Cartes sur table (tc lumos - post intrigue)

Les traits de son visage durcis par une sourde colère et une vive incompréhension, Errol fit son apparition au quartier général des Enfants de Morgane plusieurs heures avant leur grand rassemblement. La tentation d’une beuglante à faire parvenir à ses troupes afin de les convier à cette réunion l’avait démangé tout au long des derniers jours, mais il y avait renoncé par sécurité. Le teint encore livide, les yeux cernés et la démarche quelque peu titubante, les effets du poison se faisaient encore ressentir aux confins de ses veines. D'ailleurs, il ne se trouvait toujours pas maître de l’ensemble de ses pouvoirs. Il aurait pourtant voulu user de la magie et formuler des sorts afin de consolider les nombreuses défenses déjà existantes tout autour de l’immense demeure baroque située au cœur de la forêt qui portait son nom. Il ne le pouvait pas ... Il se sentait acculé, lui-même et cette organisation dont il était actuellement le chef et que son père avait créé.  Le Ministère et sans nul doute d’autres organisations de résistance dont les membres pouvaient avoir été impactés les traquerait tous, jusqu’au dernier d’entre eux. Ces derniers ne leur pardonneraient que difficilement voire jamais cette attaque en règle. La prise d’initiative de certains membres, dont il comptait bien obtenir les noms, risquait de les mener au chaos. Cet orage menaçant ne lui paraissait pas prompt à s’apaiser à l’instar de son mécontentement et de sa déception. Ils naviguaient depuis des mois sur une houle bien instable mais cette dernière se métamorphoserait peut-être bientôt en raz de marée.

Et pourtant, s'il ne pouvait taire ses reproches, il s'interdisait de leur sauter à la gorge ou de les agonir d’insultes. Des raisons ? Ses pairs en avaient sûrement, ils ne lui avaient pas dissimulé un si dangereux projet sans en posséder de solides. Elles lui déplairaient très certainement, mais il lui faudrait les entendre et tenter de rassembler à nouveau. De convaincre. Si des dissensions naissaient dans leurs rangs et si l’anarchie en résultait, seul Grindelwald en récolterait les fruits. Excentrique, audacieux, inconséquent lorsque la situation le lui permettait, il s’obligerait en cette soirée cruciale à se tempérer sans manquer de fermeté afin d’obtenir des précisions légitimes sur le déroulé des faits.

Le quinquagénaire mûrissait encore une stratégie d’approche lorsque le soleil descendit peu à peu par-delà la ligne d’horizon. L’heure approchait et il se rendit donc dans la cour intérieure du bâtiment.

- N’oubliez pas, le mot de passe est « le canard a le bec jaune », rappela-t—il au sorcier de garde.

Il s’éloigna et avisa la très longue table qui se dressait dans cet endroit clos. Il s’y assit sur un fauteuil au centre mais non en bout, car par mesure d’égalité personne ne s’y trouvait. Pas même lui. Il avait mis un point d'honneur à cette règle.

Silencieux, le regard pétillant de désapprobation, il assista à l’arrivée de chaque Enfant dont celle de Khalil Ashaan, dont il n’ignorait pas les violentes aspirations. Ce ballet de personnes dura environ un quart d’heure et lorsque tous furent installés, il s’autorisa à prendre la parole.

-  Bonsoir, je rentre directement dans le vif du sujet, déclara-t-il d'un ton cassant. Ceci est une réunion de crise et d’urgence. Depuis que plusieurs d’entre vous ont fait preuve d’un zèle inconsidéré avec les ordres donnés et ont envoyé des centaines de personnes aux portes de Ste Mangouste, nous sommes devenus les têtes à abattre. Le Ministère nous pourchassait mais il n’est désormais plus le seul à nous pointer du doigt, puisque nous nous sommes aussi mis à dos d’autres résistants.

Il reprit son souffle et s’efforça de conserver un calme tout relatif. Un effort considérable au regard de la situation désastreuse dans laquelle tous se trouvaient.

- Au vu des faits, je pense que tous ceux, ici présents, qui n’ont pas eu l’honneur d’être mis au courant de certaines intentions, méritent donc au minimum quelques explications et des réponses. Qui ? Comment ? Et surtout pourquoi ?

« Le canard a le bec jaune. » Souffla Abelforth à l'intention du sorcier de garde sans regarder toutefois ce dernier, le regard balayant les alentours. S'il arrivait seul, il savait qu'il retrouverait bon nombre de ses camarades une fois le seuil de la porte passé. Quelques jours avaient passé depuis l'empoisonnement, et s'il pensait que rien ne pouvait le faire descendre de son petit nuage depuis l'annonce de la grossesse de Minerva ; il avait tord. Évidement, il ne s'attendait pas à un accueil des plus chaleureux de la part d'Errol et des autres qui n'avaient pas été mis au courant de l'élargissement de l'empoisonnement. Une légère appréhension lui tordant le ventre, il s'engagea dans l'immense demeure. Son regard se posa immédiatement sur Khalil qui lui adressa un signe de tête. Le vieil homme rejoignait les ambitions d'Abel, et il avait énormément de respect pour l'exotique bonhomme. Dans un regard appuyé, il s'avança et rejoignit @Nile Shafiq alors que le leader prenait la parole. En rentrant directement dans le vif du sujet. Abel croisa les bras, écoutant attentivement le père Lovegood. Alors que les questions résonnèrent face au silence de l'Assemblée, Abel hésita, puisque, quelques instants plus tard, décida de se lever, affrontant le regard de tous les Enfants présents. Il était temps d'assumer, d'avouer ; de faire ouvrir les yeux au reste de leur groupe scindé. « Moi. Parmi d'autres. » Déclara-t-il en plongeant son regard dans celui d'@Errol Lovegood. Il savait que son chef, mentor, ami, allait être déçu. « Il fallait que ce soit plus impactant. Qu'on se souvienne de ce jour. N'était-ce pas l'objectif de l'opération ? Chaque sorcier londonien sait maintenant qui nous sommes, et pourquoi nous agissons. Pour l'égalité. Enfin ils découvrent le véritable sens de cette notion. Sans violence et sans blessés. N'était-ce pas là l'objectif ? » Demanda Abel, haut et fort, en détaillant ses semblables autour de lui, évitant le regard des autres Enfants impliqués, ne souhaitant pas décider de leur anonymat à leur place.

Spoiler:

Par le pyjama de Merlin.
Quel est donc ce foutu mot de passe ?

« Heu … je crois qu'il est question d'un canard ? » Un canard. UN CANARD. Erroll et ses foutues ''précautions''. « Come on mate, on se connaît ! » Mais le sorcier placé de garde est aussi implacable que la grosse dame qui garde l'entrée du dortoirs des Gryffondor.

Oh, toutes les nuits qu'il aurait passé dans les escaliers, si Genesis ou Algie n'étaient pas constamment cousues à son ombre pour retenir le mot de passe à sa place. Pour retenir des formules d'arithmancie compliquées ou pour se souvenir de ce qu'il avait eu au petit déjeuner, ce beau matin d'été à Mascate lorsqu'il avait onze ans, Nile était votre homme, mais pour se remémorer ce que faisait ce crétin de canard, il n'y avait plus personne. Les mains greffés sur sa taille, le briseur de sort toise son camarade d'un regard frustré. Réfléchis, Nile. Il se remémore le grain du parchemin entre ses doigts, et les mots qui s'agitent devant ses pupilles. La lettre, aussitôt réduite au cendre, son précieux mot de passe dévoré par les flammes.

« Jaune est le canard qui ... ? » Toujours pas. Et ça l'amuse en plus, ce bougre. L'omanais tape du pieds sur le sol, comme un enfant à qui l'on refuse une sucrerie. Canard, jaune : les pièces du puzzle s'assemblent doucement. Il s'imagine la petite bête : les pâtes palmées, les plumes colorées, les yeux noirs et … « Le bec ! Le canard a le bec jaune ! » Bingo !

Quel mot de passe pourri.

Tout penaud, le briseur de sort traîne ses pieds jusqu'à la grande bâtisse. Cette convocation ne promet rien de bon, pense-t-il, un léger sourire à la commissure des lèvres. Il fallait s'y attendre : leurs actions ne resteraient pas sans conséquences, et ils étaient prêt à encaisser les réprimandes de leur chef. Qui ? Eux, tout ceux ayant estimé que le plan original requérait quelques modifications. Khalil l'avait approché, et Nile n'avait pas hésité un instant. Quitte à frapper fort, pourquoi faire les choses à moitié ? Aujourd'hui encore, et malgré les retombées et les tristes conséquences que son geste avaient engendré vis-à-vis de Genesis, il ne le regrette pas. Et s'il lui faudrait se revendiquer, alors il le ferait sans honte.

Pour autant, il se trimballe d'une humeur particulièrement massacrante, et quand tel est le cas, cynisme et défiance deviennent ses meilleures armes. En pénétrant dans la grande salle, il salue Errol et les autres partisans déjà présent d'un hochement de tête. Les regards s'attardent sur lui : en ce lieux, chacun connaît les opinions de l'omanais, qu'il n'a jamais eu la présence d'esprit de dissimuler. Si coupable existe, il est tout trouvé. Pourtant, Abelforth arrive bientôt pour partager son fardeau. Et quand le senior Lovegood rentre dans le vif du sujet, le cadet Dumbledore se lève déjà pour lui tenir tête.

Ignorant les chaises, Nile s’assoit sur la table d'une manière insolente et irrévérencieuse. Feignant la surprise d'un halètement bruyant lorsque son acolyte s'avoue responsable, sa fausse surprise se mue bientôt en hochement de tête vivaces.

« Londres est infesté de rats, intervient-il ensuite, moins diplomate que son confrère. Même au sein de leur petite troupe de rebelles, les opinions diffèrent. Et tous n'étaient pas conviées à ces noces. Mais ils n'ont désormais nulle part où se terrer. »

Tous ces gens qui trouvent plus facile de tourner le regard paieront le même prix pour leur complicité. Telle est la raison qui a charmé Nile.

« Tant que nous y sommes, poursuit-il, d'un ton plus espiègle, arrogant au possible, Nous pourrions en profiter pour discuter d'un nouveau nom ? L'époque où cette organisation n'était qu'une sorte de club de lecture est révolue, et je dois avouer avoir été un peu gêné, au mariage, en écoutant la beuglante. »

Cue le rictus qui ne manquerait pas d'en insurger certains.

Ainsi @Abelforth Dumbledore, son bras droit, son binôme, lui avait tu cette initiative quelque peu extrême. Un pincement se faufila presque cruel au creux de sa poitrine. Déception et incompréhension se lisaient aux confins de ses yeux aux bordures ridées. Il soutint le regard de son ami tandis que ce dernier s’expliquait. Errol comprenait la frustration d’immobilisme et le désir des Enfants de Morgane à s’adonner à plus d’interventions et à plus de violences envers le tyran en place. N’était-ce pas pour cette raison précisément que ce plan d’empoisonnement ciblé avait été établi et mûrement réfléchi ? Introduire le ver dans les fruits de propagande si parfaite de la confédération, abaisser les troupes de Grindelwald à l’état de ceux qu’elles martyrisaient et les priver de leur magie ?... Lui-même éprouvait un écœurement profond pour tous ces crimes au nom d’une immonde idéologie. L’esclavage ignoble envers les plus faibles l’avait d’ailleurs poussé à refouler voire à balayer bon nombre de ses valeurs humanistes et à proposer ce plan d'attaque.  Hélas, ce complot n’avait pas revêtu assez d’importance, assez d’impact pour étancher la soif d’actions de ses pairs. Il le regrettait mais ne pouvait consentir à ces agissements impulsifs aux conséquences incertaines et dangereuses. Le quinquagénaire se refusait également à approuver des dissimulations en particulier de cet ordre au sein du groupe. C’est cela qui l’affectait le plus, plus qu’une désobéissance. Ils étaient un tout, ils devaient être un tout.

Le chef s’apprêtait à répondre au jeune Dumbledore, lorsque @Nile Shafiq fit son apparition. Provocant, impertinent, arrogant… fier même de ses actes. Le caractère du briseur de sort parfois l’agaçait mais plus généralement l’amusait. Mais pas ce soir. Son attitude le fit plutôt contracter la mâchoire.

- Lorsque l’insolence s’engouffre par la fenêtre, la décence s’envole par la porte, sans doute est-ce par-là que s’est aussi enfuie ta jugeotte, Nile, rétorqua-t-il cinglant. Des rats, dis-tu ?

Il s’autorisa à prendre la baguette sans vie, sans étincelles, de @Rylan Carrow présente à ses côtés, saisit également la sienne et les fit toutes deux rouler vers son interlocuteur, afin qu'il constate de ses yeux les sacrifiés de cette offensive. Son sans-gêne et son inconscience lui meurtrissaient les tempes d’une naissante migraine.

- Je t’en présente donc un volontaire, moi, ainsi qu’une bien involontaire malheureusement, dit-il en désignant la jeune Carrow.  Je suppose que nous comptons parmi ces infâmes rongeurs, puisque nous n’avons pas eu le privilège d’être mis au courant ? Qui parmi vous viendrait assumer le fait d’envoyer les siens à Ste Mangouste ? Sortir victorieux de cette histoire et jouer les fanfarons, c’est bien joli, mais ça demande aussi d’endosser quelques responsabilités, comme par exemple tenir les cheveux à une camarade à qui on n'a rien dit pendant qu’elle vomit et perd sa magie ! Où étiez-vous à ce moment-là ? Oseriez-vous lui dire en face qu'elle est un dommage collatéral regrettable mais nécessaire ?

Sa voix empreinte d'autorité et de différentes octaves claqua, tel un éclair, dans la salle.

- Et qui irait aujourd’hui affronter les autres résistants qui ont été touchés et ont vu leurs pouvoirs déguerpir ? Je doute qu’ils viennent nous remercier et nous serrer la main. Nous sommes seuls.  Tu as raison sur un point, Nile, ils ne se terrent plus, plus personne ne se terre, car maintenant ceux que tout le monde cherche à déterrer, c'est nous.

Néanmoins, l’irrespect du jeune sorcier frappa derechef. Sa demande de changement d’appellation du groupe, bien que lui-même y ait parfois pensé, et en particulier la façon dont il la formula, chassa ses dernières miettes de patience et de diplomatie. Un tourbillon de colère se fraya un chemin à coup de griffes au plus profond de lui et de ses poumons, laissant un goût de cendres à sa gorge sèche. Il songea d’abord à Orfeo, empoisonné car il n’avait pas pu le prévenir, puis à son père Jason, créateur de ce mouvement et non d’un club de lecture, ce à quoi venait de l'abaisser Nile ... Sa famille attaquée par des non-dits puis par des « trop-dits » et ce par les siens, cela dépassait l’entendement. Sans un mot de plus, Errol se leva d’un bond, son fauteuil chuta en arrière en un bruit retentissant, puis les poings serrés il se dirigea vers la sortie de la bâtisse, bien décidé dans cet emportement si rare à tout abandonner. Eux, la Résistance, les Moldus. Tout.

Seule l’intervention d’@Addolorata Alighieri, sage italienne aux idées posées et réfléchies, le refréna dans sa course. Il leur tournait encore le dos, ne sachant encore quel chemin choisir, mais écoutait avec une grande attention et soupesait tous les propos de la libraire sans intervenir. Son raisonnement accentué d’une très intéressante logique l’apaisa peu à peu. Il inspira profondément avant de reprendre la parole.

- En effet, il y a plusieurs tendances parmi nous, même si les vôtres sont moins utopistes et plus radicales que les miennes, il ne m’appartient pas de les juger ni de vous juger. Comme il ne vous appartient pas de me juger ou de juger opportun de cacher des informations d’une telle importance à d’autres Enfants, car ils n’ont pas la même opinion que la vôtre. Cela est bon sur les bancs du Ministère, pas ici.

Il se retourna enfin et s’adressa à eux avec un timbre grave certes mais plus conciliant.

- Plus qu’un changement de nom, il faut concilier nos idées, les fédérer et surtout nous écouter. Une armée - tiens Nile que penses-tu de l’Armée de Morgane ? - se doit d’avoir ce socle solide pour mieux frapper. Quelques coups d'épée dans l'eau peut faire vaciller le navire mais ne le fera pas couler.  Une légion bien préparée, elle, pourra y parvenir. Dans le cas contraire, comme tu le dis si bien Addolorata, nous serons condamnés à toujours faire un pas en avant et deux en arrière. Je suis votre chef, d’accord, mais ce n’est qu’un titre et mon but n’est pas de vous gouverner ou d’étouffer votre mécontentement ou vos propositions. Nous pouvons tous en débattre et choisir quelle direction prendre, ensemble. Donc oui, une nouvelle structure mais cette fois-ci avec des fondations saines de confiance. Et quel meilleur moyen pour un nouveau départ, qu’un serment inviolable entre nous ?  

Spoiler:

ce fameux empoissonnement.

tu en as touché quelques mots avec abelforth. tu n'as pas été tendre, la furie qui s'est une nouvelle fois échappée pour avoir les réponses qu'elle attendait. tu n'as pas été déçue. et voilà que le lovegood convoque tout le monde pour une réunion des plus urgentes, et tu te doutes bien qu'il s'agit là de discuter de ce qu'il s'est produit durant les noces des blagues. bien. toi aussi tu veux un peu plus de réponses, un peu plus de noms à blâmer. le mot de passe en tête - il serait bête de l'oublier - et l'époux qui ne se doute de rien, tu pars en direction du quartier général.

– le canard a le bec jaune. que tu murmures au sorcier de garde et tu roules une nouvelle fois des yeux en disant ces mots à haute voix. un mot de passe aussi ridicule n'est bien entendu que le fruit de l'imagination du lovegood qui vous a tous réunis ici.

tu aperçois quelques têtes que tu connais déjà, d'autres que tu reconnais un peu moins mais la mémoire te joues des tours quelques fois. les faciès se mêlent dans l'esprit et disparaissent bien vite. tu hoches la tête pour saluer. il y a bien sûr abelforth, toujours au poste. un shafiq, nile tu crois qu'il s'appelle si tes souvenirs sont bons, mais tu n'as jamais vraiment engagé la conversation avec lui. addolorata, bien entendu. et le petite lovegood, si reconnaissable avec ses cheveux et son air toujours plaqué sur le visage. tu t'assois un peu à l'écart, jambes et bras croisés.

tu hausses un sourcil. abelforth, tu savais déjà qu'il avait joué un rôle, mais pas le shafiq. interessant. addolorata prend la parole, et ses mots amènent un sourire moqueur sur ton visage. elle a raison. peut-être est-ce bien la seule ici avec un peu de jugeote, avec un peu de matière grise dans la cervelle. les voix qui grondent, tu sens le tonnerre arriver lentement mais sûrement. les divergences d'opinions qui se font ressentir. tu n'en dis rien, pourtant. pour l'instant. ils se battent déjà entre eux, pas besoin d'en rajouter une couche. les yeux qui s'ouvrent en grand lorsque le lovegood parle d'un serment inviolable.

– un serment inviolable ? que tu murmures à toi-même, le cœur qui commence à battre à la chamade. tu n'as pas signé pour ça. une telle action, si drastique. quelle idée d'en arriver là, juste parce-qu'une bande d'idiots ont décidés de ne pas suivre les instructions comme il l'était convenu.

Si on le lui demandait, il estimerait avoir été encore trop clément. En attendant que le poison quitte le corps de ses hôtes, Nile s'amuserait de voir les masses courir dans tous les sens comme des poules auxquelles on aurait coupé la tête. Éprouve-t-il des remords lorsqu'Errol le vise de son discours moralisateur ? Il regrette surtout que certains de ses confrères et consœurs auraient objectés à leur plan. Un mal nécessaire, argumentera-t-il une fois que l'ancien aura terminé de le sermonner comme un enfant. Il lui parle de jugeote -comme si il en avait jamais eu- sans faire beaucoup plus de sens, et quand il fait rouler les baguettes en sa direction, comme si le geste avait été pensé et répété, l'héritier Shafiq ne peut s'empêcher de rouler des yeux. Les Lovegood, toujours si dramatiques. Loin de se laisser démonter, les doigts malicieux glissent sur la table pour ramasser l'outil magique de leur leader et la faire tourner entre ses phalanges. D'un mouvement de poignet, et sans ouvrir les lippes, il fait tourner les chaises vides sur elle-même, démontrant ainsi ses capacités sorcières intactes et rajoutant de l'huile sur le feu, plus par moquerie que par véritable provocation.

« Descend-donc de tes grands chevaux, veux-tu ? Rétorque-t-il en renvoyant la baguette rouler vers son propriétaire. Nous connaissons les effets du poison, et nous savons également qu'ils seront temporaires. Eux l'ignorent, et ils ont peur. » Abelforth n'aura qu'à se charger des excuses, lui qui est bien plus diplomate. Nile, lui, soutiendra le regard de Rylan.

Un dommage collatéral regrettable mais nécessaire.
Il n'aurait pas dit mieux.

Et quand il mentionne les ''autres résistants'', il ne peut s'empêcher de pester à nouveau, son animosité le promptant à songer immédiatement au Phoenix et à se mordre la langue pour ne pas cracher son venin sur cette organisation qu'il a malgré tout juré de garder secrète. Pourtant, il n'en pense pas moins : leur façon de ''résister'' s’apparentant à attendre les bras croisés que quelque chose se passe. Qu'ils pleurent donc la perte de leurs pouvoirs, eux aussi. Qu'ils se regardent dans la glace et qu'ils se posent les bonnes questions.

Non, il ne se sentira pas mal pour quiconque se repose sur leurs lauriers, qu'il s'agisse de ceux qui ont montés l'Ordre du Phoenix, les pauvres bougres pleurant le sort de leurs amis né-moldus mais tremblant dans leur chausses lorsque le regard d'un aigle croise le leur, ou même ses confrères qui préféreraient encore jouer à cache-cache dans les bois indéfiniment. S'amusant presque de la réaction pour le moins théâtrale du chanteur face à son impertinence sadique, son rictus répond aux œillades assassines des extravagants Lovegood, que l'arrivée d'une certaine libraire convaincra finalement de s'attarder. Formidable, réprime Nile tandis que sa mâchoire se serre en l'expression de celui qui a croqué dans un fruit pas si mûr. Addolorata « Madame-Je-Sais-Tout » Alighieri répond d'une pique bien à elle qui lui arrache un petit rire. Le sale gosse se tourne alors vers l'italienne, seulement pour récolter ce qu'il avait lui-même semé en une légère tape à l'arrière du crâne. Toujours dans la violence celle-là, pense-t-il en s'agrippant la nuque comme si un cheval venait de lui asséner un coup de sabot.

Entre elle et Errol, il avait l'impression de se faire remonter les bretelles par ses deux parents. Tariq, le père sanguin dont le regard appuyait les propos fermes, mais pédagogues, si un tantinet condescendant d'une Inès plus modérée. Et si ces remises au pied n'avaient pas eu tant d'effet que ça à l'époque, il était resté tout aussi têtu. Qu'ils perdent leur temps à déblatérer de politique si ils s'en sentaient si privilégiés, lui préférait les actions à la parole.

« Vous rendez plus compliqué ce qui n'a pas besoin de l'être, intervient-il en haussant un sourcil et en s'adossant sur une chaise. Ce petit groupe d'idéaliste vient de priver la majorité de la populace sorcière de ses pouvoirs, ironise-t-il d'un ton fier. Et nous l'avons fait sans l'aide de personne. Si certains ne reconnaissent pas déjà la légitimité de nos actions, je suis pour qu'on les laisse derrière. »

Il croise les bras d'un air boudeur.

« Nous avons commis une erreur en donnant au ministère le temps de se retourner, continue-t-il, la mâchoire serrée. Les jours suivant les noces avaient été marqués par le chaos. Si ça ne tenait qu'à moi, j'en aurais profité pour le prendre d'assaut. » Nouveau coup d'état, emballé c'est pesé. Le peuple s'était aisément accommodé au régime despotique de leur cher ministre : tout le monde veut se trouver du côté des gagnants au final.

Et puis, Grindelwald ne pouvait pas être si puissant que ça. Pas devant toute une Armée.

« Forcément de Morgane ? » Ne peut-il s'empêcher de rétorquer, bravant les regards réprobateurs d'un sourire arrogant.

… Avant de manquer de s'étrangler sur la proposition folle de leur leader.

Un serment inviolable ?

L'ancien était-il devenu fou ? Était-ce là un effet secondaire du poison ?

« Et quel genre de promesse souhaiterais-tu qu'on se fasse ? » Ose-t-il après un instant de silence en haussant un sourcil, intrigué malgré lui par le danger émanant de cette proposition insensée.

Bien qu'il savait déjà que Lovegood ne lui ferait jamais jurer quoi que ce soit.

Spoiler: