Nuit fauve (Isobel)

Le feu crépite dans l’ancienne cheminée en pierre dans la maison au bout de la falaise. Le feu revient, toujours là, toujours éclatant allumer de sa magie bienfaitrice et fondatrice. Les mains à la couleur métisse viennent se refermer sur la sangle de côté de la cuirasse en peau de dragon qui vient protéger le buste et le ventre de la femme aux tresses. D’un mouvement maintenant habitué, la femme aux yeux de chatte laisse son regard aller dans le vide. La préparation à une chasse sacrée en compagnie de sa mère est toujours un moment privilégier. Minerva McGonagall autant qu’Isobel ont enfin retrouvé leur pouvoir en ce mois d’octobre bienvenu. Tout du moins, Minerva avait maintenant l’acquisition complète de ces derniers contrairement à Isobel qui ne les avait pas encore totalement retrouver. Pour la chasse cependant, ce serait suffisant et de toute façon leurs animaux totems respectifs étaient bien trop à l’étroit. La magie revenue, les femmes McGonagall ne pouvaient s’empêcher de revenir à leurs habitudes : celles d’aller chasser.
Ces chasses étaient d’une douce note particulière pour Minerva. Si elle aimait chasser avec Atlas Flamel par exemple, cela n’avait rien à voir avec les chasses qu’elle faisait avec sa mère. Chasser avec Isobel c’était réapprendre la vie. Isobel était toujours plus expérimenté que Minerva et Minerva l’écoutait, Isobel pouvait se targuer d’être une des seules avec Artemisia probablement, de pouvoir faire faire quelque chose à Minerva sans discuter davantage. Mais observer sa mère sous forme de lionne avait quelque chose de plus cependant, comme une petite magie que seules elles deux pouvaient contempler.
Rassemblant ses tresses en un chignon de manière à ce qu’elles ne la gêne pas, elle entendit des pas arriver et son regard se posa alors sur sa mère. Un petit sourire fier et doux se glisse sur les lèvres de Minerva qui finit par souffler solenellement :
« Allons-y. »
Les deux femmes sortirent alors dans la nuit déjà bien avancée. Les félins étaient des animaux nocturnes et si parfois Isobel et Minerva sortaient chasser en plein jour, elles avaient aussi une aisance particulière pour chasser de nuit où la faune se réveillait parfois et se révélait être intéressante.
La lune n’est qu’un croissant mais suffisante pour les éclairer, humaines jusqu’à la forêt. Sur le haut de la falaise, on peut observer les deux silhouettes féminines marcher d’un pas déterminé telles des sorcières allant à leur sabbat.
L’excitation commence à monter et Minerva sait qu’elle a attendu ce moment particulier entre mère et fille depuis un trop long mois de souffrance et de stress interne qu’elle n’a pu malheureusement laisser s’extérioriser pour le bien de tous. Pourtant, elle ressent encore les effets de ce silence qu’elle s’est imposée et son cœur se retrouve craquelé. Elle dort encore mal, pas complètement sereine surtout vis-à-vis d’Abelforth, même si maintenant elle sait tout et se souvient de tout. Il y avait pourtant d’autres choses qui rentraient en compte tel que le sort d’Artemisia et d’Alphard, l’Ordre qu’elle cimentait en organisant leurs refuges. La vie de Minerva, quand bien même maintenant les craintes des absences de mémoires des deux hommes importants de sa vie étaient éloignés, n’était pas de tout repos et il y avait un sujet qu’elle souhaitait aborder avec sa mère, deux plus précisément : le bébé qu’elle portait et la malédiction.
Mais pour l’instant, la femme laissa place à la chatte qui aussitôt vit à ses côtés la majestueuse lionne. Le ronronnement de Minerva se fit entendre, véritablement émue et heureuse de la revoir avant de se frotter contre sa patte, donnant des coups de tête affectueux.
Ca m’avait manqué tout ça, maman. pense-t-elle avant de finalement bondir sur ses pattes et se mettre à courir.
Elle le sait pourtant : elle doit faire attention au bébé et que ses transformations risques de se faire de plus en plus limités plus la grossesse avancerait dans le temps. Cela la frustre d’avance. Elle a passé un mois sans pouvoir le faire et de savoir qu’elle allait devoir se limiter n’était pas plaisant quoique nécessaire pour l’enfant qui pourrait avoir trop de chamboulement magique lors du dernier terme. Minerva n’y pense cependant plus et se dédie complètement à la chasse, avançant au maximum pour essayer de suivre sa mère qui avait des foulées plus importantes. Elle savait qu’Isobel pourrait ne pas tenir très longtemps sa transformation aussi, pour ne rien gâcher à la chasse avait-elle pensé à emmener avec elle dans sa besace sans fond, le fusil de Robert.