white christmas (asteri)

“white christmas.” & Jeunesse bercée entre ces quelques murs, un peu éloignés du monde, Asteri attendait toujours ce moment si précieux de l'année : le retour à la maison. Neige immaculée sur les toits et les rebords des fenêtres, les eaux gelées qui laissaient filtrer de magnifiques reflets mais surtout cette lumière chaleureuse qui réussissait tant bien que mal à apporter un peu de chaleur, avant de s'effacer pour laisser les étoiles décorer la nuit. Si depuis des générations la famille Black avait donné naissance à des sorciers, capables de magie d'un simple mouvement de baguette - pour réaliser parfois les rêves les plus fous - la magie qui pouvait ensorceler les fêtes de Noël restait à ses yeux la plus belle forme d'extraordinaire qui puisse. Douce mélancolie pourtant qui s'attache à son cœur quand il repense que bientôt il devra prendre un peu de recul, prendre ses responsabilités au lieu de les déléguer comme il en a eu tant l'habitude jusqu'à maintenant. Un envol vers de nouveaux horizons, déjà légèrement tâtés par sa curiosité incontrôlable, mais qu'il redoute tant. La paisible maison de Sirius constituait son foyer, tout comme la salle commune de la maison gryffondor pendant ses années d'études à Poudlard. Quelques mois, c'était tout ce qui le séparait désormais de la vrai médicomagie. Promesse informulée pourtant de toujours revenir ici, dans cette chambre qui l'avait vu grandir, à quelques mètres seulement de celle de sa sœur, Alcyone. Toujours revenir pour cette sensation unique de pouvoir sentir la pression d'une accolade de la part des êtres aimés. Mélancolie, vite remplacée par cette pointe d'excitation quand son regard ose dévier vers son armoire, petit paquet soigneusement emballé caché entre quelques vêtements. Il y avait renfermé tout son amour, impatient de pouvoir offrir son cadeau à sa sœur le jour de Noël. D'ailleurs, il en avait fait une priorité absolue, déléguant presque ses parents sur la liste. Il voulait la toucher, l'atteindre ne serait-ce que l'espace de quelques secondes, capter enfin une véritable attention de sa part. Parce qu'il le ressentait, elle lui filait entre les doigts, inexorablement.

Bruit de la porcelaine qui se brise, étouffé, lointain, mais qui parvient tout de même à le sortir de ses pensées. Il ne réagit pas tout à fait, se replonge rapidement dans ses occupations banales : cirer un vieux balai qui avait décidément besoin d'un peu de soins. Si l'envie lui prenait vraiment, il irait peut-être voler aux côtés des flocons tombant. Puis il entend la voix angoissée de sa mère qui s'élève dans la cage d'escalier, suivie de celle déterminée d'Alcyone. Il relève la tête, hésite. Quelques mètres seulement. Sa soeur ne l'inquiète pas trop, elle sait se débrouiller seule après tout - et lui aura démontré à maintes occasions - mais le ton employé par sa mère suffit à le convaincre. Il pousse un soupir, dépose le bout de tissus sur le bureau et finit par ouvrir la porte de sa chambre. Quelques mètres seulement, un couloir avant d'arriver à la chambre de sa sœur, juste en face de la sienne. Il se souvient de leurs moments passés ensembles lorsqu'ils n'étaient pas plus haut que trois pommes, à jouer dans tous les recoins possibles. Hester finissait toujours par hausser le ton, après tout ils laissent à chaque fois le désordre d'un troll ambulant derrière eux. Dans la chambre d'Asteri, la chambre d'Alcyone, près de la cheminée, dans la cuisine et même, quand ils en avaient l'audace, dans la chambre des parents. Un léger sourire franchit ses lèvres à ces souvenirs lointain, et c'est sur ceux-ci qu'il porte quelques coups sur la porte entrouverte devant lui, qu'il finit par pousser totalement. « Hé... C'était quoi, ce bruit? » Excuse fournie sur un plateau d'argent pour pouvoir lui voler quelques minutes. Il porte son regard à travers la pièce, s'arrête sur le lit aux draps défaits et au livre qui repose entre ceux-ci. Il désigne timidement l'objet des yeux, n'attend pas d'autorisation formelle avant de s'asseoir lourdement sur le matelas. Il saisit le bouquin, un semblant d'intérêt sur le visage. Trouver de quoi alimenter la discussion sans basculer à nouveau vers l'engueulade. « Les runes... C'est intéressant. » Il le repose, ses mains viennent se refermer sur ses genoux frêles, il observe la pièce d'un regard particulier. Plus le temps passait, et moins il mettait les pieds ici. Oh, ils avaient grandis évidemment. Mais une part de lui espérait encore pouvoir se quereller comme si de rien n'était, comme si le monde n'était pas si compliqué. Sentiment étrange alors qu'il analyse environnement. Comme si rien n'avait changé, mais paradoxalement comme si rien n'était vraiment à sa place. Il s'arrête sur la collection de babioles en tout genre de sa sœur, tout comme elle il l'avait vu grandir au fil des années. Légère couche de poussière qui les recouvre, égale au rideau de froideur qui commençait à emprisonner son cœur. Asteri a toujours eu ce côté observateur et perfectionniste, c'est pourquoi en baissant le regard il aperçoit quelques débris de porcelaines encore sur le plancher. Tasse en morceaux jetée sans aucune retenue dans la poubelle, il la voit désormais, la source de ce bruit. Alors machinalement, il sort sa baguette, répare le tout et le fait l'éviter jusqu'à sa position initiale sur l'étagère, où un léger cercle plus blanc que le restait indiquait l'endroit. C'était mieux ainsi...

 

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“white christmas.” & Tout est différent. Rien n’a changé pourtant – tous les objets qui ont pu construire la chambre d’Alcyone au fil des ans sont toujours à leur place, certains peut-être couverts d’un triste manteau gris. Triste, c’est le mot. Assis sur ce lit, le dos courbé par ce sentiment d’être devenu étranger, la tristesse s’empare d’Asteri. Tout est différent – ça se ressent dans l’air qu’on respire.

Timidement, il range sa baguette tantôt utilisée pour réparer la tasse brisée. Il voulait simplement lui rendre son sourire – il lui manque tant – sachant qu’au fond, la porcelaine n’était qu’un prétexte. Alors il relève la tête, pour guetter sa réaction. « Merci mais ça aurait pu rester à la poubelle. » Pincement au cœur, il efface rapidement la grimace venue s’installer sur son visage. À quoi s’attendait-il ? Il observe le moindre de ses mouvements, ses doigts qui viennent effleurer sa collection, autrefois précieuse. Il regrette ce temps-là ; ce temps où ses yeux brillaient sans aucune retenue. « Ast' … Tu penses que papa et maman m'autoriseraient à faire le réveillon de Noël ailleurs qu'ici cette année ? » Douce voix qui lui rappelle leur jeunesse, il a l’impression qu’Alcyone est de retour. Sa petite sœur… Pourtant le ton employé ne coïncide pas avec les propos lâchés au grand air, qui restent comme suspendus entre eux. Pris de court, il ne sait pas quoi répondre à cela. Noël est sans aucun doute sa période de l’année favorite, amenant avec elle cette aura si apaisante. Magique, même au sein d’une famille qui accueille des sorciers depuis des générations désormais. Il ne peut imaginer le réveillon près du feu avec un membre manquant – il ne veut pas… Ce serait comme lui arracher une partie du cœur à mains nues. Ses yeux sombres croisent le regard avide d’une réponse. Il sait, au fond, les raisons de cette demande. Il sait qui ose lui arracher le plus cher. Mais il effleure doucement cette pensée de son esprit, laissant simplement la fumée oppressante en suspens - dans un premier temps. Alcyone brise d’elle-même le contact visuel, s’approchant pour récupérer le bouquin de runes qu’Asteri avait remarqué plus tôt. Pendant un instant, il a cru qu’elle prendrait place là, à ses côtés. Mais ces choses là sont révolues depuis longtemps – quelqu’un d’autre lui a réservé un siège.  « Oublies, c'est stupide. » Il remarque l’embarras dans ce mouvement de la main qui vient essuyer son front, tout comme le ton à nouveau assuré et… froid. Distant.

Ce sentiment mélancolique motivant ses mouvements, il se relève du lit pour lui attraper le bras avant qu’elle ne se retourne. Tonnerre dans sa voix, il se veut autoritaire. « Alcy… Le réveillon de Noël ? Tu ne peux pas nous laisser ! » Il lâche un soupir douloureux, cherchant à capter à nouveau son attention. Devant cette femme, il ne peut rien -  il est bien incapable de tenir ce ton plus de quelques minables secondes. Il désire tellement revoir les étoiles brillantes dans ses yeux…
Et puis, il redoute la fin d’année. Elle marquerait définitivement la fin d’une époque, la fin de ce combat silencieux mais ravageur. Lui quittant probablement ce refuge pour l’indépendance que l’après Poudlard offre sur un plateau d’argent empoisonné, il ne pourrait plus la protéger. Plus de la même manière, de toute évidence… Si désormais ce qui les unis ne tient plus qu’à un fil, il est persuadé que la rupture ne saurait tarder. Tristesse, peur, solitude… Sentiments qui ne font que renforcer son dégoût pour la branche principale, celle que pourtant elle affectionne tant. Ce n’est pas les souvenirs d’un cousin proche pendant quelques années qui vont si facilement le faire céder à la cause, compte tenu qu’Antarès avait comme disparu des horizons. Cette simple idée lui fait reprendre un peu de contenance, sa voix se referme à nouveau. « Papa ne te laissera jamais ! Et même si par stupidité il t’autoriserait à te joindre à eux, je te retiendrais. Avec des moyens que tu ne peux imaginer, s’il le faut. » Il n'a jamais été très doué pour les menaces, elle font partie de ces arts qui lui sont difficiles. Mais il s’assure d’appuyer tout particulièrement sur les mots. Tout comme lorsqu’il était petit et qu’on lui comptait pour la première fois l’histoire de la famille, un haut-le-cœur le prend presque. « Enfin Alcyone, qu’est-ce qu’il te passe par la tête ? Qu’ont-t-ils de plus que nous à t’offrir ? » Il soulage enfin la pression sur son bras, sans pour autant quitter son regard. Ses lèvres s’entrouvrent à nouveau, prêtes à la sermonner plus longtemps. Rien ne sort… Il balbutie quelques mots incompréhensibles, avant de reprendre dans un calme déconcertant qui l’étonne lui-même. « Pense à maman, Alcy… » Asteri a pour habitude de toujours laisser son cœur parler sans retenue. Aussi pense-t-il pouvoir récupérer sa sœur de la même manière… Jamais il n’aurait imagé qu’un jour l’histoire qu’il déteste tant se répéterait, eux comme acteurs principaux.

 

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