de poing. Tous les sorts moins clément qu'il aurait pû lui lancer pour le faire taire, opportunité manquée. Il hausse les épaules de nouveau : ce qui est fait est fait, à quoi bon ressasser le passé. Maintenant, il s'agissait de s'extraire de ce trou dans lequel il s'est creusé.

« Bon, tranche-t-il. Puisque Genesis était là, autant qu'elle serve à quelque chose. Qu'est-ce que je risque exactement ? N'existerait-il pas moyen de régler cette fâcheuse histoire à l'amiable, et de laisser cet incident derrière nous ? » Haussement de sourcil entendu et sourire en coin, la marque des mauvaises habitudes.

Si il y avait bien quelque chose que Tariq leur avait appris, c'était que tout le monde avait un prix. Et si l'idée de verser le moindre galion à ce rat lui donnait envie de rendre son ragoût, il s'était suffisamment lassé de sa cellule pour faire cette concession.

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Exaspération. C’est ce qu’elle ressent alors qu’il se cache derrière ses persifflages de mauvais goût, les yeux levés vers le plafond et un rictus sur ses lippes. Celui qui l’irrite et qui lui donne envie de lui coller sa paume en pleine figure. Elle n’en fait rien, chasse d’un signe de main, une énième moquerie. À croire qu’il se pense innocent, qu’il sera acquitté avec une tape dans le dos et des félicitations pour avoir remis un aigle à sa place. Puis, la peine vient marteler sa poitrine, déchirer son coeur en une douzaines de morceaux. Lui qui l’accuse de ne pouvoir compter sur elle. Il s’amuse de la souffrance qu’elle endure, tandis que cette situation n’est qu’une comédie de plus à son compteur, la salle d’interrogatoire pour scène de théâtre et Genesis, son public. Il la provoque, d’une vie de délits et de forfaits. Et, si c’est ce qu’il désire, peut-être vaudrait-il mieux le l’abandonner à son sort, dès à présent. Impatience. Lorsqu’il ose plaisanter sur le physique de l’avocat qu’elle s’est engagée à lui trouver. Pas un remerciement, pas une once de regret. La sorcière qui bout de l’intérieur jusqu’à ce qu’il explose.
« J'aime à penser qu'ils seraient fiers que quelqu’un dans cette famille joigne l'acte à la parole. »
Enfin, la honte. Car, elle lui avait assuré se battre pour un avenir plus juste. Au lieu de quoi elle joue au agent-double, sympathisant avec l’ennemi pour mieux informer l’Ordre du Phénix, prenant rarement part à leurs combats et missions, le risque de griller sa couverture étant trop élevé.
« - Et ne me parle pas d'égoïsme, Genesis. Je ne suis pas celui qui se cache dans les jupes de Grindelwald et qui... Dis le, songe-t-elle, bien qu’elle connaît déjà la fond de sa pensée. Elle qui le toise, prête à encaisser le coup. Mais, il se ravise, Nile. Étonnamment. Umph, oublie-ça. »
Elle ne veut plus de cette querelle, de ces émotions ardentes et cruelles qui les muent, tous deux, en d’exécrables sorciers. Odieux à souhait. Elle veut une trêve, elle veut la paix, Genesis. Poser sa tête contre l’épaule de son frère comme des années auparavant, refaire le monde ensemble et rire de tout, absolument tout. Geste empli de tendresse à son égard.
« - Je vais bien. Un soupir de soulagement en guise de réponse. Je ne sais pas comment tu fais. J'entends ces gens, qui n'ont pour seule fierté que la pureté de leur sang, se réjouir de…
- Il faut que tu apprennes à les ignorer. Tu sais bien que je ne partage pas leurs idées, mais… Le poing de Nile s’abat brutalement sur la table.
- Par Merlin, ils pourraient tout aussi bien parler de Ga-... Elle acquiesce d’un signe de tête. Il n’a pas besoin d’en dire davantage, elle sait à qui il fait allusion.
- Je ne laisserai rien lui arriver, Nile. La voix qui gronde malgré elle. Rien. »
Trop attachée à la gamine pour risquer de la perdre. Elle donnerait sa vie pour elle, Genesis, mais sa fierté est telle qu’elle ne l’admettra pas tout haut. Encore moins à son double qui l’a entraînée sur ce terrain accidenté. Elle ne lui en veut pas, cependant. La blonde se peignant dans sa vie comme un rayon de soleil après des semaines de pluie. Pas le temps de s’attarder que le sorcier la sort de ses pensées.
« - Bon… Qu'est-ce que je risque exactement ?
- Difficile à dire, hésite-elle face à lui. Tout dépend à quel point cet aigle t’en veux. Elle serre sa main un peu plus fermement, comme pour se donner un peu de contenance avant la tempête. Elle sait que ses prochaines paroles vont le heurter. Cependant, elle refuse de ne pas jouer la carte de la transparence avec lui. Il a le droit de savoir. Mais, si tu es ici, tu risques l’emprisonnement. Incapable de soutenir le regard de son frère, elle se mordille la lèvre inférieure. Honteuse. La justice magique n’est plus ce qu’elle était. »
Une conclusion lamentable pour son double qui risque de croupir quelques temps derrière les barreaux. Avocate pour défendre les faibles et sauver des vies, une illusion ! La sorcière qui, quelques années plus tard, se retrouve à la botte du Ministère, protégeant les brutes du régime et condamnant les autres à l’arène. Écoeurant. Alors, il a raison de lui en vouloir, Nile. Elle s’en veut aussi. Pourtant, tous lui avaient assuré que cela était nécessaire s’ils voulaient gagner la guerre. La guerre, un effort stratégique sur le long-terme. Pas une bataille fougueuse et irréfléchie. Comme la revanche de son jumeau. Elle retient ses larmes, comprimant les doigts de sa main libre contre sa paume jusqu’à laisser l’empreinte de croissants de lune sur sa peau meurtrie.
« - N'existerait-il pas moyen de régler cette fâcheuse histoire à l'amiable, et de laisser cet incident derrière nous ? »
Tentatives d’intimidation, pots-de-vin, démentis à la presse, tant de manières de clôturer salement une affaire. Toutes, présentant un risque potentiel, un retour de bâtons qui lui ferait plus de mal, que de bien. Elle réfléchit, aussi vite qu’elle le peut et parvient finalement à un plan hasardeux, mais qui pourrait lui assurer un sursis. Son casier, néanmoins, restera marqué par cet affront.
« - À la fin de cette entrevue, demande à parler à un avocat. Maître Huckabee, de préférence, lui explique-t-elle calmement. Un piètre défenseur et la raison pour laquelle il acceptera de négocier. Tu n’es pas en position de force, mais je te promets de lui parler. Un sourire timide sur le bout des lèvres. Tout va rentrer dans l’ordre, le rassure-t-elle comme elle le peut. »
Un mensonge. Car, elle n’en a aucune idée. De ce qu’il va se passer ou de ce qu’elle va bien pouvoir raconter à son pitoyable collègue. Une fable montée de toutes pièces pour venir en aide au Shafiq. Et, peut-être que son nom, leur nom, pourrait faire pencher la balance. Ou peut-être pas. Elle repousse sa chaise de quelques centimètres et se redresse, lisse, d’un geste rapide, les plis de sa robe. Elle fait le tour de la table et se risque à prendre Nile dans ses bras. Une étreinte hésitante, mais dont elle a besoin avant de rejoindre l’épreuve qui l’attend au deuxième étage.
« - Je vais te sortir d’ici, Nile, lui murmure-t-elle d’une voix chevrotante. Une promesse, celle qu’elle tiendra. Femme de parole. Elle le relâche lentement et se racle doucement la gorge, comme pour reprendre un peu de contenance. Donne-moi une vingtaine de minutes. Une lueur bienveillante dans les yeux. Tu devrais bientôt pouvoir récupérer ta baguette. »
Elle frappe à la porte et, d’emblée, celle-ci pivote. Un dernier regard vers son frère, se demandant si elle a raison de le laisser ici. Dans cette salle d’interrogatoire des plus austères. Loin de la lumière du soleil et du rire de ses proches. Les remords la saisissent en plein coeur. Elle fait signe au sorcier en charge de la sécurité d’approcher. Les ordres qui claquent.
« - Apportez-lui une bièraubeurre bien fraîche et laissez la porte légèrement entrouverte. Le malheureux a besoin d’un peu d’air.
- Entendu, Madame, lui répond le colosse, avant qu’elle ne s’éloigne de quelques mètres. »
Et, alors qu’elle s’apprête à préciser que Maître Huckabee sera son avocat, Genesis tombe nez-à-nez sur sur le Directeur de la Justice Magique. La seule personne qui pourrait vraiment changer la donne.
« - Monsieur Potter, articule-t-elle en courbant poliment la tête, je ne m’attendais pas à vous voir ici. »

(c) sweet poison

L'époque enhardit les ignorants

@nile shafiq + @genesis shafiq

''Tu sais bien que je ne partage pas leur idées, mais'' et c'était là qu'il avait du l'arrêter. C'était presque devenu un automatisme. Ce ''mais'' létale, fatale, qui condamne les uns et rassure les autres. Si ça les aide à dormir la nuit. Certes, il savait que Genesis déplorait ces valeurs barbares, mais quel bien cela était censé lui faire puisqu'elle revêtait leurs vêtements et marchait dans leurs chaussures ? Ce ''mais'' était la source de tous les problèmes. Ce ''mais'' qui gardait le monde sorcier enchaîné, piégé dans une complaisance malsaine, nourrie par la peur et l'idée que quiconque ne faisait pas trop de vagues s'en sortirait sans éraflures, si tant on les jugeait suffisamment dignes.

« Ceux qui ignorent sont tout aussi fautifs, murmura-t-il amèrement, non comme une insulte directement lancée à l'encontre de l'avocate, mais à tous ceux qui ont acceptés la direction dans laquelle penchait la balance, tant que la haine était dirigée vers autrui. Si plus de gens ne s'étaient pas contentés d'ignorer, peut-être qu'on en serait pas là aujourd'hui et que tu ne serais pas coincée ici. » Il ne serait pas une de ces personnes.

Peut-être que Gabrielle n'aurait pas à quotidiennement risquer sa liberté, voir sa vie. Et si il voulait la croire quand l'avocate lui assurait qu'elle ne laisserait rien lui arriver, Nile ne pouvait pas s'empêcher de se méfier de ce genre de promesses. A contrario de son frère, Genesis avait appris à ignorer jusqu'à se faire une place dans cette antre de vipères. L'agneau dans un costume de loup, jusqu'où serait prête à aller pour protéger sa couverture ? Entre la née-moldue et sa place au ministère, au risque d'être dévoilée comme traîtresse, serait-elle capable de fermer les yeux pendant qu'on jetait son assistante dans l'arène ? Non, Genesis ne ferait jamais ça. Il se déteste à penser d'elle ainsi. Alors sa frustration se porte sur l'oiseau qui l'avait placée en cage. Et eux, que feraient-ils si l'impossible venait à se produire ? Le Phoenix s'embraserait-il pour elle, ou vomirait-il plus de belles paroles au nom de la pièce qu'il était prêt à sacrifier pour atteindre le roi ?

Mais ses griefs étaient bien connus désormais, et en l'instant, c'était bien lui qui était le pétrin. Et la beauté omanaise, venue à sa rescousse sans en être conviée, ne retenait pas ses coups. Curieux sur le type de châtiment qu'il aurait à subir pour ce qu'il considérait alors comme une infraction mineure, la réponse de sa jumelle suffit à effacer son rictus narquois.

Venait-elle de dire ''emprisonnement'' ?
Ah. Ça n'allait pas être possible.
« Je ne consent pas ! Tu me fais marcher. »

Elle ne le faisait pas marcher. Il était bel et bien dans la mouise. Pour peu, il éclaterait de rire, bien que cette farce devenait moins de moins drôle à la minute. Il secoua la tête avec exaspération, rire nerveux tremblotant dans sa gorge. Mais il ne resta pas à terre bien longtemps, et s'en suivirent les premières tentatives de se laver de ses pêchés. Lourd sous-entendu, il avait appris en grandissant (pour le meilleur et surtout pour le pire) que quiconque serait prêt à fermer les yeux, si l'on savait aligner les gallions. Combien un sortilège de mutisme pouvait bien coûter ? Mais Genesis avait son propre plan en tête.

« Me refiler le pire avocat du ministère ? C'est ça ton idée ? Grogna-t-il, pourtant attentif. Il commençait à devenir nerveux. Si je ne te connaissais pas mieux, je jurerais que tu essayes de te débarrasser de moi. »

Si ça ne tenait qu'à lui, il irait jeter quelques pièces au museau de l'accusateur en laissant sous-entendre qu'il y en avait plus de là où ça venait. Et s'il se sentait particulièrement audacieux, un petit obliviate pour bonne mesure. Mais il avait fait son lit, et il devait s'y allonger et laisser Genesis le réveiller de ce qui était en train de se transformer en cauchemar. A contrecœur, il accepta ses termes.

« Père a toujours affirmé que je finirais derrière des barreaux. Une estimation légitime. Et si tel sort était son destin, il aurait espéré se faire enfermer pour quelque chose de plus cool qu'un simple sort de mutisme. Tu aurais dû frapper plus fort, Nile. J'aimerais autant lui prouver tort. » Ne les laisse jamais te voir transpirer.

Même avec Genesis pour seule spectatrice, il garde le masque levé. Sa façon un peu tordue de lui alléger le fardeau qu'il regrettait d'avoir posé sur ses épaules, de lui faire comprendre qu'il la croyait lorsqu'elle lui assurait que tout rentrerait dans l'ordre, qu'il ferait ce qu'elle lui avait ordonné de faire, sans rechigner : qu'il serait un bon petit garçon, pour une fois. Il accueille son corps contre le sien, enfoui son visage entre son cou et son épaule basanée, se replie dans cette place heureuse, les efflux de son parfum le guidant vers le soleil brûlant de Mascate, comme pour se réfugier des regards qui pourraient les épier, qui pourraient le surprendre à enfin baisser sa garde.

« Je suis désolé. » Un murmure, un baiser sur la tempe, puis les cœurs s'éloignent et les acteurs reprennent leur rôle. Elle, l'avocate impitoyable, lui, l'insolent irréparable. Sourire de lutin engravé sur le visage, comme si il ne l'avait jamais quitté. « Je ne bouge pas d'ici. » Duh.

Il se laissa tomber sur la chaise de nouveau, et reprit son activité de fixage de mur. Mais le cœur n'y était plus.

L'époque enhardit les ignorants.
T'as merdé, Shafiq.

Potter n'aime pas être dérangé.
Il a horreur de ça, surtout quand il est perdu dans la gestion des dossiers sur les futurs aurors.
Alors quand une note arrive sur son bureau pour lui demander de venir immédiatement quelques étages plus bas, il peste. Bullshit.
Le directeur souffle et repose sa plume avant de ranger l'écusson des aurors dans un tiroir, pour un futur auror quand il sera promu dans quelques jours de sa main, pour l'heure, Potter se redresse, s'empare de sa veste, costume tout de noir vêtu pour la journée tandis qu'il prend enfin la peine de lire la note dans son intégralité. Un petit con qui a attaqué des aigles. Il lève les yeux au ciel, décidément, les idiots sont plus nombreux qu'on ne le pense. Le papier est froissé et lancé à l'abandon sur le bureau dans qu'il sort de son bureau.
« Hors de ma vue, McArthur. »
Il crache à l'intention d'un misérable auror incapable de faire son travail, employé du mois pour avoir échoué dans plusieurs missions à la suite, le jeune homme fait profil bas et s'éloigne sans demander son reste, tandis que Potter s'engouffre dans l'ascenseur. Il jette un coup d'oeil à sa montre à gousset pour vérifier l'heure. On l'a convié immédiatement, il n'a pas d'heure précise, mais il a fait vite, pour son plus grand regret. Et tandis que les grilles s'ouvrent dans un fracas, Henry déjà, craque bruyamment ses doigts. Je ferai vite. Il ne va pas perdre son temps avec ce crétin et va l'emmener rapidement dans une cellule humide pour le faire réfléchir sur ses actes. Pour la suite ? Ca concernera sûrement le magenmagot et un juge, à Potter de réfléchir sur lequel choisir pour que le coupable puisse avoir une sentence en bonne et dû forme. Salle cent-douze.
Il approche, pose la main sur la clenche pour l'ouvrir avant que celle-ci ne s'ouvre à son tour. Hm. Il plisse les yeux et se retrouve nez à nez avec ... Oh. Il sourit. « Maître Shafiq, quel plaisir de vous croiser ici. » souffle-t-il en reculant d'un pas. Belle femme, jolie minois, intelligente et tranchante, des atouts qui ne laisse pas le directeur indifférent, pour sûr. « Monsieur Potter je ne m’attendais pas à vous voir ici. » Et moi donc.
« J'ai reçu un courrier pour que je me déplace en personne ici, salle cent douze. Apparemment, un criminel s'est fait prendre après avoir agressé un aigle. »

Mais quelque lui dit, la petite voix au creux de son oreille lui souffle que la situation est plus compliquée qu'elle n'y paraît. « Vous allez défendre l'individu en question, maître ? » la seconde question, maquillée sous celle-ci est plutôt et vous, pourquoi êtes-vous ici, miss Shafiq ? Et tant pis s'il prend son temps, l'interrogatoire peut attendre quelques minutes, ce n'est pas comme si le suspect, déjà coupable pour son crime, allait disparaître.

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light's glowing air cold on my face a feeling of space i'm breathing now the silences are so loud cut right to your soul hide yourself in your coat you're older now. --- @nile shafiq

Tu me fais marcher. Si seulement, Nile. Elle serait la première à rire de cette mauvaise plaisanterie, à passer une main espiègle dans ses cheveux et à lâcher un commentaire narquois quant à la frayeur qu’elle aurait lu sur son visage. Cependant, la situation n’a rien d’amusant. Bien au contraire. Et, son plan d’attaque est loin de ravir son frère qui lui grogne son mécontentement. L’avocate sait ce qu’elle fait, cependant. Lui qui se plie, à contrecoeur. Une étreinte teintée de leur complicité momentanée égarée. Réminiscence des années passées. Plus douces et ensoleillées. Des excuses murmurées. Non, c’est moi qui suis désolée, Nile. De ne pas avoir été là pour toi. De ne pas te soutenir comme tu le souhaiterais. La fierté qui lui fait ravaler ses pensées.
« - Je ne bouge pas d'ici. »
Et, un clin d’oeil en guise de réponse. La main sur la poignée qu’elle entrouvre. À peine le temps de s’éloigner qu’elle se retrouve nez-à-nez avec Henry Potter. L’esprit du mal. Celui qui ferait frémir Satan en personne, mais pas Genesis. Pas pour le moment. Du sourire carnassier avec lequel il l’accueille. Maître Shafiq, quel plaisir de vous croiser ici. Le plaisir n’est pas partagé, mais sa présence ici, lui donne aussitôt une idée. Périlleuse. Néanmoins, le dénouement en vaut la peine. Les dés sont jetés.
« - J'ai reçu un courrier pour que je me déplace en personne ici, salle cent douze. Apparemment, un criminel s'est fait prendre après avoir agressé un aigle. 
- Criminel me semble être un bien grand mot pour le qualifier, considérant l’infraction qu’il a commise. Premier pion qu’elle avance sur l’échiquier. Quelques mots prononcés d’une voix douce pour brider la bête qui sommeille en lui.
- Vous allez défendre l'individu en question, maître ? Le silence retombe un court instant. Il est inquisiteur, le Directeur de la Justice Magique. D’une question simple en apparence, mais qui laisse deviner les griffes incisives du premier piège qu’il lui tend. Il est perspicace, aussi. Non sans l’ignorer.
- Je doute que cela soit possible, Monsieur. Conflit d’intérêt, lui avoue-t-elle en relevant le menton vers lui. La tête haute et une once d’orgueil dans le regard. Elle, qui devrait trembler face à son supérieur. Titan de glace. Et, vous savez que l’impartialité me tient à coeur. »
Ses lippes roses qui s’étirent en un sourire discret. Elle n’a jamais triché, Genesis, jamais. Il le sait. Ses affaires, elle les a gagné à coups de plaidoiries irréprochables et de négociations bien travaillées. C’est pour cette raison que l’on s’arrache ses conseils à prix d’or. Fierté du Ministère. Rien de plus réjouissant, pour ces aigles, qu’une bataille remportée à la loyale. Ou presque. Première entorse à ses valeurs avérées. Un pincement au coeur, mais Nile en vaut la peine. La sorcière fait un pas de côté pour empêcher Henry de rejoindre la salle d’interrogatoire, plissement du tissu de sa robe lors du mouvement.
« - Puisque vous êtes ici, peut-être pourrions-nous discuter un instant ? »
Étirement à la commissure de ses lèvres. L’intérêt est suscité. Peu de chances qu’il l’envoie sur les roses à présent. À moins qu’il ne soit mal luné, comme nombre de fois auparavant. Des bruits de couloirs sinistres. Difficile à dire si ce sorcier s’apprête à souffler le chaud ou le froid. Et, c’est bel et bien son imprédictibilité qui le rend si dangereux. Alors elle ne prend aucun risque, Genesis. Abat ses cartes devant lui. Henry Potter n’est pas homme à faire attendre.
« - En toute transparence, Monsieur, l’individu en question n’est nul autre que Nile Shafiq. Une pause qu’elle marque d’un léger soupir. Mon frère, se sent-elle obligée de préciser. Elle déglutit avec difficulté. La pilule n’est pas tout à fait passée. L’espoir de se réveiller de ce mauvais rêve encore très palpable. Vous imaginez bien que cet incident me mette dans une position extrêmement inconfortable, lui confie-t-elle à voix basse, loin des oreilles indiscrètes, sans faire valoir des possibles répercussions que cet épisode pourrait avoir sur ma famille s’il était amené à s’ébruiter. Et, le bras de fer débute. Vous n’êtes pas sans ignorer que la réputation des Shafiq est étroitement liée à celle du Ministère. Surtout, celle de Genesis. Inès, Tariq et leurs enfants ont, pour la plupart, choisi de faire prospérer la très estimée Gringotts. Notre nom entaché et les sorciers en quête de justice se tariraient à ma porte. Moins de clients, moins de profits pour le Ministère et, par conséquent, un obstacle à l’ascension de notre admirable Grindelwald. »
Suggérant, par la même occasion, les possibles limites à la prospérité du Directeur. D’autres pourraient la remplacer, cela ne fait aucun doute. Une tête bien faite parmi tant d’autres. Néanmoins, ce ne sont pas pour les avis du pauvre Maître Huckabee que les aigles se battent. Non, ils se chamaillent pour la défense mordante de l’Omanaise. Celle qui rattrape leurs bévues et écarts avec adresse. Le genre d’alliée qu’il peut être très douloureux de perdre. Un coup d’oeil jeté en arrière afin de s’assurer que son double ne puisse percevoir cet aparté.
« - Voyez-vous, Monsieur Potter, Nile regrette énormément son geste. Un mensonge bien dissimulé, convaincue qu’il se vantera de son offense dès lors que la brise londonienne balaiera son visage basané. Mais, il est certain qu’une telle mésaventure ne se reproduira plus à l’avenir… Elle s’en assurera. Si seulement vous lui donniez l’opportunité de se racheter… J’imagine qu’un homme de votre stature n’aurait aucun mal à faire tomber les charges à son encontre. Regard appuyé. Une brève conversation avec notre victime et cette histoire pourrait vite être de l’histoire ancienne. Qu’en pensez-vous ? »

(c) sweet poison

Conflit d'intérêt.
Potter arque un sourcil, curieux d'en savoir plus.
Oh oui, bien sûr, il est au courant de la réputation du maître. Celle-ci n'est plus à refaire et pour ses nombreuses plaidoiries tranchantes, Potter y a déjà assisté, l'homme respecte la sorcière, en plus d'avoir de très belles courbes, elle a la langue aiguisée à souhait, des qualités que le sorcier apprécie, mais un conflit d'intérêt ? Cela serait bien la première fois. Surpris, il ne masque pas sa surprise, même si son visage reste de marbre, il invite la sorcière à lui en dire plus.

« Puisque vous êtes ici, peut-être pourrions-nous discuter un instant ? » tiens donc. Toujours silencieux, le sorcier se contente d'acquiescer d'un hochement de tête, signe qu'il accepte et l'invite à entamer la conversation. « En toute transparence, Monsieur, l’individu en question n’est nul autre que Nile Shafiq. Mon frère. » rire risible. Le directeur ne peut s'en empêcher. Il laisse échapper un rire sournois, presque moqueur. « En effet, magnifique conflit d'intérêt maître. » crache-t-il. « Vous imaginez bien que cet incident me mette dans une position extrêmement inconfortable sans faire valoir des possibles répercussions que cet épisode pourrait avoir sur ma famille s’il était amené à s’ébruiter. Vous n’êtes pas sans ignorer que la réputation des Shafiq est étroitement liée à celle du Ministère. Notre nom entaché et les sorciers en quête de justice se tariraient à ma porte. Moins de clients, moins de profits pour le Ministère et, par conséquent, un obstacle à l’ascension de notre admirable Grindelwald. »

Potter écoute, Potter ne dit cependant rien.
Les Shafiq, bien entendu qu'il connaît ce nom, cette réputation, des mains baignant dans l'or, la banque des sorciers, des banquiers assurément, des tacticiens hors pair, sûrement, mais cela ne l'impressionne pas pour autant.
Petite vipère songe-t-il tandis qu'il l'écoute jusqu'au bout. Elle pose les mots où il faut, comme lors d'un procès, elle les choisi avec précaution, les place au bon moment, gonfle l'égo, en appel aux émotions, subtilité, finesse, malice, voici le véritable visage derrière le titre, maître Shafiq !

« Votre frère est un parfait crétin. » jure-t-il avec calme et sang-froid. « Voyez-vous, Monsieur Potter, Nile regrette énormément son geste. Mais, il est certain qu’une telle mésaventure ne se reproduira plus à l’avenir… Si seulement vous lui donniez l’opportunité de se racheter… J’imagine qu’un homme de votre stature n’aurait aucun mal à faire tomber les charges à son encontre. Regard appuyé. Une brève conversation avec notre victime et cette histoire pourrait vite être de l’histoire ancienne. Qu’en pensez-vous ? »

Bullshit !
Voilà ce qu'il en pense. Potter ne cache pas son exaspération, un long soupir s'échappe de ses lèvres tandis qu'il attend pour donner sa réponse, dévisage un moment la sorcière, peut-être que... L'idée germe dans son esprit tordu. Peut il seulement en tirer profit ? Oui, car Potter n'est pas un homme à offrir gratuitement ses services, surtout qu'en ceux-ci font de lui un hors la loi, un ripoux, un traître. Maquiller des preuves, menacer un témoin, user de la force et de sa position sociale ? Des atouts qu'il n'utilise qu'en cas d'extrême nécessité et si le casier est vierge, les cadavres s'empilent, mais sont astucieusement cachés par le bourreau.
Vous voulez jouer maître, nous allons jouer.
Le soupir laisse place à un sourire macabre.
Passion malsaine.
Hadès prédateur, rôde autour de sa proie et elle est de choix !

« Vous n'êtes pas idiote, maître, je ne suis pas idiot. Vous avez conscience de ce que vous me demandez de faire et des répercussions que cela peut avoir ? Vous pensez vraiment que, parce que je dirige le département de la justice magique, je peux agir sans me faire prendre ? » oui, presque, en quelque sorte, mais passons. L'homme approche son visage de la sorcière, si près, il frôle presque ses lèvres, la coince entre le mur et lui pour approcher ses lèvres de son oreille. Des mots soufflés, pacte scellé. « Si je fais cela pour vous ma chère, vous aurez une dette envers moi et je saurai vous la réclamer le moment venu. » son corps effleure celui de la sorcière, l'envie grimpe chez le prédateur, il ne peut nier que tout chez l'avocate appelle à la sensualité. « Pas d'argent, non, mais des faveurs. Les vôtres. » et il recule enfin, Potter, sourire triomphant aux lèvres, conscient de l'horreur de sa proposition tandis qu'il s'écarte, les mains dans les poches. « C'est à prendre ou à laisser. »

Pause.
Potter n'est pas un homme avec qui on aime faire affaire, car il cherche toujours à tirer le pire parti de l'affaire et déjà, sa main sort de sa poche sa montre à gousset, tic tac, le temps tourne, le sablier perle des grains de sable à foison, l'avenir du petit crétin de frère se joue à cet instant, dans un duel que l'homme veut remporter et qu'a-t-il à perdre lui ? Genesis le sait, il n'a rien à perdre, mais elle si. Sa réputation et surtout, son propre sang.
Les cartes sont entre les mains de la sorcière, mais déjà, la partie est truquée.
Echec à la reine.

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Rire sournois qui s’échappe de ses lippes. Celui qui la décontenance un instant. Lui qui pointe, du bout du doigt, l’ironie de la situation dans laquelle elle se trouve. Presque moqueur, il s’amuse, Henry Potter. Et, sans doute aurait-elle rit avec lui dans d’autres circonstances. Autour d’une affaire insolite qu’elle aurait remporté pour lui, pour le Ministère de la Magie. D’un éclat doux et cristallin, celui qui laisse croire à ses opposants qu’ils ont le dessus. Mais, pas aujourd’hui. Tête bien droite et regard déterminé. Son commentaire qu’il ne peut s’empêcher de cracher avec un semblant d’élégance. À quoi s’attendait-elle ?   
« - En effet, magnifique conflit d'intérêt maître. »
Magnifique. Elle se contentera de ce compliment-ci, bien qu’il n’en soit pas un. Sourire en demie-teinte. Genesis ne se laisse pas ébranler. Elle a vu bien pire par le passé, l’avocate. Ces corbeaux qui se font appeler « maîtres » et qui se raillent d’elle. Cette femme à la peau cuivrée qui détonne au milieu de la pâleur des juges britanniques, celle qu’ils préféraient savoir se prélasser sous les palmiers de Mascate. Cette femme à la langue assassine qui n’a rien à faire sur le parquet bien ciré de la Justice Magique, celle qu’ils aimeraient imaginer s’affairer derrière les fourneaux d’un foyer. Alors, elle poursuit sa tirade. Presque comme si de rien n’était. Attentive aux humeurs et réactions de son supérieur. Sa fable qu’elle tisse, argument après argument. L’oeuvre d’une araignée bien entraînée. Et, il l’écoute, silencieux. Mi-impressionné, mi-blasé. Visage de marbre qu’elle est bien incapable de lire. Lui donnant, peut s’en faut, l’impression de mordre à l’appât. Il la connaît, en réalité, bien mieux qu’elle ne le pensait.
« - Votre frère est un parfait crétin. »
En effet. Genesis ne le contredira pas à ce sujet, acquiesce avec lenteur. Un point qu’elle lui accorde sans rechigner, il n’est pas arrivé jusqu’à la tête du Département sans quelques cordes à son arc. Méli-mélo d’admiration et de dégoût pour le personnage. Sa dialectique touche à sa fin. Son sort, leur sort, qu’elle remet entre ses mains. L’expectative d’une réponse qu’il prend son temps pour lui donner. D’abord, un interminable soupir. Celui qui n’annonce rien de bon. Une lueur dépravée dans son regard et un étirement redoutable à la commissure de ses lèvres. L’instinct prend le dessus et la sorcière se recule d’un pas, se retrouve dos contre le mur de la salle d’interrogatoire.
« - Vous n'êtes pas idiote, maître, je ne suis pas idiot. Vous avez conscience de ce que vous me demandez de faire et des répercussions que cela peut avoir ? Vous pensez vraiment que, parce que je dirige le département de la justice magique, je peux agir sans me faire prendre ?
- Vous êtes un homme puissant, Monsieur Potter. Je ne doute pas que… »
Les louanges qui se meurent brutalement sur ses lèvres, alors qu’il s’approche. De trop près. Elle le savait prédateur, n’avait, néanmoins, pas conscience d’être une proie potentielle. Des propos qu’il lui susurre à l’oreille. Des mots qui lui glacent le sang.
« - Si je fais cela pour vous ma chère, vous aurez une dette envers moi et je saurai vous la réclamer le moment venu. Une dette ? Soit. Gringotts recèle de trésors et il est certain qu’il trouvera de quoi se contenter derrière un coffre mal verrouillé. Elle acquiesce d’un signe de tête. Criant presque victoire trop vite. Pas d'argent, non, mais des faveurs. Les vôtres. Il s’écarte, sourire pervers sur les lippes et mains dans les poches. C'est à prendre ou à laisser. Laborieusement, elle pèse le pour et le contre de sa proposition, regrettant de ne pas avoir sous la main, le philtre de mort vivante que le Longbottom avait déniché dans son bureau. Ensuite, quoi ? Le tic-tac incessant qui lui rappelle que le temps tourne. La bouche qui s’entrouvre et…
- Un problème, Madame ? Le retour du responsable de la sécurité, trapu comme un ogre et la pinte biéraubeurre réclamée à la main. Et, peut-être qu’elle est là, son issue de secours.  Lueur d'espoir.
- Non, articule-t-elle en tirant maladroitement sur les manches de sa robe. Non, tout va bien, Reegan. Sourire hypocrite qui se dessine avec difficulté sur son visage. Monsieur Potter était justement en train de m’informer que notre détenu peut être relâché. Il semblerait que notre victime souffre, en réalité, d’une extinction de voix. Un vilain rhume magique attrapé il y a quelques jours. Il a donc retiré les charges à l’encontre du jeune homme, invente-elle en incendiant, d’un coup de baguette, le dossier qui incrimine son frère. Puisqu’il s’agit d’un malentendu, évitons d’ébruiter cette histoire. N’est-ce pas, Monsieur Potter ? Elle s’approche de lui avant de lui laisser l'opportunité de la contredire, le regard émeraude qui l’étudie des pieds à la tête, avant de lui murmurer. Entendu, cède-t-elle finalement. Pacte avec le diable. Mais, nous rediscuterons de ce que cela implique, ou non, une prochaine fois. Vous ne voudriez pas être en retard à votre rendez-vous, lâche-t-elle en jetant un coup d’oeil à la montre à gousset qui trône encore dans sa main. »
Le Directeur de la Justice Magique a visiblement l’air satisfait d’avoir remporté la partie, tourne lentement les talons et se dirige vers les ascenseurs, non sans un dernier regard vicieux pour l’avocate. La quiétude revient peu à peu en maître dans le couloir sombre. Elle ne peut retenir un soupir, ses doigts fins qu’elle porte à son front pour le masser délicatement. Cette journée est un cauchemar, un mauvais rêve dont il semble impossible de s’extirper. Peu importe ses efforts. Ses muscles se relâchent avec paresse et son rythme cardiaque se modère. Ne réalisant pas tout à fait, le guêpier dans lequel elle vient de s'empêtrer. Ses pensées, uniquement dirigées vers Nile.
« - Nile. La porte de la salle d’interrogatoire qu’elle repousse doucement. J’ai une bonne nouvelle, lui annonce-t-elle avec un sourire - un chouia éreinté - à la commissure de ses lèvres. Elle le prend dans ses bras, pose un baiser sur sa tempe basanée. Tu peux rentrer à la maison. »

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@nile shafiq + @genesis shafiq

Et l'attente reprend, cette fois moins insouciante.
Masque qu'il autorise à glisser une fois que Genesis a disparu de la pièce, celui du gamin penaud réalisant qu'il lui serait compliqué de sortir du pétrin dans lequel il s'était jeté, d'un félin un peu trop malin qui se cassera les pattes à l'arrivée, à défaut de retomber dessus. Ça devait bien arriver un jour, soupira Nile en tapotant ses doigts sur la table en métal. Il lui coûtait de l'admettre, mais l'avocate avait raison : ses excès de zèle finiront par lui coûter. Si c'est ainsi qu'il devait tomber, c'est ainsi qu'il tombera. Dorénavant, tout reposait entre les délicates mains de sa sœur. Lui qui avait de prime abord rejeté son aide jusqu'à ce qu'elle la lui impose, il était désormais bien heureux de l'avoir de son côté, bien que son soulagement s'accompagnait d'une bonne dose de culpabilité qu'il n'arrivait pas à secouer. Silencieusement, il jura de faire plus attention : la prochaine fois qu'il s'en prendrait à un larbin du ministère, il s'assurerait de ne pas se faire prendre.

Il était encore loin de se douter que cette culpabilité n'était que le début, et qu'il viendrait à maudire le sens de loyauté de son double. Toujours assis sur sa chaise, il suivit les claquements de talons tout en s'accrochant à la promesse qu'elle lui avait susurré à l'oreille quelques instants plus tôt, son redondant atteignant ses oreilles par le biais d'une porte restée entre-ouverte. Ils perdirent en intensité jusqu'à s'évanouir brusquement. Trop brusquement. L'omanais tendit les oreilles, perçut les murmures au bout du couloir. Une voix grave contre l'accent familier et mélodieux. Le diablotin rejoignit l'entrée sur la pointe des pieds, poussé par la curiosité. De sa prison, il n'entendait que des bribes, alors il se frotta les mains avant de les placer sur ses deux oreilles. Auditorus Il se concentra sur ses doigts courant son ouïe, et quand il les abaissa, tout autour de lui devint plus clair, et les voix au loin s'amplifièrent. Même pas besoin de baguette.

La première chose qu'il entendit fut l'insulte.
« Votre frère est un parfait crétin. » L'injure lui arrache un sourire amer, suivi par un haussement de sourcil résigné. S'il n'était pas en train d'écouter aux portes de ce qui pourrait tout aussi bien lui servir de cellule, peut-être qu'il aurait trouvé quelque chose à redire. Or, il devait bien avouer que ce monsieur Potter marquait un point. Par le dentier de Merlin, un parfait crétin, il serait ravi d'être pour peu qu'il soit un parfait crétin libre, comme semblait le suggérer Genesis qui avait vraisemblablement abandonné son fou projet de lui refiler l'incapable pour directement charmer la tête du serpent. Et il ne douta plus, Nile, qu'il finirait par sortir d'ici, pour quiconque ne pourrait résister aux charmes de l'omanaise et ses arguments si finement avancés.

Enthousiasme ravalé et un goût de nausée. Il ne pensait pas si bien dire.

La mention d'une dette, qui ne lui arracha qu'un simple haussement d'épaules désinvolte. Quelques gallions pour un pot-de-vin, ce ne serait pas la première, ni la dernière fois. Un deal qui lui semble plutôt juste, jusqu'à ce que les vraies intentions se dévoilent. Pas d'argent. Des faveurs. Les siennes. Pour peu, il sortirait en trombe de sa pièce pour lui interdire de dire un mot de plus, doutant sincèrement que Genesis ait la présence d'esprit nécessaire de l'envoyer en prison. Il le savait, car si les rôles étaient inversés, il ferait exactement la même chose, et ce sans la moindre hésitation. Il n'y avait rien qu'il pouvait faire désormais qui n'empirerait pas leur situation. La tare qu'il était la suivrait quoi qu'il arrive, d'une façon ou d'une autre. Alors il plaqua ses mains contre ses oreilles de nouveau et leva l'enchantement, tremblant d'entendre la réponse tant redoutée, se berçant dans le maigre espoir qu'elle crache au visage de ce porc, quitte à ce qu'il se venge sur lui. Il s'en contre-fichait foutrement.

Espoir réduit à néant, quand le claquement reprend et se rapproche. Il se rassoit sur la chaise, ses doigts tapotent la table. Exactement comme elle l'avait laissée. La porte s'ouvre de nouveau sur la silhouette de l'avocate et son sourire lui tord l'estomac. Pensait-elle vraiment pouvoir le tromper ? Pourtant l'idiot joue le jeu.

« Déjà ? Tu es une faiseuse de miracles. » Il se redresse et l'accueille dans ses bras. Elle s'y est jetée beaucoup trop vite, afin de cacher son visage dans son épaule. Il lui rend son baiser, les méninges brûlantes. « Merci, j'ignore ce que je ferais sans toi. » Tu aurais dû me jeter à Azkaban, sur le bout des lèvres. Mais elles restent scellées. Pas de questions posées. « Je t'en dois une. » Et tellement plus.

Ses mains se baladent dans son dos tandis qu'il serre sa sœur plus près de lui. Promesse silencieuse dans le geste, illusoire peut-être, qu'il ferait tout pour arranger les choses.

( T H E . E N D )

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