La Danse du Phénix. (albus + alphard + artemisia)

« Sláinte ! » Les verres s’entrechoquèrent et le liquide mielleux se renversa, recouvrant l’imposante table du salon de whisky et de bière. L’hilarité s’éleva dans la salle remplie, Alphard riant à gorge déployé avec ses camarades de chasse. Cinq jours qu’il était partis avec la Guilde, délaissant ministère et famille pour profiter de ces trop rares excursions, quittant de moins en moins souvent la Tanière. Si quitter le premier était un soulagement, devoir laisser sa famille lui déchirait chaque fois un peu plus le coeur. Même les dessins  d’Artemisia esquissés au clair de lune, à la seule lueur du feu de bois, ne suffisait plus à consoler son mal du pays. L’aventurier chercha sa femme du regard, à travers la grande pièce à vivre de la maison familiale. Elle était là, à l’autre bout, les joues rosées par l’alcool et l’hilarité provoquée par Nova ; il entendait sa soeur d’une oreille, retranscrire avec entrain (et un peu d’exagération) le combat grotesque entre Alphard et l’hippogriffe de la famille bulgare qui hébergeait la troupe durant leur voyage. Un sourire étira ses traits alors que le Scamander posa son verre maladroitement sur la table. Il était déjà tard, et la soirée battait encore (bruyamment) son plein. Mais Alphard avait une autre idée en tête. Il traversa la pièce et vola son épouse à sa soeur, sans un mot, lui prenant simplement la main et l’attirant doucement vers la porte de la Tanière-aux-Monstre.

« ... tu ne serais même pas capable de réciter l'alphabet. » Ses doigts entrelacées dans ceux de sa femme, ils avançaient prudemment dans l’obscurité ; titubant presque, Alphard sentait ses pas maladroit à cause de l’alcool. « Sgudal ! Quel alphabet veux-tu ? L’alphabet latin, grec ou hébreux ? » Il s’arrêta, la mine grave, fronçant ses sourcils en se concentrant. « Attend … Est-ce que je parle hébreux ? » Le polyglotte s’emmêla les pinceaux, ne savant plus discerner les nombreuses langues qu’il avait appris durant ses années d’aventure. Pour toute réponse, il explosa d’un rire puissant, communicatif, entraînant avec lui son épouse. « Où est-ce que tu m'amènes? » Pour toute réponse, le sorcier porta son index contre sa bouche, avec un léger chuuut, et la tira encore plus loins de l’effervescence du foyer. Sous la lueur de la pleine lune, et ce malgré l’alcool qui jetait son voile brumeux dans son esprit, Alphard avait finalement réussit à retrouver la vieille grange. Certes, loin du confort dont il avait l’habitude dans leur chambre, mais il avait un avantage dont ne disposait pas la Tanière : l’intimité. Enfin, ils étaient loin de bourdonnements et de l’agitation des nombreux invités de leur maisonnée. « Eh bien, je dois vous prévenir monsieur, mon mari est aussi jaloux que séduisant... » souffla sa femme, l’air malin et les yeux brillant d’une passion qui ne s’était jamais tarie, même après vingt ans de mariage. « Aye ! J’ai aussi entendu dire que c'était un redoutable adversaire,  le meilleur du comté ! On devra être discret pour ne pas ébruiter cette affaire … » Le sorcier sentit les mains de son épouse s’enrouler doucement autour de sa taille, alors qu’il l’attirait plus proche de lui, glissant ses mains dans la cascade de boucles brunes qui coulaient dans son dos. Sa voix enjôleuse s’éleva dans les airs, chaque mot telle une caresse qui provoquait chez le sorcier des frissons incontrôlable. Il voulu l’attirer encore plus près de lui, glisser ses mains sous la magnifique robe qu’elle avait enfilé ce soir, lui voler le premier baiser d’une longue série … mais un craquement derrière le couple le coupa dans son l’élan.

C’est Artemisia qui réagit la première, trouvant l’intrus d’un coup d’oeil. Un intrus qu’il connaissait bien, puisqu’il s’agissait d’Albus. Gêné, Alphard lâcha le corps de sa femme et se dégagea brusquement de son étreinte, se retenant pour ne pas tomber après avoir trébuché sur une racine. Le vaisseau lumineux qui s’échappait de la baguette d’Albus le ramena à la réalité. L’alcool brulait encore dans son sang, mais le choc de cette rencontre l’avait fait redescendre sur terre, effaçant le sourire malicieux qui illuminait ses traits qu’ils avaient filé en douce de la soirée. Le nectar mielleux qu’avait ramené ses compagnons, et les nombreuses pintes de bière avait totalement effacé de son esprit l’invitation qu’il avait fait au Dumbledore. « Alphard, Artemisia. » Livide, Alphard passa une main sur son visage pour essayer de reprendre ses esprits et de retrouver contenance. « Albus ! Je suis désolé, j’ai perdu la notion du temps. J’espère que nous ne sommes pas en retard. » De bien frêles explications, inutiles car il savait bien qu’il ne bernerait pas son protégé. Il espérait seulement, à ce point, qu’il ne lui en tienne pas rigueur. « Je m’excuse de cette interruption, je suppose que vous avez lu les nouvelles. » Pour toute réponse, Alphard opina de chef. Une vague de culpabilité le submergea à l’idée de s’être adonné à une soirée si festive dans ce contexte. Rare pourtant étaient les moments d’insouciance et de convivialité ce derniers temps. Il n’était peut-être pas si grave d’accueillir les rares opportunités qui venaient. « Je viens pour vous demander une faveur. » Doucement, ses idées se remirent en place et le voila enivré de l’alcool s’estompa rapidement, laissant place à la dure réalité. « Aye, tu sais que nous avons bien plus d’une dette envers toi Albus. » Alphard s’approcha d’Artemisia, glissant son bras dans le dos de son épouse. « Si Artemisia accepte, nous sommes prêt à tout pour t’aider. »

La maladresse d'Alphard lui arrache un froncement de nez moqueur, le sens de l'hilarité exacerbé par la liqueur qu'ils avaient partagé en compagnie de leurs compagnons de la Guilde. L'image se compare anecdotiquement à cette mésaventure que lui avait raconté Nova quelques minutes plus tôt. Les images alors se juxtaposent et Artemisia aurait pu juré avoir un aperçu de ce qu'avait été le ''combat'' enre Alphard et un hippogriffe. Le sens barbouillé par le spectre brouillard de l'alcool, il lui est initialement difficile de garder le sérieux. Le couple n'en était pas à ses premières escapades nocturnes, et Merlin seul sait qu'ils auraient pu être surpris en plusieurs autres occasions ; encore étonnant que ses Scamander n'aient eu que deux enfants!

« Je m’excuse de cette interruption, je suppose que vous avez lu les nouvelles. » Artemisia opine derechef, l'air compassé. Aucun sorcier concerné n'aurait pu prétendre avoir échappé à la nouvelle qui s'était répandue comme une traînée de poudre dans toute la Grande-Bretagne. Soudainement, elle partageait (sans le savoir) la même culpabilité que son mari; s'amuser en des temps pareils se comparait à de l'inconscience mal placée. Ils auraient être plus prévoyants : « Oui. » se contente-t-elle de confirmer, se gardant bien de faire plus de remarques. C'est que la nouvelle lui avait retourné les viscères, mais l'ombre que présageait la suite de se règne dictatorial n'engendrerait rien de bon. Une curieuse intuition lui insufflait qu'ils ne seraient pas au bout de leur peine. Les bras croisés, la Sorcière est attentive, au mieux se peut, l'alcool encore imbibée dans ses manières. « Je viens pour vous demander une faveur. » Sous une paire de sourcils redressés, le regard d'Artemisia se veut encourageant pour le jeune mage. Albus Dumbledore était un vieil ami de la famille, très important dans la vie de leur cadet qui n'avait qu'admiration pour le Sorcier. En dépit de cette façon qu'elle avait de désapprouver certaines de ses inconsciences, la mère de famille s'était énormément attachée au jeune bureaucrate, au point de le considérer comme de la famille. Ces Scamander - ils ne cesseraient donc jamais de voir leur famille s'agrandir de rencontres en années. « Aye, tu sais que nous avons bien plus d’une dette envers toi Albus. » Rejointe par son mari, la Sorcière opina de nouveau, le souvenir frissonnant de leur fils en danger dans le désert qui suffirait à jamais à faire naître chez elle les affres les plus sourdes d'une terreur dévastatrice. « Si Artemisia accepte, nous sommes prêt à tout pour t’aider. » Passant à son tour un bras autour des hanches d'Alphard, la Sorcière les regarde tour à tour. « Bien sûr, commence-t-elle, imprégnée des meilleures intentions du monde : tu es de la famille, Albus. elle lui sourit. que pouvons-nous faire pout t'aider? »