interrogatoire — groupe 06. antarès black + susan umbridge

Assise. L’ordre a claqué. Les jambes ont obéi.

Assise, il veut. Assise, tu es.

Pourtant, tu te tiens très droite, le menton volontaire alors que les échardes de bois s’enfoncent allègrement dans ton dos. La salle est aussi minimaliste que minérale. Pas de fioritures. Tu es presque déçue ne pas contempler quelques horreurs dans les ténèbres qui se lèvent. Quant au confort, c’est grand palace.

« La décoration est intéressante. » tu gages en forçant le trait sardonique à la neutralité. @Antarès Black est encore minot. Est-ce une caractéristique des despotes que de faire d’enfant des bourreaux ? Il est beau comme le sont les jeunes arbres, ou les fauves qui n’ont pas encore leur crinière, tout d’élan, d’énergie ramassée, de genoux écorchés. Le regard est cinabre, piqueté d’azur pour qui saurait le voir.

Petit Prince veut devenir ogre. S’il t’avale, tu te promets de lui fourrer un os à travers le gosier.

« Que voulez-vous savoir ? »

Vous n'êtes pas là pour planter des radis et c'est lui qui tient la baguette. Alors autant passer immédiatement au plat de résistance. Tu n'as pas envie de faire la causette. Tu évites de penser à Ciri, Théodore et Ambrose. Tu évacues l’Ordre du Phénix. Le Quidditch, le casino, c'est là l'important. Tu es respectable. Tout ira bien. Il suffit de fermer ta gueule et de rester calme. Au mieux, tu lui offriras quelques secrets affriolants pour nourrir sa perversion et faire écran de fumée.

Les dés sont jetés et rien ne va plus.

Spoiler:

Sa baguette vibrait encore de quelques crucio allègrement distribués a des interrogés peu coopératifs, et le bourreau enfant attendait calmement qu’on lui livre sa prochaine victime sur un plateau d’argent. Sous ses traits angéliques se déformaient un scorpion prêt a fondre sur sa proie, et le sourire en coin qui déformait son visage satisfait laissait prévoir des ombres funestes sur celle qui s’avançait dans la pièce sombre. Il l’avait regardé entrer, immédiatement prenant son rôle a cœur, la langue de plomb avait craché un ordre aussitôt exécuté. Il tenait entre ses mains le dossier de la sorcière qui lui faisait face, épluchant les quelques informations récupérées par les sous-fifres du ministère. Il ne savait pas encore sur quel pied il allait danser, s’il allait être infâme ou angélique, cruel ou doux comme un agneau jeté dans l’antre du loup. Laissant le temps décider de la marche a suivre, ses pupilles teintées de bleu cachant des desseins maléfiques.

Il laissait alors sa proie user de sa salive, restant impassible a la tentative d’humour brisée dans l’œuf, ainsi était-elle de ceux qui s’amusaient a inutilement détendre l’atmosphère, alors que dans les salles adjacentes se mêlaient pleurs et supplices. Il se raclait alors la gorge, préparant a cracher son doux venin a celle qui ne se doutait probablement pas des travers du Prince. Plus qu’heureux de sa position de force dans cette pièce, ce rôle si particulier qui lui tenait a cœur, friand de bien faire et de plaire au ministre qu’il détestait au fond de son âme calcinée. Il jetait nonchalamment le dossier sur la table, s’asseyant sur son bords, il faisait doucement tourner sa baguette entre ses doigts.

« Vous m’avez l’air bien pressée d’en finir, pourtant, les gens sont généralement content d’être en ma compagnie. » Le ton était calme, ne laissant glisser aucune émotion. Il fixait les iris de sa prisonnière, geôlier dangereux, jouant doucement avec sa proie avant de la dévorer paisiblement. « Suzanne Umbridge, Joueuse professionnelle de Quidditch. Scolarité a la limite du médiocre. Sang-mêlé» souriant légèrement a l’annonce de l’impureté. Pourtant il connaissait les Umbridge, client fidèle du casino où il se laissait aller a ses vices les plus dérangeants, cette famille qui maintenait son empire a peine diminué par le temps. Il se levait alors, faisant quelques pas autour de sa proie, s’arrêtant derrière elle il s’approchait doucement de son oreille. « Nous avons tout notre temps. J’espère que vous êtes bien a l’aise. » Sourire sadique sur le visage, il reprenait sa marche pour se retrouver face a elle. « Je vois que vous n’avez pas encore choisi de prendre un esclave, pourtant le ministère s’efforce de proposer de nombreux animaux a domestiquer, je suppose qu’une paire de main au casino ne serait pas de trop ? Peut-être avez vous déjà quelqu’un en tête ? » La question reste en suspens dans les airs, alors que le monstre se lèche allègrement les babines, inquiétant dans son ton et son regard fixe, les saphirs se plongeant dans les iris de l’autre, il allait enfin savoir sur quel pied danser, la première question était simple, les autres attendaient patiemment.

Spoiler:

Tu apprécies le choix des mots – un venin spécifiquement élaboré pour te faire sortir de tes gonds. Le Petit Bourreau égraine avec placidité la liste de tes qualités. Son monde doit être agréable. Cadré. Borné de petites certitudes insipides. Le Bien. Le Mal. La Pureté. La Crasse. Tout un tas de connerie idéaliste pour encéphale consanguin.

Tu l’écoutes, sans nonchalance, sans intérêt non plus si ce n’est le petit staccato de tes doigts éraflés sur tes cuisses – de l’ennui, à n’en pas douter. Il connaît son dossier, ton mignon petit rat. Alors pourquoi t’attaque-t-il sur ta scolarité ? Compte-t-il t’aiguillonner l’égo de deux Trolls poussiéreux ? Sont-ce là les armes dont on équipe désormais la jeunesse ? Oh…C’est un peu pauvre jeune homme. Tu te garderas bien d’évoquer ses errances rhétoriques. Qu’il te prenne pour une niaise car heureux sont les imbéciles. Les portes du paradis leur sont ouvertes.

Quoique question paradis – ce machin cotonneux présidé par un barbu – tu préfèrerais éviter de le rejoindre avec trop d’anticipation – raison pour laquelle tu ne réagis pas non plus lorsqu’il évoque avec dégoût la nature de ton sang. L’ichor reste l’ichor. La poussière, la poussière. Un jour, tu te le promets, tu écraseras sa petite gueule d’amour avec une batte rouillée. Une belle leçon d'anatomie où il constatera la gémellité de vos artères dans la mare de cervelle éclatée qui lui servira de miroir.

« C’est exact. »

Mais pas aujourd’hui. Tu t’imposes le calme malgré le désir sauvage d’arracher son sourire stupide de ses lèvres pleines – avec les dents. Ça le rend laid, cette grimace sardonique. Encore une fois, tu te forces au silence.

« Il est si aimable de votre part de vous enquérir de mon bien être. Tout va très bien merci même si – sauf votre respect - je vous enjoindrai de changer votre mobilier, je crains que le sang du précédent témoin n’ait tâché ma robe. C’est regrettable. » Une goutte de sueur acide glisse le long de ton dos. « Je suis à votre disposition et à celle du Ministère. Comme vous le savez ma famille a toujours eu à cœur de servir notre communauté. »

Tu valses comme te l’a appris Edel, le tout étant de ne pas se prendre les pieds dans le tapis. Sang-Impur peut-être mais pas dénué de panache

. « Le problème avec les esclaves, Monsieur, c’est qu’on ne peut pas leur faire confiance. Le Golden Dragon est un établissement sérieux, fréquenté par des personnalités éminentes. Que ferions-nous si un membre de la Confédération prenait ombrage de la proximité avec ces monstres pendant leur temps privé ? Quant à mon métier, je n’ai jamais eu besoin d’un larbin pour porter mon balai. »

Comprendra ce qu’il voudra - le casino garde ses secrets. Tu n’étais qu’une honnête tenancière prête à protéger ton affaire.

« Toutefois, je comprends qu’il vous faille trouver des acquéreurs pour vos bêtes enragées. La discipline étant un domaine que je connais bien… Pourquoi pas, après tout ! J’ai toujours aimé le challenge. Que diriez-vous de la famille Templer ? Je les ai toujours trouvés… à mon goût.

C’est à ton tour de sourire froidement. Ton pion est avancé, prêt au sacrifice. N’est-ce pas pour cela que l’on te nomme Gambit ?

Le bourreau assassin se léchait les babines, cherchant la bonne prononciation, les quelques notes agaçantes qui feraient réagir la dame face a lui. Il se savait doué avec les mots, avec les jeux d’esprits et les manipulations dangereuses. Mais il se savait aussi violent, d’une douceur enrobée de poison, glissant doucement sur sa proie, fondant comme un rapace pour se saisir du corps de l’autre entre ses serres. Vautour carnivores, guettant la moindre faiblesse pour goûter aux délices d’un cadavre exquis en bon nécrophage. Il avait pourtant semble t’il trouvé une adversaire a sa taille, plus difficile a détruire que les précédents animaux qui s’étaient assis face à lui. Le gamin lâchait un sourire faussement angélique face a la remarque, quelques gouttes de carmins avaient put s’échapper du réceptacle impur précédant, avertissement du sort réservé a la belle à la langue pointue si elle ne convenait pas a son ange de la mort. Il jouissait des pleins pouvoirs, et elle le savait, aussi elle s’y prenait bien en répondant calmement, peignant de couleurs admiratives et d’alliance sous-entendue de cette famille dont le casino voyait souvent des membres de la confrérie s’oublier dans les jeux et les bouteilles exquises.

Elle dansait sur sa mélodie, mais il était chef d’orchestre et décidait du rythme et de la course a suivre. Allegretto, alors que cette question ne l’intéressait qu’à moitié, ne la posant que pour satisfaire son maître d’un rapport précis, et libérant les donjons d’une place supplémentaire en livrant a quelqu’un un esclave insignifiant. Il arquait un sourcil quand elle expliquait les raisons de l’absence d’esclave lié a son nom. Il pourrait presque y croire, les arguments bien trouvés, presque répétés. Il prenait alors une inspiration suffisante, laissant une plume a papote griffonner le nom de la famille demandée.

« Les Templer hein ? J’ai entendu dire que l’une d’entre elle avait été expédiée a l’arène, il est bien dommage que cette dernière est été détruite, cela m’aurait plu de voir la truie égorgée par les griffes d’un dragon affamé pas vous ? »

Il lâchait un sourire léger. Son ton enjôleur et envoûtant cherchant a déstabiliser la dame, sachant pertinemment qu’il finirait par déceler les secrets cachés sous les iris flamboyants. Après tout la Langue-de-plomb avait subi des tortures lors de son entraînement, afin de pouvoir y résister. Il avait été brisé et reforgé. Et mourrait d’envie d’utiliser ses savoirs savoureux sur le visage opalin de la demoiselle.

« Je suppose que nous pourrons trouver quelque chose qui satisferait vos exigences. Après tout, croyez en mon expérience, quelques coups suffisent a dresser un animal de cette envergure. »

Il s’éclaircissait la gorge, faisant apparaître un verre d’eau d’un coup léger de sa baguette qu’il reposait sur la table, dans lequel il trempait ses lèvres sans quitter l’autre des yeux avant le laisser s’échouer sur le meuble en bois.

« Cependant je suis curieux, vous dîtes avoir toujours trouvé les Templer a votre goût ? Un lien particulier avec ces sang-de-bourbes qui s’imaginent que quelques gallions les placent au même niveau que des dignes sorciers comme vous et moi ? »

Fausse douceur dans la voix, comme s’il se plaisait a discuter avec elle, il cachait son venin quelques instants, s’insinuant dans les brèches décelées.

Elle est en vie.

Le doux staccato de tes phalanges s’arrête un instant puis reprend.  Malheur et bonheur ne sont-ils pas des enfants qui jouent avec les osselets du temps ? Une flamme nouvelle, cruelle, s’allume au fond de tes prunelles, calcinant les dernières traces d’inintérêt poli qui y règne alors.

Théodora est en vie.

Tu embrasserais presque son joli minois à ton bourreau enfant. Ah tu voudrais être frénétique et fulminante, déconfire une armée entière car tu as dix cœurs, vingt bras, désormais. Quant aux crocs que tu dévoiles dans une grimace de dégoût, ils sont des milliers prêts à passer gueule d’amour au fil de l’histoire.

Patience. Un jour, promesse, tu festoieras sur ses tripes et tu pisseras sur ses cendres. En attendant, il t’a fait la courtoisie d’accepter le gambit, tu lui en donneras pour son argent. N’est-ce pas là votre ministère, à vous, Umbridge ? Après tout, scandale et souffre ne sont-elles pas  les deux faces purpurines de votre blason ?

« Voulez-vous que je vous dise, c’est bien cela le problème avec l’Arène. Ne trouvez-vous pas les dragons un peu surfaits ? Ils vous incinèrent ces déchets en un claquement de doigt. Toutefois, je comprends qu’il ait fallu trouver des créatures assez résistantes pour souffrir autant de boue. »

Un silence pensif. Un rire presque léger. On parle chiffon, tu gages. Ta langue se délie, perfide. De grandes fresques se dessinent sur fond de cauchemar. Tu peins la longue chaîne. Celle des forçats, des esclaves, du bois d’ébène. Tu penses aux animaux que l’on marque, aux labels sur la viande, le feu, les cris. Oh oui, c’est lui que tu regardes cramer. Et tu espères qu’il restera accroché à la Grande Poêle de l’Histoire.  

Tu lui jettes en bouquet des variations barbares, de la perversion con fuego. Tu y crois presque à cette carapace putride que tu forges, à la pestilence de ton verbe. La vérité, c’est que ce que tu promets à d’autres, tu le leur réserve à eux. Tu plongeras tes mains dans leur merde jusqu’aux coudes avant de les noyer dedans.

« J’en suis persuadée. Et comme j’ai l’équipement adéquat à la maison, je saurais bien m’en débrouiller. Comme le dit le coach, il n’y a rien qu’un coup de batte ne puisse régler. »

Tu te fais pensive, presque rêveuse. Tes gestes se sont déliés, détendus. Un craquement de doigts. Il t’interroge sur tes goûts, le bellâtre ? Tu vas le régaler. Voici ton offrande, ton petit secret vicelard que tu jettes à ce fringant cochon de lait pour le repaître.

« Je ne sais pas si je peux vous en parler. »

L’appât. Tes doigts qui se tordent imperceptiblement. Ton souffle qui s’accroche. Edel a fait du bon boulot avec toi.

« Je peux vous faire confiance ? Ce que je dirais ne sortira pas de cette salle ? »

Tu ancres tes prunelles sincères dans les lacs coruscants de ton interlocuteur. Tu n’as pas à simuler la gêne car elle est présente. Tu n’as pas à prétendre avoir peur car tu comptes livrer l’un de tes plus intimes secrets. Tu ferres son attention.

« Voilà. J’ai toujours eu des goûts particuliers. Depuis mon enfance. Chose que je n’ai jamais consommée, vous comprendrez bien. » C’est un pur mensonge, de quoi l’attirer un peu plus. « C’est ce  qui explique mon statut de vieille fille. »

Tu ménages une période de doute. Le plus dur est fait. « J’ai toujours voulu voir cette salope de Templer à mes pieds. Si vous me la confiez, j’en ferais ma chienne. Je pourrais aussi faire du mâle une sorte d’eunuque. Ça fera très joli dans mon salon.»

La frustration est véridique. Les mots sont faux. Tu te détesteras après.Deux décennies pour cultiver les fleurs opalines de cette relation. Trois minutes pour tout ruiner.

Tu es le gambit et tu joueras ton va-tout.

Spoiler:

Le gamin se pavanait face a l’autre, la vermine entre ses griffes qui pouvait brailler a lui faire plaisir. Sous ses yeux attendris d’enfant innocent, il rêvait déjà de voir perler les gouttes de sang, se perdait a imaginer la douceur des cris de celle aux paroles épicées. Tanguant dangereusement dans le jeu qu’ils avaient instauré, la partie d’échec qui promettait de le divertir. Il cherchait a satisfaire cette curiosité morbide, araignée jouant avec l’insecte prise dans ses filets, le pêcheur aux milles vices tremblait d’excitation a l’énoncé des mots choisis par l’autre. Elle avait ce côté dangereux qui lui plaisait, se disant presque que dans d’autres circonstances il aurait presque put l’apprécier. Pourtant pas naïf, il se demandait silencieusement si elle n’exagérait pas ses propos pour plaire a ses oreilles délicates, lui offrant le requiem qu’il attendait pour cacher des vérités dans des mensonges éhontés.

« Oh je me plaît a les voir tenter de dompter la bête, il y a quelque chose d’excitant dans leurs tentatives vaines. Et il y a quelque chose de beau dans les flammes qu’ils crachent, de poétique si je me perdais a espérer. »

Si elle voulait jouer sur son terrain, elle allait devoir aiguiser ses armes, puisqu’il ne céderait pas un centimètre a des idées teintées de clichés. Alors elle lançait le défi, d’un secret qu’elle voulait garder, il haussait les épaules d’un air désintéressé, saisissant la plume a papote entre ses doigts pour l’empêcher de cracher son encre sur les quelques paroles qui suivraient. Il l’observait alors silencieusement feignant un intérêt certains pour les paroles qui suivraient, se demandant quelles cartes elle allait sortir, sans doutes une main agréable, peut-être même suffisante pour lui donner quelques secondes de répit, il déciderait plus tard, la laissant faire durer le supsens, dessiner ses verbes agréables, crachant sur l’animal en cage, et il dévoilait les crocs le bourreau.

« Certains pourraient croire qu’il n’y a pas qu’à vos pieds que vous aimeriez l’avoir. Après tout elle n’est pas vilaine a regarder, peut-être même que je passerais la saluer avant de vous la livrer, quelques minutes avec elle pourraient peut-être me divertir »

Il léchait doucement ses lippes assassine, usant de ce pouvoir que les hommes avaient pour être élégamment dégueulasse et utiliser les femmes comme des objets a jeter une fois qu’ils en avaient assez, la sève au bout du gland pour souiller les corps des pucelles éhontées. Il n’était pas de ce genre, homme a une femme depuis quelques temps déjà, pourtant elle ne savait pas, et il savait imiter le regard lubrique de ses pairs a merveille. Il reposait alors la plume sur le parchemin, le temps des messes basses révolu. Il revenait sur ses deux pieds, bras croisés lui donnant un air plus sévère et moins joueur qu’avant

« Je ferais en sorte qu’elle vois soit livrée dans un état acceptable. Passons maintenant aux choses sérieuses. »

Il souriait calmement, laissant sur son visage passer les émotions qu’il choisissait avec la précision d’un chirurgien. Son regard se posait alors dans celui de l’autre, et il devenait fauve en chasse.

« Votre sœur et vous côtoyez de nombreux sorcier dans votre casino, je suis sûr que vous avez quelques informations intéressantes a livrer a votre ministère. » Il marquait une pause légère, comme frappé d’une soudaine révélation. « Il me semble d’ailleurs que votre sœur est en ce moment même en tête a tête avec Mr Longbottom, Harfang a des doigts de fée quand il s’agit de faire saigner les interrogés, j’espère que vous pourrez encore la reconnaître quand il en aura fini avec elle. Il serait bien dommage que le visage du Casino soit défiguré pas vrai ? » Il secouait alors sa paume dans les airs, comme chassant cette parenthèse passagère.


« En parlant du ministère, entre vous et moi, je me demande si le régime de Grindewald vous plait ? Vous apporte t'il ce dont vous avez toujours espéré ? Peut-être avez vous quelques envies secrètes, je suis sûr qu'en travaillant ensemble nous pourrions nous assurer que le ministère garde un œil fermé sur les affaires du casino pas vous ? »

Il souriait presque chaleureusement, comme créant entre eux un lien faussement amical, cherchant le bon moment pour laisser libre court a sa folie, alors que le monstre ne demandait qu’à remplacer le chérubin et que la gueule béante des enfers demandait son lot de carmin enflammé.

Fantasmes gémellaires.

Tu voudrais lui balancer tes phalanges dans le museau, voir sa petite gueule s’éventrer comme une pêche trop mûre, son nez pisser en fontaine, l’observer ramasser ses dents avec ses doigts brisés. Un jour, tu le retrouveras au coin d’une ruelle et tu lui pèteras les genoux, lui retournera les coudes, et quand il pleurera sa mère pour que tu l’achèves, tu donneras sa langue à bouffer aux clébards. Puis, tu cracheras sur sa carcasse que tu laisseras pourrir au soleil. Sa trogne de con arrogant plantée sur une pique.

Un jour, les rôles seront inversés. Un jour, c’est toi qui menaceras de fourailler dans sa belle. Pour l’heure tu te contentes de forcer tes poings à se détendre et à plaquer ce sourire lumineux sur tes lippes pleines.

« Touchée. Après tout qu’importe ce que j’en fais – je pourrais bien servir comme table de chevet que cela ne regarderait que moi, je gage ? Pour ce qui est de vos affaires intimes, tant que vous me la rendez propre, je n’ai rien à redire – évitez simplement de lui transmettre la petite vérole, le traitement en est aussi coûteux que pénible. »

Le ton est badin, léger. L’enfant joue bien et tu sens dans la tension de tes muscles qu’il s’en est fallu de peu pour que tu ne tentes d’éprouver à la flamme de la réalité les images violentes qui t’animent. Tu attends le prochain mouvement qui s’avère décevant – voire même grossier et tu roules l’œillade avec une pointe dramatique.

« Dois-je en déduire que vous allez passer l’intégralité des citoyens britanniques à la question ? Je crains que d’un point de vue purement politique, ce ne soit très judicieux. Mais après tout, qui suis-je pour juger ? Moi la joueuse de Quidditch à la scolarité médiocre. Ma sœur est sensée, elle ne fraie pas avec la plèbe – et vous le savez pertinemment. La question est la suivante : pensez-vous que la menace me forcera à nourrir vos fantasmes de trahison, Monsieur ? Dites-moi ce que vous voulez entendre et je vous offre ce que vous désirez. Une excuse pour me faire mal.»

Tes doigts reprennent leur battement lent sur tes cuisses. Qu’il dévoile enfin ses cartes, tu as encaissé suffisamment de coups et de chocs dans ta vie pour reconnaître un petit bâtard.

«  Nous ne faisons que servir. Le vice n’est ni dans les boissons, ni dans les cartes. Nous proposons un lieu où l’or est l’unique valeur étalon. Sauf votre respect, les secrets de nos clients disparaissent avec les lueurs de l’aube. Il en va de même avec leur fortune. Vous en savez quelque chose puisque nous avons l’honneur de vous compter parmi nos clients fidèles. Vous comprendrez que j’ai des scrupules à vous vendre quelques détails croustillants, vous n’aimeriez pas que mon aînée en fasse de même avec Sir Longbottom ? N’est-ce pas ?  »

Tu poses ton menton sur tes mains croisées avec candeur.

« Le Régime actuel nous apporte un revenu confortable. C’est tout ce qui compte pour nous. Pour ce qui est des envies, je gage qu’il faudra vous tourner vers Edelgard, si votre collègue ne l’a pas trop abîmée. Je ne gère pas les affaires, je me contente d’organiser la sécurité de l’établissement, ce qui en soit est déjà une gageure. »

Il n’est pas dupe le gamin, c’est pas son premier rodéo ou sa première valse en quatre temps. Il se plaît a jouer le caïd et le loup autour du bétail sans défense, il sait appuyer là où ça fait mal, avec ce sourire satisfait et ce regard droit, couronne sur sa tête princière, pas prête a tomber, pas avant qu’il n’ai put jouer. Il écoute calmement, arrachant un sourire mauvais au rythme des travers découvert de la folle qui lui faisait face, dégoût affiché sans crainte, crachant sa haine dans la salle sombre. L’attaque est subtile, il décoche au tac au tac.

« C’est plutôt moi qui devrait faire attention, qui sait où la salope a ouvert ses cuisses ? »

Il se lèche les babines, profite de son moment, profite que rien ne presse, il prends son temps. Il captait les yeux qui se levaient, ainsi toucher a la sœur n’avait pas eu l’effet escompté, tant pis, il aurait essayé. Il cherchait, pas après pas et pique après pique a faire sauter l’autre de ses gonds, il se doutait bien que sous ce sourire étincelant et ce visage porcelaine se cachait une hyène a l’haleine infecte. Il la laissait alors espérer, quelques temps encore, lui faire croire qu’il buvait ses paroles sans douter de ses mots. Pourtant, ils étaient si nombreux qu’ils sonnaient faux. Il attendait pourtant, avec ce même sourire d’enculé sur les lèvres, le moment sacré où il allait la faire sauter, un mouvement brutal, une tentative désabusée, c’était tout ce qu’il lui fallait pour détruire ce qui restait de la maison Umbridge. Il la laisse donc divaguer, jusqu’à ce qu’elle fasse sa dernière erreur, sous-estimer le chérubin qui s’approchait plus du démon que de l’angelot, tu observes calmement alors que sa tête se pose sur ses mains, désinvolte et agaçante. Elle l’attaquait sur son terrain, sur ces quelques nuits que tu passes dans son casino a s’enfiler des whisky et lancer ses gallions dans les airs. Alors il se levait, quand elle posait ses mains sur son menton, laissant le reste de sa réponse s’envoler sans même y prêter attention, il s’approchait doucement, baguette tournant entre les doigts, s’accroupissant devant elle, gamin joueur dans le regard, qu’elle observe sa descente aux enfers, il en serait guide et témoin.

« Pensez vous vraiment que je serai là ? A vous interroger si je n’avais pas déjà prouvé ma loyauté et mon zèle ? Alors vos scrupules, je m'en cogne totalement. » Il se relevait soupirant « Il semblerait que vous ayez oublié qui pose les questions dans cette entrevue...permettez moi de vous le rappeler. » Il lui ferait avaler son insolence, qu’elle étouffe avec autant que dans son sang, il avait carte blanche, il comptait en profiter comme il l’avait fait sur d’autres avant elle. Sa baguette claquait dans l’air, alors que ses mains furent attirées par des liens sur les accoudoirs, ne soutenant plus la tête qui se redressait. Liens jumeaux se saisissant des pieds. « Où en étions nous ? Ah oui...mon zèle... » Geste rapide de la main, la baguette qui vibrait dans les airs, première coupure sur la face de perle, coulant quelques gouttes de sang sur une coupure a artificielle. Il s’approchait, glissant ses doigts sur la plaie, jouant avec le carmin d’un air attentionné. « Bien reprenons. Vous avez entendu parler de la radio Accio FM. C’est une affirmation, pas une question au cas où vous auriez l’envie de jouer l’idiote. Voilà le deal, vous me donnez quelques noms, et je vous promets de vous laisser suffisamment de doigts pour... ‘organiser la sécurité de l’établissement’ ou pour vous saisir d’une batte, puisque vous n’êtes bonne qu’à ça.» Les dès étaient jetés, il espérait qu’elle résiste, teste sa menace, qu’il puisse lui aussi s’amuser.

Les liens. Le sifflement de la baguette. La morsure du sortilège. Le sang qui goutte en perles carmines sur l’épiderme juvénile. Les traits sont immobiles presque marmoréens – le choc sans doute. Vous y êtes – le premier ichor versé, c’est le moment où le pas bronche. La chute. Le vertigo.

Ses phalanges t’effleurent, arrogantes et tu brûles de lui arracher d’un coup de dents. Est-ce qu’il criera quand ta langue dardera pour goûter la fragrance ferreuse de ses moignons déchiquetés ? Ou est-ce que ça le fera bander ?

Tes mâchoires claquent imperceptiblement dans l’orage qui point.  Tu seras la seule frappée par la foudre. L’anticipation te serre les lippes et le cœur – ton avenir est tracé – une longue descente dans les limbes de la douleur. Ce regard – tu le connais – c’est celui des engeances qui préfère se vautrer dans la géhenne plutôt que de considérer leur prochain comme un autre soi.

Ainsi, la question de sortir de cette salle indemne ne se pose plus. Il faut le faire frapper fort et vite avant que tu ne cèdes. Par Merlin, tu es née avec une batte, prendre les coups pour les autres, ça a toujours été dans ton sang. Tu aurais toutefois aimé partir avec un baroud d’honneur, un dernier coup d’éclat, un peu d’honneur au coin d’un œil poché – une ultime bravade peut-être ? Tout sauf crever comme un chien dans une pièce sombre. Toutefois, les dés sont jetés. Tu n’as plus le luxe des regrets.

« Je n’ai pas besoin de votre curriculum vitae, Monsieur et savoir à qui vous avez dû lécher les parties pour être du bon côté de la baguette ne m’intéresse pas. Quant à vos goûts particuliers, je dois avouer ne pas les partager. Cela dit, je ne juge pas car tous est dans la nature, je gage.»

Un rictus insolent, les muscles bandés contre les cordes qui s’enfoncent dans tes chairs, tu t’efforces de présenter la face même de la bravoure alors que tout en toi se glace d’horreur. Fait-ce que tu dois. C’est ainsi que tu as toujours vécu et c’est ainsi que tu partiras.

« Accio FM, ça me dit bien quelque chose... N’est-ce pas une station de radio-achat ? Un jour, ma grand-mère a même vidé le compte en banque familial pour s’offrir une série de ces potions amincissantes à la belladone. Inefficace. Elle est restée aussi dodue qu’une bonbonnière. Etes-vous l’un de ces férus d’émission ménagère ou peut-être est-ce Madame qui a besoin d’une solution pour ses kilos en trop ? Je ne saurais que trop vous le déconseiller.»

Le ton est policé. Un sourire sans joie étire tes lèvres. Tu attends la prochaine entaille, le prochain mouvement. Il essaie de te faire plier sous la menace. Ses gestes sont toutefois trop impatients pour qu’un espoir de reddition puisse naître. Il veut te faire mal parce que cela lui fait plaisir.

" Cessez donc de me faire perdre mon temps. Ces doigts, vous allez me les briser de toute manière. Alors autant dire tout de suite ce que je sais."

Tu ménages un petit silence solennel.

"Allez-vous faire mettre bien profond."

Un crachat fielleux glisse le long de la joue glabre de ton tortionnaire. Que la fête commence.

Ça y est. Elle avait franchi le pas. Tu la sentais la haine dans sa voix. Elle résonnait doucement en écho avec la tienne. Tu restais silencieux, alors qu’elle lançait son venin. Elle était tienne. Tu commençait a tourner autour d’elle, requin jaugeant sa proie enchaînée. Tu t’approchais en rapace menaçant. Charognard survolant sa proie. Elle était déjà perdue. Et tu souriais d’impatience de la voir trembler sous tes doigts assassins. Les deux géants s’opposaient enfin. Chacun révélant son vrai visage. Le jeu était terminé, ils passaient a l’attaque, et puisqu’il était roi en ces lieux, bourreau, juge et juré, elle était a sa merci impuissante. Un souvenir que ce serait toujours ainsi si elle s’opposait au puissant. Arrogant gamin tu ne pensais pas comme ça. Tu te foutais des jeux politiques, c’était simplement un moyen pour toi de sortir ta rage librement. On attendait même que tu le fasses, faire saigner la truie et la faire couiner sous les coups. Monstre assoiffé de sang, tu guettais le carmin sur tes doigts. L’insolente claquait dans l’air ses dernières âmes. Elle n’essayait même plus d’enjoliver le doux mensonge. Elle savait quelque chose, ça résonnait dans ton sens. Tu devais juste la briser, ou la détruire en essayant. Elle avait raison, il ne servait plus a rien de jouer.

Tu lâchais un rire léger.  Ecoutant son histoire. Ta baguette virevoltant dans les doigts. Tu la pointait sur ton jouet. Gamin gâté. Qui allait enfin pouvoir faire ce en quoi il excellait. Tu ne connaissais que trop bien les doux plaisirs de la torture, maîtrisant le sujet comme personne. Langue-de-plomb par excellence, entraîné a resister, tu savais où appuyer, tu savais ce qui blessait vraiment. Comment avoir des aveux « Voyons...est-ce vraiment aussi important ? Tout ce que je veux c’est quelques noms. J’en étais venu a vous croire intelligente. Vous avez été parfaite jusqu’ici, encore un peu et vous sortirez d’ici, dignement, avec le ministère en ami. » Tu balançais la question, dernière tentative, dernier espoir. Tu savais pourtant qu’elle n’allait par mordre a l’hameçon, tu faisais ça pour l’image. Mais tu savais qu’elle avait percé la tienne, qu’elle savait ce qui se cachait dans le visage encore gamin. Tu lui avais fait comprendre que t’étais un salop. Et elle avait pas l’air d’aimer les salops. Et c’est un crachat qui venait atterrir sur ta joue, déclenchant un sourire meurtrier sur le visage,

"Allez-vous faire mettre bien profond. »

« Tu as de la chance que je doive te faire parler. Sinon ce serait ta langue que tu aurais perdu en premier. » Et il s’approchait rapidement, un coup partant sur le visage de l’insolente. Rapidement tu te saisissais d’un de ses doigts. Son annulaire gauche dans ta main, tu tirais d’un coup sec. Brisant l’os sans qu’elle ne puisse opposer de résistance. Tu aurais tes réponses, violent dans tes attaques, tu savais faire durer le plaisir, les couper l’aurait vidé de son sang, elle n’aurait pas tenu longtemps. Alors que là, elle pourrait souffrir sous tes doigts dégueulasses un peu plus longtemps. Laissant ta marque sur son corps quelques jours. Souvenir désagréable de ton passage sur son chemin.

« Allons allons, tout ce don j’ai besoin , c’est d’un nom. j’ai encore neuf tentatives.  Entre toi et moi, tu sais que tu ne t’en sortiras pas indemne. Mais tu peux améliorer les choses. Je détesterais devoir garder la main sur ton esclave le temps que tu te remettes. Qui sait comment je vais devoir la tenir occuper la catin ? » Tu souriais brutalement, des flammes dans tes yeux bleus, tu avais enfin le droit de détruire ce que tu voulais. Et tu la détruirais elle. Gratuitement. Glacialement.

La gifle est cuisante, le craquement sinistre. L’os s’est brisé en de petites échardes de verre. La tête de ta phalange est en miettes. Un grognement animal, rauque s’extirpe de ta gorge, tes prunelles arides plantées dans les siennes. Ce n’est pas la première fois que cela t’arrive. La nausée te prend. Extrêmement douloureux mais pas irréparable. Une mince goutte de sueur perle sur ton front, seul indice de ton malaise.

« On vous a appris à compter jusqu’à dix, j’en suis fort aise. Malheureusement, je crois que vos éducateurs ont oublié de vous inculquer les règles de politesse. Nous n’avons pas élevé les niffleurs ensemble, à ce que je sache.»

Tu ne te départiras pas du vouvoiement. C’est la ligne que tu traces entre vous. Lui, le barbare sophistiqué, toi l’honorable gueuse. Tu te refuses à regarder l’articulation retournée, sachant que la vision provoquera l’affolement de la douleur. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tu te le répètes tranquillement.

« Je vais vous en donner. Des noms, j’en connais plein. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Qui voulez-vous que je vous serve ? La liste de nos clients ? De mes anciens camarades de Poudlard ? De mes professeurs ? "

Tu temporises – le laissant un instant désappointé par la facilité avec laquelle tu sembles céder.

« Ou bien celui de celles que j’ai fait jouir ? Votre mère est tout à fait charmante, soit-dit en passant.  »

Ta langue vient tâter tes lippes fendues. Elles goûtent le fer et l’abandon.

« Ce que vous devez comprendre Monsieur Black, c’est que je pourrais vous livrer autant de personne que vous le souhaitez. Toutefois, ce n’est pas ce que vous recherchez ici, je me trompe. Cessez donc de faire des promesses que vous ne comptez pas tenir. Ce n’est pas honnête et nous nous le devons, n’est-ce pas ?»

Tu plantes ton regard sombre dans le sien alors que tes dents ensanglantées se dévoilent dans un rictus.

« Ce que vous voulez c’est céder à vos penchants – et pour cela,  vous n’avez pas besoin de certitudes, je gage ? Alors à quoi bon clamer mon innocence ? Je ne sais rien de cette station de radio et je ne sais rien de ce dont vous me parlez. Alors tapez fort et faites-moi cracher d’innocents patronymes. Cessez de m'ennuyer avec vos questions. Frappez. Faites-vous plaisir.»

Un silence. Encore.

« Rappelez-vous simplement que chez les Umbridge, nous sommes légions. Si vous vous trompez sur mon compte, il y aura des conséquences désastreuses – même si je ne suis plus là pour témoigner. Votre sang ne vous protégera pas toujours, Monsieur Black. Vous êtes encore jeune, vous en ferez l’apprentissage. »

Tremblement léger des lèvres qui se retroussaient sur une cicatrice dégoûtante. La figure déformée par cet air doucement malsain, les boucles brunes encadrant le visage du fou à lier. Une vision qui faisait naître des frissons au creux de la nuque. Il était enfin celui qu’il était censé être, tout au fond, sous les couches de bienséance qu’il s’’imposait pour faire genre parmi les vices des siens. Il avait fallu d’un regard, de quelques insolence pour faire vriller le gamin, et il fermait les yeux, appréciant les os se brisant sous son épiderme, inspirant une bouffée d’air comme un prisonnier qui sort de sa cellule. Les paupières qui battaient calmement sur ses iris suintant de haine et de colère, il la regardait méprisant, piétinant son empire de ses couleurs  de rouille et de moisi. Elle se défends toujours, carpe coincée dans les filets du Black, il la regardait  d’un sourcil haussé, dédaigneux et supérieur.

« Il va pourtant falloir comprendre que ton avis ne m’intéresse pas. Ou peut-être n’ai-je pas été assez clair sur ta place ici ? Je te pensais plus maligne Umbridge. Les Nifleur je ne sais pas, mais bientôt tu vas devenir propriétaire de quelque chose que j’aurai goûté, ça crée des liens tu ne crois pas »

Sourire faussement amical, de ceux qui donnent envie d’abattre un poing sur le faciès angélique. Le chérubin devenait démon, alors qu’il s’approchait doucement de la demoiselle. Sa poigne se saisissant de son menton, qu’elle le regarde, qu’elle imprime le visage, qu’elle se souvienne de sa présence sur sa peau. Et il rigoles enfin quand elle mentionne Adela. Peut-être pensait-elle toucher la corde sensible du fils a maman, du gamin brisé. L’attaque était idiote, pathétique pour celui qui n’avait pour sa madone qu’une profonde amertume.

« Oh ma mère a toujours eu un goût prononcé pour les chiennes de basse naissance, ça ne m’étonnerai même pas que tu ai imaginé grimper entre ses jambes. » il souriait calmement, sa baguette roulant entre ses doigts, se glissant silencieusement dans le dos de son invitée. « Tant qu’aux autres écervelées que tu fais jouir, leur nom ne m’intéresse pas vraiment, je ne suis pas du genre a traîner dans la boue. »

Il laissait la langue de l’autre battre l’air un peu plus, les lippes en violentes attaques, tentative de faire craquer le bourreau. Élans suicidaire, elle réveillait calmement les fureurs du gamin, comme une invocation, une réalité déguisée dans les inepties qu’elle déballait. Ce besoin simplement de détruire, lui qui emportait le chaos dans son sillage, sa gueule porte du Tartare prête a dégueuler sur terre des titans de cauchemars. Il refaisait le tour de sa proie, le vautour sur sa charogne, il s’approchait, silencieusement a ses côtés. Et pourtant elle piquait la garce, les mots se dégageant sur la corde sensible, la famille prise pour cible. Elle avait finalement lâché les fauves sur le gamin, sur celui qui se croyait libre, plus libre qu’elle aux mains liés. Elle attaquait le soldat, le frère, le fils, le pantin si bien formé, l’argile fracturé. Celui qui était né pour servir les siens, bras armé d’un père fou. Forgé pour être une arme, un chien enragé qu’on sortirait quand il le fallait, un doberman acharné, qui claquait des crocs a l’approche de n’importe quelle viande ennemie. A un ordre d’agir, de sauter, de tout briser. Légions les mots qui persistaient, alors qu’il serrait des poings et de la mâchoire, phalanges envolées qui allaient s’écraser sur l’arcade de la demoiselle, assez pour la briser, pour faire jaillir l’ichor impur. Il se saisissait du minois, possessif et brutal, plantant ses iris dans les siens, laissant ses griffes marquer la peau.

« Et tu penses vraiment que vous feriez le poids ? Que ton clan misérable a une valeur quelconque a mes yeux ? Que je vais trembler la nuit en dormant, craignant que des chiennes en chaleur ne viennent troubler mon repos ? Es-tu vraiment assez folle pour t’imaginer que vous êtes assez puissants pour faire trembler la Noble et Ancienne famille des Black ? Tu auras peut-être ma peau un de ces jours, si je ne me fais pas plaisir avant, mais les Black vous écraserons jusqu’au dernier, et le nom des Umbridge ne serait qu’un mauvais souvenir. » Il lâchait le visage blessé, le sang s’échappant par filets légers. Il soupirait légèrement. « Tu vois, c’est ça votre problèmes. On vous donne une chance de décoller. Et vous la gâchez aussi facilement...Un jour, peu importe quand, mes doutes seront prouvés. Et ce jour là, je te promets de faire de ta vie un enfer. Je n’aurai pas de réponses aujourd’hui. Mais tu le regretteras quand je passerai au fil de ma baguette toutes ces petites imbéciles que tu protèges. » Promesse qu’il balançait, il se souviendrait d’elle, il se souviendrait de cette envie presque incontrôlable de la défigurer, de glisser ses doigts crasseux sur la  membrane bleuies par le baiser de ses crochets sur sa trogne repoussante.

« Et tu as tord sur mon compte. Te voir souffrir ne m’intéresse pas, au contraire...un peu plus et j’éprouverais presque du regret. Je vais te partager un petit secret » Il s’approchait alors, posant ses mains sur les avant-bras de sa prisonnière, les doigts fins enserrant les membres avec une pression importante. Ses dents claquaient face au visage de la demoiselle, Animal dans sa taverne. Il glissait ses babines près des oreilles de la demoiselle. « Je ne cherche qu’à plaire a mon Ministère » D’un geste violent il faisait glisser ses mains sur le coude gauche de la prisonnière, coup sec, emporté vers l’avant, le bruit qui suivait fit vriller le garçon, les os se brisant entre ses doigts, et le hurlement de douleur qui s’ensuivait. Il lâchait un rire, insolence gratuite d’un gamin trop gâté. Les notes s’envolant avec violence dans la salle. « Allons allons...Vous n’allez pas faire la petite nature Miss Umbridge » Il croisait les droits, posant son dos sur le bureau qui faisait face a celle qui avait le faciès déformé par la douleur. « Je vous conseille de ne pas trop bouger le bras, vous risqueriez d’aggraver les choses. » Il jetait un œil sur le parchemin tâché par la plume a papote. Il aurait quelques modifications a faire avant de rendre ce rapport. Innocent a jamais de ses jeux sur ses prisonniers. Bourreau secret, gravé dans les souvenirs haineux de l’impure. Il glissait le verre d’eau laissé là entre ses lèvres, buvant doucement en lâchant un soupire. Il baissait les yeux sur la chienne a ses pieds. S’approchant. «  Une petite soif peut-être ? » La baguette jaillissait alors, et bloquant le visage de sa paluche grotesque. Aguamenti La baguette crachant son jet d’eau sur le visage de la demoiselle en détresse qui se défendait, évitant d’ingérer trop d’eau dans ses poumons délicats. Il s’arrêtait au bout de quelques longues secondes. « On ne t’as pas appris a dire merci Umbridge ? » Sourire mauvais comme au-revoir. Comme adieu. « On peut continuer comme ça toute la journée...enfin, si tu peux tenir » Relançant le jet d’un claquement brutal de la boisée dans l’air infesté de l’odeur métallique de sang et de sueur. Colère qu’on pouvait goûter au fond de la gorge, la glotte tremblante de tension entre les deux sorciers. Promesses funeste d’un avenir peu glorieux. Alors il continuait a la noyer, si elle ne voulait pas céder, il la ferait glisser entre ses doigts. Il n’y avait que deux issues possible, et sûrement elle s’en doutait, soit elle parlait, qu’elle couine quelques noms inintéressants pour plaire aux oreilles bouchées de son geôlier. Soit elle sortirait les yeux fermés, emportée par la douleur ou le manque d’oxygène, il la laisserait ramper, a défaut de marcher.

Je vais mourir ici.

L’articulation de ton coude se disloque dans un craquement sinistre. La torture interroge. La souffrance répond. Un courant glacé vrille sous sa peau, mordant tes os de ses crocs brûlant. Ton avant-bras pend selon un angle contre-nature. Jappements. Gémissements. Silence.

C’est comme ça que je pars.

C’est que tu l’aiguillonnes sauvagement, animée par le fol espoir de le voir lâcher les chiens. Personne ne résiste à la douleur. Pas même toi qui en a fait une compagne fidèle. Alors qu’il achève rapidement sa basse besogne avant que la vérité ne souille tes lèvres éclatées.

Balancera-t-il ton corps disloqués aux ordures ? Ferait-on disparaître ton nom des registres ?

Tu en doutes. Ton jeune bourreau aura des comptes à rendre. Il saccage. Il dérape. Mais il sait. A toute action correspond une réaction proportionnelle. Toute violence déclenche un incendie. Toute fumée est quitte pour l’intoxication. Tout vent semé, récolte la tempête.

Ton arcade s’ouvre comme un fruit trop mûr. Le carmin t’empoisse l’orbite. Tout tinte. Tout sonne. La nausée s’invite à votre bal sordide.

Ne plus entendre. Ne plus voir. Ne plus parler.

C’est bien.

Antarès fait le paon. Tu n’en as cure. Tu penses aux romains et à leur attitude devant les portes de l’éternité. Tu fais ton vado mori, te préparant à passer le voile.

Peut-être auras-tu la chance de le maudire, d’imprimer sur ses pas, les cendres de ton triste trépas. Peut-être t’attendra-t-on de l’autre côté ? Tu n’as aucun regret. Tu auras fait ce que tu devais : protéger ta famille, non pas comme le cabot galeux qu’il est mais comme le fier gardien que tu t’es toujours promis d’incarner.

Pourtant, tu ne peux t’empêcher de t’accrocher minutes après minutes, pour prolonger cet instant présent qui ne t’offre aucun futur. C’est instinct que tu ne peux vaincre. Même lorsque l’aigue te brûle les poumons, forçant ses doigts retords  à l’intérieur de ta gorge. Tu ne peux t’empêcher d’happer l’air, tant qu’il y en reste à respirer.

Tu vomis à ses pieds une écume de bile et de sang.

Ton crâne. Ta poitrine. Tes doigts. Tes membres. Tout te fait mal. Autour de tes iris, les vaisseaux ont déjà éclaté sous l’action de l’hypoxie. Des papillons sombres flottent à la périphérie de ta vision. Il est bientôt l’heure.

« J’ai gagné, petit con. »

L’eau. Le martyr. La géhenne.

Encore. Toucher du doigt le cercle infini des enfers.

Entre ses mains, tu t’es faite de chiffon. Les ténèbres gagnent la partie. Tu auras tout perdu en une poignée de minutes. Ton intégrité. Ta dignité. Ta combativité.

Mais mourir en le haïssant, c’était ça, la vraie liberté.

Interrogatoire terminé