AccueilAccueil  RechercherRechercher  MembresMembres  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
INFORMATION IMPORTANTE
FERMETURE DU FORUM
Annonces
FERMETURE DU FORUM
INFORMATION IMPORTANTE
FERMETURE DU FORUM
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 you live a half life (emhyr)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyDim 26 Avr - 0:52

16 juin 1914. Il n’a pas répondu à sa dernière lettre, alors Persephone n’en a plus envoyée aucune.
Peut-être aurait-elle dû s’inquiéter. Peut-être aurait-elle dû profiter de ses rares instants de liberté pour aller frapper à sa porte, s’assurer que tout allait bien. Réclamer, aussi, ce qui lui était dû, ce qui avait toujours été sien, l’attention qu’il lui accordait autrefois sans réserve. Jouer un peu l’inquiétude plutôt que la blessure à l’orgueil, lui assurer que ce n’était rien, rien du tout, qu’il ait oublié. Son sourire aurait eu l’éclat de tous les mensonges qu’elle lui avait un jour susurrés, mais elle l’aurait solidement accroché et sans doute aurait-il fait comme s’il y croyait encore.
Peut-être aurait-elle dû passer par son reflet déformé, le coincer à la sortie de l’appartement et s’y accrocher tant et si bien qu’il aurait été obligé de répondre aux questions qu’elle refusait de poser au principal intéressé. L’illusion abandonnée, elle aurait probablement oublié la raison de sa venue aussitôt aurait-il ouvert la bouche. Il aurait appuyé sur les plaies de ses doigts trop avides, et elle aurait réagi exactement comme prévu.
Mais ce qui aurait pu être une erreur hier a à présent le goût âcre de la trahison, et elle n’était pas certaine d’être capable de sourire une fois l’abandon confirmé. Alors elle a préféré attendre, emmurée dans un silence rancunier que l’abruti n’était même pas là pour remarquer. S’est convaincue qu’elle ignorerait la tradition imbécile, le jour venu, pour lui donner une leçon (pour ne pas se retrouver seule à attendre, encore). Elle n’en avait de toute façon jamais voulu, du rituel ridicule. N’a accepté que parce qu’il voulait qu’elle accepte. S’attendait à ce qu’elle accepte. Et si l’habitude est depuis devenue refuge, elle n’aurait aucun mal à s’en séparer, comme elle a dû se séparer de tout le reste.
"Aucun mal," en boucle, jusqu’à ce que les deux mots n’aient plus aucun sens.

La veille, on prétend qu’il s’agit d’un jour comme les autres. Le soir, on supporte les mains sales et les regards, comme hier et comme demain. On s’endort d’épuisement, comme toutes les nuits, les genoux relevés contre l’estomac. C’est au réveil que les certitudes se fissurent, les premiers rayons du soleil s’infiltrant tant bien que mal par la lucarne sale. Les décisions prises sur un coup de tête ne lui ont jamais rien apporté d’autre que des échecs cuisants, mais sans doute sait-elle déjà que celui-ci est inévitable : bientôt la porte claque derrière elle, enfermant à l’intérieur les doutes qu’elle ne veut pas confronter.
Le pas se veut rapide, l’ombre volatile tandis qu’elle se glisse entre les obstacles avec dextérité. Baisser la tête, ne jamais laisser ses pieds tout à fait se poser, repérer les failles pour mieux s’y infiltrer. La née-moldue plane plus qu’elle ne marche, souvent, à une bourrasque de s’envoler, une tornade d’être emportée pour ne plus jamais redescendre — personne pour l’aggripper par la jambe et la ramener sur terre, pas une âme pour l’empêcher de se cramer les ailes en rencontrant le soleil.
L’astre est haut dans le ciel aujourd’hui, éclatant, accordant aux londoniens l’une des premières vraies belles journées de l’année. Tout le monde semble s’être mis d’accord pour en profiter exactement au même endroit, pile au même moment. Flânant, plaisantant, s’engouffrant par pans entiers dans une boutique ou s'en échappant, disparaissant à l’intérieur du Chaudron Baveur pour en ressortir d’un pas chancelant, la foule avale quiconque y pénètre, enfermant le sorcier trop naïf dans un rythme infernal pour le recracher plus loin. Un peu hagard, un peu frustré, mais arrivé à destination, enfin, ou revenu à la case départ, selon sa chance. Certains ont plus de succès, comme elle : les agiles ou les survoltés, se faufilant entre les courants ou jouant des coudes en jurant bruyamment.
Si sa stratégie a toujours été celle de l’évitement, elle envie aujourd’hui ceux qui passent leurs nerfs sur les badauds. Elle a la bile au bord des lèvres, la rage à peine contenue, prête à dégueuler tous ses maux pour un simple rendez-vous. L’appréhension, surtout, qui agite, fourmillements au bout des doigts quand elle repère enfin l’enseigne. Elle finit par bousculer quelqu’un, croit s’excuser, allonge le pas, à moitié sûre que si elle s’y rend assez vite, elle sera parvenue à distancer ses craintes.

La terrasse du Florean Fortescue est bien évidemment prise d’assaut, mais elle n’y prête que peu d’attention, préférant la relative intimité offerte à l’intérieur. Vadim avait bien tenté, les premières années, de camper en face du glacier jusqu’à ce qu’une table se libère, et elle avait en retour tenté de cacher son agacement grandissant jusqu’à ce qu’il renonce ou qu’elle craque et lui signale que le soleil allait se coucher, par Merlin. C’était la peau déjà rougie qu’elle s’installait finalement à l’une des tables du fond, le rictus un peu crispé tandis qu’il jurait que l’an prochain il leur trouverait une place dehors. Il avait fini par comprendre, cependant, et l’année précédente il l’avait directement attendue à l’intérieur, l’expression triomphale. Elle lui avait accordé l’un de ses rares vrais sourires, et l’avait laissé finir sa glace sans trop rechigner.
Il n’est pas assis à leur table habituelle quand elle entre, cette fois-ci. Les yeux se plissent et elle déglutit, la nervosité menaçant de la submerger.
Il ne viendra pas.  
Elle se dirige vers le comptoir, maudissant les rires alentour.
"Bonjour mademoiselle," le fameux Florean l’alpague, parvenant à allier avec brio surmenage évident et parfaite cordialité. Par réflexe, elle s’approche davantage, et ouvre la bouche pour demander une crème glacée parfum violette et une autre au chocolat. Se mord ses lèvres au dernier moment, et se contente de commander pour elle-même. Elle tend les quelques mornilles nécessaires au paiement, cache la grimace en remballant la bourse trop légère, avant d’aller s’asseoir à leur table pour qu’il l’aperçoive directement. Quand il arriverait.
Glace posée sur le table, elle joue avec sa cuillère, plus occupée à la regarder fondre qu’à la manger. Les yeux se redressent toutes les quelques secondes, s’attardant sur la porte avant de se détourner, l’orgueil déplacé l’empêchant de fixer l’entrée pendant trop longtemps.
Finalement, alors qu’elle allait partir (bientôt), la silhouette familière se dessine non loin d’elle. Aussitôt le corps se détend, le poids sur l’estomac s’allège et elle s’attend à ce qu’il se tourne dans sa direction, se précipite, glisse des dizaines d’excuses de son air idiot.
Mais Vadim regarde partout, sauf par là.  
Revenir en haut Aller en bas
Emhyr Kostelic
culte de morgane
Emhyr Kostelic
crédits : childish
face claim : Bryan Dechart
pseudo : Circanem
you live a half life (emhyr) 1b77cbdb7058e2d509c1de44d77bb13b
particularité : Maudit, la magie instable, faible ou explosive.
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyVen 8 Mai - 22:47

Dans l’appartement en désordre, il y a des fragments d’eux, de tout et de rien. Des dizaines d’heures perdues à fixer le plafond, des milliers de secondes à hurler dans le silence sifflant aux oreilles. Deux mois de doutes. Y aller ou non. Sur la table basse recouverte de coupures de presse Croates mentionnant son nom s’étalent les lettres reçues et les réponses qui n’ont pas été envoyées. Parchemins saturés de ratures aux traits grossiers jalonnent le champ de bataille, emportés de colère jusqu’à en graver le bois, cadavres de plumes tordues jetées au loin, mare de sang d’encre dans un épanchement d’occasions perdues. Perse - 16 Juin / Fortescue, comme une mauvaise recette, étalée en lettres carmins sur un bout de papier accroché à une boîte rectangulaire.
Date fatidique, nom poison, colis piégé, le guet-apens.
La note trône, insolente, tentatrice, non loin de cette lettre qu’il n’a même pas osé ouvrir. Parce qu’elle était arrivée trop tard et qu’elle n’était pas pour lui. Prince aux humeurs égoïstes, il l’a impétueusement gardée, évidemment, comme il l’aurait fait pour une relique sacrée d’une période révolue. Du moins pour lui. Qui aurait compris, qui aurait mérité, à part lui ? Qui aurait trouvé le message pertinent ?
Même lui n’y croit pas vraiment.
Plusieurs fois, il avait demandé en quoi consistait l’idée puérile de coller leurs deux anniversaires le même jour, un avant l’autre après, refusant obstinément de jouer le jeu.
Trop forte était toutefois la tentation de les suivre de loin, les perdre de vue dans la salle attenante, minauder du coin des lèvres les faux sourires de Galatea, fustiger à grands gestes la grandiloquence de Pygmalion. Râler beaucoup, jurer souvent.
Sale gosse frondeur, quoi qu’il advienne, réfractaire à toutes les idées que lançait l’imperator dans son règne sans partage. Pour le principe. Emhyr aurait même refusé au Soleil le droit de se lever, si Vadim en avait réclamé la présence.
Il en avait tant rêvé de cette anarchie organisée, rébellion esquissée par ses refus, expulsée des hanches de la Fronde, plus d’astre solaire pour éclipser l’ombre.
Qu’on la regrette, cette anarchie, maintenant qu’elle est sur le pas de la porte. Plus de principe et personne n’empêche le soleil de poursuivre sa course. Il s’est couché tout seul, depuis la lande est froide.  On ne le remplace pas vraiment avec une lampe à huile. Il faut, pourtant, faire illusion, dans l’abjecte mascarade déjà initiée, le manège des masques n’a plus de sortie, porte claquée sur le caveau, les issues de secours enterrées avec Vadim.

Perse - 16 Juin / Fortescue, dans la caboche, le mantra lancinant, tambour sous la tempe, catastrophe déjà écrite. Serrée entre ses doigts, la note pour ultime ordre de mission donnée par le Roi. S’assurer qu’elle va bien. Livrer le colis. Tout arrêter.. En trombe, il s’engage de mémoire dans les rues étroites, avalé par la foule que dégueule le Chemin de Traverse en plein après-midi. Sur sa face, plaqué le sourire de circonstance, celui qu’il a porté comme une cravate, mille fois, en apparat répété, réglé au millimètre. La chemise ajustée sur la poitrine au supplice, le palpitant pour percussion, rythme effréné accompagnant les pas dévorant le pavé.
Sa course s’arrête alors qu’il arrive aux abords du glacier, son regard balaie la terrasse mais ne s’attarde guère. Il la connaît, si elle avait le loisir de choisir sa place, elle n’irait jamais brûler sur le soleil d’été. Il la connaît. qu’il pense à nouveau, frisson d’appréhension grimpant le long de l’échine, venant susurrer les échecs, la débâcle qui pointe. Elle aussi, elle te connaît, Emhyr. Elle connaît plus encore Vadim.
Il secoue la tête, ajuste la chemise, parfaite illusion jusqu’à s’en convaincre lui-même.
Du bout des lèvres, il répète consciencieusement la fable qui se joue dans sa  tête. Le scénario est implacable, réfléchi de bout en bout, du contrôle des soupirs à intervalles réguliers aux gestes habituels que Vadim déployait sans y penser. Glisser le cadeau. Sourire avec une insolence royaliste. Se gratter le sourcil de l’index quand il est embarrassé. Très important.
Partir. Vite.

”Bienvenue !” Clame Florean derrière son comptoir dès qu’il passe le pas de la porte, son paquet serré sous le bras. Il lui accorde à peine un regard, les prunelles furètent sur les visages, les boucles brunes de l’une à l’autre, cherchant le visage familier dans la marée humaine. Agacé, il claque de la langue, fronce les sourcils et commande une glace au chocolat, roulant des yeux pour la forme, les goûts classiques de Vadim pour le hanter à tout jamais.
A nouveau, il embrasse la salle des yeux, cherchant une place libre. Peut-être est-elle en retard. Peut-être n’avait-elle pas envie de venir. Peut-être que la lettre n-... ”... Oh.” Les deux orbes sombres rencontrent les prunelles claires. Une seconde de battement pour celui qui ne l’a pas affrontée depuis longtemps. Pas depuis qu’il avait dû négocier la place de Marjorie la momie sur le canapé. Des années, une éternité. Et pourtant ça frappe comme si c’était hier.
Sur les lippes, le sourire dessiné au burin se fissure, vacillent les certitudes avec le manque d’air, la tour d’ivoire prête à s’écrouler. Déjà.
” Bonjour Perse, désolé du retard !” Il se reprend en agitant la glace qui lui coule sur les doigts, rassemblant les pans du masque pour les recoller à la hâte, alors qu’il se précipite à elle, comme Vadim aurait fait.
Comme Vadim, il tire la chaise, s’assoit avec un sourire plein d’assurance. Comme Vadim, il se gratte le coin du sourcil avec cet air de gueule cassée indécente. ” Joyeux non-anniversaire. Haha. ” Qu’il lâche un peu à la hâte, plaquant le cadeau sur la table avant d’attaquer sa glace avec appétit. Vadim, tyran jusque dans les ombres.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyDim 10 Mai - 23:17

L’abruti ne la voit toujours pas. Se dirigeant vers le comptoir après avoir fouillé la salle de ses yeux apparemment bigleux, il commande sa propre glace — elle note qu’il n’en prend pas une pour elle —, les sourcils froncés. L’attitude est… Différente. Le script qu’elle avait soigneusement mémorisé est jeté aux ordures dès son arrivée, si peu respecté qu’elle en vient à se demander s’ils ne l’ont jamais répété ensemble autrefois. Comme il en va de tout imprévu, le changement de scénario la déstabilise autant qu’il l’agace. Elle laisse retomber la cuillère dans le pot de crème glacée qui n’en a plus que le nom (liquide vaguement violet clairement devenu impropre à la consommation) et continue à fixer son profil, la bouche tordue dans une moue réprobatrice. L’impression d’être observé ou un soudain élan de lucidité, qui sait, finit par réveiller Vadim, dont les yeux se plongent brusquement dans les siens. Aussitôt, la grimace disparaît pour faire place à son éternelle expression pétillante. En face d’elle, le sourire tremble, emporte presque dans son sillage le rôle à peine endossé. Doute et paranoïa s'agitent, manquent de déborder. Elle les ravale, les ongles s'enfonçant dans la paume droite, sous la table.  

“Bonjour Perse, désolé du retard !” comme pour rattraper les derniers mots d’un script qu’il a déjà foutu en l’air. Elle se retient difficilement de rouler les yeux, voudrait lui expliquer que ça ne sert plus à rien de se fatiguer, t’as tout gâché. “Désolé, c’est quand tu ne comptes plus recommencer.” Le reproche se veut plus taquin que sérieux, mais la recette a dû être mal calculée car au lieu de sucre c’est de sel qu’elle saupoudre ses mots. En presque dix ans, les frères Kostelic n’avaient jamais paru comprendre le principe pourtant absolument basique de ponctualité. Si elle s'efforçait d’en rire à l’époque, aujourd’hui (et comme elle l’avait redouté avant même de claquer la porte de sa chambre ce matin) elle a toutes les peines du monde à ne pas attaquer. “Joyeux non-anniversaire. Haha.” Il dépose avec précipitation un colis sur la table, lui-même apparemment peu intéressé par son contenu puisqu’il se met directement à manger sa place. Qui, elle, n’est pas gâchée par le temps perdu.
En réponse à son offrande, Persephone pousse à son tour quelque chose vers Vadim : son pot de glace à elle, fondu, la cuillère toujours plantée à l’intérieur, don qu’elle estime être tout à fait généreux. Cette fois-ci, elle ne doit pas forcer le sourire qui éclaire son visage. “Joyeux non-anniversaire ! J’avais un autre cadeau pour toi aussi, mais puisque je n’étais pas sûre que tu viennes, je ne l’ai pas pris avec moi.” Le mensonge est éhonté entre les lèvres sucrées, punitions puériles auxquelles il est certainement habitué depuis longtemps. Elle n’avait rien acheté, bien sûr, d’abord parce qu’il n’avait pas daigné lui répondre, ensuite parce qu’elle n’avait clairement plus les moyens d’offrir quoique ce soit. (Et puis aussi parce qu’elle trouvait que sa présence faisait office de cadeau en soi.) “Peut-être l’an prochain,” conclut-elle tranquillement. Sa main gauche se saisit du paquet et, après une hésitation, elle sort la main qui était toujours cachée sous la table pour commencer à le déballer. Qu’il ose donc demander. La défiance est mal assurée, l’action plus brave en théorie qu’en pratique ; elle tremble un peu. “Je suppose que tu as dû être occupé par l’organisation de ton mariage,” bavarde-t-elle d’un air faussement distrait. Elle s’attaque en parallèle au paquet, qu’elle défait avec une impatience toute enfantine (en colère, oui, mais pas débile). Pas surprise d’y découvrir un livre sur la botanique, qui aurait rejoint la trop grande collection qu’elle s’était constituée avec son aide — Vadim et son filon, ne lâchant jamais le morceau. Le trésor est resté dans l’appartement qu’elle a dû abandonner, cependant, et aujourd’hui le cadeau pourrait tout aussi bien être le premier. Les doigts frôlent la couverture et l’aura s’adoucit, momentanément débarrassée de la rancoeur et de la méfiance tenaces. Quand elle redresse la tête, c’est pour lui adresser un regard triste. Qui disparaît un instant plus tard pour faire place au regard habituel, pétillant et sans profondeur. “Merci pour l’invitation, d’ailleurs,” ajoute-t-elle, se rappelant du courroux mis de côté et en oubliant de le remercier pour le bouquin tant apprécié. Connard. L’affront lui est resté en travers de la gorge, et si elle avait pris le soin d’y répondre avec un enthousiasme parfaitement exagéré (parce que Vadim ne la connaissait que dans ses rires excessifs), elle ne lui avait pas encore pardonné.
Qu’il se marie, très bien.
L’orgueil, bien que blessé, s’en remettrait : le coeur n’avait après tout pas été aussi touché que ce à quoi elle s’était attendue. Leur mascarade semblait avoir souillé jusqu’à ses sentiments, qu’elle aurait juré réels il y a un an.
Qu’il se marie, donc, grand bien lui fasse.
Mais qu’il l’y invite ?

“Je comptais bien sûr m’y rendre,” plutôt crever, “comme je te le disais dans ma lettre”, s’il a seulement pris le temps de la lire, “mais tu conviendras qu’au vu des récents… Événements, il me sera difficile d’honorer ma promesse,” comme il semble avoir oublié les siennes. Elle ponctue sa phrase d’une grimace, le regret peint sur ses traits de poupée. À dire vrai, le fait de pouvoir refuser de participer à ces festivités ridicules est sans doute le seul avantage de son nouveau statut de pestiférée. Peut-être devrait-elle lui dire que, par contre, s’il lui en prenait l’envie, elle serait tout à fait disponible pour animer son enterrement de vie de garçon au Fol’Opium. L’idée lui traverse l’esprit, et elle est à deux doigts de le faire. Ne serait-ce que pour lire l’expression sur son visage, voir son le preux chevalier s’agiter sous la honte et les remords. Plus encore que mesquine, toutefois, Persephone est fière, et ne dit mot.
Revenir en haut Aller en bas
Emhyr Kostelic
culte de morgane
Emhyr Kostelic
crédits : childish
face claim : Bryan Dechart
pseudo : Circanem
you live a half life (emhyr) 1b77cbdb7058e2d509c1de44d77bb13b
particularité : Maudit, la magie instable, faible ou explosive.
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptySam 16 Mai - 21:51


La valse à quatre temps qu’il a réglé dans sa tête devrait se jouer au millimètre, à la seconde et au battement de coeur près. La cavalière devrait répondre à ses impulsions, comme il en en a toujours été le cas, Vadim ardent chorégraphe, Persephone danseuse étoile. Au bout de la baguette, rebondir sur les accents mélodieux, vriller le long des rires crescendo, du plus discret au plus faux, funambules des mensonges aiguisés. Alors pourquoi ? Pourquoi le tempo n’est-il pas en accord avec le métronome dans la caboche ? Pourquoi le premier pas est-il ainsi manqué, glissant sur la mélodie dissonante, le chant du rossignol n’est pas aussi musical que dans ses souvenir. Ou peut-être est-ce juste lui et ses oreilles avilies qui déforment tout. ”Désolé, c’est quand tu ne comptes plus recommencer.” Qu’elle lui lâche avec plus d’animosité qu’il ne l’avait imaginé. Sur ses lèvres, le sourire tressaute pour un léger rictus en coin. Elle n’a pas tort. ”Je peux être désolé tout l’temps, tu sais. Je te jure que j’essaie mais ce n’est pas ma faute si toute cette… ” Mascarade Fabulosité met du temps à se préparer. ”. Dans une envolée pleine d’assurance, il éclate d’un rire presque sincère. Si la vie avait continué son cours, si la guerre ne tambourinait pas à la porte et si tout le monde avait encore sa place, nul doute que la conversation aurait une saveur différente. Et l’espace de quelques secondes, ère révolue que la conscience suspens, il y a des relents d’un Poudlard oublié dans les accents de la voix d’Emhyr, la blague qui n’amuserait que lui et Vadim. Perse qui roulerait des yeux. Il oublie, presque, la prestance qui devrait être la sienne, ses jambes s’étendent sous la table alors qu’il s’installe plus confortablement, profitant de l’accalmie offerte par les souvenirs enfouis. Quand le vent a-t-il tant changé de direction ?
Le raclement de la coupe de glace sur la surface du bois le tire de la réflexion dans laquelle il s’enfonce, de même que la voix de la brune qui le cueille sans difficulté, harponné par le sourire teinté de malice qu’elle lui décoche. ” Joyeux non-anniversaire ! J’avais un autre cadeau pour toi aussi, mais puisque je n’étais pas sûre que tu viennes, je ne l’ai pas pris avec moi. Peut-être l’an prochain.” Sur les labres danse un puéril reproche qu’il accepte de bonne grâce. A vrai dire, il n’était pas sûr de venir non plus. mais il ne peut pas se laisser dire ça, si ? ” Oh vraiment ? ” qu’il s’entend prononcer avant même d’avoir pu retenir les mots en cascade. ” Est-ce que ça veut dire que l’an prochain, j’aurais deux cadeaux ? ” La tentation trop forte lui pend aux lèvres et son regard suit le paquet qui disparaît sous la table. Il n’a pas besoin de regarder, il ne sait pas exactement ce qu’il contient mais les cadeaux de Vadim sont comme son coeur. Prévisibles, constants. Idéalisés. Alors il ne peut que deviner, scrutant les traits de l’ancienne vert et argent. ” Je suppose que tu as dû être occupé par l’organisation de ton mariage. ” ” … Ouais. ” C’est… Tout. Bref et concis. C’est qu’il est toujours occupé mais ce n’est pas ce qu’il aurait pu appeler un bon sujet de conversation.

La dorure s’écaille en même temps que s’ouvre le paquet cadeau et que leurs regards se croisent. Emhyr retrouve la Percy descendue du piédestal. Ou peut être pas. Difficile de savoir quelle est la bonne, ricochet à la surface de l’âme, revient rapidement la Perse de Vadim. Il se mord légèrement la lèvre inférieure et sa cuillère reste en suspension, laissant goutter le chocolat fondu dans la coupe à moitié entamée. Il n’aime pas ça, de toute façon et il a suffisamment fait semblant. ” Merci pour l’invitation, d’ailleurs. ” Emhyr roule des yeux, retenant un soupir exaspéré qu’il masque derrière un sourire de circonstance. Mi-désolé, mi-con. Abruti de Vadim, à penser que parce qu’il l’a décidé, tout le monde est sur le même tempo. Que parce que les choses sont finies pour lui, elles le sont pour l’univers. Evidemment qu’il l’avait invitée.
L’ancien Serpentard fixe la née-moldu, tapotant la cuillère le long de la coupe dans un écho cristallin. ” Je comptais bien sûr m’y rendre. ” Frappe à la gueule, le tympan qui siffle et la nuque qui ploie. Il n’entend pas le reste, les orbes claires s’accrochent simplement aux boucles brunes. ”[..] mais tu conviendras qu’au vu des récents… Événements, il me sera difficile d’honorer ma promesse. ” Il n’a pas entendu ce qu’il y avait entre les deux, renifle légèrement d’un mépris qui déborde pour cette guerre qui se rappelle son souvenir. Il s’est toujours demandé pourquoi elle était restée, à s’acharner autant, avec autant de force pour finalement servir les autres. Mais peut-être qu’elle servirait aussi dans l’autre monde.

Emhyr hésite quelques secondes et les certitudes s’emplâtrent entre ses lèvres si pincées qu’elles en finissent exsangues. Il pianote quelques secondes sur le bois puis relève le nez, frappé par une soudaine épiphanie. Il en avait presque oublié pourquoi il avait décidé de venir. Et ce n’était pas pour manger une glace. ” A ce propos, Perse. ” La main du sorcier s’agite d’un spasme impatient, qu’il jugule en enroulant ses phalanges autour de l’alliance. Elle roule, quelques secondes, entre son index et son pouce. ” T’es pas obligée de venir. ” Il déglutit, se reprend légèrement, levant une main. ” Enfin t’avais d’jà pas l’intention mais j’veux dire. C’est mieux si...” si tu ne viens pas ? Pas complètement faux. Pas complètement vrai non plus. Vadim s’est sûrement toujours dit qu’il aimerait qu’elle vive l’instant, profite comme il ordonne de profiter. Tourne la page. C’est la même chose qu’il avait laissé entendre en invitant le frère à ses noces. ”Viens Emhyr, tu t’amuseras sûrement.”. Comme Percy, il avait soufflé ce “Oui” du bout des lèvres, pas comme s’il aurait pu s’y soustraire, de toute façon. ” Si tu t’en fais pas pour ça. Jcomprendrais que t’aies pas envie d’y aller, de toute façon.” Moi non plus j’ai pas spécialement envie de m’y rendre. Il décoche à Perse un regard hésitant, empli d’une compassion volée à Vadim, celle qu’il n’a jamais vraiment su feindre, parmi toutes les pantomimes si bien empruntées au fil des ans. Hurler en brandissant le glaive, facile. Contrefaire l’attendrissement né se la misère de l’autre, jamais. La commisération n’a jamais mené les peuples, contrairement à ce que Vadim a toujours pu penser, mort en voulant épargner les vies. Putain d’optimisme. ” J’veux dire, ce sera pas le mariage de l’année et je doute que tu t’y amuses. Vu les circonstances de chacun. ” Reprend-il finalement. ” Comment ça s’passe pour toi ? Tu… Tu étais à l’arène ? ” Son index tapote l’alliance, hésitant encore, tournant autour du sujet, la volontée fondant au même rythme que la glace gâchée dans le fond de son pot. C’est sa mort qu’il doit annoncer. Et avec la déclaration, se résoudre à faire le deuil de tous les instants volés.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyLun 18 Mai - 3:39


Les retrouvailles sont plus difficiles que prévues, et elles étaient prévues insupportables. Sa présence est presque douloureuse, la ramenant à la vie qu’elle avait perdue, aux fuites gâchées, à la table froide et aux corps qu’elle avait malgré elle connu depuis. En contraste total avec ses sentiments, son rendez-vous semble à présent absolument à l'aise. Peut-être parce qu’elle prétend l’être aussi. “Je peux être désolé tout l’temps, tu sais.” En effet, elle sait. “Je te jure que j’essaie mais ce n’est pas ma faute si toute cette…” Farce ? “Fabulosité met du temps à se préparer.” Il éclate de rire, et la mélodie connue par cœur l’adoucit, arrondit les bords coupants de son sourire. “Pour en arriver à ce résultat, ça n’en vaut clairement pas la peine,” répond-t-elle d’une voix légère. L’excuse, de toute façon, ne fonctionne que pour lui : elle doute qu’Emhyr y mette autant d’effort (il faudrait déjà pour ça qu’il mette du sien dans quoique ce soit), et ça ne l’a jamais empêché d’être en retard. Ni particulièrement ému au point de s’excuser, d'ailleurs. En face d’elle, la silhouette s’affaisse. Les épaules fières retombent, le corps s’étend, les jambes flirtant dangereusement avec son côté de la table. Aussitôt son pied vient cueillir le mollet qui lui est offert, réflexe irrité de celle qui avait toujours dû pousser pour avoir de la place sur un canapé. De la momie narquoise à la piètre gestion de l’espace du frère, combat acharné qu’elle finissait toujours par remporter. (Vadim, je suis mal mise.) La dynamique est familière dans un contexte qui ne devrait pas l’être, et le script déraille une nouvelle fois. Ses sourcils se froncent tandis qu’elle le toise, paranoïa s’éveillant comme si elle ne l’avait jamais quittée. Mais les alarmes de Persephone sont bousillées, trop suscitées au cours des derniers mois, et elle n’est plus certaine de ce qu’elle est censée penser ; peut-être a-t-elle oublié ? Peut-être a-t-elle mélangé ?

Bouche se pince et pensées s’entrechoquent avant qu’elle décide, pour la seconde fois depuis son arrivée, de repousser la méfiance au fond de son estomac. Rattrape l’histoire au vol ensuite, les doigts bien accrochés. Joyeux non-anniversaire, profite de ta glace et surtout étouffe-toi avec. “Oh vraiment ? Est-ce que ça veut dire que l’an prochain, j’aurais deux cadeaux ?” Candide sourire tremble, déstabilisé par la réplique provocante. Un battement, puis un rire sincère. Elle secoue la tête, ses boucles brunes suivant le mouvement. “Est-ce que ça veut dire que tu comptes enfin faire quelque chose pour les mériter ?” L’intonation danse à la frontière entre attaque venimeuse et innocente taquinerie, encore une fois, adoucie seulement par le sourire franc qui gracie toujours ses traits. L’exercice d’équilibre est fastidieux, de plus en plus. La scène, contrairement au plan qu’elle avait minutieusement mis en place des années plus tôt, enchaîne les ratés et les redémarrages improvisés.
N’était-ce pas censé être plus facile avec lui ?
Pour se donner contenance, bavarde jusqu’à ce que toute dissonance disparaisse ; à force de chercher leur fréquence, ils finiront sans doute par trouver la bonne. “... Ouais.” Great then. Symphonie du connard, volume 151. Elle roule des yeux, déchire avec un peu plus d’ardeur le paquet. Songe à lui balancer à la gueule, mais se dit que même Vadim comprendrait alors que quelque chose ne va pas. Et ça on ne voudrait pas, évidemment. Elle croit. A toujours navigué avec adresse entre les conflits, moitié par pure paresse, moitié par peur de révéler alors tout ce qu’elle avait tu en sa présence. Cela lui avait réussi, jusqu’à ce que la peur ne suffise plus et que la surface éclate, bords tranchants entaillant tout ce qu’ils avaient construit. D’une remarque trop froide aux persistants regards noirs, poupée tant choyée s’était désarticulée sous les yeux choqués de l’éternel optimiste — qu’on avait pourtant prévenu, on avait insisté ensuite. Rancoeur qu’elle ravale, fait place à nostalgie devant l’offrande prévisible, puis à colère pas si bien digérée finalement, Percy et les humeurs volatiles.

Vadim s’agite, hésite. Parfait miroir de tout ceux qu’elle croise, la née-moldue sent à son tour la nervosité la gagner, joue avec ses manches en l’observant d’un regard qu'elle espère impassible. “A ce propos, Perse.” Les mots semblent difficiles à sortir, volubilité habituelle faisant apparemment défaut. Les secrets sont son domaine, les jeux aussi. Qu’il crache. Ses yeux glissent vers l’alliance qu’il fait tourner entre ses doigts, qu’elle n’avait pas remarqué jusque là. Les lèvres sont pincées, mordues. Elle aurait voulu ne pas la voir, ne comprend pas comment elle ne l’a pas vue plus tôt. Ne sait pas ce qui l’énerve le plus. L’alliance, décide-t-elle. La moindre des choses aurait été de l’enlever, non ? Non ? L’orgueil encaisse tant bien que mal le nouvel affront, on relève un peu le menton, simule le désintérêt. “T’es pas obligée de venir.” Encore plus vexée maintenant, c’est tout juste si elle ne s’étrangle pas dans une insulte étouffée. Il lui laisse le choix, et ce n’était certainement pas censé se passer comme ça. Chiot arrivant en courant, lui tapant l’épaule avec énergie, viens dis tu viens viens viens jusqu’à ce qu’elle craque et acquiesce (puis n’y aille pas). “Super,” siffle-t-elle pendant qu’il déglutit. Elle le savait idiot, mais ne l’avait jamais cru lâche. “Enfin t’avais d’jà pas l’intention mais j’veux dire. C’est mieux si…” Trébuche encore, tourne autour du pot. Abréger ses souffrances en complétant sa phrase d’un rire serait facile, t’en fais pas je suis soulagée, mais il est bien plus satisfaisant de le voir souffrir un peu plus longtemps. Preux chevalier a l’armure rouillée, dernières dorures souillées par son discours éparpillé. Tant mieux. “Si tu t’en fais pas pour ça. Jcomprendrais que t’aies pas envie d’y aller, de toute façon.” Compassion dans les prunelles de son vis-à-vis, fureur dans son estomac à elle. Les lèvres s’étirent sur un sourire de façade, les doigts qu’elle a toujours sous la table manquent d’arracher le vêtement. Qu’il garde sa commisération pour lui. “Je n’ai pas dit que je n’en avais pas envie, mais que cela risquait d’être compliqué.” Des relents de Poudlard, l’air je-sais-tout et le ton docte qui emmerdait tout ceux qui y avaient droit. Qui aurait envie d’aller au mariage de son ex, ceci dit ? Comment avait-il pu penser que c’était une invitation parfaitement acceptable pour finalement la retirer ? Était-ce Emhyr qui le lui avait fait remarquer ? Avait-il pour une fois écouté ? Si c’était ça le résultat, (et comme souvent), il aurait mieux valu que le frère ferme sa gueule. “J’veux dire, ce sera pas le mariage de l’année,” et son nez se froisse, la courbe de ses lèvres frémit. C’est peu dire, veut-elle couper et contrer. S’en empêche, bien sûr. “et je doute que tu t’y amuses. Vu les circonstances de chacun.” Vu les circonstances de chacun. Cette fois-ci, un sourire amer s’étale sur son visage. Quelles sont ses circonstances, au pauvre Prince ? Trop de misère dans le monde, c’est difficile de s’endormir le soir ? Vadim et l’habitude de tout ramener à lui. Salaud, salaud, salaud. “Ne t’en fais pas, je comprends que la situation soit difficile pour toi. Tu pourras toujours m’inviter à ton divorce pour te faire pardonner, ceci dit,” s’entend-elle piquer. Réplique acerbe aux accents confortables, les mots traînants et l’attitude puérile. On blâmera la familiarité, la force de l’habitude mais ce n’est pas ce à quoi l’ancien Gryffondor est en droit de s’attendre. Pas lui, en tout cas. La vérité, et Merlin sait à quel point il lui est difficile de la discerner, c’est qu’elle est épuisée. Loin est le temps des jeux de lumière et d’ombre, le masque aujourd’hui devenu seul moyen de survie. Alors la garde se baisse en milieu moins hostile, on économise les mensonges pour les instants où ils importent vraiment.
Ca, et le fait que l’alternative aurait été de lui arracher les yeux.

Changement de cap, sans plus d’assurance. Il semble marcher sur des oeufs en permanence, et sous la colère c’est l’anxiété qui commence à prendre racine. “Comment ça se passe pour toi ?” Les sujets sérieux n’ont jamais été leur fort, Vadim le déni Persephone l’illusionniste, et la question tombe comme un couperet entre eux deux, l’atmosphère devenant encore plus étouffante. Script apparemment balancé par la fenêtre, elle-même a abandonné l’idée de se conformer à quoique ce soit. Elle rit, hausse les épaules. Ne donnera pas d’information porteuse de sens, il devrait le savoir. “Tu… Tu étais à l’arène ?“ L’hésitation jusque dans le balbutiement la met mal à l’aise. Après avoir attaqué ses vêtements, c’est une mèche de cheveux que sa main gauche trouve, tire et entortille. Non, elle n’aime pas les sujets sérieux. Sa mère lui aurait ri au nez, des années à critiquer mais faiblesse clairement héritée.
“Qu’est-ce que j’irais faire à l’arène ?” L’avait-il seulement connue ? Bien sûr que non, elle n’avait pas mis un seul pied là-bas. Si elle l’avait fait, ça aurait été en vertu de combattante, et combattante elle n’était pas. La question l’emmerde prodigieusement, suffisamment pour qu’elle glisse un regard méprisant vers l’imbécile heureux. Puis un battement, les paupières papillonnent et elle fronce les sourcils. “Oh, je présume que tu y étais ? Là pour parier sur les meilleurs chevaux de course ou pour sauver la veuve et l’orphelin ?” Deux facettes d’une même pièce, Emhyr ou Vadim. Démon du jeu et ange de la paix. L'hypocrite préfère le démon, bien plus honnête.
La question a été contrée et l'inquiétude tarde à s'installer, mais une fois qu'elle se rappelle de l'hésitation, elle se crispe. Main s'immobilise dans les cheveux bruns, alarme retentit une nouvelle fois dans son crâne. Cette fois-ci, elle l'écoute. “Pourquoi ?” Elle ne veut pas savoir, interrogation sortie trop tôt, regrettée dès la bouche refermée. Mais, contrairement à Phoebe Wardwell, elle n'a jamais été capable de faire l'autruche bien longtemps.
Revenir en haut Aller en bas
Emhyr Kostelic
culte de morgane
Emhyr Kostelic
crédits : childish
face claim : Bryan Dechart
pseudo : Circanem
you live a half life (emhyr) 1b77cbdb7058e2d509c1de44d77bb13b
particularité : Maudit, la magie instable, faible ou explosive.
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyMar 19 Mai - 4:09

Il minaude du bout des lèvres aux envois que Perse déploie, croise le fer dans une joute qui le laisse presque essoufflé, bretteur blessé qui n’a plus pratiqué depuis longtemps. Alors lorsque l’attaque pointe à nouveau, dans une envolée d’étincelles et qu’elle lui décoche ce sourire qui n'appartient qu’à elle, Emhyr ne peut que lever son orgueil en dernier bastion. Ou plutôt celui de Vadim. ”Pour en arriver à ce résultat, ça n’en vaut clairement pas la peine” Il ouvre et referme la bouche, grimace quelques secondes, posant la main sur sa poitrine, mimant le coup en plein coeur. ” Gnuh gnuh gnuh, touché. ” Ni amertume ni animosité, des années de faux semblants pour arriver à ce résultat. Parce qu’Emhyr aurait sauté à la gorge, sorti le fleuret pour renvoyer le coup d’estoc. ”J’sais, j’ai dû diminuer un peu le résultat pour me mettre à ton niveau, Persémoche.” ou toute autre saloperie qui pouvait bien lui naître au bord des lèvres, à la commissure de ce rictus un peu trop grand. Mais pas Vadim. Vadim grand prince laissait parfois les autres gagner, dans la bénévolence qui était la sienne, le conflit en horreur, oeuvrer pour la paix des peuples et des foyers.
Emhyr retient les chiens par le collier, laisse glisser les répliques et les sourires de connivences, avec un simple ” Hééé ” outré qui lui échappe lorsqu’elle lui repousse la jambe et qu’il reprend automatiquement contenance, dressé comme un ressort.
Puis il y a les réponses qui lui sont si naturelles, appelées d’une simple pression à l’âme qu’elles s’échappent trop vite des lèvres scellées, évasion un peu trop aisée d’une prison pas si hermétique que ça. Frondeur querelleur, l’insolence qui s’éveille et s’agite, Perse vient le chercher jusque dans son antre et sans retenue, l’effrontée riposte. Ses mots trouvent un chemin assuré vers les entrailles, le fond de l’âme belliqueuse qu’il essaie d’endormir.
”Est-ce que ça veut dire que tu comptes enfin faire quelque chose pour les mériter ?” Qu’elle lui renvoie avec une assurance mordante qui lui tire un rire léger et une amorce de réponse à nouveau, légèrement penché en avant, assoiffé d’affrontement qu’est le champion du Roi. ”Depuis quand je devrais faire pour mériter ? Mon existence seule n’est-elle pas suffisante en elle-même ? ” Ses lèvres s’ourlent d’un sourire chantant les batailles avides et les affrontements virevoltant d’une insulte à une pique vaillante mais dans un souffle, Emhyr s’arrête, verrouille les cordes vocales qui se tendent en un simple soupir muet. En haut de la pente qu’il allait dévaler sans regarder en arrière, l’ancien vert et argent contemple la chute vertigineuse qu’il évite de justesse. L’amusement tiré de l’échange de coups pour le plaisir du sport lui aurait presque fait oublier le costume endossé avec tant de virtuosité. Quelques instants, quelques mots de trop et il tombait sans corde de rappel.

Oublié Vadim et ses jeux régaliens, le colisée qui l’attendait, les maudits de la Confédération, les honnis bien pensants, leur écoeurante radio. L’enfer, le pavé, les bonnes intentions. Tout ça. Oubliée l’idée de redresser la barre pour se faire juge et juré du système vérolé et sa croisade solitaire.
L’idée même de la partager avec elle lui effleure l’esprit comme un poison insidieux, soufflant à l’oreille les chants de la fronde, la facilité d’avoir une alliée dans la rébellion.
La place de Persephone est déjà suffisamment difficile pour qu’il se refuse la tentation de l’entraîner dans le dédale de machination qui lui occupe l’esprit. Il a bien assez de rage pour deux et jamais Vadim n’aurait approuvé la mise en danger d’autrui. Ta merde, Kostelic qu’il laisse résonner à ses tempes, égoïste mantra d’une vengeance au fer blanc.
Trop engagé pour s’arrêter en si bonne route. Comme si le frère pressait toujours l’échine de sa présence fantomatique, Emhyr laisse les mots mourir au fond de sa gorge et reprend la place qui est la sienne.
Un clown, dans un costume trop étroit.

Rien ne va plus vraiment dans le discours qu’il avait répété avec tant d’ardeur devant le miroir et avec une maladroite précipitation, le Croate raccroche les lambeaux du drapeau de la nation des menteurs, s’enveloppe de déni comme d’une cape.
La bataille a des accents différents maintenant qu’il reprend la main, hésitation jusqu’au bout des doigts qui triturent l’alliance qui n’est même pas sienne. Demi-vérité et mensonges se mêlent dans le fond de sa gorge alors qu’il déroule à nouveau le script. Immonde chimère qu’il a inventé, le livre dont il n’est pas du tout le héros. ”Je n’ai pas dit que je n’en avais pas envie, mais que cela risquait d’être compliqué.” Elle réplique d’une fente aussi piquante que le sourire qui vacille sur ses lèvres et Emhyr doit répondre d’un sourire tout aussi composé pour juguler les mots qui abondent en retour. ” Ca donne rarement envie, quand c’est compliqué. ” Mais merde. Raté.

Poursuivre, toujours. On aurait dû les écrire, ces maudites lignes, on hésiterait moins. On aurait même dû ajouter des didascalies, ça éviterait d’avoir à se balancer légèrement comme un idiot. Mais que faire quand l’autre a aussi son propre scénario. ”Ne t’en fais pas, je comprends que la situation soit difficile pour toi. Tu pourras toujours m’inviter à ton divorce pour te faire pardonner, ceci dit.” Ah. Touché. Cette fois, ni lui, ni le Vadim qu’il a gardé dans un coin de sa tête n’ont de réponse. Du moins pas de réponse qui soit digne d’être énoncée. Quelque part, Emhyr a la satisfaction facile du frère puéril et un sourire bref flotterait presque sur ses lèvres. Bien fait. qu’il aurait certainement échangé avec le preux chevalier s’il avait été là. Bien fait qu’il lui lance jusque dans l’au-delà. Il espère que, où qu’il soit, le sarcasme l’atteigne en plein coeur. L’envie de s’arrêter sur le sujet fait brièvement son chemin dans la caboche, tentatrice avilie de la compétition fraternelle, Emhyr sale gosse jusqu’à troubler le repos des braves. Si tu croyais que tu allais t’en sortir en mourant, Vadim, tu te fourres le doigt dans l’oeil. Mais l’heure n’est pas à la chamaillerie avec l’âme jumelle toujours au coin du coeur. C’est à Perse qu’il doit une explication avant tout.

” Qu’est-ce que j’irais faire à l’arène ? ” Il la regarde, revenant au sujet principal avec une aisance relative (donc pas.), jurant intérieurement. ” Question con, j’avoue. ” jeté du bout des lèvres au mépris qu’elle lui oppose, un peu coupable de la pire introduction de sujet au monde. ”Oh, je présume que tu y étais ? Là pour parier sur les meilleurs chevaux de course ou pour sauver la veuve et l’orphelin ?” Emhyr plante son regard dans celui de la brune, il a à peine le temps de formuler une réponse acceptable dans sa tête que tombe l’interrogation couperet. ” Pourquoi ? ”
Pourquoi. En effet.
Le temps se suspend, le discours est répété à toute vitesse et à travers les lippes qu’il avait gardées serrées jusque-là, s’échappe la bête immonde, la chimère de mensonge et de vérité mêlés. Monstrueuse engeance d’une haine abyssale plaquée sur l’âme d’un autre.
” J’voulais te le dire plus tôt, j’te jure mais j’ai pas eu l’occasion. ” Dans son regard dansent les flammes de l’arène et la soif de sang qu’il peine à étancher. ” Emhyr. ” Vadim hurle la caboche mise au supplice. ” Il est... ” Ca tambourine dans sa poitrine, noeuds à l’estomac qui ne veulent plus se délier. ” Il est... mort dans l’attaque. ” Nécromancien des temps modernes, Emhyr fait revivre les corps meurtris et les idéaux échoués et son regard aride vient se pendre aux prunelles de Persephone. La voix vacille à peine, vibrante d’une émotion asséchée pour l’avoir trop racontée, trop de colère pour laisser les genoux ployer sous la perte de sa meilleure moitié. Il regrette, déjà, l’idée de s’enterrer lui-même dans l’esprit de l’ancienne camarade, décision hâtive, un peu trop douloureuse, promise sur un caveau fraîchement retourné à Sucuraj. ” Je suis désolé, Perse. ” Mais dans le fond, tout le monde sait qu’il n’y avait guère que Vadim pour se laisser emporter par une tragédie lyrique. Qu’il n’y avait que lui pour périr au front, en chevalier servant, avec les meilleures intentions du monde. ” J’ai rien pu faire. ” L’aveu sonne juste, chargé d’un regret trop grand qui le fait vaciller. ” J’te jure, Perse. J’voulais, vraiment. Mais j’ai pas su. ” Pas su l’arrêter, pas su l’empêcher d’être con, s’emmêlent les fables et le néant, les actes manqués qui lui brûlent la rétine, agitent les phalanges en un poing qui le démange.





Dernière édition par Emhyr Kostelic le Mar 19 Mai - 10:47, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyMar 19 Mai - 7:21

Question con, j’avoue. Elle roule des yeux, choisit pour une fois de ne pas rebondir : nul ne sert de remuer le couteau dans la plaie quand il admet lui-même avoir raté le coche. D’autres munitions précieusement gardées sous le coude sont prêtes à être utilisées, de toute façon, pour qu’il admette que ce n’est pas seulement le coche qu’il a manqué mais tout ce qu’il a fait au cours des dernières années. En tout cas, c’était la direction qu’elle comptait emprunter. De piques en sourires sucrés, saper les défenses de l’adversaire jusqu’à ce qu’il s’excuse d’avoir osé exister. Au moins.
Bien sûr, comme on le sait, le script était lui aussi complètement foiré.

L’atmosphère a changé et elle n’a plus ni attaque ni défense à opposer à sa présence. L’inquiétude peinte sur ses traits n’a rien d’un acte délibéré, la main qui tord nerveusement ses boucles ne surjoue pas l’anxiété. Elle aurait bien voulu. Toujours plus simple de vivre au sein des contes qu’on lui a tendrement soufflé tout au long de sa vie, le déni facile devenu refuge il y a si longtemps qu’elle ne se souvient plus avoir un jour fonctionné autrement.
La lâcheté ne tient cependant pas face à la curiosité, tendance à creuser jusqu’à déterrer tous les squelettes que les autres tentent tant bien que mal de cacher. Sans surprise, elle les tend alors d’un grand sourire, espérant que la nature profonde ainsi exposée parvienne à dissimuler la sienne. “Il est…” C’est l’être entier qui se crispe à présent, coeur battant à ses tempes alors qu’elle le fixe d’un regard horrifié. Un tais-toi lui échappe presque, dans un réflexe encore une fois pathétiquement inculqué par une mère refusant de voir la réalité en face. On ne dit pas ces choses-là. Certainement pas comme ça. Où est le sourire de circonstance, l'orchestre pour qu'on mette comme il se doit la peine en chanson ? “Il est… mort dans l’attaque.” Les pieds s’enfoncent dans le sol. Sous l’impulsion, la chaise recule, racle le parquet. Fuite enchaînée à l’âme, cours plus vite que les mauvaises nouvelles. L'illusionniste est cernée toutefois. Il n’y a plus ni fable à raconter, ni verve pour riposter. Dents se plantent dans la lèvre inférieure, regard papillonne à gauche. À droite. Peut-être est-ce l’une de leurs blagues cruelles. Peut-être le rictus de l’autre va apparaître quelque part, si elle y prête bien attention, touffe de cheveux planquée entre deux amoureux. Peut-être, oui, va-t-il surgir quand elle tentera de rassembler les morceaux de son coeur brisé. Peut-être aussi a-t-elle mal compris. Les yeux, dans leur chasse désespérée, croisent une nouvelle fois ceux de Vadim. S’y attardent, fouillent pour y déceler le vrai du faux. N’y trouve qu’un désert dont elle ne peut rien tirer, si ce n’est des excuses qui n’ont elles non plus rien à lui apporter ; constamment désolé, en effet. Il continue à parler mais elle n’écoute plus que d’une oreille, disparaissant à l’intérieur d’elle-même. Portes fermées, la carapace se met en place — trop tard. Elle n’aurait pas dû venir. Aurait dû écouter l’instinct qu’elle avait mis de côté, aurait dû rester dans sa chambre aux murs trop serrés, se noyer dans sa bouderie enfantine qui semble à présent tout à fait déplacée. Trop tard, là aussi, pour se lever et partir, rentrer chez elle et prétendre que rien de tout ça n’est arrivé. Non ? (Ca se tente. Non ?)
Non.
Les doigts abandonnent les cheveux pour rencontrer la table. Phalanges blanchies, agrippées au rebord comme à une bouée de sauvetage, elle reste silencieuse pendant un moment. Une heure, trois secondes plus certainement. Les pensées s'entrechoquent, la nausée surgit de nulle part et tous les masques du monde ne suffisent pas à lisser les contours du chagrin.

“Tu n’as pas… Su.” À son tour d’hésiter, rire incrédule au bord des lèvres. Plus que tous les autres offerts au fil des années, il sonne faux, s’étouffe dans un sanglot. Qu’elle ravale promptement. “Pourquoi ?” Question con, j’avoue. Elle cligne des yeux, veut chasser l’eau salée qui s’accumule, ne réussit qu’à laisser tomber les larmes qu’elle voulait maîtriser. Sa tête se détourne brusquement pour ne plus le voir (pour ne pas se montrer), main droite essuyant les joues d’un geste précipité. Un, deux, trois, on compte, pour se contenir. Quand elle pense pouvoir parler sans s’écrouler, elle ramène son visage vers lui, enfonce de son autre main les ongles dans la paume devenue poing. “Sans toi ?” Elle fronce les sourcils, vomit ses questions sans leur donner une quelconque signification. Un battement, pour se reprendre, pour faire sens. “Pourquoi y était-il ?” Avait glissé les paris débiles, provocante, mais n’y croyait évidemment pas : trop facile, trop commun et certainement pas approprié à l’idéal qui était déjà en train de se former. L’esprit cherche frénétiquement les explications qu’il ne donne pas, tente de lire entre les lignes du résumé fardé de banalités qu’il lui a servi sur un plateau rouillé. Se convaincre, arrogante, qu'on aurait pu mieux faire à sa place. Toujours capable de se mentir, apparemment. C'est déjà ça (?).
Revient en arrière, décortique le fil conducteur, imprime les expressions et les phrases empoisonnées qu’elle avait laissées passer sans réagir lors de leur première dictée. “Tu n’as rien pu faire.” Le constat lui donne envie de vomir. “Tu voulais, mais…” Perroquet répète, mots de cendre entre ses lèvres, voudrait les reprendre pour en tirer un autre récit. Remis à leur place, ils conteraient une épopée grandiose, une course contre la montre intrépide, une aventure extraordinaire. Plume entre les doigts comme sourire placardé sur visage menteur, l’épilogue retracerait la réussite et la gloire. Ou, à défaut de parvenir à être crédible, il s’arrêterait simplement avant la fin. Tout sauf une mort inutile dans un endroit tel que celui-là. Elle pleure à nouveau, s’en rend à peine compte. Pas assez pour le cacher. Sa gorge nouée, elle ressasse au fur et à mesure que le sens de ses déclarations se fait dans un crâne habitué à repousser toute vérité trop difficile à encaisser. “Comment ça tu n’as rien pu faire ?” Où était le preux chevalier quand on a eu besoin de lui ? À quoi avaient servi les beaux discours martelés pendant toutes ces années ? Rage s’agite, retourne les tripes. Elle sait sa réaction injuste, saura plus tard, en tout cas. Mais la boule dans l’estomac hurle, cherche coupable, et Persephone ne voit que lui.

C’est la moitié d’âme que l’autre a perdu ; elle n’avait jamais été que pièce rapportée dans leur histoire bien ficelée, une note de bas de page. Emhyr n’avait d’ailleurs jamais raté une occasion de le lui faire remarquer, et elle d’essayer de lui voler des pages. De quel droit se réclame-t-elle aujourd’hui veuve éplorée ? Elle aimerait dire qu’elle est désolée, elle aussi, tendre la main pour se saisir de la sienne et la serrer. Envoyer un sourire dans sa direction, aussi rassurant que surjoué. Le réconfort aurait été tiède, mais présent au moins. Mieux que rien. Elle en est incapable, n’a que douleur et rancoeur à offrir.
“Comment ?” demande-t-elle encore, ne sait plus vraiment de quoi elle s'enquiert exactement. Comment a-t-il osé ne pas lui dire plus tôt, comment a-t-il pu le laisser mourir, comment a-t-il fait pour trahir tout ce qu’il avait un jour promis. Comment l’autre est parti, bien qu’elle soit là aussi absolument incapable de formuler la question.
Revenir en haut Aller en bas
Emhyr Kostelic
culte de morgane
Emhyr Kostelic
crédits : childish
face claim : Bryan Dechart
pseudo : Circanem
you live a half life (emhyr) 1b77cbdb7058e2d509c1de44d77bb13b
particularité : Maudit, la magie instable, faible ou explosive.
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyMar 2 Juin - 0:15


Et soudain le vent change de direction et la tempête se lève. Alors que les mots lui échappent en cascade, Emhyr observe le désastre se jouer et les ailes d’Icare s’enflammer. La chaise racle le parquet et elle s’éloigne un peu plus de lui, s’attirant les regards perplexes de la clientèle. Les phalanges du Croate s’agitent, spasmodiques, vers la née moldue, pour combler le vide des explications qui lui échappent tout autant, ramener à lui la raison et les craintes. Prendre la douleur des autres pour la sublimer. C’est ce que Vadim faisait si bien, l’architecte des âmes brisées, alchimiste impie aux mains avides, aux idées trop grandes. La macabre ironie de voir les rôles inversés dans une ultime valse ne ressemble que trop à un tour cruel des jumeaux. L’insolent bâtisseur a fini par tout détruire et laisse ses deux oeuvres orphelines, incapables de reconstruire le château de cartes. Ce serait du génie, une punition digne des plus grandes tragédies Grecques, si elle n’était pas si réelle, fermement ancrée dans les entrailles. S’il n’avait pas si douloureusement conscience de la présence du frère despote dans chacun des gestes mesurés, chaque frisson le long de l’échine, chaque fragment brisé.

“Désolé, c’est quand tu comptes plus recommencer” en écho assourdissant aux excuses qui dégueulent de ses lippes tremblantes de rage et de peine mêlés, son regard vrillé à l’autre, dans une abjecte tentative de se maintenir à flot dans l’ouragan en devenir. Sa tirade achevée, il se suspend aux lèvres de Persephone dont le silence lui fracasse les tempes, calcine l’âme aussi sûrement que si elle l’avait elle-même embrasé.
Mais rien ne vient.
Persephone se contente d’un rire amer qui avorte toute relance qu’il avait en tête. “Tu n’as pas… Su.” Ca n’est même pas une question, alors Emhyr se contente d’hocher la tête, pas qu’il soit nécessaire de confirmer ce qu’il vient d’exposer mais il n’a guère d’argument à proposer. Il a besoin, pourtant, de se raccrocher à la conversation, s’assurer qu’il suit encore le fil de leur script décousu, pour ne pas se laisser aspirer par le vortex grandissant au creux de sa poitrine. “ Pourquoi ?” Qu’elle demande, peut-être plus pour elle que pour lui. “Pourquoi quoi ?” qu’il voudrait interroger en retour mais la question s’étrangle quand elle détourne le regard. Des millions de pourquoi dans la tête, des milliards de questions similaires. Pourquoi lui, pourquoi tant d’acharnement. Pourquoi le monde manquait de sens.

Un instant, Emhyr cesse de respirer, fixant les boucles brunes, les geste hâtifs. Maintenant qu’il en est arrivé à ce point précis du scénario, il a peur qu’elle parte, déjà. Que l’histoire s’achève ainsi et que la vérité s’enterre d’elle-même dans un marasme de mensonges idéalisés. Creuser sa propre tombe est plus compliqué qu’il ne l’aurait imaginé, leurs regards s’empalent à nouveau et dans sa poitrine, le coeur s’arrête. “Sans toi ?” Il cille, la question chargée d’un sens qu’il encaisse avec difficulté. Là où Vadim allait, en meneur de troupeau, Emhyr suivait. Mais la réciproque n’était pas forcément vraie. Impétueuse dualité aux accents solitaires, comme un besoin de partir loin, d’emporter le visage si connu dans d’autres contrées. Voyager à l’étranger, revenir avec une femme et une momie. Ou une tête réduite. Ou une dague dans la main. S’assommer l’âme d’aventures éphémères.
“Pourquoi y était-il ?” Les questions s'enchaînent et quelque part, il est reconnaissant qu’elle ne prenne pas le temps de respirer, ne lui laisse pas celui de répondre. Parce qu’il n’a pas vraiment de réponse toute faite.
Ou plutôt, il en avait, héroïques, lyriques, assommantes et pleines d’emphases mais elles ne sonnent plus aussi justes quand elles se pressent à ses labres et qu’il se noie dans ses yeux. “ Tu le connais. ” Parvient-il à articuler, dans un léger haussement d’épaule, la phrase bateau qui s’applique aux deux faces de la pièce. On connaît l’un comme l’autre, des raisons débiles pour être au mauvais endroit au mauvais moment. L’un pour construire l’avenir aux teintes utopiques. L’autre emporté par la curiosité, pour s’assurer que le premier n’allait pas faire une connerie. Raté, de toute évidence. “Tu n’as rien pu faire. Tu voulais, mais… Comment ça tu n’as rien pu faire ?” C’est plus douloureux quand c’est de ses lèvres que s’échappe l’accusation à peine voilée. Plus encore quand la voix s’enraye, que le timbre s’enroue d’un reproche tourmenté. Il est pour Vadim en théorie mais c’est toute l’épaisseur du mensonge qu’il traverse, flèche portée au coeur dans un tir d’une précision inconsciente.

“Comment ?” Les mains d’Emhyr s’avancent vers Perse, cherchent à attraper le vide, s’arrêtent pour s’enrouler autour de la coupe de glace fondue, à la serrer jusqu’à ce que les jointures blémissent. Le déroulé est flou, même pour lui, même après lui avoir inventé une narration. L’histoire pend aux lèvres, le mensonge en étendard. Dans son regard, l’orgueilleuse envie de laisser tomber que c’était l’idée du con. Et qu’il en est mort. Que pour une fois, ce n’était pas lui. Qu’il avait vraiment essayé.
Mais. Que. Ca. N’était. Pas. Suffisant.
Le Croate déglutit, la colère de Persephone fait écho à la sienne, rancoeur dirigée vers celui qu’elle imagine être Vadim, impériale mercuriale. Il se fige, quelques secondes, pince l’arête du nez pour chasser les images qui s’imposent à lui, remonte le fil de la chronologie, dans les pas douloureux du roi coupable.
“... C’était mon idée.” Il souffle à demi-mots, dans un grimace adressée à la table. “J’devais voir l’arène, trouver une façon de… d’aider. Ou...” Ou il ne sait pas vraiment, en fait. Vadim n’avait jamais réellement donné de vraie raison, si ce n’est celle de voir l’horreur pour la comprendre, mieux libérer les opprimés. Et lui, il avait suivi, sans doute dans la crainte d’une action absurde. Une bombe dans l’arène, son frère enfilant une vraie armure glanée dans un musée, comme l’ersatz de héros, aberrante idiotie idéaliste qu’il était. “Puis avec la radio et les évasions, on s’est perdu de vue. ” Les phalanges se tordent au souvenir qui lui retourne les tripes, la narration qu’il s’invente, recolle les fragments d’une journée de cauchemar. Les cris, du sang, le hurlement du dragon et celui de la foule. “Emhyr est parti chercher une issue de secours, je suis resté en arrière.” Prononcer son propre nom comme s’il s’agissait d’un autre lui brûle toujours autant les lèvres, ses funérailles qui trébuchent sans arrêt, la mort annoncée, une histoire sans fin. “Fallait protéger les nés-moldus, les fuyards, tu comprends.” Il la regarde, espère qu’elle approuve. Parce que lui, il ne comprend pas. Ou plutôt refuse de se rendre à la simplicité d’un tel raisonnement. Parce qu’on ne peut protéger personne si on est mort. “Il a ouvert la marche mais c’était trop tard… Le brouillard, les autres… Je ne sais pas. On a été pris pour cible.” Le récit suinte de rancoeur à peine voilée, les mains pressées autour de la nuque basse, le regard vague sur la table sans la vraiment la voir, il inspire profondément. “J’ai essayé mais c’était trop tard. Tu sais à quel point… ” ma “sa magie était capricieuse.” La honte palpite à ses tempes, tremble quelques secondes dans la voix étranglée. “On aurait jamais pu venir à bout du chaos. Mais, tu sais… ” Il se cache derrière ce que Persephone semble savoir et qu’il ne sait pas lui-même. Les mots qui se refusent à lui, étouffés au creux de la gorge, la rancoeur pour le frère à l’égoïsme héroïque. De s’être trop battu, et lui, de n’avoir fait assez, sans doute.  “J’aurais préféré que ce soit moi.” L’aveu claque, complexe rapport à l’autre, syndrome du survivant qu’on évoque du bout des lèvres. L’un ou l’autre, personne n’aurait dû donner sa vie pour guerre bourgeonnante, pris en tenaille entre deux camps ignorant les besoins d’une population moribonde. Personne n’aurait dû compter parmi les dommages collatéraux, trop vite passés sous silence pour que le Regime continue de progresser.
Il relève la tête et son regard file vers Persephone, cherchant… Quoi ? Du réconfort ? De la compréhension ? L’idée même semble le répugner, sans doute parce qu’elle ne serait que pour le Vadim idéalisé et il la balaie d’un revers de la main. Il ne peut accuser celui qu’il prétend être, les colères sourdes et les reproches devront rester pour les absents.
Emhyr veut que sa rage ricoche sur l’âme des autres, qu’elle déclenche des centaines de réactions, des milliers de brasier de colère et que l’incendie ravage Londres, son monde sorcier vérolé. Que résonne la voix des insurgés.



Dernière édition par Emhyr Kostelic le Mer 10 Juin - 23:19, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptySam 6 Juin - 1:20

Tu le connais.
Trois petits mots qui balaient les interrogations, pour un temps. Tu le connais, comme si ça expliquait tout. Peut-être connaissait-elle ses rires et sa verve, son regard lorsqu’il était posé sur elle, sans doute s’était-elle même enorgueillie un jour de pouvoir distinguer ce qui le différenciait de l’autre ; mais tout semble flou, aujourd’hui. Les semaines passées à se méfier de sa propre ombre ont finalement usé l’oeil observateur. Décèle le mensonge entre toutes les lignes, part du principe que chaque sourire n’est que parure masquant les desseins inavoués, ne fait confiance ni à son instinct ni aux faits si facilement détournés. De ça il ne sait rien, bien sûr, prenant appui sur ce qu’ils ont été, tous les trois, pendant des années. Pour peu, elle s’y serait crue elle aussi.
Réalité reprend cependant ses droits, entre les faux pas et les contre-temps d’abord, sous le poids des révélations ensuite.
La connaît-il encore ? Le(s) connaît-elle encore ? La réponse lui semble moins évidente que jamais quand elle le regarde s’avancer pour décider de ne pas la toucher, quand il bute sur les mots et s’éparpille à son tour.
Alors elle a beau chercher, non, ça n’explique finalement rien du tout.

C’était son idée. Bien sûr que c’était son idée, de ça elle ne doutait pas un seul instant. Le regard se farde davantage de rancoeur, les larmes qui coulent encore brûlent de rage tout aussi irrationnelle que pauvrement contenue. “J’devais voir l’arène, trouver une façon de… d’aider. Ou…” Le souffle qui se bloque, s’étrangle à mi-chemin entre rire et sanglot. “Ou quoi ?” Que pensait-il donc pouvoir faire ? Et sur les traits qui lui font face, pas assez de honte. Peint en grand et en large sur son visage, étrangement, l’écho de ses proches reproches (in)formulés. N’est-il pas désolé ? N’est-il pas dévasté par ses propres manquements ?

“Puis avec la radio et les évasions, on s’est perdu de vue.”

Accio FM. Les yeux s’écarquillent, un choc qu’on encaisse encore plus mal que les précédents. La voix d’Albus, soudainement, résonne à ses oreilles comme s’il était assis à ses côtés. Comment ça fonctionne, une radio ? Comment ça fonctionne, dis-moi ? Rossignol aux ailes coupées, écrasé sous le poids de ses propres péchés, s’enfonce davantage dans la chaise. Pour noyer l’expression coupable, la tête se détourne une nouvelle fois. Tous les mensonges proférés depuis des années, tout le talent d’illusionniste ne servirait pas, ici, à camoufler tout ce qu’elle ne peut (ne veut) pas lui dire. N’es-tu pas désolée ? Elle déglutit, fixe le mur. Un, deux, trois, encore une fois, calmer la tempête piétiner les regrets. Le même geste, là aussi, pour essuyer le torrent d’eau qu’elle n’a plus le droit de verser. Sur ses lèvres pourtant, le goût du sel. “Emhyr est parti chercher une issue de secours, je suis resté en arrière. Fallait protéger les nés-moldus, les fuyards, tu comprends.” Non. Évidemment que non, elle ne comprends pas. Vadim, dans toutes ses croisades, avait toujours manqué l’essentiel : ne restaient debout, à la fin, que ceux qui avaient eu la présence d’esprit de se protéger en premier. Leurs regards se croisent encore une fois, et à l’expression ouverte, remplie d’espoir, elle n’offre qu’une bouche pincée, un silence buté. Se prétend jugement mal placé, n’est malheureusement motivé que par la peur de tous les mots qu’elle pourrait déverser pour, elle aussi, chercher l’absolution. Qui ne viendra pas.
Il parle encore, et elle imagine la fumée, la précipitation et les cris. Les sacrifices au nom d’une organisation qu’elle avait rejointe par pur instinct de survie. Les cadavres à son nom à elle, aussi. Le sang sur ses mains.
Qu’importe, n’est-ce pas ?
Elle est encore debout.
Hissée, à son tour, sur le corps froid de ceux qui ne se sont jamais relevés. N’importe qui d’autre, et elle s’en serait foutue — ne s’était pas émue, d’ailleurs, jusqu’à aujourd’hui. Peu d’attaches, peu de choses qui aient du sens, peu de choses qui vaillent la peine d’être sauvées. L’indifférence, oui, jusqu’à ce que ce soit son coeur qui soit fauché en plein vol, son peuple à elle. Ses doigts s’entortillent sur ses genoux, l’envie d’hurler lui retournant les tripes. Les phrases sont hachées, douloureuses ; elle-même s’est repliée à l’intérieur de l’esprit tourmenté. La porte si proche, et l’envie de fuir dans les fourmillements qui parcourent ses jambes. Un instant où elle s’imagine se lever et disparaître, courir. Où ? Le Fol’Opium lui semble soudainement plus chaleureux que leur petite tradition devenue mortifère, et l’idée même est insupportable. Loin d’ici, elle pourrait cependant reconstruire l’échange. Loin de lui, elle pourrait réécrire, décortiquer et choisir soigneusement les morceaux valant la peine d’être gardé. Auprès d’Albus, elle serait espionne et plus gamine terrassée par un deuil qu’elle n’était pas prête à faire. Mais la fuite est interrompue. “Mais, tu sais…” Un froncement de sourcil, l’attention qui se reporte sur l’homme en face d’elle. Qu’est-elle donc censée savoir ? Qu’est-elle donc censée savoir, surtout, de plus que lui ? Elle veut lui demander, mais ne trouve pas les mots adéquats. Marmonne un “non, je ne sais pas” renfrogné, probablement inaudible. “J’aurais préféré que ce soit moi.” À ça, elle reste pantoise. N’a jamais bien su comment réconforter les autres si ce n’est en se calquant sur les attitudes volées ailleurs ; démunie à présent devant l’ampleur de la tâche. “Bien sûr que tu ramènes ça à toi,” s’indigne-t-elle donc d’une voix tremblante. L’élan tout aussi hypocrite que accusateur est d’ailleurs ravalé presque aussitôt, et elle secoue la tête. “Il dirait la même chose, parce que vous êtes tous les deux des idiots égocentriques.” Si l’intonation est plus douce, les mots sont à peine plus agréables. Et toujours aussi hypocrites. Étiez, se corrige-t-elle mentalement. Les mains qu’elle en était presque à griffer se relâchent alors, elle se rapproche pour attraper de la gauche celle de son vis-à-vis. La chaise racle une nouvelle fois contre le sol tandis qu’elle glisse ses doigts entre les siens, de gré ou de force.
Ses prunelles semblent sonder son âme, et elle est mal à l’aise. Tu le connais, toujours dans un coin de la tête, pourtant elle ne sait plus. Tout ça et elle ne sait toujours pas, perdue dans ses propres remords, sa propre peine, ses propres jolies histoires. Le défunt est déjà redessiné, réécrit ; l’identité souillée par un conte qu’elle se répètera sans doute jusqu’à y croire. Et si elle cherche les bonnes formules à lui offrir, l’esprit est trop occupé à tenter de combler les trous du récit, les tripes à hurler à… Quoi ? “Tu n'aurais rien pu faire,” décide-t-elle finalement. On redirige le blâme, malgré sa précédente fureur. On redirige parce que s'il est coupable, elle l'est tout autant. Déglutissant, elle lui adresse ce qu'elle espère être un sourire convainquant malgré les yeux toujours brillants de larmes et les ongles de la main libre à présent enfoncé dans la cuisse. “Les...” Parjure. “Responsables sont ceux qui ont attaqué.” La main tendue, qu'elle a prise pour elle-même en premier. Et pour cette raison, comme elle a saisi celle d'Albus puis la sienne, sa poigne s'éloigne pour revenir se plaquer sur la table. “Concentre-toi sur eux.” Elle essayerait, en attendant, de réparer ce qui avait été brisé.
Revenir en haut Aller en bas
Emhyr Kostelic
culte de morgane
Emhyr Kostelic
crédits : childish
face claim : Bryan Dechart
pseudo : Circanem
you live a half life (emhyr) 1b77cbdb7058e2d509c1de44d77bb13b
particularité : Maudit, la magie instable, faible ou explosive.
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) EmptyJeu 11 Juin - 3:16




Il a la gueule cassée des soldats que la guerre a refusé d’épargner. Le regard abattu et le coeur en lambeaux. A peine balbutiante, à peine effleurée, que déjà elle arrache tout sur son passage. L’écho des hurlements lui vrille les tympans autant que le regret de son propre mensonge. Les tremblement de ses mains s’effacent avec ceux de sa voix, dans le silence qui succède à la tirade prononcée du bout des lèvres. Emhyr aimerait que le temps se suspende, là. A la lisière entre l’ombre et la lumière, treizième heure au glas à peine sonné, peuplée d’incertitudes crasses mais confortables. Qu’à jamais les doutes planent et qu’il n’ait pas à laisser le couperet tomber sur l’insouciance enterrée avec Vadim. Mais tu sais… qui dégueule de ses lippes pour se dédouaner des raisonnements de l’autre. Des trous entre les mots et les respirations hachées, faute de bonne répartie mais empli d’espoir qu’elle les comble pour lui. “J’ai jamais dit ça” qu’il répondrait avec une insolence impudente si elle venait à exprimer des déductions erronées. “Ah. Tu sais mal”, sans doute sa meilleure réplique depuis 1900 avant Merlin. Levée de bouclier un peu lâche d’une époque pas si lointaine.
Mais rien de tout ça. Le “Bien sûr que tu ramènes ça à toi.” traverse la pièce comme une flèche et attise son orgueil. “Il dirait la même chose, parce que vous êtes tous les deux des idiots égocentriques.”. Le coeur manque un battement et de ses lèvres s’échappe un rire ressemblant d’avantage à un grognement. Douleur douce amère à s’arracher les labres, le souffle chargé d’ironie s’envole en milliers d’aiguilles. Sharp. Il ouvre et referme la bouche, l’hésitation à rebondir avec un naturel perfide lui faisant presque oublier les yeux rougis, la gorge serrée. Surtout lui ou surtout moi, dans le dédale de sa fable trop lâche, Emhyr s’est perdu, ne sait pas trop ce que Vadim aurait vraiment répondu. Certainement pas de réjouissances mais tant de choses à faire. Tant d’injustices à réparer. Quelle absence aurait été la plus douloureuse aux yeux du monde ? Sans aucun doute celle du chevalier, personne à pleurer le servant. Personne à part Perse, visiblement.
Ca le tue. Deux fois. Mille fois. Qu’elle prononce sa mort, qu’elle accepte le sort. “Pourtant, n’était-ce pas ce que tu voulais, Emhyr ?” en feulements insidieux à ses oreilles. Il l’a cherché, à trop se glisser dans le rôle, imprimer le sourire plat sur les lèvres exsangues, répéter le texte appris sur le bout des doigts. Qu’elle l’oublie et passe à autre chose. Quand le plan a-t-il ainsi dérapé ? Quand a-t-il changé d’avis ? Est-ce que ça n’aurait pas été plus simple de lui dire la vérité ? Ou juste égoïste ?
Les questions valsent et s’entrelacent dans un chaos enragé, cherche les réponses dans les prunelles de la brune, les arabesques de la table, sa glace fondue.  

Il sursaute légèrement lorsque les doigts s’enlacent aux siens, dans un geste qui aurait pu paraître familier à Vadim et qu’il peine à accueillir, reproduire. Accepter ? Les phalanges restent inertes quelques instants, trouble passager de l’intrusion soudaine. De toutes ses forces, le Croate lutte pour ne pas retirer sa main de l’étreinte brûlante, retient la grimace horrifiée qui lui dévore le visage. “Tu n'aurais rien pu faire.” Elle lui décoche un sourire qui vacille et son monde s’arrête.
Trop loin. Il est allé trop loin.
Et ça le frappe en pleine poitrine. Ce n’est pas cette Perse qu’il veut garder en mémoire et laisser derrière. Ce n’est pas de ses lèvres qu’il veut arracher les remords et les encouragements à moitié moribonds. Dans le fond de ses prunelles, ce n’est pas Vadim qu’il veut voir se refléter en armure rutilante, le poids d’une illusion qu’il ne pourrait supporter. Le règne avide du roi qui devrait prendre fin mais dont l’empreinte est si profonde qu’elle imprègne même les mots de Persephone. Emhyr imagine dans les iris de  l’ancienne Serpentard la volonté de rassurer, d’aider le Chevalier à reprendre le chemin trop rapidement abandonné. Un voile de remord peut-être. Mais remord de quoi ? N’était-elle pas la plus mal placée d’entre eux ? Le besoin rapace d’en savoir plus lui érode la gorge de questions avortées, tiraillé entre celui qui veut tout et celui qui voit trop.
Agacement dans les entrailles, marasme d’émotions qu’il ne peut identifier. Mais just see me qui lui déchire l’échine. Tant d’efforts à effacer les traces qu’il ferait voler en éclat, le regret de ne pas avoir su semer meilleurs indices. “Les… Responsables sont ceux qui ont attaqué. Concentre-toi sur eux.” Les doigts se délient alors qu’il allait retirer lui-même sa main dans l’abjecte réalisation. La fable n’a plus de sens, entre flamboyante colère et amer abandon. Elle a raison. Et tort à la fois. “Ah.” Un rire grinçant finit par passer la barrière de ses lèvres, aussi bref que discordant. “Je suis devenu beaucoup trop bon, faut croire.” Tombe la confidence honteuse, la tête rentrée dans les épaules, un arrière-goût de sang sur la langue, on répugne à même s’appeler Kostelic, tant on aimerait être un autre. Ni Emhyr, ni Vadim. Juste un autre. Just. See. Me. “Je suis un con, Perse. Les responsables. C’est tout l’monde. Eux. Les autres. Moi… Et ils paieront, tous.” Il s’avance un peu sur la table, veut attraper le bras de la née moldue avec une jalouse avidité mais s’arrête à mi-chemin. Les doigts qui se crispent et se décident à se plaquer sur la table. C’est à lui de se lever légèrement, de pencher pour baisser d’un ton. “Même ça, j’ai pas réussi. J’avais un truc à faire aujourd’hui. Te protéger. Parce que j’ai promis à Vadim.” Ses phalanges s’aventurent sur le bois, saisissent les bords pour s’empêcher de basculer. Les mots qui s’entrechoquent, discours hors script teinté d’égoïsme.  “Mais même ça... même ça j’y arrive pas. J’ai pas envie que tu penses qu’il a survécu. J’ai pas envie que la dernière chose que tu penses de lui c’est qu’il a laissé mourir son frère sous les feux ennemis. J’veux pas que tu gardes… ce souvenir d’un Vadim incapable.” Il secoue la tête, relève le regard brûlant pour l’empêcher de partir si jamais l’envie lui prenait, tend la main pour capturer le vide. Je l’ai laissé. Parce que j’ai cherché à nous sortir de là, lâche que je suis. J’voulais pas me battre, pas prendre part à la débâcle. Mais Vadim était un putain de con, un putain de justicier. Il est mort en héros. En con de héros mais en héros quand même.” Il hausse une épaule, défaitiste. A-t-il vraiment besoin de s’attarder sur la question. Pas vraiment. Sans doute. “Il est mort en croyant à une justice qui l’a tué… C’est marrant, non ? Moi j’trouve que c’est marrant.” Sur la table, il pose finalement une petite clé en argent. “N’en parle à personne, j’t’expliquerai, c’est promis, si tu passes. Si jamais tu perds la clé, tu sais où trouver l’autre.” Ses yeux se plantent dans les siens. Il a plein d’autres répliques pour terminer cette conversation mais rien qui ne sort. Il attend, quelques secondes, juste qu’elle le regarde. Et qu’elle le voit. Lui.
Espoir futile, idiot égocentrique.
Dans le flottement qu'il crée, comme pour s'empêcher de céder à la tentation de lui répondre, de trop en faire, trop en demander, Emhyr rassemble ses affaires et prend la fuite. Il passe la porte en trombe, aimerait se retourner mais probablement qu'elle le tuerait d'un regard.
Pas bien grave, tant que c'est lui ?

Sujet terminé

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
you live a half life (emhyr) Empty
Message (ϟϟ) Sujet: Re: you live a half life (emhyr)   you live a half life (emhyr) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
you live a half life (emhyr)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» who want a half life?
» (mai 1905) how to live for free
» (Emhyr) You act like you're God And you're trying too hard
» alive (emhyr)
» (Emhyr) We ruled the world

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
for the greater good :: miroir du rised :: Rps archivés-
Sauter vers: