Correspondances de Nicolas Flamel

Illustre Nicolas,

Je suis désespérée, je veux peindre mais rien ne vient. Cela fait longtemps que nous ne nous sommes point vu et j'aimerai que vous m'insuffliez l'inspiration qui saurait me débloquer.
Avez-vous eu vent des dernières expositions et/ou opéras ? Est-ce que vous me feriez l'honneur de m'accompagner à l'un d'entre eux ? Je vous laisse le choix, bien entendu. Vous connaissez mes goûts, je vous fais confiance.

Très chaleureusement,

Votre artiste préférée, Naiara

Formidable Nicolas, mon très cher,

Votre calligraphie est toujours un délice à mes yeux d'artiste. Je suis contente de vous lire, encore plus ravie que vous acceptiez mon invitation.

Pelleas et Melissande me semble être un drame lyrique tout trouvé pour retrouver mon inspiration perdue. Comme toujours, je serais à l'heure mardi prochain à 20 heures.

Il me tarde de tenir votre bras pour observer l'histoire tragique de deux amants au destin contrarié.

Avec toute la chaleur de Cuba,

Votre artiste préférée, Naiara  

Le 3 juillet 1914, londres.

Mon Nicolas,

Mon coeur vibre auprès du tien. Je me languis de toi.

Il me tarde de revoir ton visage, d'entendre ta voix, de passer mes mains sur ton corps nivéen.

Demain, dès l'aube ?

A toi, toujours,

A

Le 3 juillet 1914, londres.

Mon Nicolas chéri,

Je partage ta félicité. Je n'avais pas non plus aimé autrui comme je t'aime depuis bientôt six ans, une bagatelle pour toi et un quart de ma vie.

J'ignorais que tu ne rêvais plus, tu m'en vois navré. Que s'est-il passé ?

Tu mérites une joie inégalée, mais je ne suis pas certain de pouvoir te l'offrir éternellement.

Attends-moi demain, s'il te plait. J'aimerais que nous échangions de vive voix.

A toi, tendrement,

Ta Plume Blanche

London, July 3rd.

My dearest Red Diamond, chéri,

I fear you may be infatuated with the wrong person. My love, we may not have spoken about this before... I have looked at death in the face many times. I want to embrace it when it comes knocking at my door. There isn’t an eternity I’m willing to embrace. Living forever sounds like a living hell to my ears.

Also, don’t you miss women? We’ve never spoken about your late wife. I have never had feelings for such creatures, I’m not sure how you feel about spending the rest of your days with someone of the same sex.

Let’s talk tomorrow, shall we?

Tenderly yours,

White Feather

London, July 3rd.

My dearest Red Diamond,

I must apologise to you for I did not intend to cause your grief either.

I am sincerely sorry for your loss. I can only imagine how you must have felt. That being said, you must know that I will never be able to replace your P. The hopes and dreams you shared with her are yours and yours alone.

I shall be with you in a few hours and we will talk then.

Please do not spend the entire night up working on some experiment of yours. Take some rest, I will be with you before you wake up.

Tenderly yours, always,

White Feather

Londres, le 24 juillet 1914.

Mon cher amour,

Demain marque le commencement d'une ère que je n'ai pas espéré voir un jour.

Plus encore que jamais il est urgent que nous agissions à nouveau. Les filets du diable qui se resserrent sur nous ne peuvent gagner.

Pourrais-tu demander à notre jeune fleur de commencer la quête dont nous parlions ? Je souhaite qu'on avance au plus vite.

J'aimerais aussi prendre le temps de te remercier pour ces derniers mois à tes cotés. Pour m'avoir montré que l'affection qui nous tient est réelle, possible, et qu'aucun rêve n'est trop grand pour être exécuté. Je ne t'en ai pas parlé mais dernièrement l'espoir me file entre les doigts. Le royaume que nous avons construit ensemble s'est effondré plus d'une fois et sans ton soutien et celui de Bastet, j'aurais baissé les bras.

Je m'excuse aussi de t'avoir accueilli dans ma vie avec un coeur brisé. M'offrir à toi n'a pas été simple. Sache que malgré les apparences je t'appartiens, tout entier. Je souhaite t'honorer jusqu’à ce que le souffle me manque. Tu es la plus belle chose qui me soit jamais arrivée.

Je te verrai demain,

Tendrement,

Ta plume blanche

30 Juillet 1914

Caro Nicolò Flamel,

Vous n’êtes pas sans savoir que de nombreux innocents ont été maltraités au cours des nombreux interrogatoires menés par le Ministère de la Magie il y a de ça quelques jours. Une violence qui a notamment faillit coûter la vie à une de mes plus fidèles amies.

Vous qui avez tant vécu et tant voyagé savez sans doute que tortures et intimidations n’ont aucunement leur place dans une société dite civilisée comme la nôtre. Combiens de libres penseurs, de scientifiques et même de sorciers sont morts tragiquement, parce que quelques uns prétendaient chercher la vérité et défendre une juste cause ?

Signore Flamel, en tant qu’ambassadeur de France, vous représentez un pays qui a sû se dresser contre la tyrannie et le despotisme pour instaurer un ordre nouveau prônant la Liberté, l'Égalité et la Fraternité dans le chaos de l’ancien monde. Depuis maintenant plus d’un siècle, le drapeau bleu blanc rouge de l’hexagone est synonyme de progrès et de justice. Alors j’espère ardemment que  vous qui bien plus qu’un Homme êtes une légende aux yeux de nombreux sorciers, vous n’hésiterez pas à parler de ces exactions d’un autre temps aux sorciers français pour qu’ils les condamnent unanimement et qu’ils s’empressent de faire pression sur le Ministère, afin qu’il change ses façons de faire.

Je sais bien que si vous êtes capable de transformer le plomb en or, vous n’êtes sans doute pas capable de multiplier les miracles, cependant je sais que vous avez un grand coeur, que vous étiez Humaniste à l’époque où ceci n’était pas un vain mot et j’ai la conviction profonde, que les choses n’iront pas dans le sens du progrès social si nos frères français et européens, n’apportent pas leur soutien aux progressistes de Grande Bretagne.

Si prega di ricevere, caro ambasciatore, i miei più illustri saluti.

Salutations Fraternelles.  

(Lettre écrite en italien et français)

Nicolas,

Je suis désolée de te prendre de court, mais Abelforth me fait une surprise et je serais absente de Londres pendant deux/trois jours. Je te laisse nos chatons et je sais que tu feras comme toujours un travail formidable avec eux.
Si jamais les chatons dorés sont encore malades, je m'occuperai d'eux en rentrant.

Merci encore pour hier soir. Ton soutien et ta présence sont d'un incroyable réconfort. J'aurais aimé faire plus pour toi. Je sais que la situation n'est pas évidente.

Affectueusement,

Minerva

Londres, le 13 août 1914.

Mon Nicolas, *

Tu me manques tant.

Je m'excuse d'avoir mis du temps à t'écrire, il a fallu m'habituer à la convalescence, et t'écrire n'est pas simple, car je ne suis pas seul.

Fais parvenir mes salutations à l'Ordre s'il te plait. Dis-leur que leur Plume blanche revient. Il est temps de prendre les armes et renverser l'Aigle une bonne fois pour toute. Pour le plus grand bien.

Es-tu disponible demain soir ? Si oui, envoie-moi un parchemin vide.

Je t'aime,

Ta Plume Blanche

*en français dans la lettre.

( La chouette bat des ailes tenant entre ses griffes un paquet et une lettre. Finement emballé dans du papier brun de modeste qualité, les duvets chatoyants d'une dizaine de plumes sont caresser par le vent.)

Loutry Ste Chaspoule, Devon, Angleterre.
La Tanière-aux-Monstres.
Juillet 1914.

Mon ami,

Pardonne-moi de ne pas t'avoir écrit plus tôt et aussi souvent que je l'aurais souhaité, mais c'est que j'ai été surchargée de travail. La vie à la campagne et l'élevage est parfois pénible. Je t'envie souvent de pouvoir mener ta vie comme une de ses aventures sans fin. Je m’astreins à ce rythme de travail depuis quelques années et il m'arrive parfois d'oublier comment respirer. C'est ironique je te le concède, puisqu'il n'y a sans doute pas d'air plus pure que celui à Loutry Ste Chaspoule.

Alphard et moi nous remémorions, il y a quelques heures, ses voyages à travers le monde sauvage en ta compagnie. Te souviens-tu de ses escapades et de ses magnifiques phénix que nous avions pu observer en Égypte? J'étais enceinte de Newt à cette époque et il ne cessait de s'émerveiller dans mon ventre des créatures que nous pourchassions. La nostalgie nous gagne, parfois, mais lorsque nous prenons le temps de regarder tout ce que nous avons bâti, nous ne regrettons pas notre choix de nous être finalement installés en Angleterre (même si l'Écosse, la fière, nous manquent énormément).

Mon ami, pardonne-moi l'urgence de ma requête, mais j'ai un service des plus intimes à te demander; n'y a-t-il pas, dans ta collection de flasques et potions, quelconque remède qui saurait me soulager? Il n'y a rien, en dépit des grands talents de ma sœur Isobel, qui ne vient à calmer les douleurs de ma main et je ne crains qu'elle ne retrouve jamais son agilité d'antan. Tu es mon dernier espoir.

PS : Je n'aurais osé abuser de ta générosité gratuitement, mais je sais que tu aurais perçu le versement de quelques gallions comme un affront; ainsi ai-je joint à ce courrier quelques exemplaires des plus belles plumes d'hippogriffes de ma collection. Elles ont de nombreuses propriétés alchimiques, en plus de prétendre à la meilleure qualité des plumes à écrire sur le Marché.

Avec toute mon amitié,