bonheur simple - théa & algie

“Tiens.” Elle le regarde avec une moue amusée. “Merci… ?” Théa attrape le sac tendu par Atlas sans comprendre. “Une surprise, mon ange. Tu devrais préparer quelques affaires, j’ai prévu un week end à Paris.” Les yeux de Théa s’écarquillent, sous le choc de la nouvelle. Paris ? A-t-elle bien compris ? Les prunelles brillent d’une excitation qu’elle n’a jamais ressenti auparavant. C’est l’attrait de la découverte, le coeur qui bats trop vite à l’idée même d’enfin voir les merveilles du pays qu’elle aime à travers les livres et les histoires de Méra. Ses photos préférés viennent des paysages capturés par sa soeur. “Paris ? Vraiment ?” Elle se mord la lèvre, et lui saute au cou, déposant des baisers sur son visage, sa bouche, dévorée par le bonheur de cette nouvelle. “Merci. Ca me fait si plaisir, tu n’imagines pas à quel point !” Il éclate de rire, et scelle leur joie en l’embrassant tendrement. “Je crois que j’ai ma petite idée. Un portoloin t’attend, ne le rate pas, Moon sera sur place, et Algie de rejoindra également si je ne me trompe pas” Elle s’arrête, perplexe, et recule un peu. C’était une blague ? Elle n’allait quand même pas… “Je vais choisir ma robe à Paris ? Atlas, à Paris ? Oh par Merlin !” Elle étouffe un cri, et réfléchit alors au portoloin. Elle savait qu’elle était enceinte, tout du moins, supposément suite au dires de la voyante pendant l’interrogatoire. Mais c’était un secret qu’elle gardait de tous, même d’Atlas, dans la peur que l’oracle se soit trompé, cela arrive, et qu’elle le perde, encore. L’envie qui la tiraille de poser sur son ventre à chaque instant, et elle se retient de se réfugier dans la bibliothèque pour d’assurer de la sécurité de cette action. “Merci mon amour. Je vais me préparer. Tu me rejoins ce soir ?” Il hoche la tête, et ils se quittent après une dernière étreinte, et une dernière caresse de leurs lèvres. L’image même de l’amour.

Ses lectures l’ont un brin rassurées, et elle s’affaire à se rendre jolie pour ses essayages. Elle travaille ses cheveux de sa baguette pour former de jolis boucles qu’elle retient d’une pince fine, et se dépêche d’enfiler une robe seyante, rose pâle, elle se sent d’humeur romantique. Une touche de maquillage pour la forme, elle rayonne, elle n’a pas l’impression d’avoir besoin de camoufler quoique ce soit, au final. Elle fouille alors dans ses placards pour choisir des tenues dignes de la ville qu’elle va visiter, ose ajouter quelques pièces plus osées, inspirée par la ville de l’amour, sans savoir ce qu’avait prévu Atlas, et ajoute deux livres - pour s’endormir - dans son sac qu’elle miniaturise pour le porter plus facilement. Quelques sorts pour le rendre plus léger, et elle est fin prête à retrouver ses belles soeurs.

Théa avait sollicité l’aide de Moon, évidemment, la soeur d’Atlas qu’elle mourrait d’envie de connaître mieux. En effet, elle s’entendait si bien avec Méra qu’elle n’espérait qu’une chose : trouver un semblant d’atomes crochus avec la fille de la lune également. Quant à Algie, la demoiselle allait se marier à son frère, Hylas. Et si elle connaissait la douleur d’un mariage arrangé, elle voulait vraiment être une soeur exemplaire pour celle ci. Dans leurs échanges d’hiboux, celle ci lui avait semblé pleine d’esprit et profondément intelligente. Elle avait déjà eu une conversation longue avec Hylas, qui s’était transformé en un monologue ponctué des onomatopées habituelles de son frère. Et une fois n’est pas coutume, ça l’avait profondément agacée. Elle avait fini par le menacer de le transformer en citrouille si jamais il blessait la jeune femme. Il avait levé les yeux au ciel et Théa était partie en furie du manoir. C’est Méra, douce Méra, qui s’était faite porte parole du frère presque muet, arrivant à entendre dans ces silences tout ce que Théa ne distinguait pas. Méra avait eu un empêchement et l’avait prévenue qu’elle ne pourrait pas être présente. Un pincement au coeur, tout de même, mais le plus frappant fut lorsque sa mère refusa d’être présente. “Je suis venue aux essayages pour ton premier mariage, Théa.” Elle avait beaucoup pleuré, ce soir là.

Le portoloin l'emmène dans une rue pavée ensoleillée. Elle était heureuse d’avoir pris une capeline pour couvrir sa tête et vit très vite Algie arriver. Elles s’embrassent, la jeune femme est toujours en beauté, sourires complices, elles retrouvent bien vite Moon. Théa n’imagine plus tendre journée. Tous ses sens sont attirés par diverses merveilles. Elle sent le soleil qui caresse la peau de ses bras nus, le bruit de ses talons qui claquent avec une résonance différente, et la lumière, partout la lumière qui éclaire les bâtiments Haussmanniens. Ancienne femme d’un architecte, Théa avait découvert un intérêt particulier sur la construction des bâtiments. Et la France l'obsédait depuis toujours. Emerveillée par le moindre bruit, le sourire qui avait pris place sur son visage ne la quittait pas. Moon la serre contre elle, elle murmure un “Merci” émue, et elles entrent dans la boutique. “Bonjour. Je suis la mariée.” Son français ne vacille pas trop. Coeur qui bondit dans la poitrine, elle voit sa bague de fiançailles se refléter dans un rayon de soleil, c’est réel. Enfin. Elle va bientôt devenir Théa Flamel. “Merci de m’accompagner. Je suis vraiment ravie de vous voir, toutes les deux !” Puis, elle fait les présentations pendant que la vendeuse prépare leur espace d’essayage. “Moon, je te présente Algie Longbottom, qui est ma future belle soeur, elle est fiancée à Hylas, mon frère, mais aussi la soeur du témoin de ton frère. En somme, elle m’est très chère. Algie, voici Moon, la soeur d’Atlas, et je crois pouvoir dire que c’est grâce à toi que nous somme dans la plus belle capitale du monde, n’est ce pas ?” Elle se mord la lèvre, il est si incroyable d’être ici. Encore une fois, elle chasse son envie de caresser l’abri protégeant le fruit de leur amour, sûre de rien, encore moins de cela, elle ne dira rien, pas pour le moment, pas tant qu’elle n’est pas certaine. Pourtant, se dire qu’elle est accompagnée de leur bébé pour son premier voyage hors de ses terres est émouvant. Elle a les larmes aux yeux tant sa chance la frappe, irréelle. “Comment allez vous ? Racontez moi vos dernières nouvelles, je suis impatiente d’en savoir plus.”

Spoiler:

Elle a un souvenir si fort de sa première robe de mariée, Arctus la connaissait déjà, pas d’essayages en bonne et due forme, elle avait hérité de la robe de la défunte mère du Selwyn, déjà emmenée au cercueil avant même de passer à la cérémonie, qui fut retravaillé pour flatter les hanches de Théa. Iris lui avait dit, à l’époque, que s’il y avait bien une personne pour rendre cette robe triste, extraordinaire, c’était elle. Théa avait laissé échapper quelques larmes en entendant son amie la complimenter alors qu’elle se sentait déguisée : femme enfant dans une tenue d’antiquité, encore plus âgé que son mari. Pour son mariage avec Atlas, elle veut de la légèreté. Elle veut laisser imaginer ses courbes et sa peau pâle contre un tissu doux, elle ne veut que du vaporeux, quelque chose qui rappelle le nuage sur lequel elle se repose depuis qu’il lui a dit qu’il l’aimait face à la mer.

Théa avait l’impression de tisser un lien indéfectible avec deux nouvelles soeurs. Ca lui réchauffait le coeur d’avoir enfin des regards complices à la place des yeux qui se levaient étrangement vers le ciel quand elle parlait ces derniers temps. Elle était facilement irritable, et gardait une tendance à la provocation un peu trop développée. Elle devrait faire attention, mais c’est plus fort qu’elle. Elle n’aime pas se faire marcher sur les pieds, et prend peur facilement. Ici, elle se sent en sécurité, comme avec Atlas. En famille.

Elle porte douloureusement l’idée que ses deux comparses soient mariées de force. Elle sait Ô combien c’est difficile de se faire à l’idée et de supporter tout cela sereinement. “Certes, je dois reconnaître qu’il m’arrive beaucoup de belles choses.” Elle retient cette main vagabonde qui veut toucher son ventre. Elle meurt déjà d’envie de révéler cet évènement à tous, mais se retient à chaque fois. La potion a confirmé son état la veille. Il était trop tôt pour s’en réjouir auprès d’autres âmes, c’était Atlas qui devait avoir la primeur de la nouvelle de sa voix. “Mais dis moi, Moon, Ce Gaunt te traite bien ? Ou faut-il que je lui lance un sortilège lorsqu’il aura le dos tourné ?” Promesse scellée, elle n’a jamais eu peur d’un homme, encore moins d’un serpent nommé Amos. Il n’avait pas la belle réputation, et la belle tressaille à l’idée même d’être accordé à pareil homme. “Algie, je ne te cache pas que j’ai encore passé des heures à me chamailler avec Hylas, ce garçon a du naître avec la langue atrophiée pour parler si peu, c’est insensé. Espérons qu’au delà des mots il saura être un bon mari. Je n’aurai pas de regrets à lui jeter une malédiction.” Décidément, la future Flamel était d’humeur à utiliser sa baguette.

Elle se rend dans le boudoir, refuse une coupe de champagne offerte par la boutique et demande en échange un jus de pomme, pour accompagner ses futures soeurs. Théa a un sourire intérieur en voyant comme le personnel est au petit soin, elle sait pertinemment que son mari y laissera une partie de sa bourse. Elle sera raisonnable. Elle se marierait en sous vêtements avec Atlas s’il n’avait plus d’argent. Ce n’était pas cela qu’elle aimait chez lui, c’était une évidence. Déjà, on l’invite à essayer une première tenue. Elle se permet une précision devant ses comparses : “J’ai tendance à prendre du poids avec l’inquiétude, et un mariage n’est pas simple à gérer, alors prévoyez une taille supplémentaire au cas où.” Son français est un brin hésitant, mais le regard de Moon confirme que sa phrase est correct. Sa belle soeur lève les yeux au ciel comme si Théa avait sorti une énormité plus gigantesque encore que son futur ventre...

La vendeuse la regarde, suspicieuse, Théa espère ne pas en avoir trop dit. “En général, les mariées aussi fines que vous perdent encore plus de poids. De toutes les façons, le mariage a lieu prochainement, n’est ce pas ?” Un hochement de tête, elle confirme et passe derrière le paravent, la première robe déjà pendue. Les dentelles sont âgées, travaillées main, et la couturière replace la tenue sur le corps de Théa. Elle sort, tourne sur elle même dans un sourire, mais ne reste pas convaincue. “C’est une jolie dentelle, d’où vient-elle ?” La vendeuse accourt, et précise “De la dentelle Anglaise, Madame.” Un froncement de sourcil et elle se détaille dans le miroir. “Si dentelle il y a, je préférerais qu’elle vienne de Calais, sinon je n’aurais pas fait le déplacement en France. Qu’en pensez vous ?” Elle se tourne vers ses accompagnatrices dans un sourire de façade : ce n’est pas celle là. Tant pis, elle en essaiera d’autres !

Spoiler: