interrogatoire — groupe 18. enkhjin greyback + théa malfoy + cassandra trelawney

Tw; Sang (oui déjà. But léger, c'est promis)

La porte s’ouvre pour la louve belliqueuse, le palpitant déjà aux abois et les sens acérés, galvanisée par les cris et pleurs écrasés à ses tympans tout au long de son épopée jusqu’à la salle d’interrogatoire. Les phalanges craquent alors qu’elle dévore la distance d’une démarche souple, venant séparer les deux chaises d’une distance plus que respectable, avant de les placer dos à dos. S’ils pensent qu’elle va les laisser se lancer des regards de soutiens, s’ils espèrent puiser chez l’autre une force absurde, elle ne leur laissera pas l’illusion d’une chance. Pression sur les épaules, attentes chevillées au corps, le long de la couenne filent les recommandations de la meute, jusqu’à venir marteler les tempes d’une douleur lancinante, la bête agitée dans les entrailles impatientes. Hurlez, charognes. Enkhjin ne connaît que trop bien la chaleur que l’on cherche dans les prunelles des pairs quand la situation l’impose. Ce regain d’espoir soudain qui enflamme l’âme lorsqu’elle réalise qu’elle n’est pas seule.

La nuque courbée, la Greyback arrange au millimètre la décoration de son antre provisoire, le zèle au bord des lèvres, tentant de museler le cerbère qui lui lamine déjà les tripes. Elle se redresse lentement, avant même que la poignée de la porte ne tourne et que n’entrent les deux proies. Les lippes se retroussent sur un sourire farouche qu’elle essaie de polir avec une grâce empruntée, affabilité chimérique qu’elle laisse entendre dans souffle, musant l’accueil sans chaleur. ” Bonjour. Bienven-... Oh. ” Elle s’arrête en plein vol, la baguette suspendue au bout des phalanges graciles, ses deux opales transperçant @Cassandra Trelawney avant de s’arrêter sur @Théa Malfoy. Lire le dossier était une chose, la voir faire son entrée en est une autre. Nouvelle ironie, souvenir d’une ère révolue qui lui arrache un léger feulement guttural.

” Assis. ” Claque l’ordre impérieux, plein d’une autorité volée à ceux qui l’ont trop ordonné. Enkhjin secoue brièvement la tête, l’impératif lui sonne presque faux aux oreilles, tant elle n’est pas habitué à le prononcer. Sans ambage, elle désigne les deux chaises, avant de les laisser s’installer, rôdant de l’une à l’autre. ” Je n’ai pas de verre à vous proposer, je le crains. ” La louve s’appuie paresseusement sur le dossier de chaque chaise, inspirant doucement, les manches de la chemises retroussées sur le Sceau, la chaîne d’argent luisant sous la seule source de lumière. ” Lady Malfoy. Lady Trelawney. Comme le veut la tradition chez nous, saluons les divinités de la chasse avant de nous élancer dans cette traque de la vérité. ” Elle agite sa baguette et sur son avant-bras danse le sillon vermeil dont elle tire le carmin du bout des doigts.
Appliquée, silencieuse, la louve se penche sur chacune de ses proies et trace trois lignes à l'incarnat pourpre sur leur front avant d’en marquer le sien. ” Mieux. Commençons ?” Pure tradition Greyback, envie sans doute, d’en jouer, abomination dans la cour des miracles.

Spoiler:

Ce n’est que coutume, depuis un temps, pour l’oracle d’être trainée dans les antres gargantuesques ministérielles. Elle n’en saisit que vaguement l’esquisse, ses pieds s’en allant vers là où la pression d’une baguette dans l’échine lui intime silencieusement de se diriger. Elle a la nuque indolente, ricochant avec nonchalance au rythme de sa foulée. Ordinairement, pourtant, elle est vouée dans ses déambulations à une parfaite solitude, aujourd’hui rompue par la présence d’une jolie tête blonde. Elle ne la connaît pas. Du moins, jusqu’ici. Son éternelle circonspection s’est affaiblie le temps d’un instant où, revêtant sa fidèle extravagance, elle lui lança un regard amusé avant de le replonger sur le sol, peu certaine qu’on lui ait rendu son oeillade.
Finalement, l’allure se modère — on les fait pénétrer dans une pièce aux allures morbides d’excavation, une faible lueur perçant l'océan de ténèbres. Devant ce qui lui paraît être deux assises, se tient une femme qu’elle croit avoir déjà aperçu, étrangement brillante et grandie dans l’obscur de cette cave sans solive. Son bonjour a la même chaleur qu’un couperet, et sa surprise en découvrant la deuxième cible revêt une intonation affamée. Assis. La terrible sommation entendue, Andra s’affaire à obéir dans l’immédiat le plus absolu — trop craintive en ce jour de précariser sa survie. Je n’ai pas de verre à vous proposer, je le crains. Le sarcasme prononcé fait échapper un rire à l’oracle, gloussement risible dans la discrétion avec laquelle il fallait agir ici. Elle ne s’en excuse qu’avec sa peine habituelle, d’un simple regard dérangé, la nuque faiblissant de nouveau, faisant rouler sa tête sur ses épaules avec une lenteur incommode. Elle entend l’ambition de l’interrogatrice, avide de sarcler à ses captives des vérités inconnues, débusquées dans l’impératif de leurs réponses. La vérité ; un dogme bien surfait, ayant le don d’assommer l’oracle. Andra s’extirpe du présent une seconde, observant l’infinie absence du plafond, jusqu’à être tirée de ses rêveries par une pression sur son front, traçage à la fois glacial et ardent, qui l’oblige à atterrir. Elle regarde Greyback qui fait de même sur le sien, et laisse échapper une bévue, nourrissant le malaise qui transpire tout autour d’elle. Il n’y a plus vraiment de sourire, comme fané à cause de la présence sécheresse de la geôlière, manifestement amusée par son ascendance. J’ai l’impression… que le rouge vous sied plus à vous qu’à moi. Elle a la voix inconstante, témoignage oral de son ondoyant esprit. Elle ne peut pas dire pour l’Autre — elle ne la voit plus.

Evidemment.

“Greyback.” Sur toutes les âmes qui peuplent le ministère, des plus basses aux plus érudits, il fallait qu’elle tombe sur une chienne de garde. Merveilleux, vraiment. Elle relève le menton quand la pauvresse l’invite à s’installer. “La politesse ne t’écorche pas la bouche. Certaines choses ne changent pas avec le temps. C’est… Rassurant.” Un sourire hypocrite à la brune qui semble si fière de faire partie de la grande famille esclavagiste de Grindelwald.

“Le ministère m’a habituée à… Mieux.” Elle tapote de ses doigts la table, avant de tendre la main vers sa comparse. “Théa Malfoy. Enchantée de vous rencontrez, Cassandra. Votre soeur me manque beaucoup.” Elle a une pensée tendre à Orphée, qu’elle sait en vie, bien que disparue. Est-ce que l’Oracle savait où elle se trouvait ? Connaissait-elle le rôle de la blonde dans cette histoire ? Théa ne savait pas grand chose sur les dons de voyance, après tout, il faut dire qu’elle a longtemps cru que ce n’était que des sornettes, jusqu’à ce qu’Orphée la sauve d’une chute qui aurait pu devenir tragique.

Elle se tient droite en jaugeant du regard celle qui devait l’interroger. Elle espérant secrètement qu’Atlas avait eu plus de chance, car elle était vraiment mal tombée. Voilà que la cinglée se taillade le bras, Théa réprime un haut le coeur, l’odeur du sang étant assez insupportable pour la jeune femme, elle détourne le regard, mauvaise idée, puisqu’elle se retrouve marquée par la Greyback.

“Mais tu as un problème Greyback, c’est pas possible !” La Malfoy bondit de son siège comme si le doigt de la sorcière l’avait brûlée. “Ta croyance si tu veux, mais ne mets pas ton sang sur mon front bon sang, c’est dégoûtant !” Elle utilise sa chemise immaculée pour nettoyer le carmin dans une grimace écoeurée, et soupire en voyant la tâche ensanglantée sur sa blouse blanche. Au moins, ce serait raccord avec sa jupe. Elle croise les bras, et toise sa comparse, furibonde. Merlin que les minutes allaient être longues.

Ah.
La docilité comme la discrétion ne sont visiblement pas des vertus que l’on entretient chez toutes les femmes de pure lignée. Dommage, c’était bien là leur seul intérêt. L’ancienne Serdaigle étouffe les grondements de reproche dans un vague rictus de crocs étincelants. ” Si ma politesse vous déplaît, je connais d’autres choses qui peuvent écorcher la bouche si vous le demandez, Malfoy. ” Qu’elle laisse flotter d’un timbre placide avant de passer à la suite, la joute verbale pour terrain abhorré, elle évitera de danser sur les rythmes qu’impose la blonde. Elle le sait, elle perdrait sûrement. Ou en tout cas, quelqu’un y perdrait quelque chose. Et à vrai dire, le chien n’a qu’une mission, arracher la vérité. Pas des langues, ni des membres. Le reste lui semble d’une importance limitée. Elle note l’échange entre les deux, quelque part satisfaite de la composition de son antre, pour une fois.
Finalement, son intérêt se laisse emporter par la présence éthérée de @Cassandra Trelawney alors que chacune prend place. Lunaire, la voyante à la botte du Ministère, lunaire et pleine d’une force résignée qui agite les entrailles de la louve d’une curiosité qu’elle pensait muselée. De courte durée, l’observation se trouble derrière les trainées vermillon, à l’exclamation outrée qui échappe de la blonde, alors que ses phalanges achèvent de marquer son propre front. L’ultime trait meurt sur l’arête de son nez, dans une virgule agacée ponctuée d’une claquement de langue. ” Ta croyance si tu veux, mais ne mets pas ton sang sur mon front bon sang, c’est dégoûtant ! ” Malfoy outrée semble frémir de colère et dans la poitrine de la louve, les shishayans s’éveillent pour toute réponse, frappant l’âme d’un appel au combat.

Enkhjin incline la tête sur le côté, considérant quelques secondes l’agaçante femme-enfant, les bras croisés et les sourcils froncés sous ses boucles blondes. ” Tu as dit deux fois sang. Mais jolie rime. ” Croit-elle bon de noter, dans un tutoiement résigné, avant de bondir sur elle, baguette en avant. Silencio qui frappe par deux fois, l’Oracle et la Précieuse ridicule. Sa main saisit la gorge offerte, les phalanges pressées sur la nuque pour lui faire ployer l’échine, éducation des Greyback qui lui dégueule entre chaque geste à la précision chirurgicale. Des centaines de fois subie. Des milliers de fois répétée, la manoeuvre destinée aux chiots récalcitrants, aux molosses sans éducation. ” Assis. J’ai dit. ” Gronde la louve au creux de l’oreille de la blonde, les consonnes rugueuses d’un accent abrasif avant de se redresser légèrement pour laisser sa voix porter à nouveau. ” Je crains qu’il ne soit désormais trop tard pour m’étouffer de politesse alors je ne peux que vous proposer de vous étouffer dans votre outrage, Malfoy. ” Entre les canines effilées file le suave venin, celui qu’elle a volé à Yesugei et son accent plus royaliste que le roi. Retour d’un vouvoiement détaché alors qu’elle impose le contact. Quelqu’un d’autre a un problème et elle ferait mieux de s’en préoccuper..
D’un léger tour de baguette, sa main toujours posée sur la Malfoy, elle rend sa voix à l’Oracle. ” Pendant que Miss Malfoy réfléchit aux bienfaits du respect des traditions d’autrui, commençons donc. ” Sans trembler mais peut-être à regret, elle relâche légèrement la pression. ” Miss Trelawney. Avez-vous entendu parler d’une R#dio ? Accio FM ? ” Sa langue fourche sur l’outil comme pour le nom et elle ne prend pas la peine de se reprendre, jugeant la question suffisamment claire. ” Comment avez-vous vécu l’attaque de l’arène ? Où étiez-vous, d’ailleurs ? ” Quelques secondes de flottement et elle lève le Silencio pesant sur Malfoy, s’écartant par la même occasion. ” Et vous, Malfoy, la R#dio ? Où étiez-vous lors de l’attaque ? Que faisiez-vous ? Une fleur délicate, comme vous, a forcément été affectée par cette tragédie. ” La pulpe de ses doigts joue avidement avec le sillon carmin de son avant-bras alors que son regard épingle tour à tour l’Oracle et l’ancienne Préfère. Tambour sous la peau, déesse de la chasse au tympan pour une quête qu’elle sait intangible. Don’t let them run.

Théa s'étouffe presque. Est ce que la Greyback tentait de l’intimider, elle ? Si elle était mal élevée, elle aurait dressé son majeur sans peur de se le voir coupé. Théa avait la colère incendiaire et tête brûlée. Il n’était pas sain qu’elle se laisse aller à l’incandescence des sentiments que la jeune femme lui inspirait. “Si c’est une menace, je pense que mon fiancé sera bien aise de l’apprendre, je crois qu’il comptait envoyer un carton d’invitation pour notre mariage, mais je peux toujours m’assurer qu’il finisse au feu.” Bon, il faut avouer qu’elles ne jouent pas avec les mêmes armes, l’une avec des baguettes et des crocs, l’autre avec sa langue trop pendue. De cela, il était clair que la Greyback ne plantera jamais ses dents dans la blonde de peur de se retrouver attaché d’une façon ou d’une autre avec la malheureuse. Elles risquaient de s’entretuer, c’était une certitude.

A croire que déjà, Enkhjin ne supportait plus d’entendre la jeune femme, un sort pour l’empêcher de parler. Et pour s’en assurer, une main sur sa gorge, les yeux de Théa s’écarquillent et elle porte les siennes sur les doigts de la sorcière pour s’en détacher. Mais il faut reconnaître que la blonde n’a ni la carrure, ni la force de sa comparse, et se retrouve installée sans délicatesse. L’ordre lui rappelle subitement une scène déjà vécue où un chevalier sans armure l’avait sauvé. Ici, personne pour l’aider, que sa bouche trop prolixe pour l’enfoncer.

Je vais te faire manger ta condescendance de chien mouillé. Je vais de faire bouffer tes ongles et ton regard suffisant. Je vais te faire avaler tes canines et tes mots pesants. Je vais te regarder t’étouffer sans te porter assistance. Tu paieras. Tu paieras. Je le jure sur ma magie.

C’est silencieux, elle masse sa peau avant enserrée par les griffes de la femme qui ne tremble pas, elle. Parce que tout le corps de Théa s’agite de spasmes de colère, alors que ses prunelles tentent de sonder  Djinn pour la tuer de l’intérieur. Quel serait le point le plus sensible ? Le coeur ? Facile. Les poumons. Douloureux, à garder. L'éviscérer ? L’odeur la dégoutterait, mais elle serait si satisfaite de la voir dépourvue de vie que ça rattraperait tout. On n’humilie pas une Malfoy. On n’humilie Théa. Elle paiera. Elle paiera.

“Ah, j’ai le droit de parler maintenant ? Non mais je ne sais pas, au cas où on intenterait à nouveau à ma vie, je préfère m’en assurer.” Elle relève la tête, pas de larmes pour Greyback. Elle laissera couler la peur et les tsunamis de ressentis qui l’écrasent dans les bras d’Atlas. “Je n’ai qu’une harpe pour mes oreilles, et maintenant un piano” Elle rit, jaune, parfaite actrice. “Je ne saurais même pas faire fonctionner une radio, c’est un objet moldu de base, il me semble ? Ai-je l’air de jouer avec des biens de nos congénères non magiques ? Non, crois moi.” Elle s’arrête et poursuit sur les questions de sa tortionnaire alors qu’un cri perçant brise le silence. Un froncement de sourcils inquiet, c’est une femme, et elle n’espère juste que ce n’est pas l’une de ses connaissances. Égoïstement, elle est soulagé. Ce n’est pas Atlas. “La première tragédie, c’est ce qui est arrivé à la famille Zabini. J’ai été dévastée. J’étais la préceptrice de la plus jeune…” Elle baisse la tête, sincère. S’il y avait une larme à verser, ce serait pour elle. “Mais autant ma peine est lourde, je ne suis pas passionnée des combats, effectivement, la fleur que je suis était présente lors de l’attaque, je me suis transplaner sans demander mon reste quand le message a été diffusé. Mon père n’était pas au courant de ma présence, je ne voulais pas d’ennui. Quelques personnes m’ont croisées, j’étais venue pour… Pour comprendre, je pense ? Et peut être y croire, ça me semblait un peu irréel. C’est très clair, maintenant. Je n’ai plus besoin de preuves visuels.” Traumatisme encore présent, curiosité déplacé, elle ne mettra plus jamais un pied dans cette arène.

Si la situation ne l’avait pas ennuyée, peut-être qu’Enkhjin se serait fendue d’un sourire aux menaces de Théa. La louve note, néanmoins, dans un coin de l’esprit et de parchemin, les crocs à nu et une tentative d’intimidation. Elles ne jouent pas dans la même cour, ne fréquentent pas les mêmes sphères et pourtant, à la croisée des chemins, se trouve l’amère présence d’Atlas. L’ancienne Serdaigle offre à Malfoy un sourire à la politesse effilée, comme on lui a si bien appris à faire chez les barbares érudits, dans un silence entendu. Elle ne répondra pas, la puérile provocation ne mérite pas son intérêt. Le Français a une place particulière pour elle mais savoir qu’il aurait l’intention de l’inviter et que sa truie de future femme s’y opposerait lui semble une justification suffisante.

Du bout de la baguette, le Silencio fouette Cassandra Trelawney pour l’empêcher de parler en même temps que la Précieuse. Un grondement frondeur attirant la tirade qu’elle lui sert en premier. La louve roule des yeux, passablement excédée face à un enfant capricieux. Par réflexe, sa main se lève, griffes en avant, mais retombe rapidement avant même d’effleurer le visage de la blonde. Lui faire ravaler l’insolence n’est pas (encore) sur la liste de ses priorités, quoiqu’en disent les tambours battant à ses tempes. S’éloignant du sentier de la guerre et de Malfoy par la même occasion, pendant qu’elle lui répond, elle tire légèrement la Trelawney un peu plus à l’écart, frappée d’un Petrificus dont elle se libérera bien seule en temps et en heure.
La plume à papotte note avec précision les réponses de Théa sans qu’elle n’ait besoin d’en faire plus, probablement bien plus que si Enkhjin l’avait fait elle-même, de son écriture brouillon mais oublie les importants détails que sont le ton employé, les expressions froissant les traits. “Ai-je l’air de jouer avec des biens de nos congénères non magiques ? Non, crois moi.” La langue de la louve claque contre son palais, grondement désapprobateur pour ce tutoiement qui vient directement s’opposer aux convenances qu’elle a désespérément essayé de plus ou moins conserver depuis le début de leur entrevue. Si Enkhjin a pu tenter de feindre le respect, Malfoy n’en a cure. Et c’est fâcheux.

Son regard vrille sur la blonde et elle s’apprête à répliquer avant d’être interrompue par un hurlement déchirant. La louve se tend, laissant passer le frisson d’avidité qui lui traverse l’échine, des entrailles impatientes aux tempes brûlantes. Si une partie de la suite de la réponse lui échappe, ce n’est pas le cas pour l’expression d’inquiétude qui passe sur les traits de l’ancienne préfète.
Les prunelles d’Enkhjin retrouvent le chemin de son hôte, attrapant la fin de la diatribe au vol, dans un léger haussement de sourcil. “Je ne sais pas de quoi tu as l’air, quand il s’agit de jouer avec les biens des moldus. Mais j’ai vu beaucoup de sales chiennes dans ma vie et tu leur ressembles beaucoup.” Elle feule, la baguette oscillant entre ses phalanges graciles tandis que ses doigts pressent toujours distraitement la coupure à son bras, le sang coagulé sous les ongles.  “Mais tu sais, je ne pense pas que ce soit vraiment clair, l’arène, en cette occasion. Ce que tu as vu ce jour là, une évasion de masse, n’est en rien proche de ce qu'y s'y joue habituellement. Je pense que tu n’as pas assez fréquenté l’endroit pour savoir ce qu’il en retourne. Peut-être devrais-je t’offrir un ticket.” Doucement, Enkhjin s’approche, sondant la blonde du regard, reniflant d’un mépris voilé. “Alors qu’est-ce que tu as vraiment compris, Théa ? Que le régime pouvait être défié parce que c’est bien ce qui est arrivé ?” Elle incline la tête sur le côté, avec douceur, chien curieux examinant les réactions de l’autre. “Je t’en prie, tu as désormais l’autorisation de parler… Eclaire-moi donc à ce sujet. Qu’est-ce qui est vraiment clair ? Serait-ce que tu connais des gens ayant participé à cette action, des partisans… Des soupçons, peut-être sur un membre de la R#dio en question ?” La louve se penche en avant, la couenne aux frissons impatients, les iris toujours épinglés à ceux de la blonde. “Qui. Des noms.” Ce n’est pas une question, ça flotte comme un ordre véhément, accents fougueux au bord des lèvres.    

La violence des menaces sous jacentes ne font pas trembler la Malfoy. Elle est encore sur un nuage de protection fabriqué de toute pièce par Atlas. Rien d’autre que lui ne compte, désormais. Et parce que son honneur se doit d’être sauf, elle dénigre la lycan, qui est si fière de ses racines qu’elle en dépose la marque sur le front de la digne Malfoy, qui se sent pousser des ailes aiguisés par le statut proposé par un ministre inconvenant. On ne prenait pas un poste aussi important à 30 ans et des poussière. Il était inexpérimenté, et cela se sentait dans ses prises de position impulsif. Laisser une sang mêlée procéder à son interrogatoire était insupportable. Elle saurait en référer à des personnes plus compétente que la Greyback.

La vendetta d’une soirée d’été d’adolescent se poursuit. Si Théa n’avait pas été longtemps la préfète de la chienne qui se permettait de l’interroger, elle avait l’impression que la brune en avait gardé des souvenirs sombres, bien plus piquants que la blonde. Ou était-ce simplement que Théa était tout ce que Enkhjin ne serait jamais ? Sang pur, sans pleine lune à redouter, un délicieux mari au bras, une vie délectable ? Théa avait peur de son ombre, y avait-il une chose dans le monde que redoutait Djinn, si ce n’était l’orbe de la lune ? Peut être que le fait de ne plus avoir le palpitant qui s'emballe la rendait plus imprudente ? Parce qu’il fallait être fou pour s’en prendre à une Malfoy.

C’était cela, la folie l’avait touché et elle n’attendait qu’une chose alors, qu’on l’autorise à parler. Elle doit se tenir à sa chaise pour ne pas se lever et se jeter sur elle. Elle perdrait le combat, mais soit, elle pourrait toujours l’abimer un peu. La stratège qu’elle peut être habituellement est mise en échec par sa voisine la colère. Bonne amie, elle connait par coeur Théa, qui devient incandescente par l’insulte non dissimulé. Le régime ? elle s’en fiche tant qu’on lui permet de la détruire ? La radio ? Elle se servirait bien de l’antenne pour l’enfoncer dans sa gorge, juste pour le plaisir. Ou de la planter dans ce bras qu’elle a l’air d’aimer charcuter. Oui, Théa avait beaucoup de réponses à formuler, mais aucune ne conviendrait à cet entretien.

“La seule chienne qu’il y a ici, c’est toi, pauvre hybride. Je ne veux pas de tes cadeaux, tu n’as rien que je ne saurai m’offrir. Si ce n’est une dignité pour ta personne, parce que, vois-tu, je ne pense pas qu’on trouve assez d’or à Gringotts pour t’en acheter une.”

Et à chaque mot qui claque le long de sa langue, elle signe la guerre.

L’ennui étreint brièvement Enkhjin en constatant que Théa de bat pas un seul cil. Elle serait presque tentée de la laisser partir, comme un chat lassé de sa proie faisant le mort. Mais les directives de sa mission sont claires, quoi que puisse être la finalité, l’interrogatoire est censé, au moins avoir lieu. Laisser Malfoy partir par désintérêt passager ne fait pas partie de ses recommandations. Aussi Enkhjin s’abstient-elle de l’inviter, pour l’instant, à prendre la porte.
Peut-être est-ce le besoin de tromper la monotonie qui s’installe, qui fait fourcher la langue de la louve, dans une provocation plus directe qu’elle ne le voudrait. Ou peut-être veut-elle simplement tester les limites d’une Malfoy aux abois. Pour une fois que les rôles sont inversés, les pulsions puériles semblent s’accorder à merveille avec la mélopée guerrière qui lui vrille le crâne depuis l’entrée de l’ancienne préfète.
Mais comme mue par la même colère juvénile, la vipère s’éveille finalement de sa torpeur et le venin se crache avec une facilité déconcertante. Les phalanges d’Enkhjin saisissent brièvement la chaîne argentée accrochée à sa gorge, dans un râle étranglé. Pauvre hybride. L’insulte lui déplaît, quoi qu’elle ait un fond de vérité. Les chiens de la meute n’ont jamais été aussi faméliques et asservis que sous le joug de Grindelwald. Théa n’est pas stupide, quand il s’agit de connaître la place de chacun. En théorie.
Alors la louve s’agite dans ses entrailles, assoiffée d’une bataille stérile, éveillée par la fureur éclatante. Quelques secondes, les tambours sont si fort qu’elle en oublie sa présence dans la pièce, ses ongles grattant toujours plus le sillon sur sa peau alors qu’elle traverse la salle dans toute sa largeur.

Le regard ambré de la louve se pose enfin sur Malfoy dans un concert de grondements fiévreux qu’elle étouffe dans un nouveau sourire poli. “Vous noterez que je n’ai pas été trop insultante avec Miss Malfoy et qu’elle refuse, de toute évidence, de coopérer.” Adresse-t-elle à la Plume à Papotte, qui semble suspendre son écriture avant de reprendre.
L’ancienne Serdaigle s’appuie sur le mur faisant face à la vipère blonde, inclinant la tête sur le côté. “Tu sais, Théa. La cordialité de cette entrevue était, en partie, mon cadeau de mariage. Mais je comprends que tu n’en veuilles pas.” Elle mouline du poignet, semblant écarter le sujet d’un revers de la main. “Après tout, que pourrais-je bien réellement te donner, que tu n’aies déjà ? Mais… Théa. Sais-tu pourquoi cet entretien existe ?” La voix baisse d’un octave, lente litanie du chasseur dégueulant de ses lippes alors qu’elle se décolle du mur pour s’approcher de nouveau de la blonde. Entre ses doigts, sa baguette ondule doucement d’une phalange à l’autre, ballet mortifère, plus mécanique que conscient. “A vrai dire, nous nous doutons que sur tous ceux interrogés, seulement quelques uns seront réellement concernés par la r#dio.” Sans prévenir, un revers cinglant s’abat sur la joue de Malfoy et les doigts s’agrippent à la gorge virginale  tandis que se poursuit le laïus, roulement de tonnerre entre les labres de Greyback. “Et sur ceux là… Une infime partie parleront réellement. Alors pourquoi prendre cette peine, vas-tu demander ?” Les phalanges resserrent leur emprise autour de la trachée délicate, le pouce posé sur la jugulaire, précision implacable. D’une pression du poignet, elle force la blonde à se redresser et envoie la chaise valser plus loin, le grincement sur le marbre se répercutant sur les murs de l’étroite salle.
“Parce que ça envoie un mess#ge. Vous vous pensez à l’abri par votre stat#t mais ne pensez même pas tr#hir le Régime. Ne pensez même pas à vous opposer. Aussi pur soit votre s#ng, il coulera c#mme les autres.” Sa jambe fauche les tibias de la Vipère et Enkhjin accompagne la chute d’un mouvement fluide, que la face si précieuse s’écrase dans un craquement sur le dallage sombre.  “Je supp#se que tu embrasses bien, pour une chienne de Malfoy, alors je t’ai arr#ngé une renc#ntre avec le sol. Tu n’es pas #bligée de m’inviter à ce m#riage là.” Claque-t-elle dans un aboiement aux syllabes coupées au hachoir. L’accent anglais si bien maîtrisé glisse de plus en plus hors de portée avec l’émergence du cerbère tapi dans les entrailles. Le fiel roule sur sa langue, écumant les babines relevées d’une hostilité fauve et ses doigts viennent attraper la crinière blonde de la Malfoy au sol, relevant son visage à la hauteur du sien.  “Réponds à mes questions, Malfoy.”  

Spoiler:

tw : sang, violence

Elle a un sourire amusé lorqu’elle l’entend dicter à la plume qu’elle ne coopère pas. Elle est interrogée par une louve incontrôlable, dans quel univers est elle censée coopérer sans sa baguette, ici ? Aucun. Elle se devait de réagir. On ne frappe pas Théa sans se brûler, elle avait essayé, elle avait perdu. Ou bien Théa était-elle tout simplement inconsciente ? Perturbée par des joncheruines pour pousser à bout une hybride en colère ? Qui était la plus venimeuse, Théa ou Djinn ? La révélation frappe littéralement Théa au visage, gifle aussi bien sur la joue qu’au fond de son égo.

Elle n’avait pas quand même osée ?

La chaleur brulante d’un traitement qu’elle n’avait pas subi depuis l’enfance, humiliée par une moins que rien, le visage qui se transforme en une grimace de douleur, les yeux qui se relèvent pour croiser ceux de la tortionnaire.

Je
vais
te
tuer.

Ca ne franchit pas les lippes de la blonde, mais ca fuit du regard, poignards assassins pour la pauvre femme qui se tient face à elle. Elle lui fait quitter son siège qui s’effondre dans un bruit sourd. Théa est surprise quand le fer frappe le carrelage du ministère, cassant la tension présente dans la pièce. L’autre en perd son anglais, et théa en ri. Allegrement. Une insulte voudrait sortir de ses lèvres, mais elle n’a pas le temps, fauchée par la brune sans ménagement.



Elle n’aura pas besoin d’Atlas pour cela. C’est l’unique pensée qui la force à ne pas se jeter contre la louve, la mordre à son tour, la blonde pouvait le faire. La chienne tire ses cheveux pour la ramener vers elle et Théa lui crache le sang qui restait dans sa bouche au visage en guise de réponses. “Ca te va comme réponse, Greyback ?” Elle a à peine le temps de finir sa phrase que son visage rencontre à nouveau le sol.

Spoiler:

TW: Violence, sang

Le bourdonnement des shishayans sauvages a remplacé le souffle de la raison aux oreilles d’Enkhjin. Les tympans vibrent si fort sous le sifflement dément qu’elle en manquerait presque les paroles de Malfoy, ignore les regards assassins et les rires moqueurs. Qu’elle lui souhaite mille morts, Greyback n’écoute plus que la clameur de la meute qui lui lamine les tempes.
Dans la caboche, la fureur galope et les tambours martèlent la déclaration de guerre en trémolos endiablés. Guérilla dans les veines, le carmin se rue dans les artères et l’étreinte se resserre d’instinct, le regard vrillé à l’ancienne préfète. Les mâchoires se crispent, la couenne profane frémit alors qu’elle abat de nouveau le visage de la blonde contre le carrelage. “Tu te doutes bien que ce n’est pas la réponse que je veux entendre. Tant pis.” L’accent roule toujours mais les lettres ont repris leur place, la frénésie de la Steppe laisse place à un férocité méthodique. La louve penche la tête sur la gauche avant de relever le visage de Théa. Pas de craquement. Son nez est sans doute en bon état et une partie d’elle est déçue. L’autre semble s’en satisfaire, si elle avait trop saigné, peut-être aurait-elle dû arrêter trop rapidement et libérer la proie si jalousement gardée.
Sa main libre essuie les vestiges de sang et salive lui maculant le visage, reniflement outré faisant frémir les lippes, l’écume fiévreuse qu’elle chasse avec tout autant d’ardeur, dans un dégoût évident.
Enkhjin inspire profondément et elle fait basculer Théa sur le dos d’une pression des doigts sur sa gorge, quitte à ce que l’échine craque sous le mouvement, avant de s’asseoir promptement sur son torse. La louve est intriguée et, alors que sa baguette suit la courbe de la mâchoire de la Malfoy, une lueur de curiosité passagère remplace l’ivresse animale. Peut-être que l’ancienne camarade frappe juste, quelque part, qu’il y a un fond de jalousie dans les esclandres fauves du monstre dans les entrailles. Peut-être que la rage s’embrase plus aisément au contact des nantis et que la chaîne à la gorge n’en est que plus irritante, agaçant rappel de liberté crucifiée. Mais surtout, qu’est-ce qui donnerait autant de hargne à une silhouette si frêle ? Jusqu’où peut-elle bien tenir avant que le jouet ne se brise ou que son esprit s’apaise ? “Je suis désolée.” Elle souffle dans un grondement rauque, ses phalanges retrouvant le chemin de la trachée de la blonde. Les doigts s’enroulent à nouveau en serpents insidieux et dans les iris, la fièvre impétueuse reprend ses droits. Elle la tuerait pour avoir osé la défier. “Je n’ai pas pour habitude de garder les gens en vie et je devrais t’arracher la langue. Mais si je le fais, tu ne pourrais pas faire passer de message. Ca va peut-être piquer un peu.” Elle sait. Les gestes lents et méticuleux d’Enkhjin s’attardent sur la joue, descendent au creux du cou. La baguette aussi brute que sa propriétaire gratte le derme, brève accalmie songeuse que la Bête refuse de laisser durer.

Piaffe la compagne honnie dans les méandres de l’esprit supplicié. Tant pis si elle ne parle plus. Théa sera sa toile aussi, son message au monde, le vice qu’elle a volé à Aletheia, comme des centaines d’identités dérobées aux autres. Mais que tous sachent. Personne ne crache au visage des Greyback. “Defodio” Sans prévenir, le sort éructe des lippes trop longtemps scellées, coup de tonnerre de colère refoulée. Fehu, que jamais elle n’oublie sa place dans le troupeau et les loups sur ses talons. Vengeance, peut-être, que de marquer l’autre comme du bétail quand sur la poitrine pulse sa propre rune.

Spoiler:

tw : sang, violence

L’humiliation est insupportable pour la blonde. Elle peut accepter les coups, elle saura se soigner. Elle peut accepter les insultes sans fondement par une sang-pure sans importance. Mais se faire traiter de chienne par une lycan qu’elle n’a jamais supportée ? Qui s’est déjà permis plus que de raison de la dédaigner ? Oh non, Théa ne pouvait pas accepter ça. Parce que la fierté était son défaut le plus honteux, le plus transparent. C’était une évidence, que la blonde ne supportait pas qu’on s’attaque à son rang. Les Malfoy ne l’acceptaient pas, elle encore moins, enfant sauvage.

“Je suis désolée.”

Les mots frappent sans prendre de sens quand la brune passe au dessus d’elle, et que Théa tente de se débattre un peu. Elle a bien un défaut, c’est qu’elle est trop frêle, trop fragile, trop fine pour se défendre physiquement. Si on la prive de sa baguette et de sa verve, elle n’a plus rien. Coincée, la gamine qui ne supporte pas l’affront. C’est bientôt des cris qui transpercent le vide qui s’échappent de sa bouche ensanglantée. Elle ne peut dire comment, pourquoi Greyback lui inflige ça, elle ne sait pas ce qui se passe, elle se sent juste mutilée et abimée alors que chaque tracé est pire encore. La voix qui franchit surement les portes, comme elle en a entendu d’autres, c’est maintenant la sienne qui hurle la douleur.

Elle a du mal à respirer.

Elle a du mal à penser.

La seule chose qui est clair, c’est qu’elle va peut être mourir ici, par abus de mots.

Il fallait bien que ça arrive un jour.

C’est douloureux. Elle ne se battra pas plus ici. Elle peine à respirer correctement. Mais la phrase coule de ses lèvres, tête sur le côté, ne plus regarder l’assaillant. “Tu sais que je ne sais rien, Greyback. Tu sais que je n’ai rien à te donner, parce qu’on ne dit rien à une femme comme moi. Désolée de te décevoir, tu es tombé sur le mauvais interrogatoire. Je n’ai jamais eu à craindre le ministère parce que je n’ai jamais eu de pensées contre lui. Je n’ai rien à t’apporter, rien du tout. J’ai parlé, maintenant, c’est fini ?” Elle tousse entre le sang qui chatouille encore son palais et sa gorge douloureuse. Ca s’échappe de sa bouche, encore, elle sait qu’elle est défaite, le sang qui a tapissé son visage aussi a dû la défigurer. Le corps qui est devenu flamme, autant brûlé par le désir de vengeance que par la douleur qui s’est insinué dans tous les pores. C’est insupportable, ça dévore, ça ravage, mais elle n’a pas le choix que de rester là, sous la force de son bourreau qu’elle ne comprend toujours pas.

TW; violence, sang


Enkhjin exhale un long soupir teinté d’agacement. Si les shishayans vrombissent encore à ses tempes, rythmant la marche guerrière, l’heure n’est pas à la bataille et Théa marque un point. Elle ne sait rien. Et Enkhjin le sait. Peut-être serait-il plus judicieux de lui laisser assez de voix pour raconter ce qu’il en coûte de ne pas connaître sa place.
“N-N#n. Ce n’est pas fini. Assieds-toi.” qu’elle gronde plus qu’elle ne parle, en se redressant, laissant Malfoy à terre pour s’emparer du carnet de notes laissé à l’abandon sur la table. “Tu n’as rien écouté de ce j’ai dit avant, n’est-ce pas ? Trop absorbée par ton petit jeu de pouvoir. Peut-être dois-je l’exprim#r… Plus simplement.” Elle darde un regard torve sur la blonde avant de sortir un mouchoir frappé de ses initiales qu’elle vient placer sur la gorge meurtrie. “ C’est un message, Malfoy. Toi être exemple. Si quelqu’un vouloir attaquer nous. Eux regarder ta petite face meurtrie. Eux peut-être réfléchir. ” L'échine longiligne se courbe, presque par habitude, malgré le fiel qui s’échappe de ses lippes. Dans un anglais à l’accent qu’elle emprunte sans aucun doute à Malfoy et consorts, l’insulte simplette si souvent entendue dégueule, souvenirs amers des années de Poudlard et des vents de la Steppe devenus lointains souvenirs. Elle se penche légèrement en avant, avec un sourire plat, vrillant ses prunelles à celles de Malfoy.   “Toi comprendre mieux ?” Elle marque un léger silence avant de se redresser, la baguette courant entre ses phalanges. “Crois-tu au Régime, Théa ? Que penses-tu de la place des moldus dans la société ?” Le faux accent anglais s’efface aussi vite qu’il est arrivé et les consonnes roulent à nouveau, redessinant les mots à la hache, sans animosité mais sans chaleur.  

Elle a l’impression de ramper, la douleur aussi sinueuse que son corps qu’elle traine jusqu’à la chaise. L’odeur lui donne envie de vomir. Elle risque de vider le contenu de son estomac sur le sol, si le sang continue à couler. Mais sa gorge est si douloureuse qu’elle est terrifiée à l’idée de déverser le moindre liquide hors de sa bouche. Des larmes s’égrainent encore sur ses joues rosées par le sang séché. Elle n’a l’impression qu’être le feu, dévorant, la souffrance, et pourtant ce n’est pas fini. C’est là les paroles de la Greyback. Théa a le sentiment d’être là depuis des siècles, et que jamais elle ne sortirait. C’était ainsi que sa vie se terminerait ? Dans une pièce glauque du ministère ? Tuée par une hybride ? Elle arrivait à peine à ne pas s'effondrer. Pas faite pour résister, Théa. Elle devrait être terrifiée, maintenant, mais les affronts de la Greyback sont insupportables. Elle se moque éperdument de la Malfoy, et la guerre des opposées ne fait finalement, que commencer.

“Parce que tu penses que quelqu’un va s’inquiéter de mon sort ? Oh, Enkhjin, tu penses donc que je suis si bien entourée ? Mais ne sais-tu pas que chez les sang-pur, il n’y a que le paraitre ? Tu crois qu’on se souciait de moi quand mon défunt mari était un monstre ? Non. Absolument pas. Alors, je trouverais un moyen de cacher ta marque, et la seule personne qui sera folle de rage à l’idée de ce que tu as fait, c’est Atlas. Vous vous entendiez bien, n’est ce pas ? Oh, eh bien j’ai hâte de voir sa réaction quand il verra ce que tu m’as fait.” Elle crache encore un peu de sang au sol, parce que ça gêne à ce moment là sa diction. Elle attend sa réaction, plus à un coup près, et quand la question sur les moldus reste en suspens, Théa assène son arrêt de mort. “Oh, les nés moldus ont des pouvoirs utiles, on pourrait leur trouver une autre utilité que l'arène. Alors, voilà ce que je pense du régime, il n'est pas assez réfléchi. Tout un potentiel inexploité, des idées pas assez abouties. Mais les vrais parasites, ceux avec qui on est pas assez dur, c’est les hybrides. Quelle erreur de la part de Grindelwald de laisser une chienne de garde faire un interrogatoire. Aucune compétence tactique. Aucune réflexion. Peut être devrais-je lui proposer mes services, je suis bonne aux échecs depuis l’enfance. Note donc ceci, je suis prête à travailler avec Gellert si je peux écraser ce cabot.”

TW; Sang
S’il y a bien une chose qu’Enkhjin doit concéder au laïus de Théa, c’est bien le manque évident de considération des Sang-purs pour ceux qui n’étaient pas à la mesure de leurs attentes. Peut-être que Théa était de ceux-là. Des défectueux incapables d’atteindre les exigences, des promesses avortées, mortes aux bords des lèvres. Rebuts jetés aux monstres sous le lit, aux crocs des loups. Les siens, par exemple. Si tout n’était que paraître, n’était-il pas impératif d’arracher les mauvaises herbes ? Les écarter en les mariant aux pires engeances.
Les pensées de la louve s’emmêlent, baguette au bout des doigts, voguant au fil de la confession. Hésitation, persuasion. Enkhjin a raison et le dernier argument, coup bas dans les reins, achève de la convaincre. Bien sûr. Il fallait qu’elle se place en victime, l’insolente précieuse à la peau trop délicate. Bien sûr, il fallait qu’elle mentionne Atlas, comme s’il avait un poids dans cet échange. Comme s’il était salvateur. Comme si, du nom seul, il pouvait se frayer un chemin jusqu’à la salle d’interrogatoire. Faire quoi ? Sauver sa promise ? Retirer à la louve le peu d’attachement fané, délité après son départ ? “Ridicule.” Dans un souffle frénétique, le grondement lui échappe pourtant, cerbère fidèle au nom évoqué. La main se lève, impérieuse, tempétueuse mais s’arrête en plein vol, juste avant d’abattre le courroux qui lui brûle les veines.
Les phalanges se figent, attrapent le col de la blonde, à défaut d’enserrer à nouveau la gorge, prévisible estocade qu’elle retient difficilement. Claque sonnante sur la mâchoire pour toute réponse, retenir difficilement le torrent de coups qui voudrait lui succéder, porté par l’ire furieuse dans les veines. Perdre la main dans la situation sonnerait le glas de Malfoy. Si Enkhjin ne la pleurerait probablement pas, elle sait également qu’elle n’en sortirait pas impunie. Danser sur les fil du rasoir était autorisé, décapiter la belle avec l’était nettement moins.
Dans la suite des mots de la blonde, elle a sa réponse et la confirmation que jamais sa place ne sera reconnue de tous. Mais est-ce bien important ? Tant que le pouvoir en place flatte la gueule de la louve, tant qu’il jette les proies aux mâchoires avides, elle n’avait aucune raison de s’en inquiéter. Aucune raison d’écouter les paroles acides d’une blonde à la verve assassine.

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