atlas - if I only could make a deal with God

1882 - naissance en France 1897 - fin du cursus scolaire à Beauxbâtons, transfert à Poudlard 1899 - fin du cursus scolaire à Poudlard, envoyé au Cap 1902 - fin de la guerre des Boers, prolonge son séjour en Afrique, 1905 - retour en métropole, quelques mois.  1905-1908 - Travaille pour la police française. 1908 - envoyé aux Indes 1910 - mariage avec Ms Margaret Barhnam, fille d'un négociant anglais 1913 - veuf, retour en Angleterre

⅋ stress post traumatique, réminiscences de la mort de son épouse en Inde : le moindre feu d'artifice le rend malade. 
⅋ mélomane, rassuré par la familiarité et la répétition qu'il y a à faire ses gammes. Son répertoire n'est pas étoffé, préférant les mélodies familières.
⅋ croyant. En Dieu, en quelque chose d'après la mort qui nous dépasse tous : rêve d'un message d'amour, d'acceptation. Se rend à la messe régulièrement, en secret. Anglican.*
⅋ ne fait de repas corrects qu'en société : alimentation liquide (alcool - bon vin de préférence) ou déstructurée. Semble avoir perdu le sens du goût.
⅋ parle couramment français et anglais, quoi qu'avec un léger accent. Capable de lire le latin et d'en tirer le sens, de comprendre quelques rudiments de danois ou de sanskrit bien qu'il soit incapable de tenir une conversation.



 I. Ce nom de famille est peut-être trop lourd à porter. La société française comme la société anglaise, trop rigides. Atlas a beau avoir les cartes en main pour s'y épanouir, il lui semble avoir soif d'autre chose. Ce n'est pas juste  une rivalité avec un frère brillant. Autre chose que l'alchimie familiale, qui le fascine pourtant. Elle lui donne le sentiment merveilleux de pouvoir tout maîtriser. Ses parents s'efforcent de ne pas le laisser développer des tocs. On dit que c'est un enfant doux, mais nerveux. Il se relève la nuit pour vérifier que la porte d'entrée est fermée. Aime contempler des partitions de musique et réclame à corps et à cris un instrument. Ces zones de sombre sur du clair, en petites lignes bien ordonnées. C'est merveilleux avant même de produire des sons.
Il prend sa décision assez tôt et s'y fixe avec une obstination qui ne lui ressemble pas. Il fera le début de sa scolarité à Beauxbâtons avant de rejoindre Poudlard. Ses parents cherchent à le raisonner. Il s'obstine. Si on l'envoie à Poudlard, il fuguera. Il met la menace à exécution l'été précédant l'envoi des lettres. Obstiné mais prévoyant.
Comment leur avouer que le château anglais lui fait diablement envie mais qu'il a conscience qu'il vivrait dans l'ombre de son frère ?  

Spoiler:

III. « Flamel ? Vous parlez français, j’ai juste ? » « Oui, mon commandant. » «  Vous partez pour Le Cap. La Couronne entend mater les insurrections moldues. » Il obéit.
Atlas a toujours aimé les moldus, mais il fait passer l’ordre avant tout. Il préfère prendre ses ordres de La Couronne, tant qu’elle ne s’oppose pas aux présidents français. Un voyant leur a montré les progrès technologiques que feront les moldus lors du milieu du prochain siècle. Il n’en a pas dormi plusieurs jours. Il faut des Etats forts, qui se tiendront en respect.
Le Cap n’est pas ce à quoi il s’attendait. Son courrier sera lu, aussi prend-il l’habitude d’en ôter tout ce qui pourrait inquiéter ses proches. Il en vient lui-même à faire l’impasse sur les privations, la peur d’une attaque imminente. Le soleil sur les plaines au lever du soleil est suffisamment splendide pour qu’il manque d’oublier que ses missions de repérage pourraient lui coûter la vie. Il fait une cible facile dans les airs, même dissimulé.



 IV. Frangin,
J'espère que tu vas bien.
Je suis heureux de t'annoncer que les conflits ont cessé. Ma lettre arrivera sans doute après les annonces moldues, mais si tu n'as pas été mis au courant : tout va pour le mieux.
Je rentrerai quelques jours auprès de vous tous, avant de revenir ici. Il est question de créer des ponts avec les communautés qui se sont ralliées à notre cause, et je ne peux que te dire que le programme est alléchant. Ils semblent maîtriser une autre forme d'alchimie, s'intéresser à la métamorphose et l'astronomie. Tout ce que j'aime semble m'être servi sur un plateau, sauf peut-être la musique classique ? Je devrais suivre l'équivalent de deux, trois ans ici. Vous pourrez venir me rendre visite.
J'arriverai samedi en quinze. Embrasse notre croissant de lune bien-aimé et les parents. J'ai hâte de vous voir !


V.« Comment veux-tu transformer quoi que ce soit si tu restes attaché à cette enveloppe, Atlas ? »  Pourquoi diable accepte-t-il ? Par curiosité ? Dans une quête pour améliorer ce corps qui ne le sert pas assez bien en intervention ? Pour en mettre plein la vue à sa famille d’alchimistes, en ramenant un savoir qu’ils ne connaissent pas. « Ce sera peut-être pénible. Vous autres sorciers européens ne savez pas faire cela. Nos jeunes savaient le faire quand tu ne savais pas encore te déplacer par la force de l’esprit. » Le processus est en effet long et complexe. Le résultat incertain.
Atlas voit ressurgir ses rêves d’enfant. Il va être plus. Il va se révéler quelque chose. Son amante, sorcière namibienne, l’a prévenu qu’il ne pouvait pas savoir ce en quoi il se transformerait. Il y a parfois des liens avec le patronus, mais sans garantie. L’animagus traduit quelque chose de plus profond. La peau d’Atlas se déforme, se couvre d’une fourrure d’un noir de jais, ses yeux clairs n’en sont que plus visibles. Revenu à sa forme humaine, il n’est pas peu fier d’être devenu une panthère noire.
Elle le regarde avec froideur. « Et c’est tout l’effet que ça te fait ? C’est pas un animal roi, chez vous ? » « En quelque sorte. C’est aussi un animal solitaire, Atlas. Comme lui, tu seras seul, sans meute, peut-être toute ta vie. » « Génial, je me sens soutenu. Un vrai bonheur. Quand je pense que j’étais content de rester pour toi … » mensonges pour cacher qu’il est profondément vexé. Il restait par attachement  - oserait-il dire de l’amour ?- et par soif de connaissances. Les deux semblent se tarir. Il est animagus maintenant, qu’elle aille au diable. Il est hors de question qu’il reste seul. Ce n’est pas sa vie. Sa famille ne l’a jamais forcé à se marier mais il fondera un foyer. Qu’est-ce qu’elle en sait, merde ? « Oh tu trouveras quelqu’un d’autre, Atlas. Mais demande-toi pourquoi. L’Orient ne sera pas embrasé que tu m’auras déjà oubliée deux fois. » Il ne lui demande pas la signification de tout cela.

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VIII. Son oreille s'est habituée aux bruits de la jungle. Hululement des loups, suintements des serpents, ronronnement de la panthère. Tous sont mortels, mais ils craignent moins les bêtes que les sorciers. Rien n'est plus doux que d'entendre son épouse faisant ses gammes lorsqu'il approche de la base. 
Les sorciers ne parleront guère de la conquête des Indes. Les moldus, bien des décennies passées, parleront d'un mouvement non-violent. Ce n'est pas le quotidien d'Atlas. Sa vie se résume à courir après les groupuscules violents, composés de sorciers comme de moldus. Ils sont armés et haïssent ces colons. Devant l'effort, cernés de bêtes sauvages et menacés d'indépendantistes, les alliances font la force. Les deux côtés de la Manche oeuvrent de concert, espérant se partager le territoire. Les moldus qui ont compris l'existence des sorciers se gardent bien d'en parler aux familles restées en Europe. Personne ne les croirait. La fièvre des Indes en a fait délirer plus d'un.
Atlas passe ses nuits dans la jungle. Il fait trop chaud le jour. Son organisme ne s'habitue que contraint et forcé. Le territoire s'étend sur des centaines de kilomètres mais il étouffe. Les craquements le rendent nerveux. Le jour, il somnole. Margaret, Margot, lui parle de la vie qu'ils mèneront de retour près des leurs. Il s'en réjouit. Encore quelques années avant de rentrer en Europe.
Il pensait les sortilèges trop perfectionnés, la garde trop bien formée pour que la base soit attaquée. L'attaque est floue. Douleur déchirante de voir Margot inanimée. Ses connaissances en médicomagie ne lui permettent pas de réparer l'irréparable.

IX. Il a perdu une hanche. Il a perdu sa femme. Les souvenirs sont trop douloureux. Les médicomages ont pu remplacer la première. Le membre fantôme, c'est la présence de Margot. Il lui semble l'entendre. Son quotidien est d'une affreuse élasticité. Qui se réveille avec lui le matin ? Qui l'attend le soir ? Qui lui parle de la Bible, de ces histoires moldues ? Qui parle de projets d'enfant avec des yeux brillants d'espoir ? Qui fait ses gammes le soir ? 
Ni les moldus ni les médicomages ne savent nommer ce qu'il ressent. On évoque une névrose traumatique. Il ne dort plus, ou plus sans cauchemars. Il est par moments pétrifié par ces vagues d'émotion qui le submergent et le replongent dans la sensation de ce soir-là. Il s'y noie.

X.Tous ses proches ont eu un argument différent. Son père lui a rappelé qu'il fallait songer à se remarier avant que ses blessures ne soient trop connues. Son frère a raisonné : tôt ou tard, il faudra qu'il revienne dans la société sorcière londonienne. Atlas n'a rien à répondre à cela. Son dossier indique qu'il est inapte au service. Sa soeur a joué la carte des sentiments : il sera heureux de revoir d'anciennes connaissances. Il s'y rend sans grande conviction. La musique est passable. La nourriture sans goût : on lui avait dit que ce pouvait être un problème pour les animagus. A moins que ce ne soit que l'Angleterre.
Il revoit quelques camarades de Poudlard, mais les interactions sont bien vite limitées. Atlas ne voit pas comment répondre lorsqu'on lui demande ce qu'il devient. Rien. Toute sa vie s'est effritée.
On lui présente quelqu'un dont le visage ne lui est pas familier - ils ont tous changé, ou il ne connaissait personne ?   « Lady Selwyn.»  « Lady Malfoy.»
Coïncidence ? Il la retrouve quelques temps plus tard dans le jardin où un feu d'artifice doit être tiré. Il aurait pu embrasser son frère pour l'avoir averti en amont. Depuis qu'il est rentré des Indes, Atlas n'a pas pu se débarrasser de cet affolement. Les bruits aussi forts, les explosions, déclenchent quelque chose, et sa jambe gauche se dérobe sous lui. Comme si cette foutue hanche n'avait jamais été remplacée et que tout le reste suivait. Au moins a-t-il pu prendre ses dispositions et s'arroger une place sur un banc. Qui sait, s'il regarde le feu d'artifice, pourra-t-il apprivoiser cette peur ?
Il s'empresse de se pousser pour laisser Lady Malfoy - pas Selwyn - s'asseoir. A la faveur des embrasements du ciel, leur conversation devient moins superficielle. Il apprend à la voir différemment et reconnaît ce qui lui arrive. Leur arrive. Elle lui plaît. Que trahit-il à la côtoyer ? Est-il juste de penser à l'après tout en voulant faire revenir l'avant, rendre la vie à sa défunte épouse ? Il devra avancer à l'aveugle.